La révolte gronde en Tunisie

Dans le monde...

Message par barber » 01 Nov 2011, 10:16

Pendant des mois il y a eu dans le pays des grèves sur le terrain des revendications ouvrières. Elles n'ont trouvé ni direction politique, ni débouché. Le chômage s'est accru de 200 000 personnes en dix mois, officiellement. Les chiffres nationaux du chômage des jeunes sont déjà égaux ou supérieurs à ceux des cités françaises.

La direction de l'UGTT a conclu des accords-bidon qui lui ont surtout servi à interdire les "grèves ouvertes", c'est-à-dire illimitées. Plus de la moitié des travailleurs tunisiens n'étant pas déclarés en réalité, ils touchent bien moins que les 240 dinars du "salaire minimum", n'auront pas de retraites, et ne sont pas touchés par les augmentations de salaires prétendues, qui de toutes façons ne s'appliquent pas dans bien des boîtes.

Les organisations liées au mouvement ouvrier, adolescentes et divisées, ont joué pendant des mois avec le hochet d'une pseudo-constituante octroyée par le régime, qui n'est qu'un théâtre d'ombres. Les décisions ont été prises ailleurs, par avance: "feuille de route" et "plan jasmin économique et social".

Les revendications ont été reléguées au second plan. Du coup c'est le débat interne à la bourgeoisie tunisienne - benalo-"progressistes" contre islamo-populistes - qui a pris le devant de la scène. Alternative mortelle pour le prolétariat de quelque côté qu'on la considère.

Des meutes hurlantes ont commencé à se manifester, par milliers, pour scander des slogans antisémites et bien sûr anti-femmes. Derrière Ennahda la "modérée", il y a Hizb-ut-Tahrir, ses drapeaux noirs et ses finances saoudiennes.

La pseudo-constituante obstrue la question du pouvoir. Il n'y aurait désormais qu'une façon de renverser la donne: que les petits groupes ouvriers qui, ensemble, pourraient poser les bases d'un vrai parti, tirent leur bilan. Et s'engagent dans un front unique pour opposer le terrain de classe au terrain pourri des "modernistes" et des islamistes.

Ca pourrait commencer par la dénonciation du plan jasmin, validé par le G8 de Deauville mais jamais soumis au peuple tunisien. Cela montrerait pratiquement que, pour les exploités, Ennahda et RCD, c'est kif-kif.

Cela pourrait continuer par le combat pour virer de l'UGTT sa direction pourrie, au congrès de Tabarka prévu en décembre. Par des actions communes pour défendre les libertés démocratiques menacées. Ou sur le terrain des revendications.
barber
 
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Message par Ian » 01 Nov 2011, 13:00

(barber @ mardi 1 novembre 2011 à 10:16 a écrit : Cela montrerait pratiquement que, pour les exploités, Ennahda et RCD, c'est kif-kif.
Ça me paraît quelque peu excessif de dire ça...

Mais d'accord sur le fait que c'est sur le terrain des revendications économiques et sociales qu'il faut mettre en difficulté Ennahda.
Ian
 
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Message par barber » 01 Nov 2011, 15:33

Pour info: ce que sont le "plan jasmin" et la feuille de route...

http://www.kapitalis.com/afkar/68-tribune/...jasmin-1-2.html

http://international.r02.org/au-dela-du-ca...e-contemporain/

...et aussi une proposition d'Ennahda pour diminuer le chômage: renvoyer les femmes à la maison!

http://www.afrik.com/breve35563.html
barber
 
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Message par abounouwas » 05 Déc 2011, 12:23

a écrit :A Tunis, laïques et islamistes se tiennent tête
Reportage
Depuis des jours, militants de gauche et religieux se font face sur fond de tractations politiques.

Par ELODIE AUFFRAY Correspondante à Tunis
Devant le Parlement de Tunis, samedi, 2011. (REUTERS)


Pour éviter tout incident, les deux rassemblements ont été séparés. Divisés en deux camps, chacun de son côté de la route, ils sont tenus à petite distance par un cordon de police et quelques militants d’Ennahda. Samedi, devant le palais du Bardo, siège de l’Assemblée constituante, islamistes et «progressistes» tunisiens ont donc manifesté face à face. Conséquence du débat politique qui, depuis le 14 janvier, s’est polarisé entre laïques et islamistes, la confrontation s’est finalement déroulée sans grands heurts.

La polémique Persepolis, deux semaines avant l’élection du 23 octobre, avait déjà donné lieu à une confrontation par manifestations interposées. Cette division a resurgi de plus belle cette semaine, à la faveur de deux événements, mais aussi du vide politique. Car six semaines après les élections, la «troïka» formée par les islamistes d’Ennahda, et les deux partis de gauche Ettakatol et le Congrès pour la République (CPR), n’a toujours pas formé de gouvernement.

Sit-in. A gauche, la mobilisation a démarré mardi, contre le projet de «petite Constitution». Le texte, qui régit la répartition provisoire des pouvoirs, prévoyait, dans sa première version, de doter le Premier ministre - poste attribué à Ennahda - de l’essentiel des prérogatives, au détriment du futur président de la République, Moncef Marzouki (CPR). La bataille s’est jouée à l’intérieur du Bardo, où le CPR a obtenu quelques concessions de la part d’Ennahda. Les partisans de la minorité ont parlé de «coup d’Etat constitutionnel» mais aussi revendiqué la transparence des débats et l’adoption des articles à la majorité des deux tiers. L’article - qui prévoit que le gouvernement se voie accorder la confiance à la majorité absolue, mais ne se la voie retirer qu’à la majorité des deux tiers - a renforcé la crainte, parmi l’opposition, d’une hégémonie de la troïka dans l’Assemblée.

Mercredi soir, une dizaine de tentes étaient installées devant le Bardo. Parmi les occupants, une poignée de jeunes chômeurs du bassin minier de Gafsa (Centre). En parallèle, des étudiants salafistes ont entamé un sit-in à la faculté des lettres de la Manouba, à Tunis, pour revendiquer le droit au niqab et l’aménagement d’une salle de prière, entraînant une levée de boucliers des étudiants de l’Uget (syndicat classé à gauche) et dans le corps professoral.

Étendards. Jeudi, déclaré journée de grève générale dans l’enseignement supérieur, ils sont venus grossir la foule du Bardo, pour défendre la neutralité de l’enceinte universitaire. Mais, samedi, les partisans de la majorité islamiste ont décidé de donner de la voix à leur tour. Sympathisants d’Ennahda et militants de la formation radicale Ettahrir, illégale, se sont mélangés. Ils étaient nombreux, quelques milliers, malgré les appels d’Ennahda à ne pas manifester. Les jeunes radicaux ont aussi multiplié les provocations, faisant défiler les étendards islamistes sous le nez des laïques, tantôt à bord d’une voiture, tantôt portés par une femme en niqab. «Zéro, zéro, zéro», moquaient certains, en référence aux faibles scores des partis progressistes. «Je suis là pour dire que ces gens qui manifestent ici depuis trois jours ne me représentent pas», expliquait un jeune salafiste indépendant. «Je suis là pour soutenir les membres d’Ennahda. Les gauchistes veulent imposer leurs idées et faire pression sur l’Assemblée», renchérissait Sami, venu en famille. «Le peuple est musulman et ne lâchera rien», lançait la foule des islamistes. «Le peuple est musulman et il veut travailler», répliquait-t-on en face.

Serrés entre les barrières de sécurité et les grilles du palais, les centaines de militants de gauche ont tenté de sortir du seul débat religieux. «On a des revendications politiques, économiques et sociales et on se retrouve face à des gens qui nous traitent de mécréants», regrette Olfa Lajili, présidente du Mouvement du 24 octobre. Mais la jeune femme veut voir dans ce face-à-face un gage de bonne santé démocratique : «C’est le premier signe de notre victoire, il y a l’avis et son contraire.» Partagé entre islamistes et laïques, le nouvel exécutif, qui devrait voir le jour au plus tôt en fin de semaine, parviendra-t-il à concilier les positions et rassurer la population ? Entre les revendications identitaires, la crise économique et sociale, et le scepticisme d’une partie des Tunisiens face à cette coalition hétéroclite, il risque d’être vite mis à l’épreuve.

oui, vivement que les barbus réacs soient mis à l'épreuve, démasqués et balayés par les luttes sociales !
abounouwas
 
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Message par Vania » 25 Fév 2012, 19:19

Dans plusieurs régions du pays, les locaux de l'UGTT ont été visé par des attaques.

a écrit :À Tunis, des milliers de manifestants réclament le départ du gouvernement

Plus de 3 000 manifestants se sont rassemblés, samedi 25 février, devant le siège de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) à Tunis pour réclamer la chute du gouvernement et dénoncer plusieurs attaques des locaux de ce syndicat au cours de cette semaine.

"Le peuple veut la chute du gouvernement", "Manifestations et affrontements jusqu'à la chute du gouvernement", "Ne toucher pas mon UGTT", scandaient les manifestants qui ont répondu à l'appel du principal syndicat de la Tunisie. Plusieurs partis politiques ont participé à ce rassemblement dont le Parti démocrate progressiste (PDP), le mouvement Ettajdid, et le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT).

"DÉFENDRE LES DROITS SYNDICAUX"

Les manifestants accusent des membres du gouvernement provisoire, et notamment du mouvement islamiste Ennahda, d'être les auteurs de plusieurs attaques perpétrées contre les locaux de l'UGTT. "Ils veulent nous faire taire pour avoir le monopole et pour décider seuls de notre sort, mais nous ne plierons jamais et nous ne céderons pas", a déclaré aux manifestants le secrétaire général de l'UGTT, Houcine Abassi. "Nous sommes tous unis pour défendre les droits syndicaux qui sont menacés par des actes extrémistes", a indiqué Maya Jribi, secrétaire générale du PDP.

Le secrétaire général de l'UGTT a dénoncé aussi dans son discours, la tenue de la conférence internationale "des amis de la Syrie" qui a réuni soixante pays vendredi à Tunis pour définir un plan d'aide humanitaire international au peuple syrien et accentuer la pression sur Damas. "C'est un complot impérialiste et sioniste qui porte atteinte à notre révolution, à nos martyrs et à notre peuple et cette initiative ouvre la voie à l'ingérence étrangère et prépare pour le détournement des révolutions arabes contre la dictature et la colonisation", a souligné M. Abassi.
Vania
 
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Message par com_71 » 25 Fév 2012, 19:59

(Vania @ samedi 25 février 2012 à 19:19 a écrit : Dans plusieurs régions du pays, les locaux de l'UGTT ont été visé par des attaques.

ça ne correspond pas au contenu de l'article
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Vania » 25 Fév 2012, 21:04

a écrit :ça ne correspond pas au contenu de l'article


Oui, c'est juste. Avant de mettre l'article en ligne, j'ai voulu en savoir un peu plus, du coup le petit chapeau que j'ai rajouté allait plus loin que l'article en question.

Sur ces attaques :

http://www.businessnews.com.tn/Tunisie-%C3...%29,520,29464,3

http://www.babnet.net/kiwidetail-46181.asp

http://www.kapitalis.com/fokus/62-national...ion-samedi.html

Et une prise de position du PCF, qui dénonce ces exactions : http://www.pcf.fr/19533

En cherchant encore, on trouverait d'autres liens. Il semble bien qu'en plusieurs endroits du pays, les locaux du syndicat aient été pris pour cible, ce qui a pu aller jusqu'à l'incendie, comme à Feriana, près de Kasserine, ou à Menzel Bouzelfa, près de Nabeul.
Vania
 
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Message par abounouwas » 13 Juin 2012, 11:56

a écrit :

Couvre-feu en Tunisie après une vague de violences

LE MONDE | 13.06.2012 à 11h53 • Mis à jour le 13.06.2012 à 11h53

Par Isabelle Mandraud (Tunis, envoyée spéciale)

Affrontements à Intilaka, dans la banlieue de Tunis, mardi 12 juin, entre des manifestants et la police.

Le couvre-feu a été instauré à Tunis, mardi 12 juin, de 21 heures à 5 heures du matin, et dans sept autres gouvernorats du pays, à Ben Arous, Manouba, l'Ariana, dans la banlieue de la capitale, mais aussi à Sousse, Monastir, Jendouba, Médenine et dans la ville de Ben Gardane, près de la frontière libyenne.

Cette décision, prise par le premier ministre, Hamadi Jebali, peu avant 20 heures, fait suite à une soudaine flambée de violence au cours de laquelle des salafistes et des jeunes se sont affrontés aux forces de sécurité, faisant plus de 100 blessés, dont 65 parmi les policiers, selon un premier bilan établi par le ministère de l'intérieur.

En l'espace de vingt-quatre heures, des postes de police, des sièges de parti politique et celui de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), la puissante centrale syndicale, ont été incendiés, des routes bloquées en plusieurs endroits. A Sijoumi, un tribunal, spécialisé dans les affaires financières, a été la proie des flammes.

"Nous sommes entrés dans une phase au cours de laquelle nous pourrions voir des incidents similaires se produire", a annoncé en fin d'après-midi, mardi, le ministre de l'intérieur, Ali Larayedh, devant l'Assemblée constituante tunisienne. "Nous nous attendons à ce que cela continue dans les jours à venir", a ajouté le ministre.

DES TENSIONS AUX MULTIPLES ORIGINES

La situation a été jugée d'autant plus préoccupante qu'elle a correspondu avec la diffusion, abondamment relayée sur les sites Internet, d'un appel attribué à Ayman Al-Zawahiri, dans lequel le chef d'Al-Qaida, successeur d'Oussama Ben Laden, incite les Tunisiens à réclamer la charia.

Puis la tension est encore montée d'un cran avec un autre message, d'un "chef" salafiste tunisien cette fois, Abou Ayoub, qui appelle dans une vidéo à "un soulèvement populaire" vendredi, tout en qualifiant de "pseudo-islamisme" la politique du parti islamiste au pouvoir, Ennahda. En octobre 2011, le même avait lancé les attaques contre la chaîne de télévision Nessma TV.

Les incidents, qualifiés "d'actes terroristes" par le porte-parole du ministère de l'intérieur, Khaled Tarrouche, ont commencé à éclater le 10 juin, jour de la fermeture du Printemps des arts, principale manifestation tunisienne des arts plastiques depuis une dizaine d'années, organisé au palais Abdellia, dans la banlieue chic de Tunis, à La Marsa. Plusieurs artistes y exposaient leurs œuvres récentes, leur angoisse aussi.

"NIQAB NI SOUMISE"

Une majorité de peintures avaient pour thème principal des "barbus" ou des femmes en niqab. L'une des toiles, particulièrement visées par les salafistes, montrait une femme nue entourée d'hommes noirs portant la barbe avec, à la place du sexe, un plat de couscous. Un mobile géant monté sur un ring affichait des punching-balls avec des têtes de femmes voilées, musulmane, juive ou chrétienne. Des tableaux-affiches inventaient les slogans "République islaïque de Tunisie" ou "Niqab ni soumise".

Dimanche, un homme est venu avec un huissier faire un "constat" sur les œuvres exposées. Puis quelques salafistes sont entrés, aussitôt sifflés et suivis par la foule des invités dans une atmosphère électrique.

"Des policiers m'ont demandé de retirer des œuvres, ce que j'ai refusé, et nous avons lancé un appel sur Facebook pour qu'un maximum de personnes viennent nous soutenir", expliquait alors Yosra Ben Ammar, une galeriste de 37 ans, qui exposait quelques-uns des artistes les plus contestés. La police s'est déployée devant le palais pour empêcher tout débordement, mais la nuit suivante, des affrontements ont éclaté avec des salafistes revenus plus nombreux.

Une poignée d'entre eux est parvenue à s'introduire à l'intérieur et a détruit quatre œuvres. "Les artistes sont aujourd'hui menacés, ils sont dans la ligne de mire. Faut-il faire de l'art officiel ?", déplorait le lendemain matin Aïcha Gorgi, une autre galeriste en découvrant des graffitis sur les murs du palais où l'on pouvait lire : "Mécréants. Ennahda, les salafistes et Hezb-ut-Tahrir sont frères."

Après le cinéma, la télévision, le théâtre, déjà la cible d'incidents à répétition, les artistes peintres ont désormais le sentiment d'être à leur tour visés par des extrémistes religieux. Cette chronologie a d'ailleurs inspiré un "manifeste des 70", intellectuels et artistes, pour dénoncer "l'idéologie islamiste [qui] avance pour imposer à la société tunisienne son ordre dogmatique".

CRIMINALISER "LES ATTEINTES AU SACRÉ"

Accusé de "complaisance", voire de connivence, avec les salafistes, le gouvernement dirigé par M. Jebali, secrétaire général du parti islamiste Ennahda, a réagi dans deux directions opposées : en procédant, d'un côté, à plus de 160 interpellations et en condamnant la violence, mais aussi en annonçant son intention de déposer une plainte contre les organisateurs de l'exposition et le dépôt d'un projet de loi... pour criminaliser "les atteintes au sacré".

"L'atteinte au sacré est une ligne rouge, a prévenu devant la presse, mardi, Nourredine Khadmi, le ministre des affaires religieuses, qui a lancé un appel au calme à travers une consigne passée aux imams officiels. Il faut respecter le peuple tunisien, sa dignité, sa civilisation et son histoire." A ses côtés, Mehdi Mabrouk, le ministre (indépendant) de la culture, a annoncé la fermeture du palais Abdellia.

Des gardiens de prison viendront renforcer la sécurité des tribunaux, a affirmé le représentant du ministère de la justice. "Ils ont reçu l'ordre d'utiliser tous les moyens, y compris les tirs à balles réelles pour déjouer de nouvelles attaques", a-t-il précisé. Fin mai, AliLarayedh avait déjà annoncé que les forces de sécurité seraient habilitées à recourir aux tirs à balles réelles en cas d'attaques "des institutions souveraines".

Mardi, dans la nuit, la police menait des opérations de ratissage dans les quartiers populaires de Tunis. Ces incidents, les plus graves intervenus depuis des mois en Tunisie, risquent de porter un coup fatal au tourisme au moment où s'ouvre la période estivale. Bien que toujours soumise à l'état d'urgence, la Tunisie n'avait plus connu de couvre-feu depuis mai 2011.

Isabelle Mandraud (Tunis, envoyée spéciale)



les barbus fascisants ont les mains libres,
l'absence de toute organisation ouvrière de la scène politique leur ouvre un boulevard.
abounouwas
 
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Message par abounouwas » 13 Juin 2012, 12:00

a écrit :

Nuit mouvementée à Tunis, salafistes et casseurs sèment la panique

L'incident le plus grave s'est produit à Essijoumi, où le tribunal a été attaqué et le bureau du procureur totalement incendié.

Des groupes d'assaillants, dont des salafistes, se sont affrontés avec les forces de l'ordre dans plusieurs endroits de la capitale tunisienne dans la nuit de lundi à mardi, et ont attaqué des locaux administratifs, a indiqué le ministère de l'intérieur, mardi 12 juin, qui fait état de quarante-six arrestations. Une enquête a été ouverte.

Les violences - attaques contre des bâtiments administratifs et affrontements avec les forces de l'ordre - se sont produites en fin de soirée dans plusieurs cités populaires de l'ouest de Tunis, Intilaka, Ettadhamen et Essijoumi, ainsi que dans la chic banlieue nord, à La Marsa, Carthage, Le Kram. Les groupes d'assaillants étaient "mixtes" et mêlaient "des gens de la mouvance salafiste et des malfaiteurs", a indiqué le ministère de l'intérieur.

Plus d'une centaine de personnes, civils et gardes nationaux confondus, ont été blessées lors de ces violences, a indiqué une source du ministère de la santé. La plupart des personnes ont été blessées par des jets de pierre, mais certaines ont aussi reçu des plombs de fusil de chasse, a précisé cette source, ajoutant que la majorité étaient des blessés légers.

Un camion de la protection civile a aussi été brûlé au milieu de la rue.

L'incident le plus grave s'est produit à Essijoumi, où le tribunal a été attaqué et le bureau du procureur totalement incendié. "Il y a beaucoup de destructions, et des ordinateurs ont été volés. C'est grave, car le tribunal représente la souveraineté de l'Etat", a déclaré le procureur de la République Amor Ben Mansour. Il a précisé que "des citoyens s'étaient mobilisés pour défendre" le bâtiment. Un camion de la protection civile a aussi été brûlé au milieu de la rue.

"ACTE TERRORISTE"

Le ministre de la justice, Nourredine Bhiri, a dénoncé "un acte terroriste" et a promis que les coupables allaient le "payer cher". "Ce sont des groupes terroristes qui perdent leur sang-froid, ils sont isolés dans la société", a-t-il déclaré sur la radio Shems FM. Les violences ont également touché les cités populaires d'Ettadhamen, où un poste de la garde nationale a été incendié, et Intilaka, où la tension restait vive mardi matin, selon un photographe de l'AFP.

Les troubles seraient en partie liés à de précédents incidents en marge d'une exposition artistique, le "Printemps des arts", à La Marsa, qui a suscité la fureur d'islamistes en raison d'œuvres qu'ils ont jugées blasphématoires. L'un de ces tableaux considérés comme "portant atteinte au sacré" représente des fourmis qui forment le nom d'Allah. D'autres exposent des caricatures de La Mecque et d'un homme barbu avec de longues dents ou encore la représentation d'une femme nue.

La tension est montée dimanche lorsque des salafistes accompagnés d'un avocat et d'un huissier ont ordonné aux organisateurs d'enlever les toiles controversées. La menace a été contrée par une mobilisation de forces de l'ordre, de la société civile et de personnalités politiques venues "défendre la liberté d'expression et de création", selon le mot d'ordre lancé sur le site Facebook.

Le palais Abdellia, qui abrite l'exposition, a été lundi soir, pour la deuxième nuit consécutive, pris pour cible par des assaillants, selon des témoignages concordants. Plusieurs œuvres avaient déjà été détruites dans la nuit de dimanche à lundi par des groupes qui s'étaient introduits dans le palais. Le directeur de l'exposition, Luca Luccatini, a déposé plainte et a estimé que ces actes étaient le résultat d'un mélange de "fanatisme, de manipulation, de volonté d'être médiatisé".

"DÉVELOPPEMENT DANGEREUX"

Nombre de Tunisiens s'interrogeaient cependant mardi matin sur le caractère simultané des troubles et l'identité des assaillants. La mouvance salafiste, qui occupe le devant de la scène depuis des mois en Tunisie et dont les actes sont de plus en plus violents, était pointée du doigt. Plusieurs internautes et commentateurs ont relevé que ces violences survenaient deux jours après l'appel du chef d'Al-Qaida Ayman Al-Zawahiri, qui a exhorté les Tunisiens à se soulever pour réclamer l'application de la charia. D'autres encore évoquaient un complot d'anciens RCDistes (parti dissous de l'ex-président Ben Ali) pour déstabiliser le pays et reprendre le pouvoir.

Un autre incident s'est produit dans la nuit de mardi à Jendouba, dans le nord-ouest du pays, où le bureau régional de la puissante centrale syndicale UGTT a été incendié vers 2 heures du matin par des groupes salafistes, selon l'agence TAP. Le secrétaire général de l'UGTT, Hocine Abassi, a évoqué un "développement dangereux" et a appelé les syndicalistes à "protéger les sièges régionaux de l'UGTT". Jendouba avait connu à la fin de mai de violents incidents lorsque des salafistes avaient incendié des postes de police et attaqué des établissements vendant de l'alcool.
Un couvre-feu nocturne à été décrété à Tunis

A la suite de ces violences, un couvre-feu nocturne de 21 heures à 5 heures du matin a été décrété mardi 12 juin pour huit régions tunisiennes, dont la capitale, Tunis.
Le couvre-feu est décrété pour le Grand Tunis, qui comporte quatre gouvernorats, et les gouvernorats de Sousse et de Monastir, dans l'est du pays, ainsi que ceux de Jendouba (Nord-Ouest), et Medenine (Sud), selon un communiqué des ministères de la défense et de l'intérieur.

abounouwas
 
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Message par abounouwas » 26 Juil 2012, 16:24

a écrit :
Tunisie : heurts à Sidi Bouzid, berceau de la révolution

Le Monde.fr avec AFP | 26.07.2012 à 16h16 • Mis à jour le 26.07.2012 à 16h17

Des dizaines de manifestants ont attaqué jeudi le siège du gouvernorat (préfecture) à Sidi Bouzid, dans le centre-ouest de la Tunisie, et la police a procédé à des tirs de sommation et de gaz lacrymogènes pour les disperser.

Des habitants protestant contre leur situation sociale se sont rassemblés et ont mis le feu à un pneu avant de le jeter à l'intérieur des locaux du gouvernorat. Des agents de la sécurité ont riposté en procédant à des tirs de sommation et de grenades lacrymogènes pour disperser les protestataires.

"Voici de nouveau la police de Ben Ali", ont crié les manifestants en lançant des pierres en direction des forces de l'ordre. Ils faisaient référence au président déchu Zine El Abidine Ben Ali, chassé en janvier 2011 par une révolte populaire entamée suite à l'immolation d'un vendeur ambulant, Mohamed Bouazizi, à Sidi Bouzid.

Les manifestants ont aussi tenté d'incendier le local du parti islamiste (Ennahda) qui dirige le gouvernement. Certains ont cassé la porte d'entrée et saccagé les bureaux situés dans un immeuble du centre-ville.

PRIVÉS DE SALAIRES DEPUIS PLUSIEURS SEMAINES

Le ministère de l'intérieur a confirmé les violences mais démenti que la police ait procédé à des tirs de sommation. "La police a dû seulement tirer des grenades lacrymogènes pour disperser les gens qui s'attaquaient à coup de pierres au gouvernorat", a indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère, Khaled Tarouch.

Un porte-parole d'Ennahda a déploré de son côté la mise à sac des locaux du parti et accusé "un groupe de manifestants téléguidés par des partis politiques", sans toutefois nommer ces partis. Des sources syndicales locales ont recensé plus de un millier de manifestants, mais le ministère de l'intérieur a estimé leur nombre à environ 150 personnes, des travailleurs journaliers exigeant le règlement de leurs salaires.

Ces ouvriers, privés de salaire depuis plusieurs semaines, ont réclamé leur dû pacifiquement ces derniers jours, avant d'être ralliés jeudi par leurs proches et des habitants de la ville. Le calme a été rétabli, a affirmé le ministère de l'intérieur. Aucun blessé n'a été signalé dans les rangs des manifestants ni parmi les forces de police qui étaient appuyées par des unités de l'armée.


chassez le naturel, il revient au galop !
la population tunisienne a de très bonnes raisons de descendre dans la rue et de s'en prendre à ses ennemis, la police et les barbus.
espérons que cette étincelle se propage et que les travailleurs là-bas s'organisent pour poser de vrais problèmes - les leurs ! - aux dirigeants.
abounouwas
 
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