Turquie : Erdogan joue son va-tout aux municipales

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Re: Turquie : Erdogan joue son va-tout aux municipales

Message par Gayraud de Mazars » 17 Avr 2019, 17:09

Salut camarade Proculte,

Proculte a écrit :
Mardi soir, le recomptage a pris fin dans le district stambouliote disputé de Maltepe, confirmant la victoire de Ekrem Imamoglu avec 13 500 voix d’avance sur son rival, selon le CHP.


C'est faible 13 500 voix d'écart avec le parti d'Erdogan à Istambul ! Cependant les travailleurs turcs n'ont rien à attendre des vainqueurs, reste que leur force collective, pour combattre et vaincre demain...

Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
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Re: Turquie : Erdogan joue son va-tout aux municipales

Message par com_71 » 02 Mai 2019, 15:53

Proculte a écrit :Pour la première fois de l’histoire de la Turquie, un communiste, membre du TKP, remporte la municipalité d’une capitale de province, Dersim (82000 habitants).

Fatih Mehmet Maçoglu affiche son ambition : « Nous allons démontrer à tout le pays qu’un modèle socialiste est possible ».


L'AFP revient là-dessus :

Turquie: un maire communiste abat des murs et rebat les cartes

Tunceli (Turquie) (AFP) - Après son élection le mois dernier, le premier acte de Fatih Maçoglu en tant que maire de Tunceli, dans l'est de la Turquie, a été de détruire les murs d'enceinte construits autour de la mairie. Un signe, pour lui, de transparence.

Il a également refusé d'avoir une voiture officielle et a prévu d'afficher les comptes publics de la mairie sur le bâtiment, pour que tous voient comment est dépensé son budget.

Seul maire communiste de Turquie, M. Maçoglu, âgé de 50 ans, détonne dans un paysage largement dominé depuis 17 ans par l'AKP, le parti islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan.

"Il n'y a rien d'anormal à ce que le public sache ce qu'il se passe", explique-t-il à l'AFP au cours d'un entretien dans son bureau, une longue file de visiteurs attendant devant sa porte ouverte. "Cela ne devrait pas être (perçu comme) une insulte".

Aux élections du 31 mars, M. Maçoglu a été élu maire à Tunceli, ex-Dersim, dans l'est de la Turquie, une ville kurde alévie foncièrement laïque et de gauche.

Principale minorité religieuse du pays, les Alévis forment un groupe hétérodoxe et progressiste, dont la pratique religieuse est très éloignée de celle des franges traditionnelles de l'islam.

M. Maçoglu avait déjà été élu maire d'Ovacik, un village de la province de Tunceli, en 2014 pour le Parti communiste de Turquie - qui, marginal, n'a aucun élu au parlement turc. Ses mesures promouvant l'agriculture et les transports publics gratuits y avaient rencontré un franc succès.

Il dit avoir récupéré à Tunceli une municipalité "vidée", aux revenus confisqués. En 2014, la ville avait été remportée par le parti prokurde HDP, mais le gouvernement y a nommé ensuite un administrateur public, comme dans de nombreuses autres municipalités après le putsch manqué de juillet 2016.

Préférant se dire "socialiste" plutôt que "communiste", M. Maçoglu assure toutefois "viser le communisme" mais estime qu'"à une époque de capitalisme sauvage, être communiste ou être vu comme tel apparaît comme excessif".

- Miel et pois-chiches bios -

La région de Tunceli a une longue histoire de résistance de gauche. En 1938, l'armée y a mené une vaste opération visant à mater une rébellion kurde, qui a causé la mort de quelque 13.800 personnes. En 2011, Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre, avait présenté ses excuses "au nom de l'Etat", une première.

Des points de contrôle militaires ont été installés autour de Tunceli, dont la région a été fortement marquée par le conflit entre les forces armées et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe classé "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux. Ce conflit a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.

Niant se sentir isolé parce qu'il défend le communisme, M. Maçoglu dit au contraire recevoir "beaucoup de sympathie" du public. "Si aujourd'hui, même les représentants de la politique bourgeoise parlent de production et de coopératives, c'est une victoire pour nous."

Lors de son mandat à Ovacik, village perché dans les montagnes, il a ouvert une coopérative visant à promouvoir le travail de fermiers produisant du miel et des pois-chiches biologiques. Les revenus dégagés permettaient de financer les études de jeunes issus de familles pauvres.

M. Maçoglu cherche désormais à étendre ce modèle à travers le pays.

Cihan Durna, employé de la coopérative à Ovacik, vante le modèle mis en place par l'ancien maire. "Nous sommes contents qu'il soutienne la production".

- "Pas sur la bonne voie" -

Senem Yerlikaya, gérante du "Café Cuba" à Ovacik, décrit un sentiment "doux-amer" maintenant que le maire est parti. "Il a fait beaucoup pour les gens ici au cours des cinq dernières années. Les maires sont d'habitude très formels, mais lui s'était bien intégré avec les locaux."

La population locale est globalement contente de M. Maçoglu : par sa politique, cet homme, marié et père de deux enfants, a permis de faire évoluer la région.

Mahmut Tutan, qui possède un petit hôtel à Ovacik, souvent assimilé aux Alpes suisses, affirme que les touristes sont venus nombreux l'année dernière, grâce au maire. "Il a grandi dans une famille pauvre de cette vallée", explique M. Tutan en pointant du doigt un village au loin. "Un jour, les gens autour de lui lui ont demandé de travailler pour le bien des autres. C'est comme ça que ça a commencé."

Metin Kahraman, chanteur populaire et chercheur travaillant sur l'histoire orale de la région, espère que M. Maçoglu apportera un "changement positif", décrivant une situation particulière dans cette région "où les Alévis sont majoritaires et respectent leur foi". Selon lui, jusqu'ici, les maires de tous bords ont négligé la culture locale.

Impliqué dans le mouvement communiste depuis les années 1980, M. Maçoglu assure ne pas avoir de grandes ambitions. Ce qui lui tient le plus à coeur est l'apiculture. "Si vous me demandez si j'ai d'autres projets, je n'en ai vraiment pas."

Interrogé sur la politique actuelle, il se refuse à tout commentaire sur le président Erdogan ou sur le leader du principal parti d'opposition, Kemal Kiliçdaroglu, lui-même de Tunceli.

"Est-ce que les capitalistes, les impérialistes sont sur la bonne voie ?", demande-t-il simplement. "Je pense que non".


https://fr.news.yahoo.com/turquie-maire ... 47168.html
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Turquie : Erdogan joue son va-tout aux municipales

Message par Plestin » 07 Mai 2019, 21:03

L'élection municipale d'Istanbul a finalement été annulée !

Dans Libération du 7 mai 2019 :


Turquie : l’illusion démocratique tombe à Istanbul

Par Jérémie Berlioux, correspondant à Istanbul — 7 mai 2019

L'autorité électorale a annulé le résultat des élections municipales de la ville lundi, poussée par l’AKP, après la victoire de l’opposition.

C’est à sept voix contre quatre que le Haut Conseil électoral (YSK) turc a décidé lundi d’ordonner l’organisation de nouvelles élections municipales à Istanbul. Ekrem Imamoglu, candidat vainqueur de l’opposition n’aura donc occupé le fauteuil de maire d’Istanbul, cœur de l’activité économique du pays, que quelques semaines. Suffisamment pour faire croire un moment, qu’en Turquie, l’alternance politique peut se faire normalement.

Cette décision du YSK ébranle un peu plus la confiance de millions d’électeurs dans le processus électoral. Bien que le Parti de la justice et du développement (AKP) a toujours clamé son attachement à la démocratie grâce aux élections, son insistance à rejouer le scrutin à Istanbul écorne «l’option d’une transition pacifique du pouvoir à travers des élections», selon Halil Gürhanli, spécialiste des populismes et de la vie politique turque à l’université d’Helsinki. Depuis de nombreuses années, l’AKP, le parti du Président, Recep Tayyip Erdogan, est critiqué pour l’affaiblissement progressif des institutions démocratiques, transformant le pays en un régime autoritaire.

Parmi les arguments évoqués pour demander l’annulation des résultats, il y a notamment celui selon lequel certains présidents de bureaux de vote n’étaient pas des fonctionnaires, ce qui est contraire à la loi. Or ce sont ces mêmes présidents qui avaient été validés par le YSK, dont les membres sont en partie nommés par Recep Tayyip Erdogan. Ces présidents ont supervisé les élections des maires d’arrondissement et des conseils municipaux, toutes deux remportées par l’AKP. Elles n’ont pas été contestées ni annulées. De quoi faire dire à Ahmet Sik, député du parti pro-kurde HDP sur Twitter : «6 mai 2019, à nouveau il y a un coup d’Etat en Turquie».

«Autoritarisme compétitif»


La décision du YSK fait tomber le voile sur la fonction réelle des élections en Turquie. «La population n’accepterait pas un dirigeant non élu. Mais le pays est un autoritarisme compétitif, à savoir un régime autoritaire entretenant une apparence de démocratie», avance Howard Eissenstat, assistant professeur à l’université St. Lawrence, dans l’Etat de New York, membre du Project on Middle East Democracy.

Perdre Istanbul est certes une défaite symbolique pour Erdogan, qui en a été maire en 1994. Mais c’est surtout la perte du cœur des réseaux clientélistes, base de la vie politique turque, qui aurait motivé le pouvoir à prendre cette décision.

«Istanbul est une source gigantesque de revenus pour les cercles restreints de l’AKP, continue Howard Eissenstat. Les partis turcs fonctionnent différemment qu’ailleurs. Le chef concentre tous les pouvoirs et redistribue les bénéfices de ses réseaux clientélistes.» Pour cette raison, une fronde au sein de l’AKP est peu probable. Les frondeurs devraient avoir suffisamment de réseaux, un accès aux médias (verrouillés) et rassembler plus de 10% des électeurs pour entrer au Parlement. L’agitation de personnalités, tel l’ancien Premier ministre Ahmet Davutoglu ou encore l’ex-président Abdullah Gül, est le symptôme d’un malaise au sein de l’AKP.

«Après seize ans au pouvoir, le parti souffre d’usure. Au sein de la base, certains critiquent la direction tant pour des raisons démocratiques qu’à cause de la gestion de l’économie», souligne Howard Eissenstat. Le pays est en récession, l’inflation frôle les 20% et le nombre de chômeurs ne cesse d’augmenter.

Dilemme

Ce nouveau vote ne devrait pas changer la configuration du jeu politique turc. Le parti ultranationaliste MHP continue de profiter de son alliance avec l’AKP. De même pour l’alliance de l’opposition turque (kémalistes du CHP et nationalistes de l’IP), bénéficiant du soutien tacite du HDP. Plusieurs formations, dont le Parti communiste de Turquie (TKP) et le Parti de la félicité, islamiste, ont annoncé leur ralliement à un Imamoglu galvanisant les foules. Lundi soir, ce dernier a exhorté ses sympathisants à ne pas perdre espoir : «Nous avons soif de justice, nous sommes la jeunesse turque qui croit en la démocratie. Les décideurs de ce pays sont peut-être dans l’ignorance, l’erreur ou même la trahison mais nous n’abandonnerons jamais.»

Le président turc ne peut cependant pas prendre le risque de perdre à nouveau. «Il faut s’attendre à une augmentation de la violence et de la criminalisation de l’opposition», note Gürhanli. Plusieurs présidents de bureaux de vote sont déjà sous le coup d’enquête pour appartenance à une organisation terroriste. «Une nouvelle défaite l’affaiblirait considérablement», ajoute-t-il.

Cette «crise d’Istanbul» met le pouvoir face à un dilemme. Prendre le risque de paraître affaibli voire laisser s’échapper une partie de ses réseaux, mais garder son apparence démocratique. Ou piétiner le jeu électoral, quitte à pousser l’opposition à ne plus croire en une potentielle alternance pacifique. «Si l’opposition perd cette confiance et ne joue plus le jeu, la Turquie deviendra beaucoup moins stable, et plus difficile à gouverner», assure Howard Eissenstat.
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Re: Turquie : Erdogan joue son va-tout aux municipales

Message par Gayraud de Mazars » 25 Juin 2019, 08:05

Salut camarades,

Turquie : claque électorale pour Erdogan
Brève de Lutte ouvrière, le lundi 24/06/2019

https://www.lutte-ouvriere.org/breves/t ... 32516.html

Après avoir vu son élection annulée par le pouvoir turc au prétexte d’ « irrégularités massives », le candidat de l’opposition à la mairie d’Istanbul vient de l’emporter largement sur celui soutenu par Erdogan le président et chef du parti islamo-conservateur de l’AKP.

Erdogan a pris une claque. Il paye ainsi le fait de faire endurer à la population les conséquences d’une crise économique catastrophique, en y ajoutant une répression policière tous azimuts.

Cela doit encourager les travailleurs et les classes populaires à imposer leurs exigences, en se servant de leurs armes de classe.


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