Grèce : résultats des élections

Dans le monde...

Message par Zelda » 10 Mai 2012, 18:35

Un article sur le résultat de ces élections dans la LO.

http://www.lutte-ouvriere-journal.org/?act...&num=2284&id=42

a écrit :Grèce - Les élections du 6 mai : Le discrédit des partis de gouvernement

Aux élections législatives du 6 mai en Grèce, la perte de voix des deux principaux partis, la Nouvelle démocratie à droite, et le Pasok à gauche, était prévisible. Mais l'importance de cette perte et la forte hausse des voix qui se sont portées sur Syriza, la coalition de la gauche radicale, (16,76 % au lieu de 4,6 % en 2009) l'étaient moins. Globalement l'ensemble des partis de gauche perd cependant des voix : l'abstention a été plus importante (35 % au lieu de 29 %) et une partie de leurs voix se sont dispersées ailleurs.

Le plus grand perdant est le Pasok qui, par comparaison avec les élections de 2009, passe de presque 44 % à 13 % des voix et de 160 à 41 sièges. La Nouvelle démocratie (ND) passe de 33,4 % à 18,8 % des voix mais reste le premier parti, ce qui lui vaut 108 sièges au lieu de 91 en 2009. Cela tient au système électoral grec, partiellement proportionnel mais qui octroie une prime de 50 sièges au parti arrivé en tête. Ces deux partis ont payé le fait d'avoir appliqué toutes les mesures décidées par la Troïka ( l'Union européenne, la Banque européenne et le FMI) pour sauver les banques en écrasant la population.

Le dernier perdant est le Laos, un parti d'extrême droite qui a lui aussi fait partie de la récente coalition gouvernementale. Avec moins des 3 % permettant l'entrée au Parlement, il a perdu ses 15 députés. Il y a été remplacé par les 21 députés de Chryssi Avghi (l'Aube dorée). Si on totalise les résultats de ces deux partis d'extrême droite, leur audience électorale est passée de 6 % à 10 %, avec environ 220 000 voix de plus. Une partie des électeurs de droite ou d'extrême droite classique (Laos et ND) ont sans doute trouvé ce moyen de désavouer les deux partis de gouvernement. Il reste que leur ralliement à Chryssi Avghi, ce petit groupe ultranationaliste, anticommuniste forcené, défenseur de l'Église, de « l'héritage biologique et intellectuel » de la Grèce éternelle et habitué des violences contre les immigrés, est le signe du pourrissement de la société en crise.

Le Parti communiste (KKE), avec 8 % des voix, n'a gagné que 1 % et se retrouve avec 26 députés au lieu de 21. Avec 52 députés, au lieu de 13 en 2009, c'est donc Syriza, une coalition créée entre autres par d'anciens eurocommunistes et dont le président Alexis Tsipras a été membre des Jeunesses communistes, militant syndical étudiant et altermondialiste, qui se retrouve en seconde position.

Parmi les partis représentés au Parlement, Syriza a été de ceux, pas si nombreux, qui sont descendus dans la rue pour manifester leur opposition aux mesures d'austérité et au gouvernement. Contrairement au KKE, très présent lui aussi dans la rue, il ne réclamait pas la sortie de l'Europe ni de l'euro. Syriza s'est présenté sur un programme électoral revendiquant l'annulation des plans d'austérité qui amputent les salaires et les retraites, la suppression des lois démantelant le code du travail, la modification des institutions et de la loi électorale pour une vraie proportionnelle, le contrôle de l'État sur les banques, dont l'argent devrait servir à relancer la production et la consommation. Il réclame aussi un moratoire du paiement de la dette et la réunion d'une commission internationale pour examiner la dette publique.

C'est sur ce programme que Tsipras, chargé de constituer un gouvernement après une vaine tentative de la Nouvelle démocratie, essaie de regrouper une majorité plus qu'hypothétique. Selon la Constitution, c'est en effet le parti ayant obtenu le plus de sièges qui constitue le gouvernement ; à défaut, c'est le second, puis le troisième. Ensuite, il ne reste plus que le recours à de nouvelles élections.

La formation d'un gouvernement stable semble dans l'immédiat vouée à l'échec. Les Bourses et les gouvernements européens, qui appelaient de leurs vœux une alliance nationale respectueuse de leurs volontés, s'en inquiètent.

De leur côté, en votant pour les partis de la gauche radicale, de nombreux travailleurs ont exprimé leur volonté de ne plus subir l'austérité et la dictature des marchés financiers. Une volonté qui devra se concrétiser par la lutte.

Sylvie MarÉchal
Zelda
 
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Message par Zimer » 11 Mai 2012, 21:43

a écrit :Grèce : poussée de Syriza

Maintenant que la Troïka est sanctionnée, la gauche radicale doit confirmer sa poussée !

La seule chose sûre avant les élections législatives du 6 mai, c’est que le jeu politique traditionnel d’alternance ou d’alliance entre la Nouvelle Démocratie (ND, droite) et le Pasok allait en prendre plein les dents, tant est grande la colère contre les partis au pouvoir pour imposer les ordres du FMI et de l’UE et donc détruire l’emploi et les acquis sociaux. Il se disait même que Syriza, la coalition regroupant le Synaspismos (réformiste antilibéral) et quelques groupes de la gauche révolutionnaire, allait passer de la 5e à la 3e place. Contre l’évidence, la ND avait construit toute sa campagne sur le fait qu’ils auraient une majorité suffisante pour former un gouvernement, et le Pasok pour sauver les meubles lui proposait de reconduire un gouvernement d’union nationale. Les résultats sont en fait à la hauteur de la colère, ils bouleversent les scénarios espérés par la Troïka, qui a essayé jusqu’au bout d’effrayer la population en refaisant son chantage à l’aide conditionnée à un « bon » vote. On peut déjà ce lundi essayer d’en tirer trois leçons.

Une baffe pour Les partis du mémorandum
La ND, même si elle arrive en tête, est très loin du seuil minimum espéré. Elle passe de 33, 5 % en 2009 à 18, 9 %, perdant environ 1, 1 million de voix. Son chef Antonis Samaras a immédiatement laissé entendre qu’il ne serait pas opposé à un gouvernement d’alliance ! Mais le grand perdant est le Pasok : il espérait sur la foi des sondages talonner la droite, mais il passe de 43, 9 % à 13, 2, perdant environ… 2, 2 millions de voix. C’est un véritable séisme pour ce parti qui a été le plus gros parti de masse depuis 30 ans en Grèce, dont les dirigeants ces deux dernières années se sont conduits comme les pires des flics ou des patrons, et dont la campagne a porté en grande partie contre les immigrés, accusés de tous les maux du pays, avec bien sûr les résultats classiques de racisme galopant et de montée de l’extrême droite. Il est trop tôt pour deviner les conséquences pour le Pasok, devenu le 3e parti et passant de 160 à 41 députés, mais il y aura à coup sûr des effets dans les syndicats à majorité Pasok. N’oublions pas de mentionner le parti d’extrême droite Laos, que le Pasok avait convaincu de participer à son gouvernement d’union nationale : il passe de 5, 6 % à 2, 9 % et perd ses15 députés.

37 % à gauche du Pasok
Le score est impressionnant : si on additionne tous les groupes à gauche du Pasok (on peut en recenser 11...), on arrive à ce chiffre, qui indique le rapport de forces potentiel. Renforcement pour tous ces groupes tous identifiés comme opposés au mémorandum du FMI et de l’UE et pour des solutions socialistes à divers degrés. Le plus impressionnant est Syriza, devenant le 2e parti (et premier dans la région d’Athènes) : le regroupement antilibéral a fait une campagne qu’on peut comparer pour aller vite à celle du Front de Gauche, avec qui il a d’étroits rapports, et il passe de 4, 6 % à 16, 8 %, gagnant 700 000 voix et passant de 13 à 52 députés ! Le très sectaire KKE (PC) passe quant à lui de 7, 5 à 8, 5 %, gagnant 15 000 voix. Le regroupement anticapitaliste Antarsya passe de 0, 4 à 1, 2 %, gagnant 50 000 voix après une campagne très combative. À partir de là, les questions sont nombreuses : quelle politique va suivre Syriza, dont le programme vis-à-vis de la dette est mi-chèvre mi-chou ? Quelle conséquence dans le KKE, dont des militants pourraient officialiser leur désaccord avec la ligne d’isolement ? Quelle forme d’unité possible dans une période d’extrême instabilité (probable impossibilité de former un gouvernement).

Montée des néonazis
C’est la nouvelle inquiétante de la soirée : à côté du succès d’un groupe de droite (10 % pour une sorte de Dupont-Aignan), le groupuscule Chryssi Avgi (Aube dorée), dont on a déjà mentionné ici les méthodes de tueurs, a réussi, porté par le climat raciste encouragé par le gouvernement, non seulement à entrer au Parlement, mais à obtenir presque 7 % des voix. Son discours antimémorandum l’a identifié pour certains à une composante des Indignés (ils tentaient d’occuper une place dans le mouvement), mais il a surtout percé avec la réputation d’un groupe anti-immigrés aux méthodes efficaces mais « gentilles », au service des petits bourgeois apeurés. Les premières images de leur Führer éructant hier contre les journalistes devraient aider à dégonfler cette baudruche, mais cela ne suffira pas : des initiatives antifascistes larges et unitaires sont désormais urgentes, et le rapport de forces permet de les réaliser immédiatement.
Derniers chiffres : en dehors de l’abstention (35 %, en hausse de 5 %), il faut signaler que le système électoral prive 20 % des suffrages de se voir représentés : avec son score, Antarsya devrait avoir au moins trois députés, et les écologistes, avec 2, 9 %, manquent de peu le seuil de 3 %. La question de la démocratie va se poser sous différentes formes dans les jours qui viennent.

Andreas Sartzekis, Athènes, le 7 mai

Toute est à nous !
Certes des formules sont énervantes cependant pour une fois, unique sans doute je trouve que l'on apprend davantage de choses dans cet article et que l'on perçoit un peu mieux ce qu'est Syrisia
Zimer
 
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Message par Vania » 11 Mai 2012, 22:55

Un article issu de la presse grecque et qui va dans le sens de ce que disaient Luc et Canardos sur les risques d'un coup d'Etat.
Le mieux est de lire l'article en suivant le lien ( http://www.presseurop.eu/fr/content/articl...ttra-de-l-ordre ), car c'est le dessin qui accompagne l'article qui répond à la question de son titre : Qui remettra de l'ordre? Le dessin montre ce qui semble être le Parlement, dont l'entrée est défoncée par un char qui entre à l'intérieur.

a écrit :Qui remettra de l’ordre ?

Les élections du 6 mai ont profondément ébranlé le paysage politique grec. Aucune majorité capable de gouverner n'est sortie des urnes. Les politiciens discrédités par les électeurs et leurs partenaires européens sont pourtant censés rétablir la situation, prévient Kathimerini.

Alexis Papachelas

Le message cuisant des élections de dimanche dernier aura-t-il un effet ? Le pays n’a ni temps devant lui, ni marge de manœuvre. Certains aimeraient croire que le résultat des urnes va effrayer l’Allemagne et la France et les pousser ainsi à assouplir leurs exigences fiscales vis-à-vis de la Grèce, voire à lui offrir une aide généreuse. Autrement dit, ils espèrent que nos bailleurs de fonds étrangers vont comprendre que la transformation de la Grèce en une république de type Weimar n’est qu’un avant-goût du sort que connaîtront bientôt l’Italie, l’Espagne, ou peut-être même la France.

Si seulement les choses étaient aussi simples. Nos partenaires sont évidemment prêts à autre chose, à savoir un “échec” de la Grèce, pour ainsi dire, ou sa sortie de la zone euro. Un assouplissement des exigences fiscales reviendrait à verser plus d’argent à Athènes, ce qui passerait mal auprès de la plupart des parlements nationaux.

Mémorandum discrédité

Mais il y a un autre problème. Nos partenaires ont de la classe politique grecque une vision assez proche de la nôtre ; en clair, ils ne lui font pas confiance. Ils considèrent qu'elle n'est pas fiable. Ils estiment que les grands partis grecs ne manifestent pas vraiment d’envie de changer, alors qu’aucun nouveau parti réformiste n’émerge vraiment.

Le peuple grec n’accorde par ailleurs plus aucun crédit à tout ce qui est lié au mémorandum de l’Union européenne et du FMI. Et tant qu’ils n’auront pas l’espoir de voir naître un mouvement substantiel en faveur du renouveau, ils choisiront le vote de protestation et donneront leurs voix à des partis comme celui de M. Tsipras [leader de Syriza, gauche radicale].

Retour au drachme

Il est évident que si les Allemands ne dévient pas de leur position et si l’on ne trouve pas de solution convaincante pour notre pays, le vote de dimanche sera un signe annonciateur du retour à la drachme. Quelques-uns pensent que si l’on réduit les salaires et les retraites, alors les gens comprendront ce qui est en train de se passer. C’est peut-être comme ça que fonctionnent les choses, mais cela risque de provoquer un effet boomerang et d’exaspérer encore plus la population.

Aucune solution ne saurait être imposée par les décideurs. Il faut exposer les arguments en faveur de la défense de l’euro. Le résultat de dimanche montre bien que les élites politiques et économiques d’Athènes ne parlent pas la même langue que le reste du pays.

Nous devons nous attendre à des jours et des mois difficiles. Il en va toujours ainsi quand un système pourri s’effondre sans pouvoir être remplacé. Il en va toujours ainsi quand un peuple atteint soudain la maturité après quelques décennies d’une vie facile. Dimanche, ce peuple a tout mis sans dessus-dessous. Il attend maintenant de voir si quelqu’un est capable de remettre un peu d’ordre.


Edit :

Un extrait d'un article, issu du même journal "I Kathimerini", plus explicite encore :

a écrit : (...) Notre société, peu habituée aux idées de coopération et de compromis, va se heurter à la menace de l’ascension de Syriza [parti de la gauche radicale] et d’autres partis d’extrême gauche, et à Chrysi Avgi. Bien qu’aux extrémités opposées du spectre politique, ces deux camps ont une chose en commun – leur manque de respect pour les institutions établies et une profonde haine réciproque.

Si la progression de Syriza débouche sur toujours plus d’interventions gauchistes dans les universités et d’autres sphères de la vie publique, il est possible que les “troupes” des gauchistes et des anarchistes affrontent les chemises noires de Chrysi Avgi dans les rues. Sans un gouvernement fort pour lui donner des ordres et la soutenir, il est probable que la police évitera de se retrouver impliquée dans cette rivalité, accroissant encore le sentiment d’insécurité des citoyens et provoquant peut-être du même coup une aggravation supplémentaire de la fragmentation politique. (...)


Le lien : http://www.presseurop.eu/fr/content/articl...chemin-du-chaos
Vania
 
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Message par redsamourai » 14 Mai 2012, 11:27

écoutez les copains, je suppose que je ne suis pas le seul dans ce cas: je ne connais absolument pas les journaux dont vous tirez ces articles, même si c'est vrai que Vania cite sa source... on ne sait pas s'ils sont très lus ou pas...

bref c'est intéressant, mais c'est frustrant, parce que ça ne nous dit pas grand-grand chose, en l'état...si vous avez qqs infos là-dessus je suis preneur!

et, Zimer, ce que tu postes, c'est issu du journal de Siriza, ou d'une de ses composantes?
redsamourai
 
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Message par Vania » 14 Mai 2012, 22:40

Ce que dit wikipedia du journal I Kathimerini fait penser un peu au journal Le Monde, en tout cas vu de loin. Le journal est classé centre droit et tire quotidiennement à 35000 exemplaires. Il fait partie des journaux étrangers dont le Courrier international publie de temps en temps des articles traduits.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Kathimerin%C3%AD
Vania
 
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Message par redsamourai » 15 Mai 2012, 08:26

ah ouais, quand même...
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Message par Vania » 23 Mai 2012, 19:09

Dans Médiapart, une interview de Sofia Sakorafa, députée de Syriza. Elle y expose un peu le programme de ce parti.

a écrit :Grèce: «Nous demandons un audit international de la dette»

Sofia Sakorafa, députée de Syriza et parlementaire qui a obtenu le plus de suffrages (parmi tous les élus tous partis confondus), déclare : « On dit au peuple grec qu’il a une dette mais personne ne sait d’où elle est issue ni ce que l’on paie ». Entretien.

Interview réalisée par Gemma Saura et publiée le 17 mai dans le quotidien espagnol La Vanguardia, traduction de Cécile Lamarque.

Un poster de Hugo Chávez décore le bureau de Sofia Sakorafa (Trikala, 1957) dans le quartier de Exarchia, aux façades couvertes de graffitis anarchistes. Ex-députée du Pasok, elle fait partie de la coalition de gauche radicale Syriza et est la parlementaire qui a obtenu le plus grand nombre de suffrages le 6 mai. Ancienne lanceuse de javelot médaillée olympique, elle fut la première membre du Pasok à se rebeller et fut expulsée suite à son vote contre le premier plan d’ajustement. « Je ne pouvais pas rester au sein d’un parti qui a viré à droite et a appliqué une politique néolibérale qui rompt avec sa tradition et son programme ».

« Il faut faire la lumière sur la partie de la dette qui est illégale et illégitime. »

Syriza est une coalition de groupes divers, dont certains défendent la sortie de l’euro. Ne devraient-ils pas être unis sur un thème si crucial ?

C’est très sain qu’il y ait des opinions différentes au sein d’un parti. L’antithèse, c’est le Parti communiste, qui maintient une ligne dogmatique que personne ne peut discuter. Au sein de Syriza, beaucoup d’opinions coexistent. Nous discutons et quand nous décidons d’une position, tous la respectent.

Jusqu’à quel point l’euro est-il une priorité pour Syriza ?

Nous voulons rester dans la zone euro et, en son sein, changer les relations de pouvoir et les politiques néolibérales dures décidées par un cercle réduit de personnalités politiques. Nous n’allons pas tolérer que la croissance de l’Allemagne et de la France se fasse aux dépens de la survie de la Grèce ou d’autres peuples, comme l’Espagne. Demeurer dans la zone euro ne peut signifier sacrifier un peuple, le laisser mourir de faim. La question qui se pose maintenant n’est pas celle de l’euro. Nous luttons pour notre survie. Et si rester dans la zone euro signifie la destruction de la Grèce, nous devrons en sortir.

Selon un sondage, 78% des grecs estiment que le Gouvernement doit tout faire pour rester dans la zone euro.

Je ne comprends pas comment on peut rester dans la zone euro si le prix à payer est un salaire de 200 euros par mois. Mais Syriza ne va pas décider pour le peuple. Si la situation devient à ce point difficile et que nous pensons que le mieux pour la Grèce est d’en sortir, nous demanderons à la population qu’elle se prononce par les urnes. Mais nous ne dirons pas quelque chose, pour ensuite, au sein du gouvernement, en faire une autre.

Syriza dit que l’UE ne peut pas se permettre d’expulser la Grèce de la zone euro, mais de plus en plus de gens en Europe pensent que c’est la seule solution.

On nous a dit que si nous n’acceptions pas la recette de la Troïka, nous mourrions de faim ; que si nous sortions de la zone euro, nous n’aurions pas de futur. Des gens, pas même en poste au sein de l’UE, nous menacent, comme Schäuble, le ministre allemand des Finances. A chaque menace s’ensuit un désastre. Quelqu’un doit dire à la population qu’il n’existe pas de mécanisme pour expulser un membre de l’UE. Comme ils ne peuvent pas nous expulser, ils cherchent à nous faire partir.

Pourquoi vous refusez-vous à renégocier l’accord avec la Troïka, comme le suggèrent maintenant le Pasok et Nouvelle Démocratie ?

L’accord ne peut pas être amélioré. Qu’entend-on améliorer quand la destruction est maintenant quasi-totale ? Il n’y a pas d’argent pour payer les pensions, le droit du travail, obtenu au cours des siècles par les peuples d’Europe, a été détricoté... L’accord contrevient aux principes fondamentaux de l’UE, relatifs à la protection des droits, à la couverture sociale, à la protection des mineurs...

Vous cherchez à tirer un trait sur les accords signés ?

Nous ne disons pas qu’avant tout était mieux. Nous voulons des réformes, nous voulons que le pays soit plus compétitif, l’État plus fonctionnel, qu’il y ait de la méritocratie. Le mémorandum a détruit l’État. Maintenant rien ne fonctionne. C’est le chaos dans les hôpitaux, il n’y a pas de fonctionnaires pour recouvrer les impôts. Nous voulons du temps afin de nous organiser et de nous en sortir.

Vous voulez également mettre un terme au paiement de la dette ?

Nous demandons un audit international de la dette. On a dit au peuple grec qu’il a une dette, qu’il paie, mais personne ne sait d’où elle est issue ni ce que l’on paie. .Il doit aussi y avoir une investigation politique : l’argent a-t-il été affecté tel qu’il était convenu ? Nous savons, par exemple, que l’entreprise allemande Siemens a conclu des contrats avec la Grèce en versant des commissions et autres pots de vin au personnel politique. Tout doit être audité car ce sont les Grecs qui paient, ce peuple qu’on accuse d’être fainéant, corrompu, de passer ses journées à danser alors que les statistiques montrent que nous sommes le deuxième pays d’Europe en termes de nombre d’heures travaillées.

Ne manquez-vous pas d’autocritique ? Pourquoi avez-vous toléré pendant tant d’années la corruption ?

Je ne comprends pas que l’on punisse les Grecs pour la corruption de leurs politiques et de quelques fonctionnaires tandis que l’Europe n’a pas puni le peuple allemand après une guerre qui a fait des millions de morts et a détruit le continent. L’Europe a bien fait, car ce n’était pas la faute du peuple allemand mais bien de sa classe politique. A moins que la Grèce ne soit le seul pays où existe la corruption..

Quelles autres conditions Syriza oppose à la Troïka, en plus de l’audit de la dette ?

Il y a cinq points. D’abord, l’abolition du mémorandum, de toutes les mesures d’austérité et réformes du travail qui sont en train de détruire le pays. Ensuite, la nationalisation des banques : à partir du moment qu’une banque reçoit des aides publiques, l’État doit pouvoir disposer d’une voix au sein de son Conseil d’Administration, au moins jusqu’à ce que celle-ci ait remboursé son dû. Troisièmement, la modification de la loi électorale. Quatrièmement, l’abolition de l’immunité des ministres. Enfin, l’audit de la dette.

Et si la Troïka refuse, vous avez un plan B ?

Nous lui répondrons par une blague. Une femme remarque que son mari passe des nuits sans pouvoir dormir. Il lui confie qu’il doit de l’argent au voisin et qu’il est très angoissé. Elle ouvre la fenêtre et crie « Voisin ! Mon mari dit qu’il te doit de l’argent. Nous ne pouvons pas te le rendre ». Elle referme la fenêtre et dit : « Maintenant c’est le voisin qui ne peut pas dormir ». Nous ne parviendrons à ce résultat que via l’audit de la dette. Nous devons démontrer qu’une grande partie de la dette a été contractée de manière illégale. L’Allemagne elle-même reconnaît que son économie tire profit de la situation grecque. Nous achetons à 100% de leurs prix les bons de l’État grec que la Banque centrale européenne (BCE) a acquis à 50%. La BCE n’a pas été créée pour gagner de l’argent sur le dos d’un pays détruit. Nous voulons que la spéculation sur le peuple grec cesse.


http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-pierre...onal-de-la-dett
Vania
 
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Message par redsamourai » 25 Mai 2012, 08:28

Impasse totale... :ph34r: c'est le boulevard pour l'extrême droite... à moins qu'il y ait un sursaut imprévu dans la lutte de classe...
redsamourai
 
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Message par gipsy » 25 Mai 2012, 20:59

A mon humble avis la IV fait n'importe quoi! :headonwall:

a écrit :Déclaration de la IVe Internationale









Depuis deux ans le peuple grec lutte contre l’austérité imposée par la « Troïka » (le FMI, la Commission européenne et la Banque centrale européenne). Après dix-sept journées de grève générale, après les manifestations massives et les occupations des places par les aganaktismeni (indigné-e-s), après les occupations des entreprises, il a rejeté lors des élections du 6 mai les partis qui ont accepté les « mémorandums » imposés à la Grèce par plus de 60 % de suffrages exprimés et a accordé 37 % aux partis à la gauche du libéralisme antisocial du PASOK.



Depuis deux ans, écrasée par l’endettement public, qui a servi de débouché pour la suraccumulation du capital financier, la Grèce est devenue le laboratoire des politiques visant à faire payer la crise capitaliste par la population. Les « plans de sauvetage » imposés à la Grèce n’ont qu’un but : garantir le paiement de la dette par l’État grec aux banques, pour préserver les capitaux spéculatifs de la bulle financière qu’ils ont créée. Les « mémorandums » qui accompagnent ces plans visent à tester en Grèce jusqu’à quel point le capital peut accaparer la richesse produite par les travailleurs en les paupérisant. Les effets de cette politique c’est la brutale réduction des salaires et des retraites, la déconstruction du code du travail, la montée brutale du chômage (qui atteint déjà en Grèce 21,2 % de la population active, près de 30 % des femmes et 50 % des jeunes), une récession similaire à celle de 1929-1930 (chute du PIB de 6,9 % en 2011, estimée de nouveau à 5,3 % en 2012 ; réduction de la production industrielle de 4,3 % en mars 2012 par rapport à mars 2011…), la destruction du système de santé (suppression de 137 hôpitaux et d’un cinquième d’emplois dans la santé, manque de médicaments car les impayés atteignent 1,1 milliard d’euros…) et de l’immobilier (200 000 logements invendables… alors que le nombre des sans-abri explose), malnutrition…



Faisant de l’arbitraire, du secret et de la peur un véritable mode de gouvernement, une telle politique de brutal asservissement d’un peuple ne pouvait que provoquer des réactions de rage, de désarroi, de colère. Une partie de cette colère fut canalisée par une sinistre force raciste, antisémite et xénophobe, le groupe néo-nazi Aube Dorée, qui surfe sur la politique gouvernementale de répression des manifestants et de chasse aux immigrés et a pénétré la police. Cela doit nous alerter et nous conduire à dénoncer la politique de répression et de racisme du gouvernement imposée par la « Troïka » en Grèce.



Face à cette politique, la gauche radicale grecque, et en particulier Syriza qui a aujourd’hui une place centrale, défend un plan d’urgence autour de 5 points :

1. L’abolition des « mémorandums », de toutes les mesures d’austérité et des contre-réformes du travail qui sont en train de détruire le pays.

2. La nationalisation des banques qui ont été largement payées par les aides publiques.

3. Le moratoire du paiement de la dette et un audit qui permettra de dénoncer et d’abolir la dette illégitime.

4. L’abolition de l’immunité des ministres.

5. La modification de la loi électorale qui a permis au PASOK et à Nea Dimokratia de gouverner au détriment de la population grecque et de faire sombrer le pays dans la crise.


La IVème Internationale appelle l’ensemble du mouvement ouvrier mondial, tous les indigné-e-s, toutes celles et tous ceux qui se réclament des idéaux de la gauche, à soutenir un tel programme d’urgence.




Nous souhaitons que le peuple grec réussisse à imposer par ses votes et par ses mobilisations un gouvernement de toute la gauche sociale et politique qui refuse l’austérité, un gouvernement capable d’imposer l’annulation de la dette. C’est dans cette perspective que nous appelons au rassemblement de toutes les forces qui luttent contre l’austérité en Grèce — SYRIZA, ANTARSYA, KKE, les syndicats et les autres mouvements sociaux — autour d’un plan d’urgence.



La crise n’est pas celle de la Grèce, mais bien celle de l’Union européenne soumise à la volonté du capital et des gouvernements à son service. C’est celle du mode de production capitaliste dans le monde entier. Ce n’est pas à la « Troïka », mais au peuple grec de décider de la politique à suivre dans ce pays. Les tentatives de la chancelière allemande Angela Merkel d’imposer aux Grecs un « référendum » sur l’euro à l’occasion des élections du 17 juin — un véritable coup de force électoral — doivent être rejetées. Ce n’est pas l’euro, ce sont les diktats de la « Troïka » qu’il faut combattre aujourd’hui.



Plus que jamais, les luttes contre les politiques d’austérité exigent de combattre pour la rupture avec les politiques et les traités qui constituent la base de la construction de l’Union européenne. Plus que jamais, combattre l’austérité ne signifie pas le repli nationaliste, mais le développement d’un mouvement pour une autre Europe qui défende les droits souverains démocratiques et sociaux de chaque peuple et la perspective des États-Unis socialistes d’Europe.



La Grèce est devenue un laboratoire pour l’Europe. On teste sur des cobayes humains des méthodes qui seront ensuite appliquées au Portugal, à l’Espagne, à l’Irlande, à l’Italie et ainsi de suite. Le peuple grec s’est révolté, dans les entreprises, dans les rues et dans les urnes, contre ces politiques barbares. La résistance des Grecs est notre résistance, leurs luttes sont nos luttes. Elle montre que la défense des intérêts vitaux des classes populaires implique une confrontation avec les classes dominantes, sur le plan national et européen. Il faut multiplier les initiatives unitaires en soutien aux luttes du peuple grec et à sa gauche radicale. Mais la meilleure solidarité envers le peuple grec, c’est d’imiter leur exemple dans tous les pays en développant et en coordonnant les résistances contre les politiques inhumaines d’austérité et de destruction. C’est exactement ce que craint le capital responsable de la crise : la contagion des luttes !



Le 24 mai 2012

Bureau exécutif de la IVe Internationale
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Message par gipsy » 25 Mai 2012, 21:09

Article de la revue Convergences Révolutionnaires

a écrit :
Élections législatives en Grèce : le désaveu cinglant des partis de gouvernement


19 mai 2012

Les élections législatives du 6 mai en Grèce auraient presque volé la place de vedette à François Hollande. Séisme, crise politique, valses des places boursières, sortie de la Grèce de la zone Euro... L’attention de tous les dirigeants politiques de l’Union européenne s’est portée, une fois de plus, sur la Grèce, tous s’inquiétant que les deux principaux partis de gouvernement, le Pasok (parti socialiste grec) et la Nouvelle démocratie (droite), artisans de l’austérité, n’aient pu obtenir à eux deux une majorité absolue de sièges à l’assemblée nationale. Le spectre de la formation d’un gouvernement qui ne respecterait pas les clauses d’austérité fixées par le mémorandum de l’Union européenne, du FMI et de la BCE hantent les dirigeants de l’Union européenne. Le peuple grec a voté… mais pas comme l’espéraient les dignes représentants de la finance.

Une claque pour les socialistes et les conservateurs


Pourtant le désaveu est sans appel. Le Pasok passe de 43 % des voix en 2009 à 13,2 %, soit 41 sièges. La Nouvelle démocratie passe de 33,4 % à 18,8 %. Malgré une baisse considérable, cela fait d’elle le premier parti qui bénéficie donc de 50 sièges supplémentaires, soit un total de 108 sur les 300 disponibles. En mars dernier, la coalition de ces deux partis avait adopté de nouvelles mesures draconiennes d’austérité comme la diminution de 22 % du salaire minimum*. Et ils ne comptent pas s’arrêter là ! Alors que les salaires, lorsqu’ils sont payés, ont déjà fortement diminué, le prix du fioul domestique va augmenter de 40 % en octobre et ceux de l’eau, de l’électricité et des transports de 25 %. Pas étonnant que le rejet de cette politique d’austérité se soit exprimé massivement dans les urnes.

L’autre perdant est le parti d’extrême droite, le Laos, qui paie le prix de son court passage dans cette coalition gouvernementale. Le Laos, qui avait obtenu 5,63 % des voix et 15 élus en 2009, ne franchit pas la barre des 3 % nécessaires pour l’obtention d’un siège. En revanche, les voix de l’électorat d’extrême droite se sont portées sur l’Aube dorée, une organisation néo-nazie, passant de 0,3 % en 2009 à 7 % en 2012 avec quelque 21 députés. Connue pour ses violents coups de force de plus en plus fréquents depuis deux ans contre les travailleurs immigrés, mais aussi contre les militants de gauche, ses militants organisent dans les quartiers défavorisés du centre d’Athènes des rondes pour bastonner les immigrés, accompagner des personnes âgées à la banques ou encore se substituer à la police. Cette politique a déjà permis à l’organisation d’obtenir un siège au conseil municipal d’Athènes en recueillant 5 % des voix en 2010 et jusqu’à 20 % dans certains quartiers défavorisés. Si globalement le poids de l’extrême droite augmente peu, passant de 15 à 21 sièges et de 6 % à 10 %, le déplacement des voix du Laos vers l’Aube dorée et ses méthodes brutales est inquiétant.

Syriza ou « la révolution pacifique »


Finalement, le grand gagnant de ces élections est Syriza (coalition de la gauche radicale). Avec 16,8 % des voix – près de quatre fois plus qu’en 2009 ! – et 52 sièges, cela fait d’elle la première force politique à gauche. C’est donc à elle, après l’échec de la Nouvelle démocratie dans cette tentative, qu’est d’abord revenue la charge de former un gouvernement de coalition. Syriza s’est présentée sur un programme électoral revendiquant l’annulation de toutes les mesures d’austérité mises en œuvre par le Pasok et la Nouvelle démocratie, un moratoire sur le remboursement de la dette, une modification des institutions et l’introduction d’une vraie proportionnelle aux élections. Bien sûr, cela tranche avec la politique précédente. Et nombreux sont les travailleurs qui ont exprimé leur refus de continuer à subir l’austérité à travers le vote pour Syriza. Mais cela reste une perspective qui s’inscrit strictement dans le cadre parlementaire. D’ailleurs, le chef de file de Syriza, Alexis Tsipras, se garde bien de donner aux travailleurs qui ont porté leur voix sur lui l’objectif de renforcer les luttes nombreuses qui ont secoué le pays depuis le début de cette crise. De la grève des ouvriers des aciéries en banlieue d’Athènes, à l’occupation de l’hôpital de Kilkis par les agents hospitaliers et celle des employés du journal Eleftherotypia, impayés depuis des mois, les initiatives populaires sont nombreuses. Comme cette « révolution des patates », ces producteurs qui viennent distribuer leur production de pommes de terre, d’huile ou de riz dans les quartiers les plus déshérités des grandes villes. Pour tous ces travailleurs en lutte, qui développent des liens de solidarité étroits, la seule perspective serait-elle de placer le bon bulletin dans l’urne ? Pour Alexis Tsipras, oui ! Et il ne s’en cache pas, se félicitant même de ce « message de révolution pacifique » que sont les élections.
L’impasse des urnes

Quoi qu’il en soit, malgré sa volonté de gérer les affaires, Syriza n’a pas pu constituer une coalition majoritaire. L’autre principale force politique à la gauche du Pasok, Le KKE, parti communiste grec qui a obtenu 8,5 % des voix et 26 élus, a d’ores et déjà annoncé qu’il ne s’allierait pas à Syriza. Ce n’était de toute façon pas suffisant. La Grèce se dirige donc visiblement vers de nouvelles élections législatives au mois de juin. Les dirigeants de la Troïka espèrent certainement que, cette fois-ci, les travailleurs voteront « bien », c’est à dire pour le Pasok ou la Nouvelle démocratie. C’est pourtant bien le contraire qui pourrait se produire.

Cet épisode électoral, s’il est significatif du refus des travailleurs grecs de l’austérité qui leur est imposée depuis trois ans, montre bien que la crise ne se dénouera pas dans les urnes, ni à l’assemblée, mais par la lutte collective. C’est cette perspective que seule l’extrême gauche incarne, présente sous plusieurs listes à ces élections. Sa liste ayant obtenu le meilleur score, l’Antarsya n’a recueilli que 1,2%. Mais les luttes, grèves et occupations qui se succèdent de façon continue, la solidarité entre les travailleurs qui se développe, sont autant d’occasions qui se présentent à elle pour intervenir sur un tout autre terrain que celui des institutions parlementaires.

Le 11 mai 2012

Arthur KLEIN
gipsy
 
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