
a écrit :Que faire (comme disait l’autre)? SITE NPA
Deux écueils guettent les forces de contestation radicale du système face à cette nouvelle phase de la crise :
• Le premier serait de prendre le monde à témoin de l’irrationalité du capitalisme, d’élaborer des propositions alternatives techniquement argumentées et de croire qu’elles s’imposeront par la force des idées et la pédagogie (ou par la grâce d’une habile combinaison électorale unitaire).
• La seconde serait de se borner à des dénonciations générales du capitalisme et à appeler à son renversement comme seule solution, en se désintéressant, voire en dénonçant comme réformistes ou opportunistes les idées contestataires qui circulent dans la société.
[...]
La question est celle de leur entrée en action. Il faut briser le syndrôme «TINA» [«Il n’y a pas d’alternative», slogan propre à la Première ministre conservatrice, de 1979 à 1990, Magaret Thatcher]. La mise en avant de revendications radicales, ancrées dans les préoccupations présentes, peut y contribuer. On peut tenter de résumer ainsi les revendications à avancer pour concourir à briser l’engrenage sans fond dans lequel nous enferme le capitalisme [1]:
• Pour faire face au problème de la dette publique, quel que soit le pays, il faut décréter un moratoire sur la dette existante et la soumettre à un audit public, pour porter un jugement circonstancié et déterminer quelles dettes seront remboursées et quelles ne le seront pas. Une partie substantielle de la dette devra être répudiée. Le reste sera soumis à restructuration: rééchelonnement, réduction, plafonnement, etc.
• Il faut réformer les statuts de la Banque centrale européenne, pour mettre fin à son indépendance et permettre le financement monétaire du déficit public (achat par la BCE des titres de la dette publique lors de leur émission).
• En matière de déficit public, il faut redresser la situation par une réforme fiscale d’ampleur, pour revenir sur les avantages consentis aux plus riches et taxer fortement les hauts revenus, les profits des sociétés et les patrimoines des riches.
• Il faut ligoter la finance. Ce qui, outre l’interdiction de la titrisation des créances [2] et des fonds spéculatifs, implique la levée du secret bancaire et l’instauration d’un contrôle du mouvement des capitaux accompagné d’une taxation des transactions financières. Il faut interdire définitivement les ventes à découvert, qui permettent la spéculation sur titres.
• Il faut enfin mettre toutes les institutions financières sous le strict contrôle de la société, avec la constitution d’un grand pôle bancaire public par socialisation des banques, sans indemnité ni rachat.
• Il faut reprendre aux patrons, par la hausse des salaires et une fiscalité redistributrice, les points de valeur ajoutée confisqués aux salariés depuis le début des années 1980, afin d’assurer les bases d’un autre développement.
• Face aux licenciements supplémentaires qui s’annoncent, il faut stabiliser le marché du travail, en rétablissant la prépondérance des CDI (Contrat à durée indéterminée) et en interdisant les licenciements, d’abord dans les entreprises qui font des profits.
• Il faut garantir les acquis sociaux, en finir avec les politiques d’austérité pour enclencher une croissance sociale et écologique, reconstituer des services publics dignes de ce nom.
Ces points n’épuisent pas l’ensemble des revendications à l’ordre du jour, mais, au-delà des formulations, ils synthétisent ce qui semble le plus urgent pour faire face à une crise qui n’est pas seulement économique et produit en Europe des risques de décomposition sociale propices au regain de l’extrême-droite.
Un combat idéologique le plus unitaire possible autour de ces axes est nécessaire. Mais, bien entendu, il serait illusoire de croire que de telles exigences s’imposeront par leur force intellectuelle: elles nécessiteront des mouvements sociaux d’ampleur pour faire plier les dominants et à terme faire dégager leurs représentants politiques au profit de gouvernements aussi fidèles aux intérêts des travailleurs que Sarkozy, Merkel et consorts (et Jospin en son temps – Premier ministre de juin 1997 à mai 2002) le sont aux intérêts des capitalistes.
Henri Wilno. Rédigé le 12 août 2012. Publié sur le site Alencontre.org
[1] Sont ici repris (avec des formulations dont l’auteur assume la responsabilité) des éléments qui se trouvent dans «Nos réponses à la crise», texte adopté par le congrès du NPA de février 2011 et dans le texte d’Isaac Johsua pré-cité.
"dénonçant comme réformistes ou opportunistes les idées contestataires qui circulent dans la société." c'est pas mal cette façon de prendre les devants pour éviter la critique pourtant c'est comme même ouvertement du réformisme ...