Congo RDC : Ebola hors de contrôle

[Plestin]

Dans Pourquoidocteur.fr du 9 mars 2019 :

République Démocratique du Congo : l’épidémie d’Ebola hors de contrôle

Par Mégane Fleury

Plusieurs centres de traitement d’Ebola ont été attaqués dans le pays. Dans le même temps, la population tarde à se rendre à l’hôpital, voire n’y va pas du tout. Les spécialistes craignent une explosion de l’épidémie.

Publié 09.03.2019 à 20h30 | Mise à jour le 09.03.2019 à 20h40

569 personnes sont mortes d’Ebola depuis le mois d’août en République démocratique du Congo et 900 cas déclarés ont été recensés. Les experts craignent que ce chiffre augmente considérablement, car depuis quelques mois, les violences à l’encontre des centres de soin se multiplient. Une nouvelle attaque a eu lieu samedi 9 mars dans la ville de Butembo, faisant un mort.

Des attaques répétées contre des centres de MSF

Le 1er mars dernier, Médecins sans frontières a annoncé son retrait du principal foyer de l’épidémie, la région du Nord Kivu, après deux attaques successives contre l’un de ses centres. "Sept mois après le début de la plus importante épidémie d’Ebola en République démocratique du Congo, et dans un climat de méfiance croissante de la part de la communauté, la riposte ne parvient pas à prendre le dessus", a déclaré l’organisation internationale dans un communiqué jeudi 7 mars. Selon ce dernier, l’épidémie n’est pas maîtrisée.

La méfiance de la population

Un autre facteur aggrave la crise : la méfiance des populations. D’après MSF, l’utilisation de forces armées et de la police pour pousser les habitants à adopter les mesures d’hygiène contre la maladie n’ont fait que renforcer les inquiétudes et les doutes. En décembre, plus d’un million de personnes, habitant dans les zones touchées par la maladie, ont été confinées chez elle et empêchées de voter à l’élection présidentielle. La mesure a contribué à la méfiance généralisée : pour certains Congolais, l’épidémie serait une manigance politique. Aujourd’hui, les conséquences sont visibles par les soignants : 40 % des décès ont eu lieu hors de l’hôpital et pour 35 % des cas, l’origine de la contamination reste inconnue.

C’est la dixième épidémie d’Ebola dans le pays, mais elle semble particulièrement violente. Selon la revue Nature, le taux de mortalité atteint 60 %, soit plus que lors de l’épidémie de masse qui a touché l’Afrique de l’Ouest entre 2014 et 2016.

[Plestin]

Sur cette 10ème épidémie d'Ebola dans le pays, on en est à 610 morts (sur 980 cas enregistrés), dont une fillette de 6 mois habitant près de la ville de Bunia (300.000 habitants), capitale de la province d'Ituri. Jusqu'à présent, l'épidémie qui touchait surtout le Nord-Kivu voisin sévissait dans les campagnes mais les grandes villes telles que Goma (1 million d'habitants) avaient été préservées.

Un fait nouveau toutefois, c'est qu'il existe depuis 2018 un vaccin expérimental du laboratoire américain Merck, qui a déjà été administré à 70.000 personnes. L'Ouganda voisin (où des Congolais se réfugient régulièrement) a aussi vacciné 3.000 personnels de santé. Mais le vaccin ne fait pas tout, n'est pas encore suffisamment connu et ne semble pas efficace chez les personnes qui sont déjà en train d'incuber la maladie. La situation dramatique dans l'Est du Congo, avec ses bandes armées prêtes à attaquer les centres de santé, mais aussi la méfiance de la population vis-à-vis de l'Etat congolais (et on la comprend), complique la lutte contre la maladie.

(Cette situation me rappelle un bouquin dont il faudra que je parle sur un autre fil et qui a le grand mérite de montrer que, dans les épidémies dues à des virus tels qu'Ebola, le principal danger provient de l'organisation sociale.)

[Plestin]

Ici, un article du Monde du 26 mars 2019 sur l'épidémie d'Ebola au Congo RDC, qui est historiquement la deuxième plus importante après celle qui a sévi en Afrique de l'Ouest en 2014. Le plus intéressant est la petite vidéo sur Ebola. Attention, le premier accès à l'article est libre mais les suivants peuvent être limités ou réservés aux abonnés.


https://www.lemonde.fr/afrique/article/ ... _3212.html

On peut parfois se dire - et c'est vrai - qu'Ebola représente un problème mineur dans des pays où sévissent bien d'autres maladies qui tuent beaucoup plus de monde, comme le paludisme. Toutefois, il faut faire attention car on est face à une maladie que les conditions sanitaires, politiques et sociales peuvent doper (guerres civiles, délabrement des hôpitaux, pratique de réutilisation de seringues sur plusieurs patients, pratiques funéraires, croyances qu'Ebola n'existe pas et est une invention d'un gouvernement détesté etc.) Ainsi, l'épidémie d'Afrique de l'Ouest avait surpris par son ampleur (plusieurs milliers de personnes touchées) par rapport aux quelques dizaines ou centaines de cas des épidémies antérieures en Afrique centrale. En fait, aucune maladie de ce type ne doit être négligée et toutes peuvent donner lieu un jour à des épidémies bien plus importantes, d'autant que la permanence de l'existence d'un réservoir animal du virus (probablement des chauve-souris de type roussette, omniprésentes dans certaines régions) ne peut que provoquer régulièrement de nouvelles contaminations de l'homme ou d'autres animaux susceptibles à leur tour de contaminer l'homme (singes, antilopes...) Bref, il est quasiment impossible de se débarrasser d'Ebola comme il est impossible de se débarrasser du tétanos. Des précautions peuvent être prises et un vaccin serait le bienvenu (il existe des vaccins et traitements mais uniquement au stade expérimental).

[Plestin]

Selon Futura Santé (avec l'AFP)du 28 mars 2019 :

Les rumeurs et la défiance contribuent à prolonger l'épidémie d'Ebola en cours en République démocratique du Congo, selon une étude. Déclarée le 1er août, la dixième épidémie d'Ebola au Congo a tué plus de 500 personnes pour un millier de cas environ, selon le dernier bilan du ministère congolais de la Santé. Cette épidémie est la deuxième la plus meurtrière après celle qui a frappé l'Afrique de l'Ouest en 2014-2016, faisant quelque 11.300 morts.

Les chercheurs ont interrogé près de 1.000 personnes dans les villes de Beni et Butembo. Seulement un tiers d'entre elles a dit faire confiance aux autorités locales pour les aider pendant l'épidémie, plus d'un quart ne croit même pas en l'existence d'Ebola et moins des deux-tiers ont déclaré être prêtes à accepter le vaccin. Par ailleurs, 36% des personnes interrogées pensent que la maladie a été créée pour déstabiliser le pays. Le premier auteur de l'étude, Patrick Vinck, de l'université de Harvard, pointe « un niveau de confiance très, très bas envers les institutions », qui vient selon lui « de décennies de violences et de mauvaise gouvernance ».

[Plestin]

Voici un bouleversant mais excellent documentaire sur une précédente épidémie d'Ebola survenue au Congo RC (Brazzaville) en 2003

https://www.youtube.com/watch?v=MgTkMBhFlpg

On y voit les ravages de la maladie, les erreurs des premières interventions des secours et de la Croix-Rouge qui, dans l'urgence, brusquent les populations sans tenir compte de leur mode de vie et conduisent à une réaction de rejet qui devient l'alliée de la maladie, les courants d'opinion qui traversent le village, les sectes chrétiennes qui tentent de faire de la récupération, mais aussi toute une série de gens courageux qui affrontent la situation...

Et une leçon, valable dans le monde entier face à n'importe quelle épidémie : on ne peut lutter efficacement contre une épidémie sans tenir compte de la société dans laquelle on met les pieds et sans avoir un profond respect pour la population.

[Plestin]

La crise d'Ebola (on en est à 1.737 morts dans le pays) provoque la démission du ministre de la Santé au Congo RDC et la reprise en main de sa gestion par la présidence (reportage de TV5 Monde) :

https://www.youtube.com/watch?v=TJgfy3_YMfA

[com_71]

RDC : l’épidémie d’Ebola progresse sur fond de chaos

L’épidémie d’Ebola qui touche l’est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis août 2018 a déjà fait 1 700 morts. Un patient est récemment décédé à Goma, ville de plus d’un million d’habitants à la frontière du Rwanda, ce qui fait craindre une propagation très rapide.

Cette fièvre hémorragique est extrêmement redoutée du fait de son taux de décès très élevé (60 % pour l’épidémie actuelle) et de sa rapidité à provoquer la mort des patients infectés, en quelques jours. Cette épidémie est la dixième depuis la découverte de la maladie en 1976, et déjà la deuxième plus meurtrière.

La RDC fait face à une prolifération de maladies endémiques : paludisme, choléra, rougeole. Toutes font des centaines de milliers de morts, alors que des traitements existent. Ebola est un exemple de plus de ces maladies de la misère : comme elle n’a pour le moment touché que des régions pauvres d’Afrique, la recherche médicale a été très lente. Il n’y a pas de traitement après infection. Il existe néanmoins un vaccin expérimental, depuis 2016, et une campagne de vaccination est en cours, menée par des ONG et par l’Organisation mondiale de la santé, qui a déclaré l’état d’urgence sanitaire.

Mais les difficultés ne sont pas simplement médicales. L’est du Congo est une région qui regorge de minerais, dont le coltan, qui est essentiel dans la fabrication de composants électroniques, notamment pour les téléphones portables. L’exploitation de ces richesses attire les groupes armés. L’ONG Congo Research Group en a recensé plus de 130 dans la seule région du Kivu en 2018. Ils cherchent à contrôler les mines ou les routes pour se mettre au service du plus offrant, c’est-à-dire finalement des trusts miniers. La France a une responsabilité particulière, car c’est elle qui a exfiltré les miliciens génocidaires rwandais en 1994 vers le Kivu, où ils ont ensuite constitué une partie des bandes armées qui sévissent actuellement.

La lutte contre l’épidémie d’Ebola nécessite l’acheminement du vaccin réfrigéré à moins 60 degrés, l’installation de dispensaires, et met en jeu de l’argent de la part des organismes de santé. Or certaines des bandes armées y voient l’opportunité de prélever leur dîme, en se proposant comme organes de maintien de l’ordre, comme elles le font pour les minerais. La plupart des équipes médicales se mettent sous la protection de l’armée gouvernementale, mais celle-ci ne vaut souvent guère mieux que les milices. La population elle-même se méfie autant des unes que de l’autre. Et la méfiance vis-à-vis des autorités gouvernementales est telle qu’une partie refuse de se faire vacciner, par peur qu’il ne s’agisse d’une fausse campagne qui aurait en réalité pour but d’inoculer le virus. Non seulement l’acheminement des vaccins est très difficile, mais la campagne de soins renforce les rivalités et les tensions militaires. Plusieurs centres de santé ont été attaqués depuis le début de l’épidémie.

Les responsables d’ONG craignent que la campagne anti-Ebola aille trop lentement pour endiguer l’épidémie, ce qui pourrait conduire à un désastre.

L’impérialisme n’est pas responsable du virus. Mais c’est bien lui qui a créé toutes les conditions pour sa propagation.

Thomas Baumer

[Gayraud de Mazars]

Salut camarades,

L'épidémie d'ebola ne cesse d'enfler et se développe... Cela fait un an jour pour jour que la République démocratique du Congo (RDC) fait face à sa dixième épidémie d’Ebola, récemment qualifiée d’urgence sanitaire mondiale par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Un an d’Ebola en RDC: les défis d’une riposte controversée
Par Patient Ligodi Sonia Rolley Publié le 01-08-2019

http://www.rfi.fr/afrique/20190731-an-e ... ntroversee

Fraternellement,
GdM