Trois militantes kurdes abattues à Paris

Dans le monde...

Message par Proculte » 10 Jan 2013, 17:28

10/01/2013 à 09:31


Leurs corps ont été découverts dans la nuit au Centre d'information du Kurdistan, dans le Xe arrondissement. Les meurtres qui suggèrent des exécutions seraient intervenus mercredi après-midi.

La scène du crime suggère une exécution. Trois militantes kurdes d'origine turque ont été abattues dans la nuit de mercredi à jeudi au Centre d'information du Kurdistan, situé dans le Xe arrondissement de Paris. Les corps ont été découverts peu avant 2 heures du matin, au premier étage d'un immeuble du 147, rue La Fayette. Deux des femmes auraient été tuées d'une balle dans la nuque, la troisième aurait été touchée au ventre et au front.

Aucune plaque ne signale la présence de ce centre, dont l'accès est protégé par un digicode. Les enquêteurs pensent que les militantes, qui étaient seules dans les locaux, ont ouvert elles-mêmes à leur(s) assaillant(s). L'alerte a été donnée par les proches des victimes qui n'arrivaient pas à les joindre depuis mercredi après-midi. Le petit ami de l'une d'elles a tenté de se rendre sur place mais n'avait pas les clés et n'a pu rentrer immédiatement.
Une figure du PKK parmi les victimes



Les policiers ont été appelés à 1h45 pour intervenir. Ils ont dû forcer la porte, révèle Europe 1, et ont alors découvert une scène de crime ensanglantée. On ignore encore l'heure à laquelle ont été tuées ces femmes mais un voisin a confié à la radio avoir entendu une détonation vers 18 heures.

L'identité des victimes a été confirmée par le responsable du centre Leon Edart, responsable de la fédération des associations kurdes. Il s'agit de Sakine Cansiz, l'une des fondatrices du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Fidan Dogan, 32 ans, représentante du Congrès national du Kurdistan (KNK), basé à Bruxelles, et Leyla Soylemez, une jeune activiste, responsable des associations de jeunesse kurdes.

Selon plusieurs manifestants rencontrés sur place, la cible principale de l'attentat était Sakine Cansiz, une figure du mouvement kurde, qui a été emprisonnée en Turquie. Ces membres de la communauté kurde à Paris voient la main des services secrets turcs derrière l'attentat.

Selon nos informations, les enquêteurs ne croient pas à la thèse d'un triple homicide orchestré en France par les services secrets turcs et explorent davantage la piste interne au PKK. «Je vois mal l'État turc monter ce type d'opération en France, confie un policier spécialisé. La coopération policière et judiciaire est l'un des domaines où Paris et Ankara s'entendent le mieux. Des échanges d'informations ont lieu entre les magistrats antiterroristes de la galerie Saint-Eloi et leurs homologues en Turquie. Dans ces circonstances, il est impensable, voire ridicule, de voir une barbouzerie derrière cette affaire…»

Sakine Cansiz, une femme d'une cinquantaine d'années, avait, selon ces témoignages, le statut de réfugiée politique en France et voyageait beaucoup en Europe, notamment en Allemagne et en Belgique. «Responsable de l'organisation des femmes kurdes, elle participait à de nombreuses réunions. Il y a plus de 200 associations kurdes en Europe, dont une vingtaine en France», raconte une journaliste kurde, au milieu de la foule des manifestants. Selon cette journaliste, qui a rencontré Sakine Cansiz au début de la semaine au Centre culturel kurde, celle-ci venait d'arriver à Paris, où elle était aussi suivie pour «des problèmes santé». La militante ne lui avait alors pas paru «particulièrement inquiète ou menacée».

Toujours selon cette journaliste kurde, les bureaux du Centre d'information du Kurdistan se composent de deux pièces auxquelles s'ajoutent une cuisine et une salle de bains, au 1er étage du 147, rue La Fayette et ne sont pas spécialement sécurisés.
Flou sur le mobile des meurtres

Dénonçant des meurtres «insupportables», le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, s'est déplacé sur place en début de matinée. «Soyez assurés de la détermination des autorités françaises» pour résoudre cette affaire, affirme-t-il. À la vue du ministre, les manifestants ont scandé des slogans tels que «Solution politique pour le Kurdistan», «Nous sommes tous du PKK» ou «Turquie assassin, Hollande complice!».

Le président de la République, François Hollande, a qualifié «d'horrible» le meurtre de ces militantes, ajoutant qu'il connaissait les victimes. Ces dernières venaient régulièrement le rencontrer ainsi que d'autres acteurs politiques, selon le président. De son côté, le vice-premier ministre et porte-parole du gouvernement turc, Bülent Arinç, a dénoncé l'exécution «déplorable» des trois activites. Il dénonce une «atrocité commise sous la forme d'une exécution extra-judiciaire».

Peu de détails ont filtré sur les circonstances du drame. Mais les enquêteurs ont précisé au Figaro que les Kurdes de cet institut auraient eu des différends avec la communauté turque de la Seine-Saint-Denis, notamment les responsables d'un journal turc.

Connu pour recruter des «soldats» parmi la diaspora kurde en France, mais aussi en Italie et en Allemagne pour les envoyer faire un «service national» clandestin dans des camps d'entrainement d'Anatolie, le PKK se finance par le racket intra communautaire, notamment par la vente forcée de revue nationaliste et l'impôt révolutionnaire exigé aux ouvriers immigrés et petits commerçants.

Présenté par un analyste comme un «mouvement armé de libération nationale visant à de créer un État communiste, d'inspiration marxiste léninistes», le PKK a déclaré la guerre à la Turquie depuis les années 1980 en provoquant un conflit qui a déjà fait près de 30.000 morts.

De nouvelles scissions internes entre différents courants du PKK, pro ou anti lutte armée, pourrait être à l'origine de cette tuerie.

En Turquie, le vice-président du parti au pouvoir AKP estime que la mort de ces trois femmes pourrait être un «règlement de compte au sein du PKK». Le mouvement est victime de «dissensions et de clivages» depuis le début d'un processus de dialogue entamé entre les services secrets turcs et le chef du PKK, emprisonné à vie en Turquie, enfin de désarmer les rebelles.

La Fédération des associations kurdes de France appelle les Kurdes d'Europe «à se rassembler à Paris pour dénoncer cette attaque».

La section antiterroriste du parquet de Paris a été saisie. Elle a confié l'enquête à la sous-direction antiterroriste (Sdat) et à la section antiterroriste (SAT) de la brigade criminelle de la police judiciaire. :huh:
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Message par Proculte » 11 Jan 2013, 12:41

a écrit :Les trois militantes kurdes assassinées à Paris de plusieurs balles dans la tête
Le Monde.fr avec AFP | 11.01.2013 à 11h20

Les victimes sont Fidan Dogan, présidente du centre d'information kurde, Sakine Cansiz, présentée comme "une des fondatrices du PKK", et Leyla Soylemez, une "jeune activiste".

Les trois militantes kurdes dont les corps ont été découverts à Paris dans la nuit de mercredi à jeudi ont été exécutées chacune de plusieurs balles dans la tête, a-t-on appris vendredi 11 janvier de source judiciaire.

L'autopsie de leur corps a permis de déterminer que l'une des trois femmes avait reçu quatre balles dans la tête. Les deux autres ont été tuées de trois balles dans la tête, selon cette source. Ces constatations accréditent la thèse d'une exécution, évoquée jeudi par une source policière après la découverte des corps dans le centre d'information sur le Kurdistan, dans le nord-est de Paris.

Parmi les trois victimes, figure, selon les enquêteurs, Sakine Cansiz, 55 ans, considérée comme une proche du chef emprisonné du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, interdit en Turquie), Abdullah Öcalan. Ces assassinats surviennent alors que, selon des médias turcs, Ankara et Öcalan se sont mis d'accord sur le principe d'un arrêt des hostilités qui durent depuis 1984 et ont coûté la vie à plus de 45 000 personnes.

Lire : Trois militantes kurdes exécutées à Paris

Pour autant, plusieurs pistes sont envisageables, souligne un spécialiste des Kurdes en France, sous couvert de l'anonymat : règlement de comptes au sein de la mouvance lié à ces négociations en cours entre Ankara et le PKK, action du mouvement d'extrême droite turc des Loups gris, crime crapuleux...

Le PKK mobilise régulièrement la justice française dans des dossiers de financement de ce parti, via des extorsions de fonds, avec 21 procédures actuellement en cours selon une source judiciaire.

QUERELLE INTERNE AU PKK

Les meurtres aux allures d'exécution de trois activistes kurdes semblent être le résultat d'une querelle interne au sein du PKK, a réaffirmé vendredi le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan. Même s'il a rappelé qu'il fallait attendre les conclusions de l'enquête de la police française, M. Erdogan a toutefois estimé que ses premiers éléments semblaient privilégier la piste d'un crime commis par quelqu'un de l'intérieur, en soulignant que le bâtiment dans lequel s'est produit le drame était muni d'un système de sécurité à code confidentiel. "Ces trois personnes ont ouvert la porte. Elles ne l'auraient sûrement pas fait si elles ne connaissaient par l'assassin, ou alors celui-ci possédait le code" d'entrée, a dit M. Erdogan aux journalistes dans l'avion le ramenant à Ankara après une tournée africaine, a rapporté l'agence Anatolie.

Le chef du gouvernement turc a également réaffirmé que ces crimes pouvaient être l'œuvre de certains milieux, qu'il n'a pas identifiés, voulant "saboter" les récentes négociations de paix entre Ankara et le PKK. "Chaque fois qu'il y a une initiative de bonne volonté, on a tenté de l'empêcher", a regretté M. Erdogan
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Message par titi » 12 Jan 2013, 15:15

beaucoup de monde à la manif ce midi à paris. les manifestants extremement en colère et virulents. même si tous ne pensent pas forcément que c'est l'état turc derrière le meurtre des 3 militantes, les slogans étaient clairement contre la politique de l'état au kurdistan turc et la dénonciation de la position française face au PKK.
titi
 
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