L'épisode de la fin de l'accord sur le nucléaire iranien suite à une décision unilatérale des Etats-Unis de le rompre, n'en finit pas de susciter des réactions indignées de la part des gouvernements et des grands groupes d'autres pays, d'Europe notamment.
Ce n'est évidemment pas le sort de la population iranienne qui leur importe (ça, ils s'en fichent), mais celui des profits des entreprises capitalistes qui faisaient affaire avec l'Iran.
Ce qui les révolte le plus, c'est le "principe d'extraterritorialité" : toute entreprise faisant affaire avec un pays sous embargo américain, ou convaincue de corruption dans n'importe quel pays de la planète, peut, si elle est également présente aux Etats-Unis, se voir infliger des sanctions financières parfois très importantes par ces derniers.
Ce n'est pas la première fois que ça arrive, il y avait eu d'importants précédents, dont BNP-Paribas (amende record de 8,9 milliards de dollars du fait de la réalisation de faux pour masquer sa présence en Iran, à Cuba et au Soudan). Il y avait eu aussi Alstom (772 millions de dollars d'amende pour des faits qui se sont déroulés à Taïwan et en Indonésie), un élément du bras de fer économique qui a contribué au démantèlement ultérieur du groupe (au profit de General Electric notamment...)
Cela veut dire que les Etats-Unis sont maîtres du jeu. Certains pays d'Europe dont la France montrent leurs muscles, font du battage médiatique, se demandent s'ils ne doivent pas s'unir pour résister à la pression américaine... Mais c'est du flan : que peuvent-ils faire contre les condamnations américaines ? Condamner les entreprises américaines présentes en Europe ? Les condamner sous quel prétexte ? Se réunir et déclarer que les entreprises européennes ont le droit de faire affaire avec l'Iran ? Cela n'empêcherait pas la moindre sanction américaine... La seule issue pour eux est de se soumettre, sauf à se lancer dans une escalade protectionniste qui plairait aux Mélenchon et autres Le Pen. Et encore... ils devraient confisquer des actifs américains en Europe, jamais ils n'en seront capables !
Les entreprises, elles, savent ce qu'elles risquent. Les Sanofi, Total, Renault-Nissan ou PSA sont en première ligne. Chacune soupèsera ses intérêts et devra choisir entre sa présence aux Etats-Unis et en Iran. A part peut-être PSA (qui n'est pratiquement pas présent aux Etats-Unis), le choix est vite vu... Et même celles comme Sanofi dont les relations avec l'Iran sont plus discrètes (pas de présence officielle, mais un partenariat avec le laboratoire local Dr. Abidi...) seront obligées de faire machine arrière ou de trouver des artifices plus sérieux.