Grèce : que promet Syriza ?

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Grèce : que promet Syriza ?

Message par com_71 » 08 Jan 2015, 13:28

lo a écrit :Grèce : que promet Syriza ?

Depuis que les élections législatives grecques ont été fixées au 25 janvier prochain, une éventuelle victoire de Tsipras et de son parti Syriza, la coalition de la gauche radicale, est présentée par de nombreux politiciens, en Grèce ou ailleurs, comme une catastrophe pour l'économie du pays et de l'Europe.

Tsipras affirme sa volonté d'endiguer la crise humanitaire en fournissant aux ménages les plus pauvres une aide alimentaire, de l'électricité, des soins et des transports gratuits et il promet de relever progressivement les pensions les plus basses. Il envisage d'autres mesures : pour les particuliers ou les petits entrepreneurs endettés, la suppression des saisies sur les comptes bancaires ou les logements, un allègement des dettes ; pour les salariés, le rétablissement du salaire minimum à 750 euros, un programme d'emplois dans le public et le privé. Une partie des fonctionnaires mis « en réserve » par le gouvernement Samaras devrait être réintégrée sans pour autant que le nouveau gouvernement renonce à réduire leur nombre, même si Tsipras promet d'évaluer les fonctionnaires par des procédures « objectives ».

Où trouver l'argent ? Pour le dirigeant de Syriza, il faut faire payer l'oligarchie financière, lutter contre l'évasion fiscale, créer un impôt sur les grandes fortunes immobilières ; il promet de réprimer le « crime économique », la contrebande des carburants, et de mieux utiliser les fonds européens tels que le Fonds de stabilisation financière. Car contrairement à ce que l'on entend, il ne propose pas de quitter l'Union européenne.

Campagne électorale oblige, Syriza maintient qu'il est nécessaire « d'annuler une grande partie de la valeur nominale de la dette publique, d'imposer un moratoire sur le remboursement », et ce qu'il appelle la « partie légitime » de cette dette devrait être remboursée au fur et à mesure du rétablissement de l'économie grecque. Tout serait fait « dans le cadre d'un accord européen », et de façon progressive, y compris la suppression des mémorandums, ces plans d'austérité imposés par la Troïka, c'est-à-dire l'Union européenne, la Banque centrale européenne et le FMI.

Comparées à la politique du gouvernement d'Antonis Samaras, le chef de file du parti de droite la Nouvelle Démocratie, les mesures prônées par Tsipras apparaissent comme radicales. Mais seul l'avenir dira si elles seront autre chose que des promesses électorales qui s'évanouiront devant les premières pressions des milieux financiers. Il n'y a pas à chercher loin pour en trouver des exemples.

Tsipras et son parti Syriza cherchent à accéder au gouvernement dans le cadre d'un système qu'ils ne remettent pas fondamentalement en cause, même si Tsipras parsème ses discours d'attaques contre le « libéralisme économique » et les « marchés omnipotents » . Pour mettre en œuvre leur politique, ils ne demandent que des votes. Ils n'évoquent pas la nécessité de créer un autre rapport de force, qui seul permettrait à la population de remettre vraiment en cause l'emprise de l'oligarchie financière sur la société.

Au contraire, depuis que ses succès électoraux ont porté Syriza sur le devant de la scène, son leader a cherché à se montrer responsable devant tous les décideurs politiques et économiques. En 2014, devant le congrès de SEV, le Medef grec, il a plaidé pour l'établissement de bonnes relations entre les patrons et son parti pour le bien de l'économie nationale. Il a fait le tour de certains cercles d'économistes libéraux, à Londres ou à Washington, pour les convaincre qu'il n'était pas « aussi dangereux que certains le pensent ». Et si on en croit le Financial Times, certains investisseurs l'ont trouvé « plus pragmatique que ne le laissait supposer la rhétorique de Syriza dans le passé » ! En août 2014, Tsipras a même poussé le sens des responsabilités jusqu'à aller passer quelques jours au Mont Athos, ce foyer ultraréactionnaire de l'orthodoxie grecque : une place de Premier ministre vaut bien une messe !

Quand Tsipras affirme : « La victoire de Syriza sera le commencement d'un grand effort national pour sauver la société et reconstruire notre pays », c'est finalement aux dirigeants du monde capitaliste que Tsipras s'adresse, au moins autant qu'aux électeurs, et bien plus qu'à la classe ouvrière en tant que telle. Celle-ci a déjà largement payé « l'effort national » que lui demandent depuis des années les capitalistes grecs et européens. Ce sont ceux-là qu'il faudra faire payer et pour cela, ce n'est pas sur Tsipras qu'il faut compter.

Sylvie Maréchal
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Grèce : que promet Syriza ?

Message par Kool-Aid! » 20 Jan 2015, 17:08

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Re: Grèce : que promet Syriza ?

Message par Kool-Aid! » 12 Fév 2015, 12:19

Amusant de voir que dans la confusion ce fil n'est pas suivi.
J'ai cru ne pas voir une seule ligne dans l'édito du journal à propos du caractère national de ce socialisme.

Petit listing des promesses électorales :

    - Le courant électrique gratuit pour trois cent mille ménages. Des milliers de foyers défavorisés sont sans courant pour cause d'impayés auprès de la compagnie nationale d'électricité, DEI ;
    - La suppression de la nouvelle loi d'imposition du patrimoine immobilier (Enfia). Cette taxe prolonge, sous une autre appellation, un impôt instauré en 2011 et inclus directement dans la facture d'électricité ;
    - Création de trois cent mille emplois ;
    - Le rétablissement du salaire minimal à 751 euros. Celui-ci a été abaissé à 586 euros en 2012 ;
    La gratuité des soins de santé pour tous. Près d'un quart des Grecs n'ont plus de couverture sociale, selon l'organisation non gouvernementale Médecins du monde.
    - Réouverture de l'ERT (Ellinikí Radiofonía Tileórasi). Le groupe audiovisuel public employant deux mille salariés avait brutalement fermé en 2013 dans le cadre des suppressions de postes dans le service public.
http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/01/23/concretement-que-peut-changer-l-arrivee-de-la-syriza-a-la-tete-de-la-grece_4562568_3214.html

Une petite ambiance de mai 68.
Y'a plus qu'à cocher.
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Re: Grèce : que promet Syriza ?

Message par Gaby » 12 Fév 2015, 20:54

Amusant de voir que dans la confusion ce fil n'est pas suivi.
J'ai cru ne pas voir une seule ligne dans l'édito du journal à propos du caractère national de ce socialisme.


Ca ne donne pas exactement envie d'en parler quand tu abordes le sujet en faisant un amalgame avec les fachos.
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Re: Grèce : que promet Syriza ?

Message par Kool-Aid! » 12 Fév 2015, 21:11

Gaby a écrit :Ca ne donne pas exactement envie d'en parler quand tu abordes le sujet en faisant un amalgame avec les fachos.


C'est toi qui nomme.
Je trouve juste étrange l’ambiguïté d'une situation qui présente, à mon sens, deux perspectives probables. L'une saluée par Le Pen : dans une désolidarisation de la Grèce face l'Europe (ou inversement) et éventuellement un bel exemple de cavalier seul, l'autre par Mélanchon : Le rapprochement avec la Russie sur un plan financier.

Ne secouent-ils pas le drapeau nationaux et ne peut-on pas se poser la question de ce qu'il adviendra si les travailleurs reviennent déçus de ce pourparler avec les banquiers qui sont aux yeux de l'opinion publique "l'europe" ?
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Re: Grèce : que promet Syriza ?

Message par logan » 13 Fév 2015, 09:27

L'exigence de Syriza que l'Allemagne rembourse ses dettes de guerre pour la moitié de sa dette publique (162 milliards), ca ne sent pas très bon effectivement
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Re: Grèce : que promet Syriza ?

Message par Matrok » 19 Fév 2015, 11:39

logan a écrit :L'exigence de Syriza que l'Allemagne rembourse ses dettes de guerre pour la moitié de sa dette publique (162 milliards), ca ne sent pas très bon effectivement

Chacun pourra juger si ça sent bon ou pas à l'aide de cet article précis et détaillé de Médiapart :
http://www.mediapart.fr/journal/international/180215/grece-allemagne-les-contentieux-de-la-deuxieme-guerre-mondiale
Matrok
 
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Re: Grèce : que promet Syriza ?

Message par Kool-Aid! » 19 Fév 2015, 16:00

Matrok a écrit :Chacun pourra juger si ça sent bon ou pas à l'aide de cet article précis et détaillé de Médiapart :
http://www.mediapart.fr/journal/international/180215/grece-allemagne-les-contentieux-de-la-deuxieme-guerre-mondiale


Pour un euro seulement !

En tout cas, ils ne se sont pas fait d'amis :
Grèce : Berlin dit non à la dmeande d’Athènes
http://www.lesechos.fr/monde/europe/0204170723979-la-grece-demande-officiellement-une-aide-prolongee-1094818.php?wYhZcWgM6UX39eLk.99

Avec une petite mise à jour :
Les députés grecs ont élu confortablement le conservateur Prokopis Pavlopoulos président de la République mercredi 18 février avec 233 voix sur 300.
http://www.la-croix.com/Actualite/Europe/Le-president-Pavlopoulos-veut-sortir-la-Grece-d-une-crise-cauchemardesque-2015-02-19-1282668
(Bi-partisme sur les photos aussi avec la chrétienté à 50%.)

À l’aile gauche de son parti qui renâclait, réclamant un président de gauche, le chef du gouvernement a assuré que son candidat avait « un haut niveau de conscience nationale »
« La Gauche, dans les moments les plus cruciaux, n’a jamais été arrogante face à son histoire et n'a jamais revendiqué des fonctions pour elle-même », a fait valoir Alexis Tsipras.
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