Corbyn et compagnie...

Dans le monde...

Re: Corbyn et compagnie...

Message par spartacre » 01 Oct 2015, 19:17

Au docteur NO
Ce n 'est pas parce que les masses se font des illusions par rapport aux possibilités offertes par la "démocratie " bourgeoise qu 'il faut les suivre dans cette illusion. Ce n 'est pas en faisant confiance à un "leader" ( même très à "gauche")ou à un chef et qui , plus est , marqué par sa formation social démocrate ( ce qu'est Corbyn qui n 'est pas un nouveau né de la politique ), qu 'on y arrivera.
il faut au contraire développer l 'idée que les masses ne s'en sortiront qu 'en créant leur propre organisation , leurs propres organes de lutte ,mais il peut y en avoir d'autres : comité de grève se coordonnant et se centralisant , sous le contrôle des travailleurs ( historiquement les soviets furent la forme la plus achevées ) ,ce que n 'est pas le Labour, , mise en avant d 'un programme politique qui peut pousser la lutte plus loin et dans ce contexte , seul un parti de type bolchevick peut jouer ce rôle en tant qu 'élément organisateur , à condition d 'avoir fait tout un travail préalable .

c'est le point de vue que Lo a toujours développé , il me semble

Vraiment , Caupo , la leçon de Tsipras , de son reniement et de la nature de Syriza , ne semble t 'avoir été utile.....
..
,
i,
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Re: Corbyn et compagnie...

Message par Schuhmann » 01 Oct 2015, 21:07

A mon avis, le docteur ne croit plus aux leaders depuis longtemps...
Lorsque des dizaines de milliers de gens rejoignent un parti réformiste sur une campagne un peu radicale, il se passe quand même quelque chose...
Les communistes révolutionnaires doivent y être attentifs, ni plus mais ni moins...
J'espère que le doc reviendra parmi les amis de LO car c'était une des plumes qui maintenait ce forum en vie...
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Re: Corbyn et compagnie...

Message par Doctor No » 02 Oct 2015, 12:07

Je ne suis jamais parti, Robert, seulement j'attendais des commentaires.
Pas du genre de celui de Spartacre qui ne lis pas, qui comprends moins et qui profite pour dire n'importe quoi....mais qui fait "honneur" (ou horreur?) à "la ligne générale"
La "leçon" de la Grèce, s'il y a quelques uns qui ne l'ont pas comprise, qu'ils prennent un miroir avant de critiquer qui a rapporté des UK (Socialist Fight) et de Grèce (EEK) la position juste.
Evidemment que ce qui intéresse in the UK c'est l'intérêt et l'enthousiasme des masses (que certains ne voient pas, comme ils ne voient rien nulle part d'ailleurs) et les possibilités que cela ouvre pour un travail communiste.
Le "point de vue de LO" dont Spartacre fait référence, c'est de n'avoir aucun point de vue autre que la répétition ad nauseam de ce que tout le monde connait. Des généralités et basta.
Les nuances, les aspects particulières sont recouverts par une grosse couche d'enduit dite des "principes" qui couvrent toutes les imperfections et qui donne l'apparence (seulement l'apparence) d'une surface présentable.

Tout n'est pour certains qu'illusions car "la classe ouvrière ne bouge pas" (une sorte de fantasme bon à être rappelée à tout moment et souvent à tort et à travers. C'est la couche de plâtre avant indiquée. Un lien http://forum.permanent-revolution.org/2 ... ality.html peut, peut-être, vous éclaircir cela et, par ricochet, voir quelle était la position juste que je défendais alors en Grèce et ailleurs) Et quand elle bouge..ce sont des "étudiants".
L'ennuyeuse tirade sur les masses "qui ne s'en sortiront qu 'en créant leur propre organisation , leurs propres organes de lutte" est une lapalissade qui fait fi de la réalité concrète, qui prend les formules et jette la réalité à la poubelle.
Car, dans une situation de crise qui s'aggrave, LA FORME qui prendra le réveil (ou pas) de la classe ouvrière, personne peut le savoir ni déterminer.
C'est pour cela qu'il faut prospecter toutes les formes qui apparaissent, tout en conservant sa propre indépendance politique. Et cela implique d'y aller, pas de rester sur le trottoir à donner des leçons archi connues, sur "la nécessité" S'il y a une nécessité c'est celle...de ne pas ennuyer le monde.
Que le Labor ce n'est pas le parti...la belle découverte! Mais cela n'implique pas qu'il ne faut pas travailler dans son intérieur, sous les formes possibles et impossibles quand les masses ouvrières et la jeunesse s'y précipitent.
Il s'agit d'aller orienter ces masses, les gagner, les pointer d'abord contre l'aile droite du Labor et après contre les hésitations des réformistes.
C'est de la pure logique élémentaire.
Je sais que plein des gens ce sont cassés les dents essayant de faire cela, mais l'époque a un peu changée. La crise et le réveil progressif des masses peuvent faire de ce travail un réussite s'il est bien entrepris.Les manifestations politiques d'aujourd'hui, qui ont le soutient (électoral d'abord) de la classe sont insuffisantes, mais annoncent des réveils plus profonds si on ne se conduit pas comme des imbéciles et/ou des professeurs de Cathedra marxiste.
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Re: Corbyn et compagnie...

Message par titi » 03 Oct 2015, 11:21

Bonjour,

je ne comprends pas bien les débats qui ont lieu dans ce fil comme dans d'autres. Au quotidien, quand je milite, évidemment je regarde la situation particulière, où en sont mes collègues de boulot, ou voisins/amis, ce qui est possible ou pas, comment faire faire "un pas de plus", que ce soit dans la réflexion ou dans l'action.
Mais régulièrement il faut aussi regarder d'un point de vue plus haut (sans connotation), sinon avec la tête dans le guidon on rate des choses et/ou on va dans une impasse.

Quand en 2012 plein de prolos se sont enthousiasmés sur mélenchon, c'était une occasion de discuter. Aux états-unis, l'enthousiasme d'une partie des électeurs pour obama à sa première élection était aussi une occasion de discuter. et tsipras aussi. et corbyn encore.
Et chaque cas est particulier : mélenchon ancien ministre et sénateur, ce n'est pas la même façon d'en discuter que tsipras, et avec corbyn c'est encore différent, etc.
Donc évidemment que je regarde qui est quoi et comment les personnes qui m'entourent voient les choses. Pour partir de ce point de vue afin de discuter avec eux. Mais sans dissimuler ce que ces "sauveurs" dissimulent en général par omission. Il est absurde de peindre en rouge tous ces types qui ne le veulent d'ailleurs pas. Il est également absurde de les peindre en blanc.

Mais rappeler qu'il n'y a pas de sauveur suprême, que l'émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes, c'est tout de même le minimum que nous devons faire dans ces discussions, non ?
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Re: Corbyn et compagnie...

Message par com_71 » 03 Oct 2015, 14:12

Doctor No a écrit : S'il y a une nécessité c'est celle... de ne pas ennuyer le monde.


Ce n'est pas une nécessité, mais si on peut c'est mieux.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Corbyn et compagnie...

Message par Doctor No » 03 Oct 2015, 22:56

Tout ce qui dit Titi est juste, mais on doit regarder mieux le dernier paragraphe. Car ce dernier paragraphe jure contre tout ce qu'il a dit de juste auparavant.
D'ailleurs, comme lui, je me suis mis à penser sur ces questions par le même chemin que Titi, la manière "d'arriver" à l'oreille de mes copains.
En fait ce qu'il fait à l'échelle de son boulot ( par la force des choses, imposé par le niveau de conscience des copains) il faudrait le faire à l'échelle national, autrement on ne fait pas de la politique qui est la politique de tous les jours avec toutes ses nuances, compromises et détours...tant qu'on ne perd pas l'orientation communiste générale. Autrement, on débite des généralités et on fait du travail syndical. C'est ce que les anars ont fait depuis des siècles.
L'orientation générale, qui devient dans sa pratique"la politique", c'est exactement ce qu'il écrit en dernier paragraphe. Et je pense que l'orientation générale est à tenir présente "en dernier ressource" c'est à dire comme orientation générale mais que la politique ce fait ....comme à l'usine, en soupesant très soigneusement et finement tout les aspects, tous, de ce qui est possible de faire entendre aux copains, sans se renier et en les amenant en avant.
"Il faut rappeler" (les principes) mais seulement les rappeler et non pas "doucher" les espoirs des gens quand ils sont chauds car ils s'enrhumeront. Au lieu de venir vers nous, ils seront déconcertés, ne seront pas encore à même de rejoindre nos positions et abandonneront le tout. Car ils n'ont pas fait l'expérience de ce que théoriquement est juste mais qui eux, ne connaissent pas encore. Il se eput que de très rares personnes comprennent les raisonnements abstraits de la sorte mais les masses apprenant de leur expérience directe et encore Corbyn est, pour eux, un gauchiste bolchevique...ou presque.

Cette discussion est partie de l'attitude que l'on peut avoir devant un ...Largo Caballero, un Santiago Carrillo (quand il était à la tête de la Jeunesse Socialiste) c'est à dire un type, réformiste d'idées mais que la lutte (souterraine ou ouverte des travailleurs) le pousse à gauche. Corbyn.
Ce ne sont pas des gens fiables (au Chili il y a eu un cas semblable) mais qui, poussés par les masses dérivent très à gauche, au point qu'on les prends pour les "Lénine Espagnol" ou autres.
Le destin de Corbyn, si on consulte les livres, on peut le dessiner presque sans se tromper; mais c'est là qu'il y a l'erreur méthodologique. Les masses vont vers lui et ce même mouvement le pousse vers la gauche. Tant que la dynamique va dans ce sens il y a tout à gagner.
Il y a donc, du point de vue communiste qu'une seule et unique manière de procéder. Le pousser au maximum de ses possibilités, car il va, à sa manière, radicaliser les mêmes masses qui ont des illusions envers lui.
Si le mouvement s'enclenche il se peut qu'ils aillent au maximum de leurs possibilités.
Est Corbyn le leader qu'il faut? Non, évidemment mais un communiste qui se trouve où se trouvent les masses pousse le wagon dans la bonne direction et celle-là, à l'intérieur de Labor est de le pousser au maximum de ses possibilités à gauche.
Mais commencer pour mettre l'accent sur les défauts de Corbyn, avant qu'il se démasque devant les masses par ses actions répétées (les masses sont très patients avec ses leaders) c'est commencer par la fin et rater le tout.
Il est évident qu'il faut le défendre contre les attaques de la droite de son parti et contre la déferlante de la presse et du monde politique réactionnaire tout en avançant les mots d'ordre de gauche et "oubliant" les plus réformistes et ainsi essayer de gagner les nouveaux militants du Labor pour une organisation communiste.
Avec les masses, un pas en avant sans perdre la perspective.
L'article SF que j'ai publié sur le travail parmi la jeunesse du Labor est un modèle de tactique correcte.
L'article de LO qui met presque exclusivement le centre sur les "illusions" la "nature de Corbyn et du Labor" c'est exactement ce qu'il ne faut pas faire.
Tout la discussion, à part des écarts, se trouve là, comme sur d'autres sujets aussi.
C'est essentiellement une question méthodologique et je dois dire que la lecture des documents théoriques venant tant de Socialist Fight sur cette question comme du blog "Permanent Revolution" son très intéressants.
Mais bon, mentionner des articles théoriques sur ces questions c'est s'exposer à être jeté à poil aux orties car, il parait, que ces gens "ne font pas autre chose" (ce qui n'est pas vrai en tout cas pour les SF que je connais un peu). Et même s'ils ne faisaient que cela, c'est une contribution de grand valeur à mon modeste avis.
La "tactique" qui prend "la ligne générale" comme "la politique" est funeste et ne conduit qu'à l'isolement et ne permet pas de se développer. J'en sais quelque chose, nous n'avons fait que cela au Chili et le résultat est ZERO, rien.
Aujourd'hui, on a compris (trop tard) mais les "traditions" restent et les nouvelles générations ne veulent pas d'autre chose...
C'est un éternel recommencer. J'aurais bien aimé que mes amis, et leurs continuateurs étudient la méthodologie du communisme (les SF en ont fait un numéro de leur "In defense of Trotkysm", en anglais hélas) qui avec d'autres articles, quelques uns mal traduits, sont d'une richesse et d'une valeur extraordinaires.
Quelqu'un dira que ce ne sont que des nuances, mais de tels "nuances" produisent des politiques complètement différentes qui se séparent de plus en plus. L"égratignure devient gangrène, comme c'est bien connu.
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Re: Corbyn et compagnie...

Message par artza » 05 Oct 2015, 09:03

Bref, l'article de LO est exactement ce qu'il ne faut pas faire.
Par bonheur il en existe qui font ce qu'il faut et en plus ils sont sur place et dans la place (depuis combien de temps déjà? ;) ).

Alors nous verrons bien qui s'isole etc...

Je ne crois pas que l'état de l'extrême-gauche soit le fruit "d'erreurs tactiques" mais si c'est le cas c'est bien la faillite de la tactique du Dr qui fut le plus souvent, systématiquement appliqué.

Et maintenant un petit coup de La Fontaine, à croire qu'il connaissait certains trotskystes:

http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/cochmou.htm
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Re: Corbyn et compagnie...

Message par Doctor No » 05 Oct 2015, 13:05

Pour répondre à Artza je me ferais aider tant par LO comme par une de vos connaissances (mais pas assez).
je me permet de souligner quelques phrases et commenter, entre parenthèses et en italiques, quelques affirmations).

Des bombes pour la Syrie et des barbelés pour les réfugiés
Les principaux dirigeants de la planète sont réunis à New York pour l’assemblée générale de l’ONU. La Syrie sera leur sujet principal. Oh, ils ne discuteront pas de l’aide humanitaire urgente à apporter aux millions de réfugiés syriens, ce n’est pas leur problème ! Ils discuteront alliances - y compris avec des dictateurs sanglants-, bombardements, guerre.
Que la réunion débouche ou pas sur un accord, il ne fait plus de doute que les grandes puissances (les mettant sur un même plan quand elles sont à des années-lumière de puissance économique et militaire, confondant agresseur et agressé) vont intensifier la guerre contre Daech en Syrie avec, peut-être dans quelques mois, une nouvelle intervention terrestre. Une fois de plus, on nous explique que la guerre est la seule façon de rétablir la « stabilité » dans la région. Mais quelle stabilité y a-t-il en Afghanistan ou en Irak après des années de guerre et d’occupation américaine ?
Il n’y aura pas de stabilité en Syrie tant que cette région restera un terrain de rivalités et de manigances pour les grandes puissances (Tout ceci est biaisé, abstrait et ne tient pas compte des véritables rapports de forces, des agresseurs, des commanditaires et même pas de la nature des conflits présents). Des États-Unis à la Russie en passant par le Qatar, la Turquie ou l’Iran, chacun alimente le chaos en soutenant telle bande armée contre telle autre, en montant les chiites ou les Kurdes contre les sunnites quand les autres font le calcul inverse.


bref, je ne publie pas tout l'article pour ne pas faire trop long mais peut se trouver sur le sitte officiel de LO.

Je publie maintenant un article de Léon Trotsky sur l'agression de l'Italie contre l'Ethiopie où "l'argument" usé, archi manié et même trop abusé des "deux impérialismes" ou des "réactionnaires qui s'affrontent" est soumis à une critique dévastatrice par celui dont LO se dit inspirée.
Il est inutile de faire des commentaires, l'article se vaut seul.

L. Trotsky

A propos des dictateurs et des hauteurs d'Oslo

22 avril 1936

Cher Camarade,

J'ai lu avec un profond étonnement le compte rendu de la conférence de l'I.L.P. dans le New Leader du 17 avril 1936. Je n'ai pourtant jamais eu d'illusions sur les parlementaires pacifistes qui dirigent l'I.L.P. Mais leur position politique et l'ensemble de leur comportement à cette conférence dépassent même les bornes, de ce qu'on peut d'habitude attendre de leur part. Je suis certain que vos amis et vous en avez tiré à peu près les mêmes conclusions que nous ici. Je ne puis cependant m'empêcher de vous présenter quelques remarques.

1

Maxton et autres pensent que la guerre italo‑éthiopienne était « un conflit entre deux dictateurs rivaux ». Il semble à ces politiciens que ce fait dispense le prolétariat de son devoir de choisir entre ces deux dictatures. Ainsi définissent‑ils le caractère de la guerre par la forme politique de l'État, en abordant eux‑mêmes cette forme politique de façon superficielle et purement descriptive, sans prendre en considération les bases sociales de ces deux « dictatures ». Un dictateur peut également jouer dans l'histoire un rôle très progressif, par exemple Olivier Cromwell, Robespierre [1], etc. En revanche, au cœur même de la démocratie anglaise, Lloyd George [2] a exercé pendant la guerre une dictature au plus haut point réactionnaire. Si un dictateur se plaçait à la tête du prochain soulèvement du peuple indien pour briser le joug britannique ‑ Maxton lui refuserait‑il son appui ? Oui ou non ? Si non, pourquoi refuse‑t‑il de soutenir le « dictateur » éthiopien qui tente d'écarter le joug italien ?

Si Mussolini l'emporte [3], cela signifiera le renforcement du fascisme, la consolidation de l'impérialisme et le découragement des peuples coloniaux en Afrique et ailleurs. La victoire du Négus, en revanche, constituerait un coup terrible pour l'impérialisme dans son ensemble et donnerait un élan puissant aux forces rebelles des peuples opprimés. Il faut vraiment être complètement aveugle pour ne pas le voir.

2

McGovern [4] met « la pauvre petite Éthiopie » sur le même plan que la « pauvre petite Belgique » ; dans les deux cas, cela implique le soutien de la guerre. Or la « pauvre petite Belgique » possède en Afrique dix millions d'esclaves, tandis que le peuple éthiopien combat pour ne pas être réduit en esclavage par l'Italie [5]. La Belgique était et reste un maillon de la chaîne impérialiste. L'Éthiopie n'est qu'une victime des appétits impérialistes. Les mettre toutes deux sur le même plan, c'est un pur non‑sens.

D'un autre côté, défendre l'Éthiopie contre l'Italie ne signifie nullement encourager l'impérialisme britannique à faire la guerre. C'est ce qu'ont très bien démontré à une époque plusieurs articles du New Leader [6]. La conclusion de McGovern selon laquelle l'I.L.P. aurait « dû se tenir à l'écart de querelles entre dictateurs » constitue un modèle exemplaire de l'impuissance spirituelle et morale du pacifisme.

(...) (Des histoires internes que je saute pour ne pas alourdir encore le texte.Le lien le voici) https://www.marxists.org/francais/trots ... 360422.htm

7
Fenner Brockway, après sa lamentable capitulation devant Maxton, a retrouvé son courage pour lutter contre le signataire de ces lignes. Lui, Brockway, ne peut admettre qu'on construise une nouvelle Internationale des « hauteurs d'Oslo »[12]. Je passe sur le fait que je ne vis pas à Oslo et qu'en outre Oslo n'est pas sur des hauteurs. Les principes que je défends avec plusieurs milliers de mes camarades n'ont absolument aucun caractère géographique ou local. Ce sont des principes marxistes et internationaux. Ils sont formulés, exposés et défendus dans des thèses, des brochures, des livres. Si Fenner Brockway juge qu'ils sont faux, qu'il leur oppose les siens. Nous sommes toujours disposés à nous instruire. Malheureusement Fenner Brockway ne peut pas s'aventurer sur ce terrain, car il vient précisément de livrer à Maxton le petit, si petit paquet de ses principes. C'est pourquoi il ne lui reste plus qu'à essayer de faire de l'esprit à propos des « hauteurs d'Oslo », ce en quoi il commet sur‑le‑champ une triple erreur ; sur mon adresse personnelle, sur la topographie de la capitale norvégienne, et ‑ last, but not least ‑ sur les principes fondamentaux de l'action internationale.

Mes conclusions ? La cause de l'I.L.P. me semble sans espoir [13]. Les 39 délégués qui, malgré le fiasco de la fraction Fenner Brockway, n'ont pas cédé devant l'ultimatum de Maxton, doivent chercher les voies pour préparer un parti vraiment révolutionnaire pour le prolétariat britannique. Il ne pourra se placer que sous le drapeau de la IV° Internationale.


Et cela dure depuis la Libye en passant par toutes les agressions programmées par l'impérialisme US.
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Re: Corbyn et compagnie...

Message par spartacre » 05 Oct 2015, 21:07

Selon Le " docteur " , LO met tout le monde sur le même plan : agresseurs et agressés .. et ne devrait pas dire que Affez el Assad 'est un dictateur ..entre autres et" No" reproche à LO d être" abstrait" , de " biaiser" de ne pas tenir compte des rapport de force , de ne pas se référer à la "nature des conflits" .de ne pas approfondir l 'analyse.Bon ,le mieux est qu 'il se donne la peine de lire la" Lutte de classe " où LO s 'explique plus longuement ...Un hebdo , c'est un hebdo et une revue théorique c'est autre chose


Quant à la référence à Trotsky qui met l 'accent sur la nécessité de "préparer les voies pour un parti vraiment révolutionnaire qui "devra se placer sous le drapeau de la quatrième internationale" , là dessus on est d 'accord , c'est même , "the question" .. comme dirait Hamlet
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Re: Corbyn et compagnie...

Message par com_71 » 06 Oct 2015, 01:08

Très bien le texte de Trotsky, et pas vraiment une découverte pour la plupart, ici.

Par contre comparer, pour les égaler, la situation dans la lutte Ethiopie-Italie, et la situation au Moyen-Orient aujourd'hui, ça c'est novateur et, last but not least, totalement incohérent...

lutte ouvrière 2 oct. 2015 a écrit :3 octobre 1935 : l’Italie fasciste à l’assaut de l’Éthiopie
30 Septembre 2015


Le 3 octobre 1935, l’Italie fasciste, sur l’initiative du « Duce » Mussolini, lançait ses troupes sur l’Éthiopie. Cette agression d’une puissance impérialiste contre un peuple vivant encore à l’heure féodale allait faire des centaines de milliers de victimes dans la population. Elle allait aussi marquer une étape dans la marche vers le second conflit mondial.

Dès la fin du dix-neuvième siècle, la France et l’Angleterre étaient parvenues à constituer d’immenses empires coloniaux. Les pays impérialistes au développement plus tardif, comme l’Allemagne, l’Italie ou le Japon, avaient dû se contenter des restes. Les conquêtes coloniales de l’Italie s’étaient ainsi limitées à quelques petits territoires côtiers en Afrique de l’Est, l’Érythrée et une partie de la Somalie, l’expansion italienne dans cette région ayant été arrêtée par une humiliante défaite face aux troupes de l’empereur d’Éthiopie à Adoua en 1896. Un peu plus tard, en 1911, l’Italie avait également arraché la Libye à l’empire ottoman. Mais cet empire colonial était encore bien limité.

Un impérialisme tard venu

Pendant la Première Guerre impérialiste mondiale, l’Italie avait fini par s’engager aux côtés de la France et de l’Angleterre, espérant notamment que la victoire lui permettrait de s’arroger de nouveaux territoires, comme le lui promettaient les traités secrets qui furent rendus publics par les Bolcheviks après la révolution russe. Mais une fois la paix signée ces promesses restèrent lettre morte. L’Italie ruinée par la guerre sombra dans une profonde crise économique et sociale. Malgré ses importantes mobilisations, la classe ouvrière ne réussit pas à s’emparer du pouvoir. Profitant du reflux de la vague révolutionnaire, Mussolini mobilisa ses Chemises noires et s’empara du pouvoir en 1922. À la recherche de débouchés pour le capitalisme italien, le régime fasciste se posa en défenseur d’une « nation prolétaire », bafouée par les autres puissances coloniales repues. Aux paysans italiens que la misère réduisait à l’émigration, Mussolini allait offrir le mirage de riches terres à cultiver en Afrique, enjolivant au passage la réalité de ces régions désertiques.
Le jeu hypocrite des grandes puissances

Mussolini savait qu’il ne pouvait mener sa guerre de brigandage sans la neutralité des autres grandes puissances, la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis. En effet celles-ci lui laissèrent les mains libres.

Le fascisme, en lui-même, ne gênait nullement les dirigeants de ces pays, et les prétendues démocraties furent longtemps complices du régime de ­Mussolini, apprécié notamment pour son rôle contre-révolutionnaire. Il faut rappeler la phrase du président américain Roosevelt : « Je suis très intéressé et profondément impressionné par ce que Mussolini a accompli, et par son but évidemment honnête de restaurer l’Italie et d’empêcher des troubles généraux en Europe. »

Les puissances sorties victorieuses du premier conflit mondial redoutaient par contre les prétentions territoriales de l’Allemagne où Hitler était arrivé au pouvoir en 1933 et avait entrepris de remettre en cause le statu quo issu du traité de Versailles. Elles comptaient sur Mussolini, qu’inquiétaient les ambitions allemandes sur l’Autriche, pour faire pièce à Hitler. La France et la Grande-Bretagne tentèrent d’utiliser la rivalité entre les deux dictateurs, et dans cette alliance l’Éthiopie allait faire office de cadeau de mariage. Le 7 janvier 1935, le ministre des Affaires étrangères français, Laval, signa avec Mussolini un traité franco-italien, dans lequel les deux États réaffirmaient face à l’Allemagne la nécessité de l’indépendance autrichienne. Mussolini interpréta à juste titre cet accord comme un feu vert donné à sa politique africaine.

Le 6 février 1935 un premier corps d’armée partit donc pour l’Érythrée, colonie italienne frontalière de l’Éthiopie, et à partir de ce moment les troupes s’embarquèrent quotidiennement. Ces préparatifs n’empêchèrent pas, le 11 avril 1935, les dirigeants français et anglais de retrouver Mussolini à Stresa sur le lac Majeur et de signer avec lui un accord. Ce « front de Stresa », dirigé contre l’Allemagne en cours de réarmement, laissait les mains libres à Mussolini en Afrique. « Mussolini a mis son prestige au service de l’Europe et apporté un concours indispensable au maintien de la paix », déclara Laval à l’issue de la rencontre.

Lorsque commença l’invasion de l’Éthiopie, la France et l’Angleterre durent modifier leur langage. Il s’agissait d’une agression ouverte contre un membre de la Société des nations (SDN), l’ancêtre de l’ONU, dont l’Éthiopie faisait partie. Elles firent donc semblant de s’y opposer en proposant des négociations que Mussolini rejeta dédaigneusement. La Grande-Bretagne déploya en Méditerranée une flotte dont Mussolini savait pertinemment qu’elle n’était pas préparée pour le combat, en se gardant bien d’interdire le passage du canal de Suez aux troupes italiennes. Les USA, quant à eux, continuèrent de livrer leur pétrole à l’Italie. Les sanctions économiques contre l’Italie votées par la SDN ne furent pas vraiment appliquées. Elles permirent à Mussolini de se poser en victime aux yeux de sa population, présentant encore une fois l’Italie comme le parent pauvre des impérialistes, à la recherche désespérée d’un espace vital que les autres lui refusaient : « C’est la guerre des pauvres, des déshérités, des prolétaires », déclara-t-il, ajoutant : « Contre nous s’est dressé le front de la conservation, de l’égoïsme et de l’hypocrisie. »

Une guerre meurtrière

Depuis le début de l’année 1935, Mussolini avait pris ses dispositions pour envahir l’Éthiopie. 200 000 hommes de troupe, 700 camions et 150 tanks furent acheminés en Érythrée, d’autres en Somalie italienne. Parallèlement, en Italie même, une violente campagne de propagande fut déclenchée contre l’Éthiopie pour monter en épingle un minuscule incident frontalier. Enfin, le 3 octobre 1935, Mussolini donna l’ordre d’attaquer.

L’Éthiopie vivait encore à l’époque féodale. De grands seigneurs régnaient sur une foule d’esclaves et faisaient allégeance à l’empereur Hailé Sélassié. L’armée éthiopienne était à l’image de cette structure sociale arriérée, équipée d’armes qui n’avaient pas changé depuis le dix-neuvième siècle. Cela ne l’empêcha pas de combattre avec héroïsme.

Hailé Sélassié connaissait la disproportion des forces et comptait surtout sur les grandes puissances et la Société des nations (SDN) pour arrêter ­Mussolini. Il ordonna d’abord à son armée de se replier pour donner à la SDN le temps d’intervenir. Mais dès la fin novembre, les troupes éthiopiennes contre-­attaquèrent avec succès et occupèrent une ligne de sommets, tenant en échec les troupes italiennes.

Voyant se profiler le spectre d’un nouvel Adoua, Mussolini entreprit alors de mener une guerre de terreur. L’aviation italienne bombarda sans relâche les troupes, mais aussi les villages éthiopiens. Sa principale arme, le gaz moutarde, utilisé pendant la Première Guerre mondiale, fit des ravages dans la population sans défense. Devant ce déluge de feu, l’armée éthiopienne lâcha prise. Le 5 mai 1936 la capitale, Addis-Abeba, fut prise et Hailé Sélassié s’enfuit.

Le programme de colonisation agraire qui avait été un des prétextes de la guerre fut un échec. Il devait transformer l’Éthiopie en grenier à blé et fournir des terres à un million de chômeurs italiens. Trois sociétés furent créées pour mettre en œuvre cette colonisation mais la guérilla qui se développa après la prise d’Addis-Abeba obligea rapidement les colons à quitter leurs terres. En 1941 les troupes anglaises reprirent le pays avant de le remettre à Hailé Sélassié.

L’invasion de l’Éthiopie ne fut pas seulement une guerre atroce. Elle constitua aussi une étape dans la marche à la Deuxième Guerre impérialiste mondiale. Moins de trois mois après la prise d’Addis-Abeba, Mussolini s’engageait militairement aux côtés de Franco contre la révolution espagnole, entretenant le peuple italien dans un climat de guerre. Pendant sa campagne en Éthiopie, Mussolini s’était rapproché de Hitler. Cette alliance se prolongea en Espagne et le 1er novembre 1936 fut proclamée officiellement l’existence d’un axe Rome Berlin, bientôt rejoint par le Japon. Les camps de la prochaine guerre mondiale se mettaient en place.

Daniel MESCLA


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