Turquie : Erdogan joue son va-tout aux municipales
Publié : 31 Mars 2019, 08:03
Le président craint de perdre Ankara et Istanbul lors du scrutin municipal du 31 mars. Car les ménages, touchés de plein fouet par la récession, pourraient bouder le parti présidentiel, l’AKP, et ses alliés.
Par Marie Jégo Publié le 27 mars 2019 à 11h24 - Mis à jour le 27 mars 2019 à 11h30
En tournée électorale à Van, une région largement peuplée de Kurdes dans l’est de la Turquie, le président Recep Tayyip Erdogan a promis de hisser le pays « au rang des dix premières économies mondiales » en cas de victoire de son Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) aux élections municipales, qui se tiendront dimanche 31 mars.
« Nous avons travaillé dur pour résoudre les problèmes de nos frères et de nos sœurs kurdes et ceux de l’ensemble de nos concitoyens, en termes de lutte contre la pauvreté, de défense des droits et des libertés », a-t-il déclaré à la population locale venue l’écouter.
Voici des semaines que, pris d’une frénésie de meetings et de discours, le président parcourt le pays dans tous les sens, transformant de fait le scrutin municipal en un nouveau plébiscite sur sa personne. « Ces élections sont une question de survie pour la nation », répète-t-il à l’envi.
« Gagner Istanbul, c’est gagner la Turquie »
Sa crainte est que l’électorat ne boude l’AKP, vainqueur de quasi toutes les élections depuis 2002. L’heure est grave car, pour la première fois depuis 2009, la récession économique touche de plein fouet les ménages. Les sondages ne sont guère favorables aux islamo-conservateurs, qui pourraient perdre le contrôle de plusieurs grandes villes, dont Ankara, Istanbul, Bursa, Mersin, Adana, Antalya.
Perdre Ankara et Istanbul, acquises au « parti de l’ampoule » (l’AKP) depuis un quart de siècle, serait une terrible déconvenue pour M. Erdogan. C’est à Istanbul que l’ancien gamin de Kasimpasa, un quartier populaire de la Corne d’Or, a bâti sa carrière politique. « Gagner Istanbul, c’est gagner la Turquie », dit-il souvent. Maire de la ville de 1994 à 1998, il a construit des routes, résolu le problème des incessantes coupures d’eau, amélioré le transport, créé des services et ouvert les hôpitaux aux plus démunis.