Gayraud de Mazars a écrit :...Comme me l'écrivait un camarade :
"Un second tour de tous les dangers pour le camp progressiste..."
Evo Morales, du Mouvement pour le socialisme (MAS) a recueilli 47,07% des suffrages, soit suffisamment pour lui donner 10 points de plus que son plus proche rival, Carlos Mesa, qui a recueilli 36,51% des voix. La proclamation officielle du TSE doit arriver sous peu.
Selon la loi électorale en Bolivie, pour être élu au premier tour, il faut soit remporter 50% des voix +1, ou obtenir 40% des voix avec un écart minimal de 10 points sur son rival.
Evo Morales est donc déclaré Président élu lors du premier tour des élections, rendant inutile un second tour.
La droite conteste les résultats et appelle a développer la violence, comme au Nicaragua, au Venezuela, avec le soutien de l'OEA, des Etats Unis, du Brésil, de l'Argentine, de la Colombie et de l'Union européenne. Bizarrement, tous les promoteurs des coups d'état sont réunis pour développer une nouvelle vague de violence.
LO, 30 Octobre 2019 a écrit :Bolivie : les difficultés d’Evo Morales
Les opposants d’Evo Morales, président sortant et candidat à un quatrième mandat, l’accusent d’avoir fraudé pour gagner l’élection présidentielle.
Depuis la proclamation des résultats, les manifestations se sont multipliées, ainsi que les affrontements avec la police ou les partisans du gouvernement. Morales a finalement été déclaré vainqueur, mais a dû déclencher l’état d’urgence et appeler ses partisans à se mobiliser contre un « coup d’État ».
Ancien leader syndicaliste paysan, Evo Morales est parvenu au pouvoir en 2005 en s’appuyant sur une importante mobilisation populaire contre le pillage des multinationales étrangères. Dans ce pays, le plus pauvre d’Amérique latine, 26 compagnies étrangères, dont entre autres Total, Shell et Enron, accaparaient les riches réserves de gaz et aussi de pétrole.
Sans être un révolutionnaire, et il n’en a jamais revendiqué le titre, mais arrivant au pouvoir après plusieurs soulèvements populaires, notamment sur la distribution de l’eau, Morales imposa aux compagnies une renégociation des conditions d’exploitation des richesses énergétiques. Il ne les nationalisa pas, mais les obligea à céder à l’État bolivien une part bien plus importante de la rente qu’elles en retiraient.
Cette manne, en partie redistribuée dans des programmes d’alphabétisation, d’éducation ou de santé, a permis une amélioration de la vie des plus pauvres. Entre 2005 et 2019, selon des chiffres officiels, le taux de pauvreté a reculé de 59 à 35 %.
Cela a valu à Evo Morales une popularité indéniable parmi les classes populaires, et lui a permis d’être largement élu trois fois de suite.
Les classes possédantes n’ont jamais accepté le pouvoir de cet ancien producteur de coca, indien qui plus est. Dès son arrivée au pouvoir, elles se sont opposées aux réformes, mêmes les plus modestes, en faveur des classes pauvres. En 2008, elles proclamèrent la sécession des régions les plus riches du pays, notamment en gaz, y entretenant un climat de guerre civile contre les pauvres. Grâce à la mobilisation populaire et au soutien de l’armée, Morales mit fin à la sédition et renvoya l’ambassadeur américain qui l’appuyait financièrement. Cela ne l’empêcha pas de chercher ensuite un compromis avec les mêmes grands propriétaires qui l’avaient défié, favorisant l’extension de leurs gigantesques champs de soja au détriment de la forêt amazonienne.
Depuis, la chute des cours des hydrocarbures, en diminuant les ressources de l’État, a restreint la marge de manœuvre de Morales, qui a perdu peu à peu une partie de ses soutiens. Même un peu améliorées, les conditions de vie des classes populaires restent très dures. Le salaire minimum a triplé depuis 2006, mais il reste plafonné à 150 euros par mois, et le revenu moyen est presque dix fois inférieur à ce qu’il est dans le reste de l’Amérique latine. Le travail des enfants a même été légalisé dès l’âge de 10 ans. Après avoir favorisé une certaine redistribution de terres en faveur des communautés amérindiennes, Morales soutient désormais l’exploitation de mines jusque dans les zones où elles vivent. Quant aux campagnes, malgré une réforme agraire en 2006, 80 % des exploitations agricoles disposent de moins de 3 % des terres cultivées, tandis que 7 % des propriétaires accaparent 87 % des terres, les meilleures.
Déjà en 2011, face à la mobilisation populaire, Morales avait dû annuler la hausse de 80 % du prix des carburants qu’il venait de décider. Il a aussi perdu le référendum qu’il avait proposé en 2016 pour lui permettre de briguer un quatrième mandat, ce que la Constitution bolivienne interdit. Cela ne l’a pas empêché de se porter candidat cette année, mais une partie de sa base électorale ne l’a visiblement pas suivi puisque, d’après les résultats proclamés par son gouvernement, il l’emporterait avec 20 points de moins que lors du précédent scrutin, en 2014.
Même si les classes possédantes n’ont rien perdu lors de sa présidence, ce résultat a donné des ailes à tous ceux qui n’ont jamais accepté Morales et pour qui, malgré tout, il symbolise une victoire des pauvres et des Indiens : la droite conservatrice, les grands propriétaires, la petite bourgeoisie urbaine. Le candidat arrivé officiellement second à l’élection, et derrière lequel se rangent ceux qui parlent au nom des manifestants, Carlos Mesa, avait été vice-président lors de la répression féroce des manifestations de 2002. Puis, en tant que président, il avait ensuite cédé aux injonctions du FMI, et refusé de mettre en place la nationalisation des hydrocarbures demandée par la population. Si, avec Morales, les classes populaires n’échappent pas au joug du capital, elles n’ont que des coups à attendre de ceux qui veulent le faire tomber.
Jacques Le Gall
Après la démission d’Evo Morales, la Bolivie plonge dans l’inconnu
Dimanche, le président a dû faire face à des départs en cascade, avant d’annoncer le sien, après trois semaines d’intense contestation sociale.
Par Amanda Chaparro
C’est un véritable séisme politique en Bolivie. Le président, Evo Morales, au pouvoir depuis près de quatorze ans, a annoncé sa démission, dimanche 10 novembre, après trois semaines d’intense contestation sociale.
Une démission qui semblait l’unique issue possible tant le chef de l’Etat était acculé de toutes parts. Au cours de la journée de dimanche, Evo Morales a été lâché par nombre de ses soutiens et a dû faire face à des démissions en cascade. Le matin même, il avait annoncé la convocation de nouvelles élections pour « pacifier le pays » mais cela n’avait pas réussi à éteindre l’incendie qui secoue le pays, enfermé dans une des pires crises politiques de son histoire.
« Si se pudo, lo sacamos » (On l’a fait, on l’a sorti), ont scandé les opposants sortis en masse dans les rues des grandes villes pour fêter l’annonce de la nouvelle.
Des démissions en cascade
L’armée bolivienne avait recommandé au chef de l’Etat de démissionner, jugeant qu’une telle décision contribuerait à restaurer le calme dans le pays. « Après avoir analysé le conflit national, nous demandons au président de renoncer à son mandat présidentiel, de permettre le rétablissement de la paix et la restauration de la stabilité dans le pays », a déclaré à la presse le commandant des forces armées terrestres, Williams Kaliman.
La plupart des ministres et des dizaines de sénateurs et députés ont présenté leur lettre de démission. « Le cours des événements va à l’encontre de mes principes personnels, ainsi que de mes valeurs spirituelles et démocratiques, et donc cela m’empêche de continuer à la tête du portefeuille d’Etat que je dirige », a écrit le ministre des hydrocarbures, Luis Alberto Sanchez, dans une lettre envoyée au président et publiée sur son compte Twitter, peu après l’annonce de démission du ministre des mines.
LO, 30 Octobre 2019 a écrit :Bolivie : les difficultés d’Evo Morales
...Même si les classes possédantes n’ont rien perdu lors de sa présidence, ce résultat a donné des ailes à tous ceux qui n’ont jamais accepté Morales et pour qui, malgré tout, il symbolise une victoire des pauvres et des Indiens : la droite conservatrice, les grands propriétaires, la petite bourgeoisie urbaine. Le candidat arrivé officiellement second à l’élection, et derrière lequel se rangent ceux qui parlent au nom des manifestants, Carlos Mesa, avait été vice-président lors de la répression féroce des manifestations de 2002. Puis, en tant que président, il avait ensuite cédé aux injonctions du FMI, et refusé de mettre en place la nationalisation des hydrocarbures demandée par la population. Si, avec Morales, les classes populaires n’échappent pas au joug du capital, elles n’ont que des coups à attendre de ceux qui veulent le faire tomber.
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