A propos de l'agroalimentaire, j'ai des échos comme quoi il y aurait un cluster de contamination sur un site de Fleury-Michon à Pouzauges en Vendée... Cela ne devrait pas tarder à se savoir. Il faudrait vraiment comprendre pourquoi la Covid-19 touche à ce point le personnel de l'agroalimentaire (ex. : abattoirs en France, en Allemagne, aux Etats-Unis...) Une hypothèse suggérée par une connaissance : peut-être que d'autres sortes d'usines sont autant touchées, mais que dans l'agroalimentaire ça se sait du fait des contrôles vétérinaires qui s'intéressent aussi à l'état de santé des personnels susceptibles de transmettre des germes à la viande ?
Le 28 avril, Plestin a écrit :
Sanofi fait du chantage en ce moment pour dire que si l'Europe ne s'implique pas davantage (sous-entendu ne finance ses projets), son premier vaccin développé en partenariat avec les autorités militaires américaines sera fabriqué aux États-Unis et servira en premier les États-Unis sans garantie de disponibilité pour l'Europe avant longtemps...
C'est curieux, cela a eu très peu d'écho sur le moment (malgré un article dans L'Usine Nouvelle dès le 24 avril) et cela n'éclate que maintenant. Le PDG de Sanofi a fait des excuses, non seulement publiques, mais également en interne au personnel du groupe où, spécialement en France et en Allemagne, certains (sans doute haut placés) ont dû se heurter à de vives réactions dans leur entourage. Il affirme que ses propos ont été déformés par l'agence de presse Bloomberg.
Cela concerne l'un des deux vaccins développés par Sanofi, celui sous forme de protéine virale vaccinante, projet financé par l'administration américaine et surtout, relevant d'une technologie qui n'existe pas dans les usines de vaccins de Sanofi en France, mais a été récupérée en 2017 suite à l'acquisition de la société américaine Protein Sciences à Meriden, Connecticut. Celle-ci produit déjà selon ce procédé des vaccins contre la grippe comme le Flu-Blok vendu aux États-Unis. Ces vaccins sont fabriqués en infectant des cellules d'insectes - la noctuelle américaine du maïs, un papillon - avec des virus qui sont des parasites d'insectes, tels que les baculovirus ; la cellule d'insecte réagit en produisant une protéine qui présente un intérêt médical et cette protéine est isolée, purifiée et utilisée comme vaccin. Cette technologie a été développée pour pouvoir disposer d'alternatives face à la culture de vaccins sur oeufs de poule (comme dans les usines françaises), au cas où surviendrait une pandémie de grippe aviaire qui tuerait massivement les poules.
Là, le PDG de Sanofi est chez Macron, officiellement pour rendre des comptes mais on sait qui commande à qui et je ne vois pas trop ce qui pourrait en sortir d'autre que l'annonce que la France ou l'Europe vont elles aussi financer un projet de vaccin de Sanofi...
Il est parfaitement normal que la population américaine bénéficie du vaccin évidemment, mais il en est de même pour toute la planète et le choix des États-Unis est lié au financement américain d'une part, à la technologie américaine d'autre part, et aussi au fait que le marché américain est le plus lucratif de tous.
Toujours est-il que la réaction des syndicats et notamment de la CGT insiste bien sur la nécessité d'avoir un vaccin disponible pour tous et à un prix abordable partout dans le monde. Ici, un article de FranceTVinfo avec une vidéo (hélas d'une très médiocre qualité d'enregistrement), où le représentant CGT du groupe Sanofi s'exprime sur le sujet. Il faut néanmoins l'écouter, car l'article lui-même (ci-dessous) est un peu réducteur :
https://www.francetvinfo.fr/sante/malad ... 63747.htmlCoronavirus : Sanofi veut privilégier les États-Unis, "inacceptable" selon la CGT
Sanofi a annoncé mercredi 13 mai que si le laboratoire trouvait un vaccin contre le coronavirus, il servirait en priorité les États-Unis. Pour réagir, Thierry Bodin, délégué CGT chez Sanofi, est l’invité du JT du soir de franceinfo.La direction des laboratoires Sanofi, s’il trouvait un vaccin contre le Covid-19, servirait en priorité les États-Unis. "L’engagement financier des autorités sanitaires américaines est conditionné au fait que les États-Unis soient servis en premier. Ce n’est pas acceptable au regard des besoins sanitaires qu’il y a sur l’ensemble de la planète", estime Thierry Bodin, délégué CGT chez Sanofi.
"Un vaccin abordable pour tous les peuples"
"Ce n’est pas normal, ne serait-ce que par rapport à la population française. Sanofi perçoit de l’État français entre 110 et 130 millions de crédit d’impôt recherche et a versé près de quatre milliards d’euros aux actionnaires. Cet argent doit être utilisé pour le développement de ce vaccin et qu’il soit administré en fonction des urgences sanitaires et c’est à l’OMS de définir les populations qui doivent être vaccinés en priorité", ajoute-t-il mercredi 13 mai sur franceinfo.
Thierry Bodin espère "une mobilisation très forte de l’opinion publique et des pouvoirs publics". Et de conclure : "Il faut que ce vaccin soit abordable pour tous les peuples. Aucun laboratoire ne doit faire de profits avec ce vaccin."