quand la série B sert les intérêts des réactionnaires de tou

Dans le monde...

Message par artza » 19 Sep 2012, 07:48

(luc marchauciel @ lundi 17 septembre 2012 à 10:48 a écrit :
Mais quand même, c'est dingue, les réactions que ça produit dans l'équipe conurrente, un petit film de merde comme ça. Il y a des gens qui sont prêts à aller manifester contre un film (déja...), même un petit film dont personne ne parlerait s'il n'y avait pas les manifs, et qui du coup sont prêts à attaquer des ambassades (bien que le film ne soit pas la production officielle du pays de l'ambassade attaquée, loin s'en faut), et, pour reprendre ce que dit Sylvestre, sont prêts à mettre leur vie en danger au nom de la protestation contre le petit film obscur d'un sous-représentant anonyme de l'équipe concurrente.

A l'évidence derrière tout ça, il y a bien autre chose.

Le christianisme subit depuis bien longtemps des caricatures qui ne peuvent que choquer et blesser ses fidèles, mais depuis belle lurette celà ne provoque que des démonstrations folkloriques et moins que minoritaires.

Là bien sur des intégristes sautent sur l'occas. si il ne l'ont pas eux-mêmes fabriquée, en tout cas ils sont les principaux diffuseurs et ils rencontrent un tout autre succès.

L'expliquer par l'obscurantisme bien réel régnant dans ses populations ne doit pas empêcher de voir qu'il y a ben des raisons d'attaquer l'impérialisme américain et les autres.

Sans la domination de ses peuples depuis des décennies par les impérialismes , je doute fort que les "intégristes" rencontreraient un tel succès.
artza
 
Message(s) : 2399
Inscription : 22 Sep 2003, 08:22

Message par Zelda » 19 Sep 2012, 08:25

Oui. Un peu comme aux Etats-Unis dans les années 60, où l'Islam est devenu pour certains blacks la religion de la révolte contre la domination blanche chrétienne. (cf Malcolm X).
L'Islam intégriste, qui apparaît à des yeux athées en France comme un symbole d'aliénation extrême, peut être vécu par les intéréssés (surtout les hommes :( ) comme un symbole d'indépendance contre l'impérialisme américain qui veut mettre la planète au pas.

Cela explique également pourquoi le printemps arabe peut conduire aussi vite au succès des intégristes dans tout le Maghreb.

Pour l'instant, la révolte prend ce canal... C'est ainsi.
Zelda
 
Message(s) : 0
Inscription : 31 Jan 2010, 14:08

Message par abounouwas » 19 Sep 2012, 08:46

enfin, on ne va quand même pas oublier que les courants islamistes profitent d'un vide politique : les régimes arabes ont soigneusement éliminé tout courant peu ou prou ouvrier/de gauche depuis les indépendances, soit au sein de leur appareil, soit qu'il se soit agi d'organisations d'opposition. En Égypte, Nasser a joué les FM contre les communistes et si ces derniers ont aujourd'hui la main haute sur la vie politique, c'est aussi pour cela. L'islamisme n'a pas le monopole de l'anti-impérialisme.
ensuite, une victoire électorale, ça ne veut pas dire que c'est plié. on voit comment les islamistes en Tunisie ou en Égypte se retrouvent "coincés" vu qu'ils n'ont rien à proposer pour améliorer les conditions matérielles de la population et qu'ils tentent par tous les moyens de faire taire les revendications des travailleurs là-bas. la tentation est alors grande de souffler sur les braises d'un anti-américanisme hypocrite (l'État égyptien tient aussi grâce aux USA), ou encore de taper sur les femmes (CSP en Tunisie), bref, de désigner des ennemis à la vindicte populaire.
ce n'est donc pas un hasard si l'islam politique a pu attirer : c'est le résultat des trahisons des stals (il n'y a qu'à voir le bilan des PC arabes pour s'en convaincre).
abounouwas
 
Message(s) : 0
Inscription : 10 Jan 2007, 00:47

Message par abounouwas » 20 Sep 2012, 10:26

a écrit :Le NPA a renouvelé jeudi, en termes beaucoup plus vifs, ses critiques contre Charlie Hebdo, jugeant que l’hebdomadaire «participe à l’imbécillité réactionnaire du choc des civilisations».
Dans un communiqué, le Nouveau Parti anticapitaliste écrit qu’avec cette publication, «"Charlie Hebdo" a atteint son objectif : faire parler de lui, mais, ce faisant, il participe à cette agitation démagogique, politique des tensions et de diversion à laquelle les médias se complaisent à donner la plus grande publicité». «A sa manière, "Charlie Hebdo" participe à l’imbécillité réactionnaire du "choc des civilisations"», dénonce le parti trotskiste, qui y voit «plus qu’une maladresse». Mercredi, Olivier Besancenot avait jugé cette publication «pas appropriée».


Pris sur le site de Libé aujourd'hui.

le communiqué entier :
a écrit :Caricatures de Charlie Hebdo
jeudi 20 septembre 2012

Dans un contexte de provocations réciproques, de l’extrême droite intégriste chrétienne américaine auquel répond l’extrême droite intégriste musulmane, Charlie Hebdo a cru devoir prendre part à cette situation en publiant dans son dernier numéro des caricatures de Mahomet déclenchant une polémique pour le moins exagérée. Charlie Hebdo a atteint son objectif, faire parler de lui, mais, ce faisant, il participe à cette agitation démagogique, politique des tensions et de diversion à laquelle les médias se complaisent à donner la plus grande publicité. La liberté d’expression n’est pas en cause pas plus que la liberté de critiquer ou de se moquer des religions, bien évidemment. Le délit de blasphème n'existe pas, cependant, à sa manière, Charlie Hebdo participe à l’imbécillité réactionnaire du "choc des civilisations". Plus qu'une maladresse. Les peuples, et particulièrement ceux qui depuis la révolution tunisienne jusqu’à celle de la Syrie, se sont soulevés pour leur émancipation, méritent mieux que ces surenchères démagogiques.

Montreuil, le 20 septembre 2012

communiqué NPA
abounouwas
 
Message(s) : 0
Inscription : 10 Jan 2007, 00:47

Message par abounouwas » 20 Sep 2012, 14:25

a écrit :
N'incriminons pas le "printemps arabe" !

LE MONDE | 20.09.2012 à 14h43 • Mis à jour le 20.09.2012 à 15h13

Par Olivier Roy, politologue, spécialiste de l'islam

Ça recommence ! Mais quoi ? Le grand clash des civilisations, la "colère musulmane", le monde islamique qui s'embrase, l'incapacité de l'islam à accepter l'esprit critique et la liberté de pensée ?
Mais quand on regarde les faits, que voit-on ? Quelques milliers de manifestants à Tunis et à Benghazi, certes très violents, à peine plus au Caire ; en Afghanistan, un attentat de plus dans une longue série qui relève d'une autre logique, et à Paris quelques dizaines de jeunes supposés salafistes qui viennent prier devant l'ambassade américaine et semblent tout surpris d'être mal accueillis. Et pour la grande masse des musulmans, la passivité, sinon l'indifférence.

Une fois de plus le décalage entre les titres et la réalité est sidérant. Bien sûr, c'est parce que l'opinion publique voit la réalité à travers un cliché tenace : le monde musulman est un, agit en tant que monde musulman, et tant qu'une réforme théologique n'aura pas touché l'islam, celui-ci ne saurait entrer dans la modernité.

En fait, les protestations et la forme qu'elles prennent ne peuvent se comprendre que si on dissocie justement les deux niveaux : le religieux et le politique. Le défi que représente le blasphème n'est pas propre à l'islam, mais la violence politique est, quant à elle, une conséquence du processus de transformation qui traverse le Moyen-Orient.

De La Dernière Tentation du Christ, de Martin Scorsese en 1988, à Golgotha Picnic, de Rodrigo Garcia en 2011, en passant par le détournement de la Cène par le publiciste Marithé et François Girbaud en 2005, certains milieux chrétiens ont manifesté pour empêcher le spectacle ou l'affichage (et parfois violemment), et l'Eglise catholique a entrepris un certain nombre des démarches, pacifiques, pour faire interdire l'objet du scandale (l'affiche publicitaire de la Cène, par exemple).

Aujourd'hui, tant l'Eglise que les musulmans parlent de la "souffrance" du croyant et de son indignation face aux incessantes agressions contre le sacré. C'est le symptôme d'une dissociation croissante entre des communautés de foi qui ne veulent plus souffrir en silence et une culture sécularisée qui ne voit dans le religieux que du bizarre ou du fanatique. Par contre, la violence contre les ambassades américaines, toute minoritaire soit-elle, est très politique. Les trois premières ambassades attaquées se trouvent dans les trois pays qui ont fait le "printemps arabe" (Tunisie, Egypte, Libye), et le seul Etat qui essaie de prendre la tête de la nouvelle protestation, l'Iran, est celui dont la position au Moyen-Orient a été presque entièrement sapée par ce même "printemps arabe".

Ce ne sont pas les auteurs du "printemps arabe" qui ont attaqué les ambassades américaines, ce ne sont même pas les premiers bénéficiaires des élections, les Frères musulmans et Ennahda, ce sont au contraire ceux pour qui le "printemps arabe" a détourné les pays arabes de leur vrai combat. Il faudrait que l'opinion occidentale comprenne enfin que les sociétés arabes sont tout aussi divisées et complexes que leurs voisines du Nord.

Les salafistes tunisiens refusent la démocratie, rejettent toute vision nationale (ils arrachent le drapeau tunisien encore plus souvent que le drapeau américain) et veulent ramener la Tunisie dans le cadre de l'oumma imaginaire et militante qu'ils promeuvent.

C'est donc normal qu'ils fassent tout pour imposer terreur et guerre civile. En Libye, ce sont des djihadistes locaux, incapables de peser sur les élections, qui ont attaqué - et la main d'Al-Qaida n'est pas loin, qui a bien des morts à venger.

En Egypte c'est plus complexe, car une partie des salafistes est bien entrée dans le jeu électoral, ce qui explique la moindre violence des manifestants. Quant aux islamistes au pouvoir, ils se retrouvent de fait dans une configuration pro-occidentale (hostilité à l'Iran, volonté de tisser des liens économiques avec l'Occident), mais ont du mal à clarifier leur position envers les salafistes (en Tunisie, le ministre de l'intérieur est partisan de la répression, mais le chef historique d'Ennahda, Rached Ghannouchi, s'y oppose encore).

Enfin, en donnant voix à la majorité du peuple aux dépens des régimes, le "printemps arabe" a remis en cause les équilibres géostratégiques du Moyen-Orient, articulés jusqu'ici sur le conflit israélo-palestinien.

Désormais, le conflit majeur, c'est celui qui oppose un axe sunnite (des Frères musulmans aux Saoudiens en passant par la Turquie), et un axe chiite autour de l'Iran et de ses alliés (le Hezbollah et le régime syrien). Et de fait, le premier axe partage, du moins en ce moment, la même obsession d'un Iran nucléaire, que l'on retrouve à Tel-Aviv, à Paris et à Washington.

C'est pourquoi Téhéran et le Hezbollah ont tout intérêt à mobiliser la "rue arabe" contre l'Occident, pour tenter de reprendre le leadership moral qu'ils ont brièvement exercé après la dernière guerre du Liban en 2005 : d'où la surenchère sur Salman Rushdie. Mais c'est trop tard : la "rue arabe", d'Alep à Tripoli, a d'autres combats à mener que celui des caricatures du Prophète.

Olivier Roy, politologue, spécialiste de l'islam
abounouwas
 
Message(s) : 0
Inscription : 10 Jan 2007, 00:47

Précédent

Retour vers Actualités internationales

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 6 invité(s)