De mon côté je souhaitais surtout détromper le camarade Bradley concernant ma position. Il est récent sur ce forum et il ne nous connaît pas encore tous... Et je suis bien content qu'on accueille quelqu'un du P.O.I.D. qui participe aux discussions sur ce forum en plus de LO, NPA, TMI, "capitalistes d'Etat", fractions diverses & variées, électrons libres et un raton-laveur... On a quasiment la palette complète ! C'est assez rare, non ? Alors on peut bien se taper une petite discussion à l'ancienne de derrière les fagots sur la nature de l'Etat chinois, de l'URSS, et tout et tout...
Mais c'est vrai que ça peut paraître un peu extraterrestre à tout être humain normalement constitué
Sinon : intéressant, Logan, l'article du "GEAB". Tout comme le schéma de départ, d'ailleurs.
Plus généralement, on peut se demander ce qui l'emportera, dans un contexte d'imbrication économique de la Chine et des Etats-Unis (sans parler des puissances secondaires), entre leur rivalité et leur collaboration. Est-ce qu'on finira par assister à un affrontement direct et militaire ou uniquement par le biais de la monnaie ? Est-ce que l'affrontement se produira (ou se produit déjà) par autres pays interposés ? Avec quelles conséquences ?
Et l'Inde ? Et le "reste du monde" ? (dans le post initial de Logan, il fait quand même 40 % du total, et n'est pas représenté dans le schéma du haut).
Dans les vieilles puissances impérialistes comme les Etats-Unis, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, on assiste à une segmentation des activités économiques en fonction de leur taux de rentabilité. Les groupes les plus puissants se réservent les activités à plus forte marge mais délaissent souvent celles à marge moindre. Ces dernières peuvent quand même intéresser des groupes de deuxième rang, qui délaisseront par contre des activités à marge encore moindre, etc. Dans ce jeu, les capitalistes les plus importants des pays dominés peuvent prendre pied au coeur même des puissances impérialistes en rachetant des activités de deuxième ou troisième rang. C'est ainsi qu'on peut voir débarquer en Europe ou aux Etats-Unis des groupes capitalistes mexicains, brésiliens, indiens, chinois, russes, coréens, thaïlandais, sud-africains, turcs, pakistanais... Est-ce une sorte de "velléité impérialiste" de ces pays ? Ce serait dans la logique du développement capitaliste (attention, je ne parle pas de développement de ces pays, mais de leurs principaux groupes capitalistes). Il n'en reste pas moins que les grands groupes français, allemands, américains, britanniques, japonais, continuent de se réserver les meilleurs morceaux.
Les tentatives de capitalistes pour s'implanter dans d'autres pays (donc, exporter leurs capitaux) existent même dans des pays très dominés. La Grèce est un pays largement dominé sur le plan économique, on s'en rend bien compte, néanmoins sa principale entreprise pétrolière, qui possède trois des quatre raffineries du pays, a mis la main sur l'unique raffinerie de pétrole de la Macédoine voisine (sans parler de réseaux de stations-services dans d'autres pays : Chypre, Montenegro, Serbie, Bulgarie) et contrôle donc l'amont d'une grande partie des activités économiques de ce pays : la Macédoine, un pays encore plus petit, encore plus dominé ?
https://www.helpe.gr/en/the-group/where ... finery-ad/
Est-ce que cela illustre une "velléité impérialiste" de la Grèce ? Sûrement oui, mais encore une fois, il ne suffit pas de vouloir, il faut pouvoir. D'autres tentatives ont connu des échecs retentissants, comme celle du groupe Marinopoulos qui a développé une entreprise de sous-traitance pharmaceutique, Famar, en reprenant des usines en Grèce, puis aux Pays-Bas, en France, en Italie, en Espagne, au Canada, avant que les difficultés financières ne conduisent diverses banques européennes à mettre la main là-dessus... Exit la famille Marinopoulos !
Dans le cas de la Chine, on a quelque chose de beaucoup plus puissant. Les bases de départ s'appuient sur une économie d'Etat construite à marche forcée et à l'abri des frontières dans un pays gigantesque et extrêmement peuplé. Ensuite, entre les privatisations en faveur de capitalistes chinois, les créations de filiales communes (joint ventures) avec les grands groupes capitalistes occidentaux ou japonais, et l'ouverture des entreprises chinoises aux capitaux étrangers (ouverture partielle mais parfois totale dans les secteurs non stratégiques), des pans entiers de l'activité économique mondiale ont pu se déplacer vers la Chine et profiter au régime et aux capitalistes locaux. Ces derniers ont donc eu leur part. Mais pas la plus grosse.
C'est là que le joli schéma de départ est instructif mais peut prêter à confusion : il parle du P.I.B. (produit intérieur brut, alias "GDP" en anglais) ce qui englobe toutes les activités économiques du pays indépendamment de la nationalité des entreprises qui y opèrent. Donc, dans le gros morceau de rouge du schéma (la Chine), il y en a une grande partie qui appartient à des entreprises américaines, allemandes, japonaises, françaises, britanniques... Et dans le gros morceau de bleu (les Etats-Unis), il n'y en a qu'une toute petite partie qui appartient à des entreprises chinoises, mexicaines, brésiliennes, indiennes...