un pt blairiste version bossa nova

Dans le monde...

Message par tk2003 » 07 Oct 2003, 06:25

CITATION D'abord je pense que les militants LO savent ce qui se passe au Brésil.
Pour le reste, je regrette à titre personel qu'il n'y ait pas sur le thème d'article récent dans le canard LO[/quote]

Je ne parlais pas du Brésil mais de DS : il ne me semble pas avoir lu grand chose dans le canard LO. Il n'y a que la fraction qui ai fait quelque chose. On verra bien pour la suite, mais il doit bien y avoir un lien tu ne crois pas?
Enfin, comment les militants de LO pourrait être au courant de ce que fait DS s'il n'y a rien écrit là dessus? Pour l'instant les infos régulières sur ce sujet, ben ca vient de nous!
tk2003
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Jan 2003, 19:01

Message par pelon » 07 Oct 2003, 07:32

CITATION (tk2003 @ mardi 7 octobre 2003, 07:25) CITATION D'abord je pense que les militants LO savent ce qui se passe au Brésil.
Pour le reste, je regrette à titre personel qu'il n'y ait pas sur le thème d'article récent dans le canard LO[/quote]

Je ne parlais pas du Brésil mais de DS : il ne me semble pas avoir lu grand chose dans le canard LO.[/quote]
En tout cas, on en parle dans le "lutte de classe" que je cite plus haut. Nous n'avons rien à changer sur le fond de ce que nous avons écrit. Par exemple :
CITATION
Démocratie socialiste est un courant relativement important dans le PT, le plus important des courants trotskystes actuellement. Il milite depuis toujours dans le PT et y occupe des positions en vue, en particulier dans le Rio Grande du Sud, où il a occupé les postes de gouverneur de l'Etat et de maire de la capitale, Porto Alegre. Il est assez intégré à la direction du parti. Mais la participation au gouvernement n'y fait pas l'unanimité. Elle a été décidée majoritairement et c'est la position que relaient en France l'hebdomadaire de la LCR, Rouge, et la revue Inprecor, selon qui Démocratie socialiste ne pouvait se soustraire à ses responsabilités.

D'ailleurs, pour le SU, rien n'est joué : François Sabado découvre "des désaccords à la direction du PT et au gouvernement" (Rouge n 2010). Quant à Joao Machado, dirigeant de DS, il conclut ainsi un article ("Les deux âmes du gouvernement Lula", dans Inprecor 478-479) : "Les orientations du gouvernement Lula ne sont pas définies a priori. Elles seront définies au cours d'un processus de luttes politiques et sociales, où la défense des changements s'appuiera sur toute la trajectoire du PT, sur son histoire identifiée aux intérêts populaires, et sur le message fondamental de l'élection". Et dans Rouge n 2001, les dirigeants du SU affirment à la fois que "le gouvernement Lula est un gouvernement qui va gérer les affaires des classes dominantes" et que "la constitution du gouvernement Lula est une victoire des classes populaires contre l'impérialisme et les classes dominantes du Brésil". Un porte-parole de Démocratie socialiste concluait une interview par ces perspectives enthousiastes (Rouge n 2000) : "Ce gouvernement peut révolutionner au sein de l'actuelle conjoncture le cadre démocratique du pays, pour se transformer en un gouvernement démocratique et populaire, et devenir un gouvernement éminemment socialiste".

Heloisa Helena, depuis 1998 sénatrice du petit état nordestin de l'Alagoas, a refusé d'être candidate au poste de gouverneur lorsque Lula a choisi l'industriel Alencar comme vice-président. Elle a au début de l'année refusé de voter pour le banquier Meirelles comme dirigeant de la Banque centrale et pour l'ex-président Sarney, un des caciques de la droite, comme président du Sénat, alors que c'était la consigne de vote du PT. Elle critique la continuité avec la politique de Cardoso, la soumission au FMI, l'autonomie de la Banque centrale. Mais elle aussi affirme sa solidarité avec "son" gouvernement : "La réussite du gouvernement est d'une importance fondamentale" (Rouge n 2003). Elle disculpe Lula ("Je ne crois pas que ce qui arrive soit la faute de Lula") et veut "aider le PT à se rappeler nos discours d'opposition à Cardoso". La direction du PT l'a violemment critiquée, évoquant parfois une menace d'exclusion, mais sans passer aux actes.

Mais tous ces "opposants", qui font parfois la Une des journaux, ont jusqu'ici participé à toute la politique du PT, ils ont appelé la population à lui faire confiance et ils continuent largement à le cautionner. Leur présence à l'intérieur du parti de Lula était, dans l'optique dans laquelle ils la faisaient, l'amorce de la trahison. Car si des gens qui se prétendent révolutionnaires ont milité plus de vingt ans et continuent à militer dans le parti qui est au gouvernement, c'est bien parce que, selon eux, le PT est un parti révolutionnaire, ou quasiment révolutionnaire. Ce seul fait annule, devant la population, toutes leurs critiques et tous les états d'âme qu'ils peuvent exprimer.

Une existence indépendante, qui seule permet de critiquer clairement la politique du PT et de mettre en garde la classe ouvrière, peut certes être peu confortable, lorsque les travailleurs font massivement confiance au PT et à Lula. Mais seule cette attitude aurait préparé l'avenir et les luttes de la classe ouvrière contre la bourgeoisie, y compris quand ses intérêts sont défendus par des ministres, un gouvernement et un président PT.

Car la classe ouvrière, qui semble pour le moment sur l'expectative, peut constater assez vite, dans les conditions de la crise mondiale et d'un pays dominé par l'impérialisme, que le gouvernement Lula ne fonctionne pas en sa faveur, mais contre elle, dans l'intérêt de la bourgeoisie. Pour que sa réaction ne soit pas le dégoût de la politique ou l'adhésion à des démagogies réactionnaires, mais la lutte contre la bourgeoisie et pour une autre société, il faudra qu'elle trouve une direction qui mérite sa confiance et qui ait démontré sa lucidité et son courage politique.

4 mai 2003 [/quote]
pelon
 
Message(s) : 33
Inscription : 30 Août 2002, 10:35

Message par stef » 07 Oct 2003, 08:03

CITATION Des le départ, le PT est un parti réformiste. [/quote]
Pas d'accord.
Le PT a été constitué comme parti indépendant des travailleurs. Evidemment, l'indépendance en question ne peut qu'être transitoire : il ne peut être question d'indépendance des 2 camps fondamentaux durablement. Mais le PT n'a pas été construit comme parti réformiste. Je crois d'ailleurs que sa proclamation est le résultat d'un accord entre des syndicalistes, dont Lula, et les trotsksystes de l'OSI d'alors (l'équivalent de l'OCI française).

CITATION Alors au moment de sa constitution dire :"en l'absence de la moindre représentation ouvrière, vu les aspirations qu'il reflète, le crédit quil aura et les possibilités militantes que cela donne, on peut y participer", cela se discutait. [/quote]
Non, c'était une question de principe : tout faire pour permettre le moindre pas en avant, même limité. Ce n'était pas une manoeuvre pour utiliser le "crédit" (?!?) du PT. Et son apparition a été un pas en avant gigantesque dans ce pays.
Mais ça ne signifiait pas que le combat pour la construction de l'avant-garde marxiste disparaissait. Il se combinait à celui pour le PT.

CITATION Penser pouvoir peser comme si la question réforme/révolution n'y était pas tranchée était un leurre. [/quote]
Démonstration, plise ?
CITATION Dès lors, la nécessité, au Brésil comme ailleurs a toujours été la construction d'un parti révolutionnaire. [/quote]
A l'échelle historique, certes. Maintenant, rien n'autorisait un tkyste brésilien à décider par avance que le PT ne pouvait pas devenir un tel parti dans le cours de sa progression politique.

C'est aussi une réponse à la LDC qui écrit :
CITATION Une existence indépendante, qui seule permet de critiquer clairement la politique du PT et de mettre en garde la classe ouvrière, peut certes être peu confortable, lorsque les travailleurs font massivement confiance au PT et à Lula. Mais seule cette attitude aurait préparé l'avenir (...)[/quote]
Ce qui est parfaitement faux.
L'indépendance organisationelle n'est pas un principe sacré, ce qui l'est c'est de défendre le programme marxiste. Si l'appartenance au PT n'est pas un obstacle, je ne vois aucune raison de principe de ne pas y adhérer !
Et qui aujourd'hui aide le plus la classe ouvrière brésilienne ? Les sectes en marge du PT ou ceux qui refusent la politique de mise en oeuvre des plans de la bourgeoisie en son sein ?
stef
 
Message(s) : 0
Inscription : 15 Oct 2002, 11:50

Message par pelon » 07 Oct 2003, 08:14

Stef, tu n'es pas hors sujet (nature du pt) mais l'article n'est ici cité que pour répondre à tk2003 qui croyait que LO ignorait DS. Sur le fond -faut-il une organisation indépendante au Brésil ou militer dans le PT- plus tard. Déjà, certains n'ont pas le choix puiqu'ils en ont été exclus. Mais cela n'épuise pas la question.
pelon
 
Message(s) : 33
Inscription : 30 Août 2002, 10:35

Message par tk2003 » 07 Oct 2003, 10:15

CITATION En tout cas, on en parle dans le "lutte de classe" que je cite plus haut. Nous n'avons rien à changer sur le fond de ce que nous avons écrit. [/quote]


Certes, mais comme tu le dis toi même, ce n'est pas dans le canard, et c'était en mai. Depuis, Lula est passé à l'offensive après sa phase d'attente visant à ne pas brusquer les masses qui avait voté pour lui.
Aujourd'hui, ca me semblerait bizarre que la direction de LO flingue DS dans son canard public (ldc est public mais très peu de gens le lisent) au moment où un accord plutôt électoral va intervenir. C'est pour cela que je suis pour un accord sur un programme de rupture avec l'europe et que la ligue dénonce la politique de DS. Tout serait bien. Enfin je crois.
tk2003
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Jan 2003, 19:01

Message par tk2003 » 07 Oct 2003, 10:17

CITATION l'article n'est ici cité que pour répondre à tk2003 qui croyait que LO ignorait DS[/quote]

J'ai dit ca, vraiment? Ou ca? Il me semblait que ce que je disais, c'était juste que pour LO, mieux valait ne pas trop taper sur DS au moment où un accord allait se nouer entre lo et la ligue, accord qui ne fait pas l'unanimité dans LO (et dans la ligue non plus : dénoncer la ligue brusquerait aussi les militants de la ligue qui son réticent à l'accord). Tout cela ne parait-il pas logique?
Par contre rassure toi, je ne prend pas les dirigeants de LO pour des ignares :ils savent très bien ce qu'il se passe au Brésil. C'est pour cela qu'ils n'en parles pas trop. Mais tout cela peut changer. On verra bien...
tk2003
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Jan 2003, 19:01

Message par pelon » 07 Oct 2003, 11:20

CITATION (tk2003 @ mardi 7 octobre 2003, 11:17) CITATION l'article n'est ici cité que pour répondre à tk2003 qui croyait que LO ignorait DS[/quote]

J'ai dit ca, vraiment? Ou ca? Il me semblait que ce que je disais, c'était juste que pour LO, mieux valait ne pas trop taper sur DS au moment où un accord allait se nouer entre lo et la ligue, accord qui ne fait pas l'unanimité dans LO (et dans la ligue non plus : dénoncer la ligue brusquerait aussi les militants de la ligue qui son réticent à l'accord). Tout cela ne parait-il pas logique?
Par contre rassure toi, je ne prend pas les dirigeants de LO pour des ignares :ils savent très bien ce qu'il se passe au Brésil. C'est pour cela qu'ils n'en parles pas trop. Mais tout cela peut changer. On verra bien...[/quote]
Alors là tu nous connais bien mal. La diplomatie n'est pas le fort de la maison et ce que nous avons dit à la LCR avait 1 000 fois plus de "chances" de braquer les militants de la LCR que la politique de DS dont ils ne sentent pas responsables. D'ailleurs jusque sur ce forum, je n'ai pas remarqué un franc soutien à DS. attention donc de ne pas imaginer trop de choses.
Je remarque que tu essaies de trouver toutes les raisons que Lo pourrait avoir de ne pas s'allier avec la LCR et vice versa. Vois-tu malgré tout des avantages ou penses-tu qu'il vaudrait mieux qu'il n'y pas d'accord ?
pelon
 
Message(s) : 33
Inscription : 30 Août 2002, 10:35

Message par tk2003 » 07 Oct 2003, 17:03

CITATION Vois-tu malgré tout des avantages ou penses-tu qu'il vaudrait mieux qu'il n'y pas d'accord ? [/quote]

Un accord pour faire un accord, si ca n'aide pas la classe, alors non je ne suis pas favorable à un accord, ni défavorable d'ailleurs : si c'est inutile pour la lutte des classes, alors je m'en tape. Après les élections, la lutte des classes continuera.
Je suis pour tout accord (avec LO ou autres par ailleurs) derrière une politique unifiant toute les forces qui veulent en finir avec l'europe du capital et avec le gouvernement chirac raffarin. Le contenu de l'accord me parait plus important que la magie du contenant (je ne vois pas en quoi l'accord lors des dernières élections européennes a été un point d'appui magique pour les travailleurs dans leur combat). Le soucis des travailleurs aujourd'hui c'est : comment arrêter la machine à casser nos droits, ce n'est en aucun cas : j'espère que LO et la LCR vont s'unir pour avoir des élus au Parlement européen. N'as-tu pas cette impression?
tk2003
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Jan 2003, 19:01

Message par tk2003 » 07 Oct 2003, 18:48

en attendant, voici un article de DR dans le dernier débat militant sur le Brésil. Ils ne s'exitent pas trop sur la politique de la section brésilienne de la 4. Peut être qu'eux aussi sont d'accord pour ne pas trop insister la dessus en ces temps d'accord électoral... Mais bon, c'est juste le sentiment d'un pti con qui respecte même pas les sages décisions du BP sur le vote chirac, à ne pas prendre au sérieux donc...

CITATION Lula et le Parti des travailleurs assurent la croissance des profits et de la misère au Brésil
Lula ne perd pas le nord. Dix mois après le remplacement de Fernando Henrique Cardoso par Luiz Inacio « Lula » da Silva à la tête du Brésil, l évidence s impose : les spéculateurs n ont pas perdu au change. Lula et le Parti des travailleurs non seulement poursuivent la politique des gouvernements néolibéraux qui les ont précédés au pouvoir ; mais ils ont réussi à imposer l austérité budgétaire et les réformes anti-ouvrières sur lesquelles Cardoso butait — celle des retraites et celle de la fiscalité.
D aucuns s étonnent, évoquent un revirement du PT. Le triomphe de Lula ne symbolisait-il pas la revanche de Porto Alegre sur Davos ? On oublie parfois un peu vite que l ancien métallo s est engagé par écrit, comme les trois autres principaux candidats en course à l élection présidentielle, à satisfaire les exigences des institutions financières internationales. Plutôt que de dénoncer la dette de 255 milliards de dollars qui saigne le pays, une dette contractée par la bourgeoisie et qui lui assure de juteux profits, Lula acceptait, par avance, d en faire supporter les conséquences au prolétariat des villes et des campagnes. Tout un programme ! À lui seul, le service de la dette publique accapare plus de 32,7 milliards d euros par an, soit 55,1 % des recettes courantes de l État.
Le nouveau président a d ailleurs fixé explicitement le cap dès son premier discours à la nation, en janvier dernier : « Notre gouvernement va honorer les contrats établis par le gouvernement sortant, ne va pas relâcher son attention sur le contrôle de l inflation, et maintiendra — comme c est la règle dans les administrations du PT — une politique de responsabilité fiscale. C est pour cela que je dis avec clarté à tous les Brésiliens : la dure traversée que le pays affronte exigera l austérité dans l usage des fonds publics et un combat implacable contre la corruption. »
L austérité était planifiée, la contre-réforme libérale programmée. Lula n a pas manqué à sa parole.

La dette des marchés envers Lula
Depuis l entrée en fonction du leader du PT, le 1er janvier 2003, les représentants des institutions internationales ne tarissent pas d éloges sur ce « socialiste mûr » qui s acquitte de tous les engagements du pays, à commencer par le remboursement de l ardoise laissée par Cardoso. La nomination à la tête de la Banque centrale de Henrique de Campos Meirelles, l ancien directeur de la Bank of Boston, fraîchement élu député sous les couleurs du parti du président sortant, ne pouvait que rassurer les investisseurs sur les intentions de Lula et de son équipe : la Bank of Boston est le deuxième créancier du Brésil après Citigroup…
La directrice-adjointe du Fonds monétaire international, Anne Krueger traduisait bien, début septembre, l admiration qui gagne les marchés financiers internationaux devant le travail accompli en si peu de temps par Lula et son équipe. Elle s est notamment réjouie que « les grandes lignes des projets de réformes fiscales et des retraites aient été déposées bien avant les délais prévus » dans le calendrier du FMI arrêté en accord avec le gouvernement « pétiste ». « Cette excellente performance politique a conduit à des améliorations sur le marché financier et a jeté les bases pour un retour à une croissance soutenue et dynamique », s enflammait la numéro deux du Fonds.
La « croissance soutenue et dynamique » des profits certainement… Selon un rapport de la Banque centrale brésilienne, les banques du pays auraient engrangé 2,1 milliards d euros de résultat, lors des cinq premiers mois de l année. Selon le Financial Times, les banques brésiliennes auraient investi 67 % de leurs actifs dans des opérations spéculant sur la dette du pays : emprunter à l étranger pour acheter des titres de la dette nationale s avère très rentable, et d autant plus que Lula et le PT garantissent que l État signera les traites à échéance !
L ancien métallo affirmait qu il tiendrait ses promesses, coûte que coûte. Dans le but de drainer les investissements étrangers directs et les capitaux à court terme, il a serré la vis au-delà même des contraintes que lui imposaient la Banque mondiale et le FMI. Le gouvernement « pétiste » devait dégager un excédent budgétaire permettant de régler les intérêts de la dette publique s il voulait toucher les 80 % restant du prêt de 30,4 milliards de dollars accordé au pays en août 2002 par le Fonds. Pour cela, il fallait que le Brésil comptabilise un solde primaire de 3,75 % du PIB en 2003. Antonio Palocci, le ministre de l Économie et des Finances de Lula, claironnait que l  « excédent » s élèverait à 4,25 % du PIB ; au premier semestre, Palocci peut s enorgueillir d un taux de 5,4 % — 1,8 milliard de dollars économisé.
Les financiers sablent le champagne. La classe ouvrière brésilienne trinque.

Une politique sociale démonétisée
Lula a fait son parti de couper dans les budgets sociaux. Même l opération « Faim zéro » qui devait illustrer le « cours nouveau » n échappe pas à la règle. Son budget a été ramené de 575 millions à 134 millions d euros. Et, comme le financement des différents programmes d aide familiale mis en place par les précédents gouvernements a été suspendu, on assiste à une paupérisation de populations vivant déjà dans un dénuement extrême. Ce sont plusieurs milliers d enfants qui auraient ainsi été contraints d abandonner leurs études pour subvenir aux besoins familiaux depuis l arrivée du PT aux affaires. La réforme agraire, qui était présentée avec l opération « Faim zéro » comme la vitrine de la politique « pétiste », connaît la même évolution, faute de crédit pour acquérir et redistribuer des terres. Au premier semestre, seulement 2 534 familles ont été installées. Au mieux, 7 000 familles sur les 60 000 initialement annoncées se verront attribuées des terres en 2003.
Si les profits financiers connaissent une « croissance soutenue et dynamique », les prévisions de la croissance économique sont, elles, en revanche, revues à la baisse, mois après mois. Les économistes officiels escomptent au mieux 0,98 %, de nombreux autres tablent déjà sur une croissance négative. La récession s annonce au Brésil comme en France. Et le ralentissement de l activité est d ores et déjà palpable pour des centaines de milliers de travailleurs dont les emplois sont menacés. Le chômage, que le candidat du PT promettait d enrayer il y a douze mois, explose. Lula visait la création de dix millions d emplois en quatre ans. Or le chiffre des demandeurs d emplois supplémentaires approchera vraisemblablement le million d ici la fin de l année. Dans la région de Sao Paulo — la « capitale économique » du pays — près de deux millions de personnes étaient sans travail en août, soit 20 % de la population active. La barre des 13 % de chômeurs sera bientôt pulvérisée au Brésil.
Mais l aggravation de la misère n empêche pas la Banque centrale d estimer que le pays continuera à « respecter l objectif d excédent budgétaire équivalent à 4,25 % du PIB en 2003 et au cours des deux prochaines années ». « Cet objectif est valable pour nos quatre années de mandat, et je dirais que le Brésil en aura besoin pendant dix ans », surenchérissait le docteur Palocci dans Le Nouvel Observateur du 24 juillet. Cristovam Buarque, le ministre de l Éducation du gouvernement Lula, de passage à Paris cet été, montrait le même attachement au cours… de la Bourse. « La stabilité monétaire, le contrôle de l inflation passent avant l éducation », enseignait-il.

Lula mise sur l agrobusiness pour se refaire
La décision était attendue. Le gouvernement « pétiste » devait impérativement arrêter son choix avant le 1er octobre date à partir de laquelle débute l ensemencement du soja dans le sud du pays. Le décret est tombé le 25 septembre alors que Lula était en voyage officiel à Cuba : le Brésil autorise la culture de soja transgénique pour cette année et sa vente jusqu à la fin de l année 2004. Déjà l ancien métallo avait accepté au mois de mars la commercialisation de soja transgénique plantée illégalement dans l État du Rio Grande do Sul avec des semences importées de l Argentine voisine. 90 % des 3,6 millions d hectares de soja plantés dans cet État serait transgénique, soit une production de 8 millions de tonnes sinon plus.
« Il ne s agit pas d être pour ou contre, mais de faire face », a défendu Lula. « Nous avons gagné les élections et, en février, nous avons découvert une situation que nous ignorions jusque là, a-t-il fait valoir : le fait que le soja transgénique était planté non seulement dans le Rio Grande do Sul  mais dans d autres parties du pays. Nous avions neuf millions de sacs de soja stockés […] Ordonner à la police de brûler le soja aurait donné une photo horrible dans un pays où le peuple a faim ; dans un pays qui a besoin d exporter et de produire ».
Le ministre de l Agriculture, Roberto Rodrigues n a eu aucun mal à persuader Lula d étendre la mesure. Le calcul a été rapide. Le Brésil est le deuxième exportateur de soja après les États-Unis. En 2002, cette légumineuse a rapporté quelque 6 milliards d euros au pays. Le solde de la balance commerciale agricole devrait avoisiner les 24 milliards de dollars en 2003 : Lula ne peut se passer de cette manne s il veut honorer le service de la dette…
Le ralliement du PT aux revendications du lobby de l agrobusiness ne peut déconcerter que ceux qui tenaient pour sans conséquence le choix de Roberto Rodrigues au ministère de l Agriculture. Rodrigues est un grand propriétaire foncier qui tire ses revenus des exportations… Et c est ce même Rodrigues qui a fait adopter par le gouvernement de Fernando Henrique Cardoso une loi visant à interdire toute réforme agraire dès lors que les terres étaient occupées par des sans-terres. Il représente les intérêts des grands propriétaires fonciers qui n hésitent pas à défendre l arme à la main leurs biens. Ce sont leurs miliciens, les « pistoleiros », sinon directement les forces armées des vingt-sept États brésiliens qu ils contrôlent, qui ont assassiné plus d une cinquantaine de militants sans-terre en 2003.
L influence considérable des tenants de l agrobusiness au sein du gouvernement Lula n est plus à démontrer. Et s il souscrivent à la réforme agraire amorcée par le PT, c est simplement parce que le projet « pétiste » s inscrit dans la droite ligne des précédents, et ne vise nullement à donner satisfaction aux quatre millions de paysans sans-terre. Pire, au rythme où vont les choses, l équipe entourant Lula pourrait faire moins bien que celles de Cardoso qui selon les estimations auraient installé entre 300 000 et 500 000 familles de 1995 à 2002.

Leçons d ici pour là-bas ; leçons de là-bas pour ici
Face à l austérité généralisée et aux réformes anti-ouvrières en cours au Brésil, le prolétariat des villes et des campagnes n est pas resté sans réaction. Ils étaient près de 30 000 fonctionnaires mobilisés dans les rues de Brasilia, le 11 juin, pour empêcher la baisse de leurs retraites. 60 000 manifestants défilaient à nouveau, le 8 juillet, dans les rues de la capitale. Et ce sont plusieurs dizaines de milliers de travailleurs de la fonction publique, en grève depuis près d un mois, qui se sont déplacés de tout le pays pour participer, le 6 août, à la grande manifestation de Brasilia contre le projet gouvernemental.
Le même jour, la Chambre des députés adoptait en première lecture le projet « pétiste » sur les retraites, les voix du PT se mêlant à celles de différents partis de droite — uniquement trois élus du PT ont voté contre et seulement huit se sont abstenus.
Malgré leur détermination, les travailleurs du Brésil ont subi le même sort que leurs homologues de France au même moment. Le VIIIe congrès de la Centrale Unique des Travailleurs s est porté à la tête de la contestation pour mieux négocier un ralliement du mouvement à Lula sans dommage pour ses projets réactionnaires. Ce n est pas sans rappeler non plus les manœuvres bureaucratiques des appareils syndicaux en France le printemps dernier. Cela vérifie une idée simple : l indépendance de classe est une exigence primordiale. La lutte pour affranchir la classe ouvrière de la bourgeoisie est un combat constant au sein même du mouvement ouvrier, et qui ne connaît pas de frontière.
Le rapprochement est saisissant. Le Brésil n est pas la France ; Lula n est pas Raffarin. Mais justement… Le fait demeure : la réforme de l un, comme celle de l autre, relève de cette logique financière qui transforme en marchandise tout ce qui peut être source de profit. La mondialisation sape les bases matérielles du réformisme, en France comme au Brésil. Rejeter la contre-réforme libérale impose par conséquent de rompre avec le capitalisme. S y refuser ouvre immanquablement la voie à l acceptation passive du social-libéralisme. Le Lula qui, en 1980, dirigea une grève dure pendant quarante et un jours écopant de trente et un jours de prison n a rien de semblable avec le « Lula light » des années 2000. Il en va de même du PT né de la clandestinité et de celui qui gère aujourd hui la dixième puissance économique du monde.
L ouverture rapide du dossier des retraites des fonctionnaires traduit bien l enjeu pour le pouvoir au Brésil : en s attaquant aux fonctionnaires, le gouvernement cible la masse de ceux qui ont voté pour le PT ; une victoire contre une base « pétiste » désorientée serait un atout pour la poursuite de la contre-réforme libérale à laquelle souscrivent Lula et l essentiel de l appareil du parti et des formations qui lui sont fidèles.

Pour un parti des travailleurs
« Dehors Lula ! Tu nous as trahis ! » Le slogan repris en juin par les grévistes témoigne des illusions qui ont présidé à la victoire de l ancien métallo à la présidentielle ; il souligne que l on ne peut être solidaire du gouvernement Lula — encore moins y participer — et lutter aux côtés de ceux qui en combattent la politique, sinon à adopter l optique de la CUT prenant en main l affrontement afin de mieux le désamorcer.
Au printemps et pendant l été, des parlementaires et des intellectuels du PT ont publiquement pris leur distance avec la politique de Lula, mais sans rompre le plus souvent avec lui. La solidarité a joué au contraire à plein quand il s est agi de voter les contre-réformes libérales. La démarche des trente députés « radicaux » qui avaient signé un texte critiquant la politique de la Banque centrale fin mai est significative : répétons-le, seuls trois élus du PT sur les quatre-vingt onze que compte le groupe parlementaire ont voté contre la réforme des retraites et huit se sont abstenus. Au nom de « l unité du PT » les récalcitrants ont entériné des mesures allant à l encontre des intérêts ouvriers, et les membres de Démocratie socialiste, courant lié à la Quatrième Internationale et à la LCR, comme les autres. Cette position n est pas tenable, encore moins celle de Miguel Rosseto qui en participant, au gouvernement, même de manière critique, cautionne la politique de Lula.
Chercher à convaincre Lula et le PT de changer leur politique revient à nier ce qui l a motivée, à s illusionner sur la possibilité d une autre voie que celle de la rupture avec la bourgeoisie. Il n y a pas d entre-deux. On peut évidemment disserter à l infini sur « les deux âmes du gouvernement Lula ». Il est plus utile de discuter de son orientation.
Cela pose immédiatement la question d une rupture politique avec elle et ses promoteurs au pouvoir comme avec ses relais dans le mouvement ouvrier, la direction du PT et de la CUT en premier lieu. Cela interroge inévitablement sur le piège que représentent des regroupements qui ignorent le clivage réforme-révolution et où s efface immanquablement l indépendance de classe.
Cela oblige à remettre en cause les cadres existants, et envisager que la nécessaire rupture politique s accompagne d une rupture organisationnelle. Craindre cette conséquence ou simplement en reculer l échéance est un encouragement à la contre-réforme libérale menée par Lula, une politique qui s appuie précisément sur la difficulté à faire émerger au sein de la classe ouvrière une orientation indépendante, alternative à celle que défend le PT et les organisations proches de lui.
La bataille sur les retraites au Brésil cet été le souligne suffisamment.
Serge Godard
[/quote]
tk2003
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Jan 2003, 19:01

Message par pelon » 07 Oct 2003, 19:41

CITATION (tk2003 @ mardi 7 octobre 2003, 18:03) CITATION Vois-tu malgré tout des avantages ou penses-tu qu'il vaudrait mieux qu'il n'y pas d'accord ? [/quote]

Un accord pour faire un accord, si ca n'aide pas la classe, alors non je ne suis pas favorable à un accord, ni défavorable d'ailleurs[/quote]
Moi j'avais l'impression que s'il y avait une liste qui défende les intérêts des travailleurs contre l'UMP, l'ex-gauche plurielle et l'extrême-droite, cela vait un intérêt. Même si l'axe de campagne n'est pas défini par les différents groupes d'EG, experts s'il en est. Mais ce que j'en dit : peut-être que si l'on dit rien sur DS on va désarmer la classe ouvrière. :hinhin:
pelon
 
Message(s) : 33
Inscription : 30 Août 2002, 10:35

PrécédentSuivant

Retour vers Actualités internationales

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 18 invité(s)