Corbyn et compagnie...

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Message par com_71 » 16 Sep 2015, 08:00

En incidente à une intervention sur les "migrants", Doctor No a cité un article du WSWS et a évoqué, sans vraiment les citer, les prises de position de ce site sur Jeremy Corbyn :

"Doctor No a écrit :...Ce groupe s'est montré souvent sectaire et absurde, comme lors du vote du référendum grec où il a "dénoncé" les deux côtés (décidement une manie chez les gauchistes) et récemment il n'a rien compris à l'importance de la campagne et au triomphe de Corbyn qui place la classe ouvrière britannique à la tête de la conscience politique anticapitaliste de masse actuelle.


Les posts collés ci-dessous ont suivi.

com_71 15 Sept 2015 a écrit : A bas Tony Blair, Vive J. Corbyn et... la mémoire d'Harold Wilson ! :lol: :lol:
Pire que les illusions de la LCR et de l'OCI-PCI dans la période de l'élection de Mitterrand...


Doctor No 15 Sept 2015 a écrit :Cela fait 70 ans que certains s'évertuent à pointer "des illusions" et restent à attendre Godot sur la berme du chemin.
Personne seme des illusions sur Corbyn mais le fait qu'une bonne partie de la classe ouvrière se soit pointé et payé pour voter Corbyn, contre le Blarisme et les Tories, et qu'elle continue de le faire (le lendemain du vote plus de 15000 nouvelles adhésions au Labour et cela continue) montre que la classe ouvrière britannique se place un peu en avant des Podemos et autres Tsiriza.
Le triomphe de Corbyn est un triomphe ouvrier au niveau de conscience qui est la leur à ce moment précis.
Elle n'est pas tout à fait où elle devrait être mais les donneurs des leçons situés (toujours) sur le trottoir (et parfois sur le trottoir d'en face pour les questions internationales) non seulement n'ont rien à lui apprendre mais resteront (toujours) plantés sur le trottoir à commenter les évenements, donner de bons et des mauvais points et sombrer dans le néant où, quand ils en sont sortis, ils se sont empressés pour y rentrer dès que possible.


com_71 15 Sept 2015 a écrit :
Doctor No a écrit :Le triomphe de Corbyn est un triomphe ouvrier au niveau de conscience qui est la leur à ce moment précis.



pcc. Le triomphe de Mitterrand est un triomphe ouvrier au niveau de conscience qui est la leur à ce moment précis...

Et on veut nous faire croire que ceux qui agitent de telles inepties apprennent quelque chose à quelqu'un ?
Il faudrait déjà pouvoir apprendre soi-même !


brève lo 15 sept 2015 a écrit : Parti travailliste : effet d’(outre) manche

Du PS au Parti de gauche en passant par le PCF, tous se sont réjouis de l’élection de Jeremy Corbyn à la tête du parti travailliste britannique, un parti qui a défendu depuis des décennies, en alternance avec le Parti conservateur, les intérêts de la grande bourgeoisie britannique. Il suffit que ce nouveau chef se pose en vague critique de la politique menée par son parti pour que Pierre Laurent y voit un signe de « la roue de l’histoire qui est en train de tourner » et le parti de Mélenchon « le retour de la gauche réelle ».

De la Grèce à la Grande-Bretagne en passant par l’Espagne et la France, le salut des travailleurs ne passera ni par les marchands d’illusions, ni par les urnes mais par le renouveau de la conscience de classe.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Corbyn et compagnie...

Message par Doctor No » 16 Sep 2015, 11:53

Bref, Com 71, à ses risques et périls, ouvre un débat (on verra combien cela va durer) avec une 'breve' qui, comme d'habitude, ne dit rien d'autre que les généralités de toujours.
Il n'y a rien là pour s'étonner.
C'est une manière, un style, une habitude. Suremment une manie, presque du radotage.
Une analyse concret de la situation concrète?
Ne demandons pas des poires au pommier. Cela n'est pas possible, cela ne se fait pas.
Des hauteurs de La Sagesse Profonde ils savent déjà que tout cela (comme tout d'ailleurs et depuis des décennies) est voué à l'échec et il n'y a qu'à continuer de faire la même chose.
De l'anarchosyndicalisme mâtiné des généralités à dormir débout. Heureusement ils les font courtes, autrement...
Mais bon, chacun ses habitudes.
N'ayant pas encore une analyse concret et marxiste du triomphe de Corbyn (cela ne saura pas tarder) je vous propose une analyse Ante-election qui dit l'essentiel.

Au moins que cela serve à ceux qui passeraient par cet forum car s'ils "consultent" les 'breves' ils risquent fort de rester sur leur faim ...et leur soif.

(Ma 'traduction', perdonad las muchas faltas y errores)

Jeremy Corbyn, les douleurs d’enfantement du Laborisme et le populisme
Commentaire de Gerry Downing 11 Août ici à 2015

La montée de Jeremy Corbyn pourrait se révéler être l'événement politique le plus important de l'année à niveau global. Je veux dire pour l'élevage de la conscience de classe de la classe ouvrière mondiale et pour la conduire dans une direction révolutionnaire.
Cette montée de la classe ouvrière, des pauvres et des opprimés a commencé en Tunisie avec l'auto-immolation de Mohamed Bouazizi le 17 Décembre 2010 et s’est déplacée en Egypte. Ces deux pays avaient une classe ouvrière très importante, militante et organisée. Mais les dirigeants politiques de la classe étaient réformistes et centristes.
La CIA, par l'intermédiaire de l'AFL / CIO et de leurs ONG a agi rapidement pour recruter et de compromettre les nouveaux syndicats indépendants, en Egypte en particulier, et les isoler de l'influence révolutionnaire. Les fluctuations politiques du groupe SWP, des Socialistes Révolutionnaires avec leur chasse à l'ambulance; le voter pour Morsi, le soutient de la «révolution» menée par l’armée pour le renverser, etc. ont conduit seulement à une confusion absolue.
La CIA, en collaboration ouverte avec les fondamentalistes islamiques, a pris le contrôle du Printemps arabe en Libye depuis le début, et en Syrie après quelques semaines. Ils ont écrasé le soulèvement au Bahreïn avec les troupes saoudiennes et cherchent maintenant à écraser le Yémen. Le Turquie aide l’EI, malgré les avoir bombardé en Syrie. Bien sûr, leur vraie cible est le PKK dans le nord de l'Irak et la Syrie, qu’ils ont bombardé en même temps.
Mais malgré que les problèmes de l'impérialisme américain et de l'UE en Ukraine sont plus profondes, leur méthode de soutenir des forces fascistes ouvertes est beaucoup plus problématique et ces fascistes peuvent encore renverser le régime pro américain Kiev, rendant le soutient envers eux, encore plus difficile.
Et des rapports venant du Donbass confirment clairement cela à la suite de la victoire à Debaltsevo. Poutine et les oligarques de droite qui contrôlent NovoRossia sont confrontés à une classe ouvrière de plus en plus confiante. D'où la défense désespérée et croissante du droitier nationaliste Poutine comme une sorte de substitut de Joe Staline dans certains cercles staliniens d'aujourd'hui.
La crise déclenchée par l'effondrement économique de 2007-8 a vu la montée en Europe et aux Etats-Unis du mouvement de courte durée OCCUPY, un reflet de la crise qui frappe d'énormes sections de la classe moyenne, dont les méthodes et les attitudes sociales étaient méprisantes de l'organisation classe ouvrière sous couvert de mépris pour la bureaucratie. En réalité c’était du mépris de la classe elle-même. Et ce mouvement parrainait la montée du populisme de gauche, et un programme de lutte interclassiste contre l'austérité, lié au nationalisme.

Ces mouvements populistes de gauche sont le Parti national écossais, le Sinn Fein en Irlande, Podemos en Espagne et Syriza en Grèce. En France et en Grande-Bretagne le populisme de droite a capturé ce motif et à la fois le Nouveau Parti anticapitaliste en France et l’Unité de Gauche en Grande-Bretagne ont donc été contrecarrés par Marine Le Pen et Nigel Farage. Marina Prentoulis, la porte-parole britannique de Syriza, a dit clairement en février dernier : Ces mouvements nationalistes populistes étaient «ni de gauche ni de droite".
L'article de Marina Prentoulis et Lasse Thomassen le 27 Janvier 2015, reconnaît qu'ils sont dans la même catégorie politique que les populistes de droite Joerg Haider (Autriche, décédé 2008), Marine Le Pen en France et les plans de Nigel Farage:
"Un spectre hante l'Europe: le spectre du populisme. Cette fois, ce ne sont pas l'extrême droite populiste de Haider, Le Pen et Farage, mais un nouveau populisme de gauche qui conteste non seulement les partis de droite, mais aussi les partis sociaux-démocrates et les partis traditionnels de la gauche. "[1]
Ils ont plus en commun avec le Parti national écossais et le Sinn Fein en Irlande – une formation politique nationaliste gauche petite bourgeoise avec aucun lien avec la classe ouvrière organisée et donc sans aucune pression d’en bas à part des considérations électorales. Par conséquent ayant mobilisé pour les élections et gagné comme en Ecosse et en Grèce la pression écrasante vient du capital financier et de leur troïka.
Nous reconnaissons que tous les mouvements ci-dessus sont un produit de la crise et une expression des besoins ressentis profondément par la classe ouvrière et les opprimés et pauvres mais aussi par des vastes sections de la classe moyenne (définie subjectivement et politiquement pas objectivement) pour lutter contre l'austérité. Cela fut la motivation pour le rejet du Travaillisme en Ecosse, et est la raison de l'élection de Syriza et de la montée du Sinn Fein dans le sud de l'Irlande et de Podemos en Espagne. Mais le mépris pour la classe ouvrière organisée vu dans le mouvement Occupy a persisté et s’exprime désormais politiquement comme populisme.
Jusqu’à ce que ces députés travaillistes de droite comme Frank Field et Margaret Beckett ont fait la terrible erreur de nommer Jeremy Corbyn dans ce qu'ils pensaient un geste condescendant envers la classe ouvrière et ses champions de gauche avant d'être finalement liquidés avec brio par Liz Kendell, la Tony Blair N° 2 d'aujourd'hui. Il n'y a jamais eu une erreur de calcul plus spectaculaire, le Genie est sorti de la bouteille, le monstre de Frankenstein a été lâche et la classe ouvrière organisée est de retour.
Comment c’était gratifiant de voir Andy Burnham faire l’imbécile complet en s’abstenant sur le projet de loi le bien-être, disant qu'il s’en opposait afin d'unir le parti travailliste pour vaincre le projet de loi! Les Travaillistes auraient vaincu le projet de loi alors, et là par la simple tactique de voter contre car quelques 30 conservateurs se sont abstenus. La logique impeccable de ce non-sens lui a sûrement coûté l'élection au leadership et peut être considéré comme l’acte unique qui a obtenu l’élection de Corbyn.
Nul doute que les sentiments anti-austérité de la classe en Grande-Bretagne ne soit pas aussi ressentis et sincères que ceux du reste de l'Europe ou du monde. Peut-être moins que dans d’autres endroits, la Grèce est certainement plus en colère et plus opprimés. Mais en Grande-Bretagne, Corbyn est soutenu par la majorité des syndicats et par 152 circonscriptions du parti, avec Andy Burnham en deuxième place avec 111, puis Yvette Cooper avec 106 et Liz Kendall avec 18. Quel changement depuis quelques mois même. Qui, en dehors de marxistes, aurait soupçonné que ce courant de gauche existait encore?

Donc ceci est la différence cruciale en Grande-Bretagne. La bataille est maintenant à être menée au sein de la classe ouvrière organisée. Fondamentalement, nous sommes certains que le vote du ‘pas si gauche’ Exécutif de Unite doit être le résultat du mouvement d'en bas. Mais Len McCluskey voulait Andy Burnham, de même que d'autres syndicats. Même dans le GMB une scission dans la direction provoquée par l'encouragement pour Corbyn survenu dans la Conférence de Dublin du 7-11 juin et les huées et rires goguenards contre Kendall, Cooper et Burnham, ont contrecarré «Sir» Paul Kenny et forcé une position de non-mise en candidature par crainte d’une guerre ouverte.
Et cela rend Jeremy Corbyn un leader de la classe ouvrière, mais aussi un réformiste économique keynésien de gauche qui vise à réformer un capitalisme irréformable. Et donc il y a une obligation de tous les combattants sérieux de la classe , de tous les socialistes, des communistes et trotskistes de le soutenir, mais de manière critique et sans équivoque, dans cette élection.
Nous insistons pour que, même si la même crise et le même désir de lutter contre l'austérité qui a motivé des forces comme Tsipras en Grèce, Pablo Iglesias en Espagne, Nicola Sturgeon en Ecosse et Gerry Adams de l'Irlande, même si elles peuvent être de gauche, ils ne sont pas de notre classe. Ils sont des nationalistes populistes de gauche, comme Chavez au Venezuela et Morales en Bolivie et beaucoup d'autres. Corbyn est de notre classe, sa candidature dresse les lignes de classe, les autres brouillent et confondent. Nous pouvons tourner toute la classe vers la gauche et vers une politique révolutionnaire internationaliste si nous nous occupons de cette lutte politique correctement.
Joindre le parti travailliste et se battre maintenant, même si il ne gagne pas, les lignes sont tracées. Ceci est la plus grande opportunité en une génération pour inverser la tendance néo-libérale. Les batailles politiques seront, bien sûr, seront sévères parmi ceux qui veulent une réforme radicale et ceux qui veulent une révolution et toutes les positions entre les deux. Mais, commençons par là par milliers et que la bataille commence; ce sont les douleurs de l'enfantement inévitables d'un nouveau mouvement. Ceci est essentiel, non seulement pour la classe ouvrière britannique, mais pour l'ensemble de la classe mondiale de Pékin et Tokyo à toute l'Afrique, l'Europe et l'Amérique du Sud vers le ventre de la bête elle-même, les Etats-Unis de Amérique. Nous ne pouvons pas construire le socialisme dans un seul pays. L’internationalisme révolutionnaire, le trotskisme, est de retour.

Note
[1] Les vents sont en train de changer: un nouveau populisme de gauche pour l'Europe par Marina Prentoulis, https://www.opendemocracy.net/can-europ ... for-europe

http://socialistfight.com/2015/08/11/je ... -populism/
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Re: Corbyn et compagnie...

Message par com_71 » 16 Sep 2015, 13:34

Doctor No a écrit :Bref, Com 71, à ses risques et périls, ouvre un débat (on verra combien cela va durer) avec une 'breve' qui, comme d'habitude, ne dit rien d'autre que les généralités de toujours.
Il n'y a rien là pour s'étonner.
C'est une manière, un style, une habitude. Suremment une manie, presque du radotage.
Une analyse concret de la situation concrète?
Ne demandons pas des poires au pommier. Cela n'est pas possible, cela ne se fait pas.
Des hauteurs de La Sagesse Profonde ils savent déjà que tout cela (comme tout d'ailleurs et depuis des décennies) est voué à l'échec et il n'y a qu'à continuer de faire la même chose.
De l'anarchosyndicalisme mâtiné des généralités à dormir débout. Heureusement ils les font courtes, autrement...
Mais bon, chacun ses habitudes.
N'ayant pas encore une analyse concret et marxiste du triomphe de Corbyn (cela ne saura pas tarder) je vous propose une analyse Ante-election qui dit l'essentiel.


Chacun ses habitudes... comme tu dis.

Chacun intervient ici comme il l'entend.
Et, généralités pour généralités, la brève de LO dit ce que les travailleurs peuvent attendre du parti travailliste, toutes tendances confondues alors que Socialist Fight tortille savamment du - on va dire stylo-bille -, en voulant à tout prix voir dressées les "lignes de classe".

Chacun ses habitudes...
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Corbyn et compagnie...

Message par com_71 » 16 Sep 2015, 18:42

lutte ouvrière 16 Septembre 2015 a écrit :Grande-Bretagne : Jeremy Corbyn élu leader travailliste, un Tsipras à l’anglaise ?


Au grand dam de la classe politique britannique, c’est un membre de la gauche dite « dure » du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, qui a été élu leader de ce parti. Qui plus est, fait sans précédent depuis plus d’un demi-siècle, il l’a emporté dès le premier tour, avec trois fois plus de voix que son plus proche rival.

Jusqu’en juin dernier, nul n’envisageait cette victoire. Corbyn apparaissait comme l’outsider habituel, soutenu par une dizaine des 232 députés travaillistes. Rien dans le profil de Corbyn ne laissait non plus prévoir sa victoire. Ancien permanent recruté par l’appareil syndical au sortir de ses études, il est député d’une banlieue londonienne depuis 1983 et n’a jamais figuré parmi les personnalités en vue du parti. Tout au plus est-il connu des milieux politisés pour s’être opposé aux attaques visant les classes populaires, y compris celles mises en œuvre par son propre parti, pour ses positions pacifistes et pour ses sympathies envers les mouvements anti-impérialistes des pays pauvres.

Pour les ténors du parti, et en particulier ses trois adversaires formés par le blairisme, Corbyn n’était qu’un candidat farfelu. Et ils ne se privaient pas de tourner en dérision les mesures qu’il proposait : la fin de la politique d’austérité, la re-nationalisation des chemins de fer et de l’énergie, la nationalisation des banques, l’augmentation des impôts payés par les riches et un vaste programme d’investissements étatiques financé par le recours à la planche à billets, au profit de la population plutôt qu’à celui des spéculateurs.

Mais finalement, toute la dérision méprisante de ses adversaires n’a réussi qu’à attirer à Corbyn la sympathie d’un nombre croissant d’adhérents et de supporters travaillistes. Contre tous les politiciens du parti, champions d’une austérité « bénigne », qui n’avaient pas ménagé leur soutien aux aventures militaires de ces dernières années et ne s’étaient même pas opposés aux attaques de Cameron contre le système de protection sociale, ils ont voulu voir en Corbyn le représentant d’une autre politique, qui ne se ferait pas aux dépens de la population.

Vers la mi-juin, l’appareil du parti a commencé à s’alarmer. Tandis que les sondages d’opinion indiquaient une montée en flèche en faveur de Corbyn, des dizaines de milliers de sympathisants profitaient d’un système de primaire, introduit en 2014, qui permet à quiconque souhaite participer à cette élection d’adhérer temporairement pour une somme modique (un peu plus de 5 euros). Les ténors travaillistes appuyés par la plupart des médias eurent beau mener campagne contre la « corbynmania », rien n’y fit. Pas plus d’ailleurs que l’invalidation d’une partie des adhérents temporaires, sous des prétextes fantaisistes.

Au total donc, plus de 250 000 des suffrages exprimés se sont portés sur Corbyn : près de 50 % des adhérents de plein droit (121 751), 84 % des adhérents temporaires (88 449) et 57 % des adhérents affiliés (41 217 membres via leur appartenance à une organisation affiliée au parti telle qu’un syndicat).

Cela étant, même si elle est vue avec sympathie par bien des travailleurs, l’élection de Corbyn ne reflète pas un changement dans l’atmosphère de découragement qui prévaut depuis des années dans la classe ouvrière.

D’abord parce que ceux qui y ont participé appartiennent en majorité à la petite bourgeoisie et à la jeunesse étudiante et diplômée. Il est d’ailleurs significatif que la participation au scrutin n’ait été que de 45 % parmi les adhérents affiliés par leurs syndicats, contre 81 % parmi les adhérents de plein droit et 92 % parmi les adhérents temporaires.

Ensuite, parce que, si Corbyn se présente comme le champion d’une politique radicalement opposée à celle suivie jusqu’à présent par son parti, c’est quand même à ce même parti qu’il propose de s’en remettre pour en réaliser les objectifs. Comme si le Parti travailliste, qui depuis un siècle participe à la gestion des affaires de la bourgeoisie contre la population laborieuse, allait changer de nature par on ne sait quel miracle !

En fait, quelles que soient sa sincérité et sa position de leader, Corbyn n’a qu’une marge de manœuvre limitée tant qu’il reste dans le cadre de la « légalité » de son parti. S’il peut, dans une certaine mesure, décider de sa politique au Parlement, il n’a aucun contrôle sur son comité exécutif national, qui est élu par un congrès dont la composition est très contrôlée par l’appareil. Or c’est ce comité qui, en dernier ressort, décide de la politique du parti. Pas plus qu’il n’a de contrôle sur les puissants appareils syndicaux qui, aujourd’hui, le soutiennent mais qui, demain, ne se gêneront pas pour lui imposer leur politique. Or ce sont ces appareils qui, depuis des années, ont désarmé la classe ouvrière en s’abstenant de lui proposer la moindre riposte face aux attaques qu’elle subissait – afin de préserver leur partenariat avec le patronat.

Autant dire qu’au-delà de gestes symboliques sans grande conséquence, Corbyn sera l’otage d’un parti qui, demain comme hier, restera l’un des instruments dont dispose la bourgeoisie pour protéger ses intérêts face à ceux des classes laborieuses. Pour qu’il en soit autrement, il faudrait que Corbyn fasse résolument appel à la mobilisation des travailleurs, dans les usines et dans la rue. Mais pour radical qu’il puisse paraître, s’il y a une expression qui ne figure pas dans son vocabulaire, c’est bien celle de lutte des classes.

François ROULEAU
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Re: Corbyn et compagnie...

Message par Doctor No » 16 Sep 2015, 22:12

Habituellement Com 71 tape à côté mais cette fois-ci, très probablement à l'insu de son plein gré, il s'approche des évidences.
Tant la 'brève' comme l'article, nous présentent une photo figée, ce qui leur permet d'ânonner des lapalissades.
L'article de Gerry Downing, qui comprend l'importance des détails, des particularités d'un situation en changement, qui change en ce moment même; se faufile parmi les différents aspects et possibilités de ce phénomène politique important qui a été l'élection de Corbyn pour impulser la lutte à partir d'une position communiste (trotskyste pour lui) et, naturellement, pour dresser les lignes de classe.
Evidemment dans cette élection ce qui est important est l'intégration massive de la classe ouvrière.Elle bouge la classe ouvrière britannique et c'est cela ce qui importe.L'article la dégrade à l'action des "étudiants"... et pourtant les chiffres qu'il signale de la participation des travailleurs, ferait plus d'un jaloux ici en France.
Cela ouvre d'énormes possibilités à ceux qui peuvent comprendre que la classe se réveille lentement, mais par bonds aussi, que c'est un processus prolongée et contradictoire, et qu'elle se manifeste tout d'abord dans ces partis traditionnels aussi corrompus et traitres qu'ils soient.
Les sceptiques de toujours, les gauchistes de toujours mieux dit, ils n'ont qu'à comparer et voir si ici on trouve des ouvriers aller s'inscrire massivement et payer, même une somme modeste, pour aller voter pour un populiste de gauche.
L'article prend la tangente et parle de Blair, de l'appareil travailliste, de la longue série de trahisons du Labour, bref, il regarde le cul du mouvement. C'est une voie stérile, contemplative. Rien ne sortira jamais d'une telle "analyse".
G.Downing célèbre la participation de la classe ouvrière britannique et voit les possibilités qui existent dans ce mouvement qui ne peut que continuer vers la gauche (peut-être avec des va et vient). Socialiste Fight voit la dynamique initiée et profite pour augmenter son agitation sans propager aucune illusion sur les possibilités de Corbyn mais en travaillant au corps tant la jeunesse comme les travailleurs nouvellement intégrés au Labour.
Corbin est le reflet des espoirs et des possibilités combatives de la classe ouvrière britannique.

Deux lignes aux antipodes.

L'une s'attend à l'échec (ce qui est probable naturellement) de Corbyn et de l'élan anti Blair et anti Tory des masses britanniques.
L'autre pousse vers l'avant la conscience montante des travailleurs, telle qu'elle est à ce moment précis, tout en lui montrant le chemin socialiste sans donner aucune illusion si la lutte ne se développe pas.

Les uns dehors, les autres dedans quand les masse se précipitent vers le Labor.

Les une chantent défaite et rappellent savamment la doxa, les autres vont vers les masses qui bougent avec le programme socialiste.
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Re: Corbyn et compagnie...

Message par com_71 » 17 Sep 2015, 07:38

Doctor No a écrit :Deux lignes aux antipodes.

L'une s'attend à l'échec (ce qui est probable naturellement) de Corbyn et de l'élan anti Blair et anti Tory des masses britanniques.
L'autre pousse vers l'avant la conscience montante des travailleurs, telle qu'elle est à ce moment précis, tout en lui montrant le chemin socialiste sans donner aucune illusion si la lutte ne se développe pas.

Les uns dehors, les autres dedans quand les masse se précipitent vers le Labor.

Les une chantent défaite et rappellent savamment la doxa, les autres vont vers les masses qui bougent avec le programme socialiste.


Les préoccupations de Doctor No sont justes. Mais ça ne suffit pas, il faut aussi pouvoir lire la réalité sans lunettes roses.
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Re: Corbyn et compagnie...

Message par Doctor No » 17 Sep 2015, 14:20

In Défense of Marxism, le site de la TMI, (Hélas ils se situent souvent un peu plus à droite que nécessaire) publie un article qui montre la réaction de la classe capitaliste en UK.

Le manque d'initiative poussée vers la gauche (bien qu'il y a quelques indications nécessaires) fait que leur papier est intéressant seulement d'un point de vue d'information.
Je leur reproche qu'ils ne fassent pas, (avec la forme et de manière à ne pas donner des armes aux ennemis), quelques réserves sur le populisme de Corbyn. Mais cela peut attendre aussi des actes qui permettent de le faire de leur perspective, bien que un avertissement pourrait être nécessaire.

Je le publie à ce titre.

"Le Parti travailliste est maintenant une menace pour notre sécurité nationale, notre sécurité économique et la sécurité de votre famille." Ce fut la façon dont David Cameron a salué la victoire de Jeremy Corbyn sur Twitter. Aucun des subtilités parlementaires habituelles, directos sur l'alarmisme. Dans le cas où le message aurait été perdu, le tweet de Cameron fut suivi par une vidéo produite par le Quartier Général du Parti conservateur. Il est plein d'images de pistolets vantant les terroristes de l’EI courant dans des chars et des jeeps agitant des drapeaux noirs.

En l'espace de 24 heures, nous sommes passés de l'idée que les conservateurs applaudissaient Corbyn pour faire le Travaillisme inéligible pour les 100 prochaines années (et même l’infiltrer le parti afin de voter pour lui) au concept que lui est une menace pour la sécurité nationale.

Le niveau d'hystérie des médias, la manipulation et l'hostilité est sans précédent. La BBC a perdu toute prétention à l'équilibre et à la neutralité et a procédé à faire parader tous ceux qui avaient dit que Corbyn ne pourrait jamais gagner la sélection, afin d’expliquer comment il ne peut jamais gagner une élection générale.

Le Sun titrait: "Le Travaillisme en crise - Corbyn pour abolir l'armée". L'Express l'a décrit "comme une menace pour la Grande-Bretagne» et le Daily Mail a mis en garde "Les copains de Corbyn plaident grève et chaos". Le journal économique City AM a souligné l'amitié de Corbyn avec le «méchant dictateur» Hugo Chavez.

Des attaques encore plus méchant ont été réservés pour " l « ami de l’IRA" John McDonnell lors de sa nomination comme Chancelier de l’Ombre. Le Daily Torygraph l'a décrit comme "un homme de « Cloud Cuckoo Land», tandis que le Daily Mail a crié qu'il "veut nationaliser les banques, renationaliser les chemins de fer et frapper les riches"!

Cette réaction virulente de la part de toutes les sections de la classe dirigeante et de leurs médias n’est pas un hasard. Il est le reflet de leur crainte très réelle de ce que représente Jeremy Corbyn: soutien populaire de masse pour un politicien qui conteste l’Establishement, s’oppose l'austérité et aux guerres impérialistes, et se décrit comme un socialiste.

Cette campagne a adopté le même ton hystérique et le même mépris pour la précision (de l’information) que les médias capitalistes ont utilisé contre Hugo Chavez, contre Podemos en Espagne, et contre Syriza avant que Tsipras signe le protocole. Les raisons sont les mêmes. Ils ont mortellement peur de n’importe qui, qui apparaîsse comme une contestation de tout l'ordre établi, car ils savent que ces idées peuvent très rapidement se connecter avec des millions de travailleurs et des jeunes qui en ont marre du statu quo.

Le Tweet de Cameron signifie aussi, et il convient de le noter, que la classe dirigeante ne considérait pas le Parti travailliste sous Harman, Miliband, Brown - et, encore moins sous Tony Blair - comme une menace d'aucune sorte.

Oui, il est important de discuter en détail des aspects très progressif des politiques de Corbyn, et surtout comment leur mise en œuvre ne peut être possible qu’en remettant en cause fondamentalement la logique du système capitaliste. Que la classe dirigeante ait tellement peur est une indication que nous sommes sur la bonne voie.

Bas les pattes sur Corbyn!
Défendre Corbyn!
Lutte pour le socialisme!
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Re: Corbyn et compagnie...

Message par Doctor No » 22 Sep 2015, 10:35

Pour information.

Si Corbyn laisse les ânes dicter sa politique il perdra les lions
Par Ella Downing

Renoncera t-il à Arrêtons la Guerre?. Ne finira t-il pas avec les frappes aériennes sur la Syrie? McDonnell (Shadow Prime Minister de Corbyn) s’excusant pour le ‘crime’ entièrement justifié de ne pas chanter l'hymne national?
Pour ma part, je suis entièrement d'accord avec William Hague, dans ce qu'il a écrit dans sa colonne du début pour le Telegraph la semaine dernière. Corbyn peut, soit, mettre de l'eau sur ses principes pour suivre les députés qu'il a, ou les purger, ce qui signifie désélectionner les blairistes qui vont fomenter un coup s’il tient à ses armes (à ses idées).
La première approche est essentiellement réformiste. Dans un parti travailliste post-Blair, avec son déficit abjecte de démocratie couplé avec de nombreux députés réactionnaires sur des sièges surs et à long terme, nous ne pouvons pas bien avancer sans une restructuration radicale.
Que tant des circonscriptions du parti Laboriste ait désigné Corbyn, qu'il ait gagné parmi les membres affiliés, les partisans enregistrés et la majorité des membres de longue date du parti, et à une écrasante majorité dans les trois catégories, démontre que nous pouvons faire confiance à la base. La démocratisation de la sélection des candidats (idéalement après un rappel de masse imminente) et une procédure équitable dans notre conférence annuelle est à la fois possible et souhaitable en ce moment.
Nous étions toujours des lions conduits par des ânes, un parti bourgeois-ouvrier, et nous devrions laisser des ânes dicter la politique de Corbyn, il perdra les lions. Le mouvement n'a pas encore été consolidé dans la mesure où l'Establishment ne peut pas s'enfuir avec le tout. Il y a une course contre la montre par rapport à la presse de droite et aux grands médias, qui est celle de salir et de discréditer Corbyn autant que possible avant que la masse de la population se rende compte de leur jeu. S’il tient la barre correctement et parvient à échapper à «l’opération pic à glace», il deviendra sans doute très populaire. Toutefois, il doit négocier ce premier défi, et montrer le style et la manière avec laquelle il entend procéder.
Donc, nous sommes confrontés à la dichotomie ancienne, réforme ou révolution? Evolution versus changement révolutionnaire? Et maintenant, à l’instant, il est absolument essentiel que Corbyn limoge un bon nombre de députés, non pas parce que cela soit une mesure révolutionnaire en soi, mais parce que cela permet la possibilité d’un changement radical; la liberté d'atteindre la liberté si vous voulez. Pour réformer les politiques qui l'ont rendu si populaire, en premier lieu, afin qu'elles puissent sembler plus viables dans le cadre existant, ouvre la voie à une chute, et il dépose un programme fondamentalement réformiste. C’est une question de retourner les propositions afin de les faire entrer dans le moule, ou de casser le moule lui-même.
On dit souvent dans le extrême gauche que nous devrions voter pour les travaillistes, mais le faire «sans illusions», c’est à dire que nous savons que les Travaillistes ferons mieux pour nous que l'alternative, les conservateurs et leurs semblables, mais qu'ils ne voudront pas sur le long terme conquérir la libération que nous recherchons. Ceci est toujours le cas avec Corbyn dirigeant le Parti travailliste. Il peut être le député plus rebelle qu’il aie jamais existé, ou le leader le plus orientés à gauche du Parti travailliste et fournir une débouché pour l'expression des tendances radicales de la classe ouvrière britannique, mais il n’est pas notre avant-garde.
Un Parti travailliste triomphant sous Corbyn seulement ouvre la voie pour que l'avant-garde de la classe ouvrière émerge, il ne la constituera pas. Cependant, la possibilité que cela soit réalisé ou non dans les prochains mois, dépendra absolument de ce que Corbyn décide pour concilier ou démocratiser, à savoir si lui et son peuple se contentent du réformisme ou met en œuvre le changement radical qui peut, très possiblement, jeter les bases de la révolution.
Image
Toute une bande de gens, y compris David Cameron, qui ne chantent pas God Save the Queen.

http://socialistfight.com/2015/09/21/sh ... the-lions/
Doctor No
 
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Re: Corbyn et compagnie...

Message par artza » 23 Sep 2015, 06:45

A propos d'ânes et de lions.

Boris Souvarine disait à propos de Trotsky et des trostkystes de son temps : "un troupeau d'ânes mené par un lion".
(C'était injuste et malveillant et puis venant d'un Souvarine qui finit par mettre sa mémoire et son érudition au service de l'anticommunisme salarié, quelle conséquence?).

A lire ce que nous poste le Dr No qui serait plutôt un docteur Folamour gauchiste, on voit bien les ânes mais où est le lion?

Bref l'article de LO me satisfait en ce sens qu'il m'aide à y voir un peu.

Qui est Corbyn qui a voté pour lui et ceux là qu'en attendent-ils?
Et la classe ouvrière pendant ce temps?
Elle rince les pintes au fond des pubs où l'on vient voter Corbyn?

Ce que nous offre le Dr ce sont des scénarios sortis pour Xième fois du stylo de militants habitués, jamais lassés de cet exercice, scruter le ciel de la politique à la recherche de la bonne étoile.
artza
 
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Re: Corbyn et compagnie...

Message par artza » 23 Sep 2015, 06:55

Pour en finir avec les ânes et les lions, être l'âne d'un lion comme Trotsky n'était ni un mauvais sort, ni un mauvais emploi.

Les choses tournèrent vinaigre quand quelques ânes se prirent pour des lions et devinrent les mouches des coches qui passaient.
artza
 
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