Turquie : des milliers d'ouvriers de la métallurgie en grève

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Turquie : des milliers d'ouvriers de la métallurgie en grève

Message par Proculte » 20 Jan 2017, 13:25

Une grève a été menée par des milliers de travailleurs de l’industrie métallurgique en Turquie. Ils réclament une augmentation salariale ainsi qu’une égalité de salaire. Une douzaine d’usine ont été touchées dont celle de ABB Elektrik, Alstom, GE Grid Solution, Schneider Enerji .
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Re: Turquie : des milliers d'ouvriers de la métallurgie en g

Message par Plestin » 20 Jan 2017, 20:05

Un article de bianet.org évoque 2.200 grévistes, dans 13 usines réparties dans 4 zones (Istanbul, Kocaeli, Manisa, Izmir), à l'appel d'un syndicat. Selon lui, cela porte sur un désaccord qui dure depuis le 7 septembre et inclut l'augmentation des salaires, le syndicat réclamant 23 % de hausse alors que les patrons ne proposent que 17 %. Il y a aussi d'autres sujets de désaccord sur les primes d'équipes, le travail temporaire, le droit syndical.

Vu que ce sont toutes des usines de construction de matériel électrique qui appartiennent à de grands groupes qui se sont mutuellement racheté ou échangé des activités (General Electric, ABB, Schneider), peut-être s'agit-il en partie d'ateliers ou unités de production situés sur les mêmes plateformes et issues d'une même usine (à vérifier). En tout cas elles ont à faire face au même syndicat patronal, celui des patrons de l'industrie électromécanique. Mais pour l'instant, ce mouvement ne semble pas avoir le même caractère de spontanéité que celui qu'on avait vu autour de Renault. Il est aussi plus limité qu'un autre mouvement qui avait touché les mêmes entreprises et d'autres secteurs de la métallurgie en janvier 2015, avec 42 entreprises et 15.000 grévistes. On dirait que cette fois-ci, le patronat local s'est débrouillé pour attaquer un secteur plus réduit que la fois d'avant, histoire de diviser les réactions éventuelles. Les camarades turcs nous en diront peut-être bientôt davantage.
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Re: Turquie : des milliers d'ouvriers de la métallurgie en g

Message par Plestin » 13 Déc 2017, 07:03

Sous Erdogan et malgré son état d'exception, les luttes continuent et la classe ouvrière de Turquie reste combative. Extraits de l'intervention des camarades au congrès de LO :

L’état d’exception étant toujours en vigueur, les grèves et mouvements sociaux sont interdits. Malgré cela, des mouvements se produisent. Dans l’industrie de la chaussure, notamment, où 50 000 travailleurs sont employés dans diverses villes, presque toujours dans de petites usines. Leur lutte porte sur les conditions de travail mais aussi sur les salaires qui n’ont pas été augmentés depuis presque dix ans. Ils ont réussi à se coordonner et à mener des actions plusieurs semaines durant, en entraînant des travailleurs immigrés syriens. Après plusieurs semaines de lutte, ils ont obtenu en moyenne 50 % d’augmentation.

Dans les mines de charbon de Zonguldak, sur la côte de la mer Noire, les 4 000 travailleurs sont entrés en mouvement début novembre malgré l’opposition de la direction de leur syndicat et les menaces du gouvernement. Celui-ci veut privatiser ces mines comme il l’a déjà fait pour d’autres, mais les mineurs s’y opposent car ils prévoient les conséquences, notamment les accidents comme, en 2014, à la mine de Soma, où 301 mineurs sont morts.

À Zonguldak l’équipe de nuit n’est pas remontée et a occupé la mine, l’équipe de jour restant en surface et entrant à son tour dans le mouvement. Ce mouvement était illégal, mais le gouvernement s’est bien gardé d’intervenir de crainte de déclencher un mouvement général. Il a renoncé à la privatisation après seulement deux jours de grève.

Dans l’industrie d’État du verre, à Lüleburgaz, dans la partie européenne de la Turquie, la direction avait décidé de limiter la production et a licencié 90 travailleurs. Mais au bout de vingt jours de mobilisation, la direction générale a été obligée de les réintégrer dans une autre usine, à Eskişehir. Là aussi les travailleurs ont mené leur lutte eux-mêmes, sans le soutien de la direction de leur syndicat.

Enfin, dans la métallurgie, les conventions collectives auraient déjà dû être renouvelées depuis septembre, entre les patrons et la direction syndicale, mais à ce jour rien n’est encore en discussion. Le patronat voudrait imposer des augmentations très inférieures au coût de la vie. Les syndicats, notamment le plus puissant, Türk-İş, ont déjà eu des problèmes au printemps 2015 lors du renouvellement de la convention, notamment chez Renault à Bursa. Lors de réunions préparatoires avant l’été, les travailleurs les ont prévenus que, s’ils signaient des conventions collectives sans leur consentement, ils ne les accepteraient pas.

Visiblement, malgré l’atmosphère répressive, le gouvernement et le patronat craignent toujours les réactions de la classe ouvrière. Et après le référendum d’avril, lorsque le gouvernement a tenté de diminuer les indemnités de licenciement, le patronat lui-même a réagi en expliquant que ce n’était vraiment pas le moment.

L’état d’exception n’a pas paralysé la classe ouvrière. Quant aux gesticulations d’Erdogan, face au mécontentement général, il n’est pas sûr qu’elles fassent impression encore longtemps.
Plestin
 
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