Ukraine : lutte entre clans de la bureaucratie

Dans le monde...

Message par Vania » 22 Oct 2011, 15:21

En Ukraine, la lutte de pouvoir entre les trois principaux clans bureaucratiques, dominés par Viktor Yanoukovitch (l'actuel président, élu en 2009), par Viktor Iouchtchenko (l'ancien président, élu après une élection controversée face à son adversaire déclaré vainqueur dans un premier temps - le précédent Viktor, Yanoukovitch - le tout accompagné de manifs importantes en 2004, ce qui fut nommé ici la "révolution orange") et par Youlia Timoshenko, ancienne premier ministre du pays, a pris ces dernières semaines un tour juridique, Timoshenko se retrouvant accusée de corruption, jugée, et condamnée à plusieurs années de prison. Cette affaire de règlements de comptes entre clans bureaucratiques, au demeurant tous corrompus, a pris ces derniers jours un tour diplomatique. Yanoukovitch se retrouve interdit de séjour en UE, tandis que recevant le président russe Medvedev, il s’apprête a faire adhérer l’Ukraine à une union douanière réunissant Russie, Biélorussie et Kazakhstan.

a écrit :Après la condamnation de Ioulia Timochenko, l'UE annule la visite de Viktor Ianoukovitch
L'Union européenne a décidé, mardi 18 octobre, d'annuler une visite prévue jeudi à Bruxelles du président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, à la suite de la condamnation controversée de l'opposante Ioulia Timochenko, a annoncé une source diplomatique européenne.
La visite de M. Ianoukovitch, au cours de laquelle il devait notamment rencontrer le président de l'UE, Herman Van Rompuy, et celui de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a été "repoussée à une date ultérieure, quand les conditions seront plus favorables pour faire des progrès sur les relations bilatérales", a indiqué cette source.
Dans un entretien avec la presse étrangère, Viktor Ianoukovitch, a rejeté les pressions occidentales en faveur de l'ex-première ministre et opposante Ioulia Timochenko condamnée à 7 ans de prison. "Nous sommes ouverts à la discussion, mais je n'ai pas le droit de me mettre à la place du système judiciaire ukrainien. La justice est indépendante et prend ses décisions toute seule", affirme le président Ianoukovitch, cité par le New York Times. "L'Ukraine est un pays indépendant", répète-t-il.
Les opposants de M. Ianoukovitch l'accusent d'avoir voulu se venger en lançant le processus judiciaire contre Mme Timochenko, égérie de la "révolution orange" de 2004 qui avait conduit à l'annulation d'élections qui lui étaient favorables et considérées comme truquées. Selon le président ukrainien, le cas de Mme Timochenko pourrait avancer si "elle disait la vérité au peuple ukrainien" sur l'accord. Deux jours après sa condamnation à sept ans de prison, les services de sécurité ukrainiens (SBU) ont annoncé, jeudi 13 octobre, l'inculpation de Mme Timochenko pour "tentative de détournement" de 405 millions de dollars de fonds publics en 1995.


Le lien : http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/...#ens_id=1556671

a écrit :Vague d'indignation après la condamnation de Ioulia Timochenko
La condamnation de l'ex-première ministre ukrainienne, Ioulia Timochenko, mardi 11 octobre, à sept ans de prison pour abus de pouvoir suscite critiques et indignation.
La France a estimé que les droits de la défense avaient été violés et que cette sentence est entachée de motivation politique : "C'est une condamnation qui intervient au terme d'une procédure et dans des conditions non conformes aux engagements internationaux de l'Ukraine et qui confirme le caractère inéquitable et politique du procès", a déclaré le chef de la diplomatie française, Alain Juppé.
L'UE "PROFONDÉMENT DÉÇUE"
Par la voix de Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne,  l'Union européenne s'est dite "profondément déçue" par cette condamnation et par un procès "qui n'a pas respecté, selon elle, les normes internationales en matière de procédures équitables, transparentes et indépendantes", ajoutant qu'elle "appelle les autorités ukrainiennes compétentes à assurer un procès équitable, transparent et impartial dans toute procédure d'appel dans le cas de Mme Timochenko et dans les autres procédures relatives à des membres de l'ancien gouvernement".
L'Union européenne menace ainsi l'Ukraine d'importantes "conséquences" si Ioulia Timochenko ne bénéficiait pas d'une procédure d'appel équitable, notamment en ce qui concerne la "conclusion" d'un accord bilatéral avec Kiev, notamment sur la question d'un accord d'association.
Fin septembre à Varsovie, l'affaire Timochenko avait déjà été l'objet de frictions avec Kiev au sommet du Partenariat oriental, un forum créé en 2009, censé rapprocher les vingt-sept pays de l'Union européenne et six Etats de l'ex-URSS, la Biélorussie, l'Ukraine, la Moldavie, la Géorgie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan.
L'OSCE SE DIT PRÉOCCUPÉE
L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s'est, elle aussi, déclarée préoccupée par la condamnation de l'ex-première ministre ukrainienne. Elle appelle Kiev à lui assurer un procès en appel transparent et équitable. "J'ai suivi de près cette affaire. Déjà auparavant, j'ai appelé les autorités ukrainiennes à assurer que les droits de la défense soient pleinement respectés", a déclaré le ministre des affaires étrangères lituanien, Audronius Azubalis, qui assume la présidence tournante de l'OSCE.
"Les pays ont le devoir de soutenir le respect d'un Etat de droit, mais ils doivent le faire en évitant l'application sélective de la loi", a ajouté M. Azubalis. L'Ukraine doit prendre la présidence de l'OSCE en 2013 avec pour mission, notamment, de veiller au respect des droits de l'homme et de la démocratie par ses cinquante-six Etats membres.
LES ÉTATS-UNIS VEULENT LA LIBÉRATION DE MME TIMOCHENKO
Les Etats-Unis, eux aussi, ont dénoncé la condamnation "motivée politiquement" de Ioulia Timochenko. "Nous sommes profondément déçus" par ce verdict qui "soulève de graves inquiétudes concernant l'engagement du gouvernement ukrainien envers la démocratie et l'Etat de droit", a déclaré Victoria Nuland, la porte-parole du département d'Etat.
"Les Etats-Unis exhortent les autorités à libérer Mme Timochenko, d'autres dirigeants politiques et d'anciens responsables gouvernementaux et estiment que ces derniers devraient pouvoir participer sans entraves à la vie politique, en particulier aux élections législatives de l'année prochaine", a ajouté M. Carney, le porte-parole de la Maison Blanche.
JUGEMENT "ANTI-RUSSE"
Pour Amnesty International, la condamnation de Ioulia Timochenko est la conséquence indiscutable d'un jugement "politiquement motivé". L'ONG de défense des droits de l'homme demande la "libération immédiate" de l'égérie de la révolution orange de 2004, incarcérée depuis le 5 août. "Le procès de Ioulia Timochenko met en exergue les problèmes systémiques au sein du système judiciaire en Ukraine, et la manière dont cette procédure a été conduite permet de douter de l'indépendance de la justice" dans cette ancienne république soviétique, a déclaré le directeur-adjoint de l'organisation, John Dalhuisen.
"Les charges retenues contre elle ne sont pas considérées comme des infractions au plan international. Ce sont des tentatives de déclarer illégales des décisions qu'elle a prises dans le cadre de ses fonctions", a ajouté l'ONG.
Mme Timochenko a été jugée pour avoir en 2009 conclu sans l'autorisation du gouvernement qu'elle dirigeait des accords gaziers avec la Russie considérés comme défavorables à son pays et à sa société publique, Naftogaz. Aussitôt le jugement rendu, la Russie a alors dénoncé le caractère "manifestement anti-russe de toute cette affaire" par l'intermédiaire de son ministère des affaires étrangère.
POUTINE : "EN SOI, SEPT EST UN BON CHIFFRE"
"En accusant Ioulia Timochenko d'abus de pouvoir lors de la conclusion de contrats de livraison de gaz russe en 2009, le tribunal Petcherski a ignoré le fait que ces accords ont été conclus en toute conformité avec la législation russe, ukrainienne et internationale", a souligné le ministère. Il poursuit : "En substance, Ioulia Timochenko a été jugée pour des accords juridiquement contraignant entre Gazprom et Naftogaz qui sont en vigueur et que personne n'a invalidés."
Le premier ministre russe, Vladimir Poutine, a embrayé le pas au ministère des affaires étrangères lors de son déplacement à Pékin. Il y a déclaré "ne pas comprendre (...) pourquoi elle a pris sept ans". M. Poutine a aussi ironisé sur le fait qu'"en soi, sept est un bon chiffre", celui-ci portant bonheur dans l'imaginaire russe.


Sur le projet d’union douanière :

a écrit :L'Ukraine étudie la possibilité d'une adhésion à l'Union douanière russe
Les perspectives de rapprochement avec l'UE ont été mises à mal par la condamnation de l'opposante Ioulia Timochenko.

L'Ukraine réfléchit à une adhésion à une union douanière menée par la Russie, a dit mercredi le Premier ministre Mykola Azarov, au moment où les perspectives de rapprochement avec l'UE ont été mises à mal par la condamnation de l'opposante Ioulia Timochenko.
"J'ai chargé le ministère de l'Economie de passer en revue les règlements techniques (de l'Union douanière Russie-Bélarus-Kazakhstan) en vue de notre possible adhésion. Nous estimons que cela facilitera le commerce entre nos pays", a déclaré M. Azarov au cours d'une réunion de chefs de gouvernement d'ex-républiques soviétiques à Saint-Pétersbourg.
Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a pour sa part qualifié cette décision ukrainienne d'un "important pas en avant" en vue de l'intégration de Kiev à l'Union douanière.
Il a également appelé Kiev à "se débarrasser des phobies politiques" et à calculer les "profits économiques" de la future adhésion.
"C'est une question d'avantages économiques. Il faut calculer, peser les choses et se débarrasser des phobies politiques du passé et regarder vers l'avenir", a déclaré M. Poutine au cours d'une conférence de presse.
Froid avec l'UE
La veille, Vladimir Poutine a annoncé que la Russie et d'ex-républiques soviétiques, dont l'Ukraine, avaient trouvé un accord pour créer une zone de libre-échange.
Ces déclarations interviennent en plein froid entre Kiev et l'Union européenne qui a annoncé mardi le report sine die d'une visite à Bruxelles du président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, à la suite de la condamnation de l'opposante et ex-Premier ministre Ioulia Timochenko à sept ans de prison.
M. Ianoukovitch devait s'y rendre dans le cadre de négociations sur un accord d'association UE-Ukraine, mais les dirigeants européens avaient prévenu qu'un tel rapprochement passait par la libération de Mme Timochenko.
La Russie tente depuis des mois d'attirer l'Ukraine dans son Union douanière avec le Bélarus et le Kazakhstan, arguant que Kiev a plus à y gagner qu'à un rapprochement avec l'Union européenne.
Kiev refusait jusqu'à présent les propositions de Moscou préférant "coopérer" avec cette structure plutôt que d'y adhérer.


Le lien : http://www.liberation.fr/monde/01012366633...douaniere-russe


De manière générale, pour mieux comprendre le contexte et les dessous de cette lutte de clans bureaucratiques sur fond de lutte d’influence entre UE et Russie, il y a un très bon article de la LDC, rédigé durant cette fameuse « révolution orange », qui fut tout sauf une révolution : http://www.union-communiste.org/index.php?...573-3228-x.html
Vania
 
Message(s) : 27
Inscription : 19 Fév 2011, 01:21

Message par Vania » 22 Oct 2011, 17:40

J'ai pu me prouver en Ukraine, plus précisément à Lvov, une agglomération de presque un million d'habitant située dans l'ouest du pays, près de la frontière polonaise, durant les élections présidentielles de 2009. Voici quelques photos de cette campagne :

http://www.radikal.ru
Cette photo montre une affiche de l'un des candidats "mineurs", Youri Kostenko. Cette affiche est cependant représentative du climat politique général : « Travaille ukrainien, achète ukrainien, défends ce qui est ukrainien, par ce que cela est à toi ».

Une autre affiche, d'un candidat nommé Arsenniï Yatsenyouk, lui aussi nationaliste, mais qui choisit d'orienter sa campagne sur la désindustrialisation de l'Ukraine et l'accès aux soins. Cette affiche, sur fond de couleurs guerrières, annonce "production agricole".

http://www.radikal.ru

Une seconde du même candidat annonce : "nouvelle industrialisation".

http://www.radikal.ru

En Ukraine, pas de décroissants... Après 20 ans de décroissance forcée, la tendance, c'est plutôt reconstruire une industrie et remécaniser une agriculture sinistrée.
Vania
 
Message(s) : 27
Inscription : 19 Fév 2011, 01:21

Message par Vania » 23 Oct 2011, 13:29

Pour revenir sur ce concert d’indignation suite à la condamnation de Youlia Timoshenko, elle n’est pas seulement choquante par ce qu’il s’agit d’un personnage corrompu (en Ukraine, de près ou de loin, tout le monde politique est corrompu). Elle me choque surtout par ce que la ni la presse occidentale, ni le monde politique occidental ne s’est ému lorsque les leaders de ce qui s’est appelé ici « révolution orange » ont réhabilité les pires personnages de l’histoire du pays, a commencer par un certain Stepan Bandera (Степан Бандера), érigé en héros national par l’ex président Iouchtchenko en 2010. Ce Stepan est l’un des pires bouchers de l’Ukraine, si ce n’est le pire. Basé dans la partie polonaise de la Galicie (une région peuplée à l’époque par une forte minorité ukrainienne), il créé des milices nationalistes et antisémites, qui lors de l’invasion par l’Allemagne nazie de l’URSS, seront les premières à entrer dans l’ouest ukrainien et à prendre Lvov (ou Lviv en langue ukrainienne, Lwów en langue polonaise ou encore Lemberg en langue allemande – la ville a souvent changé de mains au cours de l’histoire et donc de nom), prise qui sera « saluée » par une première vague de pogroms. A l’époque, l’OUN, créée par Bandera, et sa branche armée, l’UPA, vont prendre en charge un grande partie du génocide juif en Ukraine. A tel point qu’en 1943, dans une région proche de la frontière avec l’actuelle Biélorussie (la Volhynie), les communautés juives sont déjà annihilées. Commence alors un génocide de polonais, nombreux à peupler la région, essentiellement dans les campagnes. Des dizaines de milliers de polonais seront victimes de ce début de génocide, crucifiés, découpées en morceaux… (pardon pour l’horreur des mots, mais ce fut ainsi). Voilà pour le personnage. Il a désormais des statues monumentales dans plusieurs villes, dont Lviv/Lvov. En voici un cliché :

http://www.radikal.ru

Ce monument a été érigé à Lvov en 2008. De cela, pas un mot dans la presse en occident, ou presque, et surtout, aucune indignation du monde politique de l’UE…
Vania
 
Message(s) : 27
Inscription : 19 Fév 2011, 01:21

Message par Matrok » 23 Oct 2011, 16:21

Les liens vers les photos ne marchent pas... en tout cas chez moi.
Matrok
 
Message(s) : 177
Inscription : 12 Mars 2003, 21:43

Message par Vania » 23 Oct 2011, 16:52

Mince... :emb: Chez moi elles s'affichent pourtant. Cela à l'air compliqué, le postage de photos. Quelqu'un sait comment faire?
Vania
 
Message(s) : 27
Inscription : 19 Fév 2011, 01:21


Retour vers Actualités internationales

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 4 invité(s)