La révolte gronde en Tunisie

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Message par Proculte » 07 Fév 2013, 10:42

a écrit :

   
    Tunisie : le premier ministre va dissoudre le gouvernement

 
  Le Figaro
    La mort mercredi matin à Tunis d'un responsable de l'opposition laïque fait descendre des milliers de manifestants dans les rues, dénonçant les islamistes d'Ennahda. Suite à cet assassinat, le premier ministre a décidé de dissoudre le gouvernement.

    Tunis

    L'assassinat, mercredi matin, de Chokri Belaïd, 49 ans, leader de l'opposition, déchaîne la colère des Tunisiens et pourrait bien bouleverser l'échiquier politique du pays. Le Premier ministre, l'islamiste Hamadi Jebali a ainsi annoncé mercredi qu'il formerait un «gouvernement de compétences nationales sans appartenance politique» après l'assassinat. Ce gouvernement «aura un mandat limité à la gestion des affaires du pays jusqu'à la tenue d'élections dans les plus brefs délais», a-t-il déclaré dans une adresse télévisée à la Nation, sans fixer de calendrier. Cette décision intervient alors que la coalition de laïcs de gauche et des islamistes d'Ennahda ne parvenaient pas depuis des mois à un compromis sur la distribution des ministères régaliens.
    Un policier tué dans les heurts

    Alors qu'il quittait son domicile de la banlieue tunisoise, l'opposant a été tué de plusieurs balles dans la tête et la poitrine par un homme portant un burnous, l'habit traditionnel tunisien. Sa mort a très vite été annoncée sur des radios tunisiennes, confirmée par la clinique où son corps a été transporté. Depuis, des milliers de personnes se sont rassemblées, devant l'hôpital d'abord, puis devant le siège de l'Union générale des travailleurs tunisiens, principal syndicat du pays. Une foule en colère a ensuite accompagné l'ambulance transportant le corps de l'opposant, s'arrêtant symboliquement devant le ministère de l'Intérieur, en plein coeur de Tunis, où la police chargeait les manifestants, les repoussant à coup de gaz lacrymogènes alors que certains utilisaient poubelles, tables de café, barbelés et barrières pour bâtir des barricades. Un policier a été tué dans les heurts.

    «Le peuple veut la chute du régime!», scandaient encore les manifestants dans la soirée, tandis que le mot d'ordre «dégage!» résonnait aussi sur l'avenue Habib Bourguiba. À Sidi Bouzid, berceau de la révolte de 2011, quelque deux mille manifestants ont repris des slogans anti-islamistes. La police a tiré en l'air pour les disperser. A Mezzouna, près de Sidi Bouzid, à Gafsa, (centre) et à Sfax (sud) des protestataires ont saccagé les locaux d'Ennahda. A Kasserine, Béja et Bizerte, des foules criaient «Vengeance, vengeance».

    «Le 6 février 2013 fera date dans l'histoire du pays» estimait en milieu de journée devant le ministère de l'Intérieur Alla Talbi, un Tunisien venu manifester sa colère. Il accuse les autorités de ne pas avoir protégé Chokri Belaïd qui avait pourtant, selon un proche, demandé une protection rapprochée. Quatre partis d'opposition - le Front populaire (gauche), le Parti républicain, Al Massar et Nidaa Tounes (centre) - ont de leur côté appelé à une grève générale jeudi et suspendu leur participation à l'Assemblée constituante.

    manifestations en tunisie a la suite de l'assassinat de Chokri Belaïd
    Un opposant très critique envers Ennahda

    Chokri Belaïd, qui sera inhumé vendredi près de Tunis , était un opposant de longue date. Sous Bourguiba, sous Ben Ali, puis à la tête du Mouvement des patriotes démocrates, une formation qui a rejoint le Front populaire, une alliance de plusieurs partis de gauche. Mardi encore, il était sur un plateau de télévision dénonçant la violence politique dans laquelle a sombré la Tunisie. Farouche opposant au parti islamiste Ennahda, majoritaire au pouvoir, il avait qualifié son leader Rached Ghannouchi de «symbole du fascisme et de la contre-révolution».

    Chokri Belaïd s'était également prononcé contre ces Ligues de protection de la révolution, des milices que l'on dit à la solde des islamistes au pouvoir, accusées en octobre dernier d'avoir roué de coups, jusqu'à ce qu'il perde la vie, un responsable local du parti d'opposition Nidaa Tounes à Tataouine dans le sud du pays.
    «Tentative de déstabilisation»

    Après l'assassinat de Chokri Belaïd, Hamadi Jebali, premier ministre issu d'Ennahda, a dénoncé un acte de «terrorisme contre Chokri Belaïd et contre la Tunisie». Rached Ghannouchi a pour sa part assuré qu' Ennahada n'avait rien à voir avec cet assassinat, contrairemement à ce que dit la famille de Chokri Belaïd.

    Le président tunisien Moncef Marzouki, qui a décidé de rentrer d'urgence en Tunisie après son intervention au Parlement européen, a dénoncé à Strasbourg l'«odieux assassinat d'un leader politique qu'(il) connaît bien (…) C'est une menace, c'est une lettre envoyée mais qui ne sera pas reçue». «Il y a une tentative de déstabilisation de mon pays, a-t-il ajouté. Cet odieux assassinat n'a pas d'autre objectif que d'opposer la composante laïque à la composante musulmane de la société pour susciter le chaos.» Marzouki s'est refusé d'incriminer Ennahda, laissant entendre que des salafistes ou des partisans de l'ancien régime de Ben Ali pourraient profiter de ce genre de crime.

    À Paris comme ailleurs, François Hollande a condamné «avec la plus grande fermeté» l'assassinat de Chokri Belaïd et fait part de sa «préoccupation» face à «la montée des violences politiques» dans ce pays. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté mercredi soir à Paris à l'appel de plusieurs partis et associations de Tunisiens en France près de l'ambassade de Tunisie pour protester contre le meurtre
Proculte
 
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Message par Vania » 10 Fév 2013, 15:17

a écrit :Des nervis islamistes accusés d'être derrière le meurtre de Chokri Belaïd

France 24

Les Ligues de protection de la révolution, nées des comités de quartier apparus après la chute de Ben Ali, sont la cible des manifestants depuis la mort de Chokri Belaïd. L’opposition les considère comme le bras armé d’Ennahda.

Le 5 février, la veille de son assassinat, l’opposant tunisien Chokri Belaïd dénonçait "des groupes au sein d'Ennahda qui poussent à la violence". Dans son collimateur : les Ligues de protection de la révolution (LPR), qu’il assimile à des groupuscules pro-islamistes à la solde d’Ennahda, le parti au pouvoir. "Rachid Ghannouchi [numéro un d’Ennahda, NDLR] considère que les Ligues sont la conscience de la nation. Sa défense des auteurs de la violence est donc claire. Tous ceux qui s'opposent à Ennahda en deviennent des cibles", avait-il poursuivi. Le lendemain, il était tué de trois balles tirées à bout portant devant son domicile. Immédiatement, les Ligues sont pointées du doigt et plusieurs de leurs locaux mis à sac, notamment à Siliana (centre).

À l’origine, les Ligues sont issues des comités citoyens constitués après la chute de l'ancien dictateur Ben Ali pour protéger des quartiers, des villes ou des villages. Mais face au déferlement de violence de ces derniers mois, qui leur est souvent imputé, et depuis l’assassinat de Chokri Belaïd, de plus en plus de voix s’élèvent pour demander leur dissolution. Pour l’heure, seule la Ligue de Siliana a été dissoute.

Interrogé par "Jeune Afrique", le président du comité central de la Ligue de protection de la révolution, Mohamed Maalej, estime lui que rien ne justifie une dissolution de l’organisation. "Les débordements sont le fait d’individus et non de l’association", clame-t-il. Pourtant, ces groupuscules islamistes se sont illustrés depuis leur création en juin 2012 par des attaques ciblées contre l’opposition.

Attaques répétées
Le 18 octobre 2012, date de leur première apparition publique, elles organisent une marche à Tataouine pour "en finir avec les ennemis du peuple et de la révolution", visant notamment le parti Nidaa Tounes, que les militants de la LPR considèrent comme une réminiscence du parti du dictateur déchu Ben Ali. La manifestation dérape. Violemment passé à tabac, le leader de la section locale du parti, Lofti Nagued, y perd la vie.

Le 4 décembre, ce sont les membres du puissant syndicat de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) qui sont cette fois pris pour cible. Le siège du syndicat est attaqué de façon spectaculaire par plusieurs centaines d'islamistes armés de bâtons et de couteaux, souhaitant "épurer les rangs" de l’organisation syndicale. Fethi Debek, un responsable de l'UGTT, estime alors qu’il s’agit d’un "message d'Ennahda à l'adresse des syndicats".

Le 22 décembre, le parti Nidaa Tounes est de nouveau attaqué, cette fois à Djerba, dans l’hôtel où l’exécutif du parti se réunit pour marquer la fin du deuil de leur camarade, mort à Tatouine deux mois plus tôt. Des centaines de personnes, brandissant des pancartes hostiles à Nidaa Tounes, pénètrent dans la salle du meeting. L’attaque, d’une violence extrême, nécessite l’intervention de la police pour faire évacuer les membres du parti.

À cette liste d’agressions s’ajoute celle des menaces de mort proférées à l’encontre des figures de l’opposition et de membres d’organisations considérées comme contraires aux valeurs de la révolution.

L’Association tunisienne de soutien aux minorités s’est notamment attirée les foudres des Ligues en commémorant fin décembre la déportation des juifs tunisiens au cours de la Seconde Guerre mondiale. Les LPR, et des collectifs islamistes semblables comme la très virulente Kram, ont investi les réseaux sociaux. Des listes noires de personnalités "à éliminer" y circulent. Chokri Belaïd en faisait partie. Il avait récemment demandé une protection aux autorités. Elle lui avait été refusée.


Le lien : http://www.france24.com/fr/20130208-tunisi...laid-islamistes
Vania
 
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