Soudan : manifestations

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Re: Soudan : manifestations

Message par Plestin » 24 Mars 2019, 10:36

RFI Afrique du 19 mars 2019 nous apprend que

Depuis l’instauration de l’état d’urgence le mois dernier, le rythme des manifestations s’est ralenti. Les marches ne sont plus quotidiennes mais hebdomadaires, principalement à Khartoum et dans la ville voisine d'Omdourman.


Et également que plusieurs "mouvements d'opposition" sont en train de grenouiller à Paris, sous-entendu pour essayer de convaincre les autorités françaises de cesser de soutenir le régime... Avec un argument censé faire mouche, celui de la responsabilité du régime dans l'immigration soudanaise en France !

L'article en entier :

Soudan: trois mois de contestation contre le président el-Béchir

Au Soudan, cela fait trois mois, jour pour jour, que la mobilisation contre le président Omar el-Béchir a commencé. Le mouvement de colère est parti d’une hausse du prix du pain avant que la contestation se retourne contre le régime en place. Le mois dernier, le chef de l’Etat a décrété l’état d’urgence, rendant les manifestations illégales mais, malgré cela, les Soudanais continuent de descendre dans les rues.

Ce lundi encore, des centaines de manifestants sont descendus dans les rues de la capitale pour demander la démission du président Omar el-Béchir. Depuis l’instauration de l’état d’urgence le mois dernier, le rythme des manifestations s’est ralenti. Les marches ne sont plus quotidiennes mais hebdomadaires, principalement à Khartoum et dans la ville voisine d'Omdourman.

Le chef de l'Etat a également instauré des tribunaux d'exception pour juger les manifestants qui violent l'état d'urgence. De fait, il y a moins de monde dans les rues. En effet, des centaines de personnes ont été arrêtées depuis le début du mouvement. Si certaines ont déjà été libérées, d’autres restent à ce jour toujours en prison. La répression est sévère. Selon l’ONG Human Rights Watch, il y aurait au moins 50 morts depuis le début du mouvement.

La semaine dernière, le chef de l’Etat a également annoncé un nouveau gouvernement, chargé de s’attaquer à la crise économique et d’ouvrir des discussions avec l’opposition. Un appel au dialogue qui a d’ailleurs été rejeté par quasiment toute l’opposition, notamment par l’Association des professionnels soudanais. Le principal organisateur de ces manifestations estime qu’il s’agit d’une tentative pour étouffer la contestation.

L’heure n’est pas à la discussion

Une dizaine de ces mouvements de l’opposition sont d’ailleurs réunis en ce moment à Paris. Tous sont catégoriques : l’heure n’est plus à la discussion, Omar el-Béchir doit partir et laisser la place à un gouvernement de transition. Et ils demandent notamment aux pays occidentaux d’arrêter de soutenir le régime en place.

« Il faut qu’ils arrêtent ce processus de normalisation de leurs relations avec le gouvernement soudanais. Il faut qu’ils cessent toute coopération sur des sujets comme le terrorisme ou l’immigration, parce que ce gouvernement est à l’origine de ces problèmes. Par exemple, ici en France, il y a trente ans, il n’y avait pas de Soudanais. Pourquoi aujourd’hui vivent-ils ici ? Pourquoi ont-ils demandé l’asile ? Parce qu’un monstre vit dans leur pays et qu’ils ne peuvent pas y retourner. Donc comment voulez-vous régler le problème d’immigration en discutant avec quelqu’un qui en est à l’origine », explique Omer Khalid du Congrès soudanais, un petit parti d’opposition.
Plestin
 
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Re: Soudan : manifestations

Message par Plestin » 07 Avr 2019, 15:47

Alors que les protestations devenaient plus rares du fait de la répression, la plus grande de toutes les manifestations depuis le début du mouvement a eu lieu hier samedi 6 avril et la population manifeste à nouveau aujourd'hui.

Dans Le Monde :


Soudan : deuxième jour d’une manifestation réclamant le départ du président Bachir

La contestation lancée en décembre connaît un important regain de mobilisation depuis samedi. Les manifestants appellent l’armée à les rejoindre.

Le Monde avec AFP et AP Publié aujourd’hui à 12h32, mis à jour à 14h28

Des milliers de Soudanais manifestent pour le deuxième jour consécutif, dimanche 7 avril, pour réclamer la démission du président Omar Al-Bachir, au pouvoir depuis trente ans. Un porte-parole de l’Association des professionnels du Soudan, organisateur des manifestants, faisait état, dimanche midi, de quatre manifestants tués depuis 24 heures autour du quartier général de l’armée, où se concentre la mobilisation.

Les protestataires ont scandé « Liberté, paix, justice » – le principal slogan de la contestation qui secoue le Soudan depuis quatre mois – à l’extérieur du complexe abritant le siège de l’armée, le ministère de la défense et la résidence du président Bachir, ont rapporté des témoins, selon lesquels de nombreux manifestants ont passé la nuit sur place.

« Après ce que nous avons fait hier [samedi], nous ne partirons pas tant que notre mission n’est pas accomplie », a déclaré Osama Ahmed, un protestataire ayant passé la nuit à l’extérieur du quartier général. « Nous ne partirons pas d’ici tant qu’il ne démissionne pas », a-t-il ajouté en référence au président Bachir, 75 ans et au pouvoir depuis un coup d’Etat en 1989.

Des protestataires ont bloqué à l’aide de pierres un pont se trouvant à proximité du quartier général et reliant Khartoum au secteur de Bahari, plus au nord, provoquant d’importants embouteillages, d’après des témoins.

Le plus grand rassemblement de contestation

Samedi, des milliers d’hommes et de femmes ont tenu le plus grand rassemblement jamais organisé depuis le début de la contestation, certains parvenant à atteindre le quartier général de l’armée pour la première fois. L’armée n’est pas intervenue, mais la police antiémeute a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule, tandis que des contestataires ont lancé des pierres en direction des forces de sécurité, selon des témoins.

Dans le même temps, un manifestant est mort lors d’une autre manifestation à Omdourman, ville voisine de Khartoum. Sa mort porte à trente-deux le nombre de personnes décédées depuis le début du mouvement, selon les autorités. Dans un précédent bilan, l’ONG Human Rights Watch (HRW) évoquait le chiffre d’au moins cinquante et un morts. Un rapport diffusé vendredi par l’organisation Physician for Human Rights (PHR), qui a travaillé avec des médecins soudanais, fait de son côté état de soixante morts depuis quatre mois.

Déclenchées le 19 décembre par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, les manifestations se sont rapidement transformées à travers le pays en mouvement de contestation contre M. Al-Bachir, à la tête d’un pays en proie à une grave crise économique. Le chef de l’Etat a décrété le 22 février l’état d’urgence à travers le pays pour tenter de juguler la contestation. L’ampleur du mouvement avait fortement baissé avant le regain de mobilisation samedi.


Hier, Le Monde écrivait aussi :

Et soudain, Khartoum s’est retrouvé dans la rue… appelant les militaires à rejoindre un mouvement de contestation général et généreux, qui a démarré fin décembre en province, pour s’allumer aux quatre coins d’un pays qui étouffe dans une crise économique sans fin venue clore le règne de trente ans du maréchal Omar Al-Bachir. Dans le centre de Khartoum, la capitale, des centaines puis des milliers de personnes, puis une foule colossale a convergé samedi 6 avril vers l’état-major des forces armées, un bâtiment morne qui se trouve non loin de l’aéroport.

L’organisme qui dirige les manifestations dans la clandestinité, l’Association des professionnels du Soudan, a alors lancé un appel à l’armée pour que ses responsables prennent le parti des manifestants, dont les responsables ont élaboré, depuis le 1er janvier, un plan de transition politique qui mette fin au pouvoir du président Al-Bachir et à la crise économique qui fait rage au Soudan.

Il a fallu des semaines de préparation, dans la clandestinité, pour en arriver à cette folle journée qui s’est poursuivie dans la nuit. Une date, destinée à rester dans les mémoires, qui coïncide avec un autre samedi, le 6 avril 1985, lorsqu’un mouvement populaire de masse avait été, à l’époque, à l’origine de la chute d’un pouvoir militaire. Le symbole est fort, mais il ne suffira pas. Toutefois, en arriver à ce stade relève déjà du miracle. Des comités ont travaillé d’arrache-pied pour tout coordonner afin de permettre que la foule retrouve le courage de descendre dans les rues, en masse, pour réclamer un changement de pouvoir. A Khartoum, la capitale, les milices et les services de sécurité s’étaient déployés depuis l’avant-veille pour tenter d’intimider les manifestants. Et ils ont de solides arguments. (...)
Plestin
 
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Re: Soudan : manifestations

Message par Gayraud de Mazars » 10 Avr 2019, 11:29

Salut camarades,

Au Soudan, les femmes à la pointe de la révolte : « On ne veut pas juste changer ce dictateur, on veut changer le monde »

Majoritaires dans les manifestations, les « kandakas » mènent la contestation et réclament davantage de place dans la société soudanaise.

Dans le journal Le Monde Par Jean-Philippe Rémy...

Image
Une jeune Soudanaise harangue la foule à Khartoum, le 8 avril 2019. COURTESY LANA H. HAROUN VIA REUTERS

https://www.lemonde.fr/afrique/article/ ... 0z_WL6gKZs

Assise là au bord du canapé avec le dos bien droit pour ne pas toucher le dossier, les mains à plat sur les jambes, la robe tirée, elle incarne la jeune fille soudanaise bien élevée. Sa mère, du reste, tassée dans un fauteuil non loin, garde un œil vigilant sur la situation et semble satisfaite. Il faut juste capter l’éclair du regard d’Alia pour comprendre ce qui l’anime en réalité. C’est un volcan qui aurait choisi sa manière d’entrer en éruption : calmement, posément, mais avec tout le feu de la Terre.

Elle aurait pu être cette jeune femme que tout le Soudan connaît et admire, prise en photo le 8 avril, en train de haranguer une mer de manifestants depuis le toit d’une voiture, chantant des chansons à la gloire de la « révolution », habillée de façon à rappeler, en effet, les grands mouvements populaires qui ont contribué à jeter à bas deux régimes militaires, en 1964 et 1985, au Soudan.


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
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Re: Soudan : manifestations

Message par Gayraud de Mazars » 11 Avr 2019, 09:26

Salut camarades,

Une bonne nouvelle venue du Soudan en ébullition... Le président soudanais Omar El Béchir a démissionné !

Selon l'agence Reuters...

Au pouvoir depuis 1989, le président soudanais a démissionné d’après plusieurs sources gouvernementales. Des milliers de manifestants sont rassemblés depuis six jours devant le siège de l’armée, qui abrite également la résidence officielle du chef de l’État.

Omar el-Béchir est tombé. Le président, au pouvoir depuis 1989, a démissionné après plus de trois mois de manifestations contre son pouvoir, et des consultations sont en cours pour former un conseil de transition, a appris Reuters jeudi auprès de plusieurs sources gouvernementales à Khartoum et d’un ministre d’un gouvernement provincial. De source soudanaise, on déclarait à Reuters que le président Béchir avait été assigné à résidence au palais présidentiel, tout comme un certain nombre de ses collaborateurs.


Fraternellement,
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