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Dans le monde...

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Message par Kool-Aid! » 21 Fév 2014, 12:07

L'on aura jamais vu autant de têtes tournées, certains citoyens du monde en extase devant leur rêve de révolte populaire.
Les politiques portant haut leurs voix pour que continue le petit jeu de stratège.
Le tout sous l’œil bienveillant des rapaces de l'image qui ne se sont jamais fait autant de frissons.
Image

Spectacle religieux et nationaliste tragique sur le fond de misère et de souffrance. Svoboda pointé du doigt.
http://www.youtube.com/watch?v=baXVOVDDAXI

L'opposition s'est transformé en guerre civile. Dans l'espoir que leurs perspectives deviennent plus larges que l'idée se vendre à un camp ou un autre.

(Navré pour le manque de contenu, je souhaitais simplement avoir une pensée pour le peuple ukrainien.)
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Message par Kool-Aid! » 22 Fév 2014, 17:56

Un petit suivi de la situation, avec mes connaissances. Quelques images alternative des grands médias.

La carte d'il y a trois jours du terrain occupé par les manifestant. En rouge et en bleu les cordons de défense.
Image

Sont dans la bataille, les Berkut, semi-militaires anti émeute du ministère de la défense.
http://en.wikipedia.org/wiki/Berkut_(Ukraine)
Ici en formation "testudo".
Image

Des forces spéciales sans assignation. Ceux qui tiennent les armes.
http://observers.france24.com/content/20140128-ukraine-mysterious-men-forces-russia

AK-47 et snipers sur la foule non armée. Les infirmiers aussi sont pris pour cible.
Depuis maintenant deux jours.
Image

Finalement il y a huit heure, une vidéo de 45 minutes à été dévoilée montrant clairement le tir délibéré face à une population armée d'armes blanches. ATTENTION VIDEO CHOQUANTE.
http://www.liveleak.com/view?i=be8_1393051400&comments=1

Vous pouvez comprendre ce qu'il se passe actuellement, des assauts d'homme armés. L'organisation de la défense des manifestants. Vous pouvez voir dans le milieu, des prêtres tenant des boucliers.
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Message par freretuck » 24 Fév 2014, 15:03

Bonjour,

Je vous propose ci-dessous une analyse intéressante de la situation en Ukraine, permettant de comprendre la crise actuelle sous un regard à la fois historique, économique et social. Une méthodologie pertinente, digne des meilleures analyses de Lutte de Classe.

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UKRAINE : LE SUBSTRAT IDENTITAIRE DE LA CRISE ACTUELLE

par Romaric THOMAS

Comme toujours – ou presque – la réalité est plus complexe que les représentations que l’on s’en fait. La crise ukrainienne ne fait pas exception à cette règle, ne se résumant ni à une opposition entre pro et anti-européens, telle que nous le présentent les médias occidentaux, ni à une révolution de couleur, telle que l’ingérence des puissances occidentales – États-Unis et Otan en tête – peut nous le laisser croire. Elle recouvre en réalité des lignes de fracture apparues dans l’Ukraine naissante au XVIIe siècle.

On ne peut comprendre la crise actuelle sans tenir compte du fait que l’Ukraine est un pays à la fois très ancien et très neuf. Très ancien dans la mesure où il constitue le berceau du monde slave oriental ; très neuf en ce qu’il s’est constitué en État au XXe siècle seulement, sur les débris des empires russe et austro-hongrois. L’édification de l’Ukraine contemporaine a nécessité une reconstruction identitaire profonde, et c’est dans la conception qu’elle a de son identité nationale qu’il faut chercher les causes réelles des crises répétées qu’elle connaît depuis 1989 et qui mettent à chaque fois en péril son unité territoriale et politique.

I. LA GENÈSE D’UNE IDENTITÉ PROPRE (XVIIe-XVIIIe s.)

Contrairement à l’Europe occidentale, dont l’unité culturelle et linguistique fut toujours le fruit d’une volonté fédératrice et resta superficielle, et à l’Europe centrale, où les Serbes, les Croates, les Tchèques et les autres peuples slaves occidentaux constituaient des entités ethniques bien distinctes, le monde slave oriental connaissait depuis ses origines une profonde unité culturelle et linguistique qui perdura intacte jusqu’à la fin du XVIe siècle. Cette unité ne disparut pas avec l’émergence d’espaces culturels et linguistiques autonomes – russe, ukrainien et biélorusse – mais coexista avec ces particularités ethniques en gestation jusqu’au XVIIe siècle.


- carte -
Le royaume polono-lituanien en 1619. Le mot “Ukraine” n’a commencé à désigner un pays distinct de la Pologne et de la Russie qu’au XVIIe siècle. Il désignait auparavant une zone étroite de colonisation agricole, de cent à trois cents kilomètres de largeur, qui séparait la forêt-steppe au nord des régions méridionales des steppes.

Les guerres nationales et religieuses de l’Europe occidentale et centrale brisèrent définitivement l’unité du monde slave oriental. Alors que la guerre prenait fin en Europe occidentale par le traité de Westphalie (1648), elle embrasa le royaume polono-lituanien dont l’Ukraine et la Biélorussie faisaient alors partie, ruina l’unité religieuse et l’organisation sociale traditionnelles de l’Ukraine, et accoucha de conceptions identitaires nouvelles. La traditionnelle foi orthodoxe dut s’accommoder d’un nombre croissant de catholiques romains, gréco-catholiques (uniates), calvinistes et sociniens. L’organisation sociale, quant à elle, fut ébranlée par la montée en puissance des Cosaques, petite noblesse militaire qui prit la tête de la révolte paysanne en 1648 et mena une véritable guerre de libération contre l’occupant polonais et l’aristocratie princière d’Ukraine.

Bien que seule une minorité de ses membres fût réellement polonisée, cette aristocratie appartenait à la couche la plus riche et la plus titrée de l’État polono-lituanien. Son discrédit était tel dans la population qu’elle donnait le nom de « Polonais » à ces aristocrates, y compris à ceux des princes que l’État polono-lituanien persécutait pour leur fidélité à la foi orthodoxe et leur soutien au projet que nourrissait la Russie de réunifier politiquement à son profit le monde salve oriental.

Suite à la révolte de 1648-1654, les Cosaques parvinrent à fonder, dans la partie orientale de l’actuelle Ukraine, un État – l’Hetmanat – émancipé de la tutelle polono-lituanienne et qui subsista jusqu’à sa suppression définitive par Catherine la Grande en 1765. Ce précédent cosaque devait incarner l’idéal national ukrainien du XIXe siècle.

Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan Mahmoud IV de Turquie (Ilya Repine, 1880-1891). Les Cosaques sont mentionnés pour la première fois dans un texte de la fin du XIIIe siècle. Il s’agissait à l’origine de simples paysans qui en vinrent à se faire gardiens de convois et pillards face aux hordes tatares, développant à l’occasion un exceptionnel sens tactique. Ayant découvert la navigation avec autant de bonheur qu’ils avaient appris à monter à cheval, ils se laissaient volontiers aller à la piraterie le long de la Volga et en mer Noire. Rapidement organisés en républiques militaires, ils se firent souvent mercenaires, la plupart étant « enregistrés », c’est-à-dire rétribués par une armée régulière. Le Cosaque était un homme libre dont le mode de vie était caractérisé par le goût de la liberté et de l’aventure, vivant de chasse, de pêche, de cueillette et de pillage sur l’ennemi. Son appartenance ethnique importait peu : les Cosaques zaporogues, sans doute les plus célèbres, comptaient une majorité d’Ukrainiens et de Biélorusses, mais également une importante minorité de Polonais et de Moldaves, un détachement de juifs, des condottières des colonies italiennes de la mer Noire et une poignée d’aventuriers français.

II. LA CRÉATION D’UN MYTHE NATIONAL (XIXe s.)

Les guerres menées contre l’oppression de l’État polono-lituanien dans la seconde moitié du XVIIe siècle avaient suscité une première prise de conscience d’une identité propre, essentiellement paysanne et orthodoxe. L’Hetmanat cosaque constituait quant à lui un précédent rendant crédible la création d’un État indépendant, politiquement viable. Enfin, la domination russe – consécutive aux trois partages de la Pologne (1772, 1793 et 1795) dans lesquels la Russie récupéra l’Ukraine à l’exception de la Galicie, qui passa sous domination autrichienne – mettait en relief, par effet de contraste, une langue et une culture désormais proprement ukrainiennes.

Il restait à construire un mythe national, c’est-à-dire à donner une lecture de l’histoire conforme au projet politique d’indépendance de l’Ukraine et à recomposer l’identité des populations ukrainiennes en vue de leur unification. Comme partout ailleurs en Europe à la même époque, il s’agissait de refondre l’identité d’un peuple au creuset du concept de Nation hérité de la Révolution française, pour la transformer en une identité nationale.

L’un des principaux fondateurs idéologiques du nationalisme ukrainien fut l’historien Mykhaïlo Drahomanov (1841-1895). Élève de Proudhon, il alliait le nationalisme à la pensée socialiste et contribua fortement à la création d’un mythe national. En raison de son anticléricalisme et de l’éclatement confessionnel de l’Ukraine depuis le XVIIe siècle, il expurgea de sa représentation de l’identité ukrainienne toute référence sérieuse à la foi chrétienne, préférant évoquer les croyances païennes des anciens peuples d’Ukraine et suivant en cela la plupart des nationalismes européens de l’époque. La langue ukrainienne fut célébrée comme un élément essentiel de l’identité nationale, à tel point que le pouvoir impérial russe l’interdit en 1876.

Ce fut toutefois dans la kozatchtchina (cosaquerie) que Drahomanov, lui-même de petite noblesse d’origine cosaque, vit l’âme de la résistance et de l’indépendance de l’Ukraine. Les hauts faits de ces défenseurs de la patrie, l’aspect romantique de la Sitch des Zaporogues, leurs origines populaires et leur insatiable besoin de liberté ne pouvaient que favoriser leur identification à l’idéal ukrainien promu par l’historiographie de l’époque.

Encore aujourd’hui, c’est cette période cosaque, jugée héroïque malgré les pogroms dirigés contre les uniates et les juifs, qui constitue le mythe fondateur de l’Ukraine et que beaucoup d’Ukrainiens considèrent comme la seule représentation authentiquement nationale de leur pays.

Le terme de « sitch » désignait un camp fortifié cosaque. La Sitch zaporogue abritait le centre politique des Cosaques zaporogues et le quartier général de leur armée ; elle fut établie vers le milieu du XVIe siècle sur une île (Petite- Khortytza) au milieu du Dniepr inférieur et fut déplacée sept fois pour permettre son agrandissement. Devenue un important avant-poste dans la lutte contre les Tatars de Crimée et les Ottomans, la forteresse de la Sitch fut supprimée en 1775 par Catherine II de Russie. Signe de l’importance de la Sitch zaporogue dans l’imaginaire national, un cercle d’étudiants ukrainiens à l’Université de Vienne se donnera le nom de « La Sitch » dès les années 1870.

III. LA RÉSURGENCE DES GUERRES CIVILES (XXe-XXIe s.)

Si les mythes fondateurs parvinrent à donner à l’ensemble des Ukrainiens une conscience vive de leur identité nationale, ils échouèrent à les unifier totalement en une communauté de vues sur l’avenir de leur pays. La raison de cet échec tient aux limites mêmes de ces mythes, dont la nature idéologique interdisait à leurs auteurs de prendre en considération deux aspects essentiels de la réalité ukrainienne :
l’anti-russisme, regardé comme consubstantiel à l’identité ukrainienne par les Ukrainiens de l’Ouest (dans les terres anciennement autrichiennes, d’irrédentisme radical), et la foi orthodoxe et la langue russe, regardées comme constitutives de cette même identité par les Ukrainiens des régions orientales du pays.

Ces lignes de fracture, contemporaines de l’émergence au XVIIe siècle d’une identité ukrainienne propre, ne furent jamais surmontées par la suite. Tant que la domination russe se fit sentir, ces dissensions furent reléguées derrière l’objectif commun de l’indépendance du pays ; mais lorsque l’Ukraine l’obtint en 1917, pour trois brèves années, elles ressurgirent, avant d’être de nouveau tues sous le régime soviétique. Durant la seconde guerre mondiale, l’anti-russisme de l’Ukraine occidentale se traduisit par une collaboration active d’un grand nombre d’Ukrainiens avec le « libérateur » allemand (on estime leur nombre à environ 220.000, dont une division de SS). Leur résistance armée au pouvoir soviétique se poursuivit jusqu’en 1954.

À la chute de l’Union soviétique, les conflits internes de l’Ukraine se réveillèrent avec une violence d’autant plus grande qu’ils avaient été longtemps réprimés. Si l’ensemble des Ukrainiens partagent les mêmes idéaux d’indépendance, de démocratie et de bien-être, trois conceptions du pays et de l’identité nationale survivent aux soubresauts de l’Histoire et nourrissent la crise actuelle.

a) La première, nationaliste et violemment anti-russe, est historiquement associée aux régions occidentales du pays, principalement Lviv, la Galicie et la Volhynie. Elle a fourni le gros des bataillons anti-gouvernementaux et comprend un large spectre de partis et de tendances politiques, allant des sociaux-démocrates aux groupes néo-nazis. En dehors des quelques partis militant pour l’adhésion à l’UE, elle revendique beaucoup moins un partenariat avec l’UE qu’elle ne rejette violemment l’accord économique conclu avec la Fédération de Russie, rejoignant en cela les intérêts des États-Unis et de l’OTAN.

b) Elle s’oppose dès lors ouvertement à la conception plus médiane de la composante nationaliste kiévienne ou dnieprienne, essentiellement ancrée dans l’Est du pays, qui s’accommode de relations complexes mais pacifiques avec la Russie.

c) Une troisième composante de la société politique ukrainienne, plus minoritaire, est communiste et peut être qualifiée de national-soviétique. Son influence reste importante parmi les officiers généraux de l’armée et la classe ouvrière.

CONCLUSION

La crise que traverse actuellement l’Ukraine est avant tout une crise identitaire, qui s’inscrit dans le prolongement d’une fracture séculaire. À bien des égards, les ingérences extérieures ne font qu’attiser et encourager une situation conflictuelle préexistante, dont on pressent qu’elle pourrait un jour déboucher sur une guerre civile.

De ce nouvel épisode de la crise ukrainienne, quatre constats peuvent être dressés :

1°) La grande majorité des Ukrainiens, y compris dans l’Est du pays, sont excédés par la pauvreté (la plus importante d’Europe) et la corruption endémique. Le discrédit du gouvernement de Viktor Ianoukovitch au sein de la population ukrainienne est une réalité dont la Russie a su prendre acte très tôt. La dénonciation des ingérences américaines ne doit pas conduire à ignorer les fractures identitaires et les revendications sociales qui fragilisent considérablement l’Ukraine.

2°) Les États-Unis, bien qu’ayant initié et organisé la « révolution », n’en tireront probablement qu’un bénéfice très relatif et à court terme, la mentalité ukrainienne étant profondément rétive à un abandon de l’indépendance nationale, fut-ce en intégrant l’UE ou l’OTAN. Les précédentes crises ont montré que le gouvernement prétendument pro-occidental a su s’entendre avec la Russie bien mieux que le gouvernement soi-disant pro-russe, notamment sur le contentieux interminable autour du transit du gaz russe. L’absence totale de soutien de la Russie à Viktor Ianoukovitch est en cela très éclairant.

3°) Les États de l’Union européenne ont chacun tenté de défendre leurs intérêts ou ceux de leurs commanditaires, sans se soucier aucunement d’élaborer une chimérique politique étrangère commune.

4°) L’intérêt de la France lui commande de réaffirmer avec force les principes d’indépendance et de non-ingérence, fondements essentiels tant de sa propre souveraineté que de l’ordre international.

La page d'origine se trouve ici :
https://www.facebook.com/notes/fran%C3% ... 0894547038
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Message par yannalan » 24 Fév 2014, 19:12

http://pratelekomunizace.wordpress.com/ ... ndicalist/

Bon, c'est en anglais, mais c'est déjà plus marxiste...
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Message par satanas » 24 Fév 2014, 23:29

L'article du numéro de mars 2014 de Lutte de Classe. je le publie en regardant "Mots Croisés" sur France 2 où quelques commentateurs bourgeois, dont Kouchner, se régalent avec goumandise du mot "révolution".....

http://www.union-communiste.org/?FR-archp-show-2014-1-1832-6734-x.html
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Message par Kool-Aid! » 25 Fév 2014, 10:46

En tout cas, à notre connaissance, pas un parti ni un groupe n’a cherché à montrer aux travailleurs en quoi ils avaient intérêt à s’opposer à la fois à la clique dirigeante dite pro-russe, avec ses oligarques et ses policiers anti-émeutes, mais aussi à ceux, dits pro-européens, qui lorgnent la place et dont l’idéologie affiche ouvertement son hostilité aux intérêts de la classe ouvrière.


Gardez le moral.

http://www.lemonde.fr/europe/article/20 ... _3214.html

Il s'appelle Viktor, comme « victoire ». Comme Viktor Ianoukovitch, aussi. Ce dimanche 23 février, Viktor, 80 ans et des yeux bleu acier, a revêtu son costume d'officier de l'armée soviétique.


« mon fils est soldat dans l'armée russe et lui saura me protéger. Il mettra un coup de pied aux fesses des nationalistes. ».


Massés aux côtés de la statue de Lénine, les anti-Maïdan protègent l'édifice qui, dit-on, serait menacé d'être déboulonné.


Quelque part, ils protègent une statue de Lénine.
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Message par Vania » 26 Fév 2014, 20:50

Deux articles dans la LO de cette semaine : l'un envisageant un scénario optimiste, où à la faveur des remous dans la société ukrainienne, la classe ouvrière s'éveillerait et entrerait en lutte sur un terrain de classe ; l'autre pessimiste, où, sans intervention de la classe ouvrière, la situation déboucherait sur la partition du pays et la guerre civile :

Ukraine : quand tout bouge...

Il aura suffi, fin novembre 2013, que quelques centaines d'étudiants contestent dans la rue le pouvoir du président Ianoukovitch, sans que la police antiémeute ne parvienne à briser la contestation, pour qu'au fil des semaines, avec des hauts et des bas, le mouvement entraîne un public bien plus nombreux, dans divers milieux et régions du pays.

Certes, sur la grand-place de Kiev, on trouvait plus d'étudiants, de petits bourgeois, d'entrepreneurs, de désoeuvrés venus des zones rurales ou de déclassés, que de travailleurs des grandes entreprises de la capitale ou de l'Est. Mais le fait est que des dizaines de milliers de personnes (abstraction faite des exagérations des organisateurs comme des médias qui les soutenaient) se sont rassemblées, ont manifesté, souvent au risque de leur vie, pour dire « non » à un pouvoir corrompu, assassin et honni parce que protégeant ces magnats qui pillent l'économie, les oligarques.

Que la plupart de ces derniers, sentant le vent tourner, aient rapidement soutenu la contestation et qu'on les retrouve sur le devant de la scène – telle la politicienne-affairiste qu'on donne comme possible future présidente, Ioulia Timochenko – c'est indéniable. Est-ce que les manifestants d'hier, ceux du rang, ceux qui ne se reconnaissent pas dans les groupes d'extrême droite formant le service d'ordre du Maïdan, seront démoralisés de retrouver aux commandes la même engeance qu'ils voulaient combattre ? Ou trouveront-ils dans la défaite infligée au dictateur la force de combattre ceux – les politiciens de droite ou d'extrême droite, et les dirigeants occidentaux qui les couvent – qui voudraient que tout change, pour que rien de fondamental ne change pour la population ?

En tout cas, ce n'est que quand la population se mobilise que le pouvoir peut vaciller, condition pour qu'un véritable changement devienne possible, et pour que des couches sociales qui jusqu'alors n'imaginaient pas pouvoir changer leur sort se mobilisent à leur tour.

Dans les événements qui ont ébranlé le pouvoir ukrainien ces derniers mois, bien des milieux et couches sociales ont été touchés, qui se sont retrouvés dans la rue. Là où les choses se jouaient.

En revanche, pour autant que l'on puisse en juger de loin, un acteur, et de taille, est resté absent de la scène : la classe ouvrière. Et si l'arbre de la contestation ukrainienne a bourgeonné dans bien des directions, y compris les plus réactionnaires, avec l'apparition et le renforcement de l'extrême droite, s'il a vu éclore bien des énergies contestatrices, comme souvent en cas de mobilisation populaire le rameau prolétarien, lui, partait défavorisé. Nulle force, nulle organisation connue ne s'adressait aux travailleurs dans ces événements. Le Parti communiste d'Ukraine ? Il soutenait Ianoukovitch. Les orateurs du Maïdan ? Certains ont évoqué une grève générale contre le régime. Ne craignant pas d'être débordés sur ce terrain, ils y ont même appelé parfois : sans aucun écho dans les entreprises.

Si rien n'indique qu'un réveil politique de la classe ouvrière ukrainienne soit en cours, le propre d'événements comme ceux-ci est précisément de bouleverser la routine, de rendre possible ce qui la veille ne l'était pas.

Le mouvement actuel, si une certaine mobilisation se maintient, pourrait donner envie à la classe ouvrière de se faire entendre, de se mobiliser pour défendre ses intérêts de classe, à la fois contre les tenants de l'ancien gouvernement et contre ceux du nouveau pouvoir, appuyés par l'Occident, la droite et l'extrême droite.

On ne peut, surtout de loin, savoir si et comment cela pourrait se produire. Mais ce que l'on sait, c'est que le cours actuel des événements ne va pas dans le bon sens. La classe ouvrière mettra-t-elle à profit le chaos relatif qui règne dans le pays pour apprendre à s'orienter ? Ici, des travailleurs prendront-ils sur eux d'évincer un directeur corrompu, lié à l'ancien pouvoir ? Là, de faire le ménage dans un commissariat qui abrite des matraqueurs de manifestants ? Le parti d'extrême droite Svoboda, associé au nouveau pouvoir, veut interdire les grèves politiques. S'il s'y essaie, est-ce que cela suscitera des réactions parmi les travailleurs ? Des réactions qui pourraient même se produire pour défendre leurs droits actuels, que le nouveau pouvoir et ses donneurs d'ordres occidentaux voudront inévitablement remettre en cause, en arguant de la crise dans laquelle le pays est plongé. Car des droits, il en reste aux travailleurs, comme le disait avec humour un mineur de Donetsk interviewé sur France-Info le 25 février : « Pourquoi est-ce que je voudrais rejoindre l'Union européenne ? J'ai ma retraite à 45 ans, chez vous elle est à 60 ans. »

Bien sûr, faire des pronostics en ce domaine n'aurait pas de sens. La seule chose que l'on puisse dire c'est que tant qu'il y aura une certaine effervescence en Ukraine, il y aura un terrain, donc une chance pour que la classe ouvrière prenne conscience de ses forces et de ses intérêts. En tout cas, en cela seul réside la possibilité pour les travailleurs d'échapper au sort que leur réservent possédants et gouvernants.

Pierre LAFFITTE



Ukraine : le risque de partition, et ce qu'il impliquerait

Depuis l'installation du nouveau pouvoir à Kiev, les médias français semblent découvrir que l'Ukraine ne se réduit pas à sa capitale. Et d'expliquer maintenant que cette « révolution », qu'ils ont dépeinte comme mobilisant la population contre le régime précédent, non seulement ne fait pas l'unanimité parmi la population, mais que la situation qu'elle crée pourrait déboucher sur une partition du pays.

Dans l'Ouest ukrainophone, les soutiens ont été massifs à l'opposition de droite et d'extrême droite de « l'Euromaïdan ». Les autorités en place y ont été balayées ou se sont soumises aux ultranationalistes. Le parti d'extrême droite Svoboda, qui a recueilli près de 40 % des voix aux législatives dans ces provinces, s'y sent assez fort pour avoir fait interdire les organisations communistes. Dans la nuit du 20 février, des commandos d'extrême droite ont même réussi à investir des bâtiments de la police et autres organes de répression à Lvov et dans sept villes de l'ouest du pays, en s'emparant des armes qui s'y trouvaient.

En revanche dans l'Est, industriel et russophone, l'attitude de la majorité de la population reste circonspecte, sinon hostile à l'égard des forces qui dominent dans la capitale. Et les autorités en jouent. Kharkov, seconde ville du pays et capitale de l'Ukraine soviétique après 1917, compte un million et demi d'habitants : très industrialisée et située à proximité de la Russie, c'est là que vient de se former un Front ukrainien anti-Maïdan. Dans la région de Donetsk, avec sa sidérurgie et ses mines, les autorités menacent de faire sécession.

C'est également le cas au sud du pays, dans la presqu'île de Crimée, avec sa population majoritairement russe. Khrouchtchev l'avait rattachée administrativement à l'Ukraine en 1954, ce qui n'avait aucune incidence dans le cadre unifié de l'Union soviétique. Mais l'URSS a disparu, des frontières jusqu'alors administratives sont devenues étatiques. Et cela change bien des choses.

La coupure du pays en deux entités plus ou moins opposées par la langue, le degré de développement économique, l'environnement géographique et plus encore par la démagogie de politiciens sans scrupules dans chaque camp, est grosse de dangers. Les interventions répétées d'Obama et de ses collègues européens ces jours derniers, leurs mises en garde contre la tentation que Poutine aurait de jouer l'est de l'Ukraine contre le pouvoir nationaliste qui se met en place à Kiev, dit assez que les dirigeants occidentaux prennent au sérieux l'éventualité d'un éclatement de l'Ukraine. Depuis des années, ils l'ont poussée à s'éloigner de la Russie et ont soutenu les forces pesant en ce sens. Maintenant ils s'inquiètent de la possibilité d'un incendie qu'ils ont contribué à lancer et qui, échappant à leur contrôle, ravagerait cette partie de l'Europe.

Rien ne dit que l'on en arrivera là. Mais une chose est certaine : si l'Ukraine devait éclater, l'Occident aurait une responsabilité énorme dans une séparation qui, vu les circonstances, n'aurait rien d'amiable.

Présenté comme un divorce civilisé car sans heurts, l'éclatement de la Tchécoslovaquie, fin 1992, allait déjà dans un sens réactionnaire : les dirigeants slovaques voulaient avoir leur appareil d'État, les dirigeants tchèques voulaient se délester d'une Slovaquie moins développée qui gênait leur intégration au marché impérialiste.

Mais à la même époque se déroula un autre divorce étatique, lui de sinistre mémoire : celui que provoquèrent les ambitions rivales des bureaucrates de Yougoslavie, sur fond de rivalités entre grandes puissances européennes. Le résultat fut une guerre de plusieurs années, des millions de gens chassés de chez eux, des centaines de milliers de morts, un fossé de sang creusé entre les populations par leurs dirigeants et leur ignoble politique d'épuration ethnique.

Vingt ans et quelques plus tard, personne ne sait quand les plaies de l'éclatement yougoslave auront cicatrisé.

En Ukraine, une partition risque de se faire « à la yougoslave », mais en dix fois pire. Parce que le pays est plus grand, plus peuplé. Parce que, sans remonter aux pogroms du tsarisme, l'histoire rappelle que pareilles tragédies sont toujours possibles. Cette histoire, c'est celle des nationalistes ukrainiens durant la Seconde Guerre mondiale, alliés des nazis dans la chasse aux Juifs, aux Polonais, aux Russes et aux communistes ; celle des déportations meurtrières de peuples par Staline à la même époque ; celle des conflits qui ensanglantent le Caucase et l'Asie ex-soviétiques depuis un quart de siècle.

Bien sûr, rien n'est joué. Mais le jeu des grandes puissances et de la Russie en ex-URSS, celui des dirigeants ukrainiens qui ont attisé le nationalisme des uns contre celui des autres, tout cela a placé une bombe à retardement au coeur de l'Ukraine, de sa population et des peuples qu'elle a pour voisins.

P.L.


Je publie à la suite le bref récit issu du quotidien russophone "Vesti" racontant une lutte qui vient de se déclencher dans une usine de pâte à papier d'Odessa. Celle-ci n'est rien d'autre, à l'heure des évènements tragiques en cours dans le pays, qu'une petite lueur dans le crépuscule. Mais cette lueur existe, et pour nous, les réactions venant de la classe ouvrière, sur son terrain de classe, sont un espoir.

Odessa promesse de protestations des travailleurs
Les travailleurs de l'usine Izmail ont organisé un rassemblement contre le non-paiement des salaires, et les promettent des manifestations.
Les travailleurs de l'usine Izmaïl, usine de pâte à papier, sont venus au rassemblement : le travail en usine est suspendu depuis le 21 Février, les salaires sont en retard de le deuxième mois consécutif, et parmi les ouvriers de l'usine il y a rumeurs disant que la société veut fermer pendant plusieurs mois.

En conséquence, les travailleurs ont décidé de prendre en charge la protection des plantes et de suspendre le déchargement des produits finis.

Économie ukrainienne Eurobonds grimpé nouvelles politiques

Le président de l'Association des employeurs du sud de l'Ukraine, Yuriy Borschenko, dit que de «nouvelles» vagues de protestations pourraient venir dans les prochaines semaines dans toute la région d'Odessa: «Dans nos marchés et les magasins situation critique - un mois n'est pas venu pour les grossistes d'autres régions. En outre, le système bancaire est paralysé et de nombreux employés ne reçoivent pas de salaire. Le procureur intervenir immédiatement. "


Le lien vers l'article en langue russe : http://vesti.ua/odessa/39751-v-odesse-o ... y-rabochih
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Message par Kool-Aid! » 01 Mars 2014, 01:35

Suite et conséquences :
Une arrivée de renforts russes en Crimée pour défendre la politique de Viktor Ianoukovitch et les intérêts de la Russie.
L'intervention russe en Ukraine serait, d'après les Etats-Unis, une "Erreur grave".

http://www.haaretz.com/news/world/1.577037

Des troupes circulant à l'aéroport de Simferopol en Crimée :
Image

Petite vidéo d'il y a sept heures montrant l'avancée des hélicoptères russes.

http://www.liveleak.com/view?i=287_1393605865
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Message par luc marchauciel » 04 Mars 2014, 12:06

Sur ce sujet comme sur d'autres, Mélenchon n'a pas pu s'empêcher de dire une connerie :

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/ ... enchon.php

"Nous Français, n'avons rien à faire dans une histoire pareille, nous n'avons rien à faire à encourager les provocations contre les Russes, cela dit sans sympathie pour le gouvernement russe (...). La nation russe ne peut admettre que les nord-Américains et l'Otan s'installent à leurs portes",


Celui qui est présenté par les médias comme étant "la gauche de la gauche" se pose donc en conseiller de l'impérialisme français pour savoir ce que "nous français" devrions faire". J'imagine les discussions intéressantes que le NPA va avoir le PG pour fixer un éventuel programme aux Européennes , un programme qui soit le meilleur possible pour "nous français"...

Sur la question du rôle des fascistes en Ukraine, il y a ça sur slate.fr :
http://www.slate.fr/story/83791/ukraine-fascistes-nazis

En Ukraine, des fascistes contre des nazis?

Pro-Russes et pro-UE se renvoient ces accusations. Sont-elles fondées?

Si, depuis l’Occident, les violents évènements qui secouent actuellement l’Ukraine sont principalement perçus comme une lutte des démocrates pro-européens contre un gouvernement autoritaire à la solde de Moscou, la position officielle de la Russie par rapport à la situation ukrainienne reflète un point de vue tout autre: les gouvernements occidentaux font preuve d’une trop grande naïveté et soutiennent de violents extrémistes aux tendances fascistes et d’extrême droite.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov, a qualifié les manifestations de «Révolution brune», les comparant à la montée du nazisme dans les années 1930. «Comment se fait-il que l’on n’entende pas de condamnations officielles contre ceux qui prennent d’assaut des bâtiments gouvernementaux, attaquent les forces de l’ordre et profèrent des slogans racistes et antisémites?», a-t-il demandé. Samedi, le président ukrainien qui a quitté la capitale, a annoncé qu’il ne démissionnerait pas, et que le pays était victime «d’un coup d’Etat proche de celui des nazis dans les années 30».


Le gouvernement russe a l’habitude de lancer ce type d’accusation un peu à la légère, mais en l’occurrence (même si cela le sert indéniablement), tout n’est pas tout à fait faux.

L’une des trois figures de l’improbable coalition à la tête du mouvement du Maïdan (avec le boxeur Vitali Klitschko et l’ancien ministre des Affaires étrangères Arseni Iatseniouk) est Oleg Tiagnibok, le leader du parti nationaliste Svoboda, qui a par exemple pour habitude de désigner le gouvernement ukrainien en parlant de «mafia juive-russe».

Son parti, dont l’origine remonte à une armée partisane alliée aux Allemands durant la Seconde Guerre mondiale, se faisait appeler parti social national (référence au national-socialisme) jusqu’en 2004. Le mois dernier, il a organisé une marche aux flambeaux en l’honneur de Stepan Bandera, personnage controversé et considéré par certains comme un collaborateur nazi.

En 2012, l’élection au parlement, pour la première fois, de membres du parti «rebaptisé» avait préoccupé de nombreux Juifs ukrainiens, mais Tiagnibok s’était défendu (sans trop de succès) d’être antisémite en déclarant: «Personnellement, je n’ai rien contre les Juifs lambda, j’ai même des amis juifs. C’est à un groupe d’oligarques juifs qui contrôlent l’Ukraine et aux Juifs-bolchéviques [du passé] que j’en veux.»

Il est clair que les manifestations antigouvernementales menées par les partisans de l’intégration à l’Union européenne avaient débuté avant l’entrée en scène de Svoboda et que le parti nationaliste ne représente pas la majorité des protestataires, parmi lesquels on trouve de nombreux Juifs. Mais on ne peut nier que la présence de Tiagnibok a quelque chose de gênant pour les soutiens internationaux du mouvement.

Le leader de Svoboda a brillé par son absence lors de la réunion à Berlin de la semaine dernière entre la chancelière allemande Angela Merkel et les leaders beaucoup plus fréquentables que sont Klitschko et Iatseniouk. Le sénateur américain John McCain a été critiqué pour avoir partagé une scène avec lui lors de sa visite à Kiev en novembre dernier. Plus récemment, Tiagnibok a rencontré la sous-secrétaire d’État américaine Victoria Nuland et la haute représentante de l’Union européenne aux Affaires étrangères Catherine Ashton.

D’un autre côté, les accusations de fascisme et d’antisémitisme portées contre Euromaïdan prêteraient presque à sourire lorsque l’on voit qui les profère, comme l’a fait remarquer Timothy Snyder dans la New York Review of Books:


La propagande russe et les amis ukrainiens du Kremlin ne cessent de nous répéter que les manifestations du Maïdan constituent un retour du nazisme en Europe. À Munich, le ministre russe des Affaires étrangères a fait la leçon aux Allemands, coupables, selon lui de soutenir des adorateurs d’Adolf Hitler. Les médias russes ne cessent d’affirmer que les Ukrainiens qui manifestent sont des nazis. Naturellement, il est important de garder un œil vigilant sur l’importance de l’extrême droite dans la politique et l’histoire ukrainiennes. C’est une présence encore inquiétante aujourd’hui, même si elle est moins importante que l’extrême droite en France, en Autriche ou aux Pays-Bas. En outre, c’est le régime ukrainien, plus que ses opposants, qui a recours à l’antisémitisme en déclarant à sa police antiémeute que les manifestants sont des Juifs et à nous qu’ils sont des nazis.


Ce qu’il y a d’étrange, dans cette affirmation de Moscou, c’est l’idéologie politique de ceux qui la font. L’Union eurasiatique [proposée par Vladimir Poutine] est l’ennemi de l’Union européenne, non pas uniquement d’un point de vue stratégique, mais aussi idéologique.


L’Union européenne est née d’une leçon tirée de l’histoire: celle selon laquelle les guerres du XXe siècle étaient parties d’idées fausses et dangereuses –le nazisme et le stalinisme– qui devaient être rejetées et même dépassées par un système garantissant le libre marché, la liberté de circulation des personnes et l’État providence. L’eurasianisme, au contraire, est présenté par ses partisans comme l’opposé de la démocratie libérale.

Certains ont aussi accusé Ianoukovitch d’avoir délibérément permis la progression de Svoboda en Ukraine occidentale pour s’en servir comme d’un épouvantail politique bien pratique. Si tel est le cas, il est clair aujourd’hui que c’était un très mauvais calcul de la part du Président.

L’importance de Svoboda au sein du mouvement contestataire est sans doute inquiétante, non seulement parce que le parti pourrait jouer un rôle plus important à l’avenir dans la politique ukrainienne, mais aussi parce qu’elle a permis à un chef d’État de plus en plus autoritaire, ainsi qu’à ses soutiens internationaux ouvertement autoritaires, d’affirmer que ce sont leurs opposants qui constituent une menace pour la démocratie.

Joshua Keating

Traduit par Yann Champion


luc marchauciel
 
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Ukraine

Message par Vania » 15 Mars 2014, 22:44

Pendant que le pays vit au son des bruits de bottes, des discours martiaux, et des diatribes anti-russes, une guerre se mène, concrète celle-là, contre la classe ouvrière et les classes populaires d'Ukraine. Il est question de baisser les salaires, les pensions de retraite, d'augmenter les prix du gaz et de l'électricité pour les particuliers (entre 40 et 50%, abstraction faite de l'augmentation des prix de géant russe Gazprom) et de licenciements massifs. Voici un article issu du journal ukrainien Vesti sur les licenciements en cours dans l'industrie, dans les régions de Dnepropetrovsk et Zaporozhzhya, dans la basse vallée du Dniepr, au sud du pays. J'ai retravaillé la traduction automatique, et choisi de supprimer le dernier paragraphe, qui ne racontait plus rien d'intéressant.

Les syndicats du Sud-Est s’inquiètent d’une vague de licenciements
Les syndicats vont demander de l'aide par les autorités, et dans le centre n'est pas assez offres d'emploi


Yaroslav Markin ■ 14 Mars | 08h14
Dans les régions de Dnepropetrovsk et de Zaporozhzhya, les syndicats tirent la sonnette d'alarme - dans les entreprises et les organisations une vague de licenciements monte . Les gens sont mis à la porte sous le prétexte d '«optimisation », d’autres sont envoyés en congés, pour d’autres encore la journée de travail est réduite : au lieu de cinq jours par semaine, on leur propose de ne travailler que trois ou quatre jours.
Victor Kovriga, chef du service de presse de l'association régionale des syndicats:
La situation est très tendue. Si le secteur de l’internet souffre moins, la métallurgie, l'industrie alimentaire, la construction de machines connaissent une réduction significative des volumes de production. L'année dernière a également connu une situation difficile, mais il fut possible de négocier avec les autorités, la Fédération des employeurs de Dnipropetrovsk. En particulier, une usine produisant des tuyaux fait face à la suppression de presque tous ces employés (plus de 1400 personnes sont menacées de licenciement). Mais maintenant, aux problèmes précédents, se superposent des problèmes externes. Même l’usine Dneprodzerzhinsky, qui produit des wagons pour la Russie, est touchée. Les besoins intérieurs pourraient sauver ces usines – les besoins en tuyauterie et autres métaux, dont nous disposons par centaines de milliers de tonnes, existent, mais aucun ordre n’est venu de l'État.
Les employés de l'usine Petrovsky ressentent aussi ces problèmes. "S'il n'y a pas de commande (ou d’ordre de l’Etat) – nous serons mis en congé, puis reviendrons. Dans chaque magasin la situation est différente. Il arrive qu’ils licencient. Entre nous, nous sommes indignés, mais avons peur de parler ouvertement. Officiellement, tout va bien »- disent les métallurgistes.
Sur le thème de l'Ukraine sur le point de chômage total
A l’usine de tuyaux, selon les travailleurs, après la tourmente de l'an dernier, le calme est relatif. "Maintenant, l'usine travaille en trois équipes. Les produits sont principalement destinés à la Russie et la production s’écoule normalement pour l’instant, "- dit une employée, Victoria, de l'un des magasins.
Les petites entreprises ont également été contraintes de réduire leur production. "La hausse du dollar a augmenté les prix des matières premières, et les commandes ont baissé. Vous n’avez à travailler que quelques heures dans la matinée, "- dit une employée de l'une des entreprises de meubles, Olga.
Voir aussi En Ukraine, 50% permettra de réduire les pensions pour les retraités qui travaillent
Dans la région voisine de Zaporozhzhye, la situation est plus tendue. Là, dans le secteur de l’acier, les licenciements ont commencé à l'automne dernier. « Aux agents d’entretien, ils ont dit ou de démissionner, ou d’aller à l'entreprise de nettoyage proposer leurs services. Mais là-bas la quantité de travail est double, et il n’y a pas de protection sociale. Aux métallurgistes, ils ont imposé un examen médical – à qui avait une quelconque maladie, comme des veines gonflées dans les jambes pour les femmes, ils ont offert à démissionner immédiatement, en disant qu'ils n'ont pas besoin de malades. Pour ceux restant, le salaire est réduit » - dit à « Vesti » un travailleur ayant récemment pris sa retraite.
Les autorités se sont refusées à tout commentaire.

(...)


Le lien vers l'article en langue russe : http://vesti.ua/pridneprove/42373-v-dne ... bez-raboty
Vania
 
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