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Message par Plestin » 06 Juil 2023, 08:44

Dans LO de cette semaine il y a un article sur l'Autriche, "Vienne : l'envers du décor", publié par les militants de l'ARKA (site arbeiter-innen-kampf.org)

https://journal.lutte-ouvriere.org/2023 ... 25425.html

Autriche : Vienne, l’envers du décor
05 Juillet 2023

Cet article émane des militants autrichiens qui animent le site arbeiter-innen-kampf.org

Pour la quatrième fois en cinq ans, Vienne, la capitale de l’Autriche, figure en tête du classement des villes « les plus agréables au monde pour y vivre », publié mi-juin par l’hebdomadaire britannique The Economist. Médias et politiciens se sont fait l’écho de cette « information » pour se congratuler.

Les auteurs de l’enquête auraient pris en compte de nombreux éléments, comme les services et autres équipements, ainsi que l’offre éducative et médicale – des critères qui ont valu à Vienne la note maximale. De la même manière, l’Autriche apparaît, depuis des années, dans le Top 10 des pays où l’on serait le plus heureux, où il fait bon s’expatrier, etc. On ne sait quels critères ont été utilisés, mais ce classement ne correspond certainement pas à ce que vit la population laborieuse au quotidien.

Meilleure offre médicale ? Alors que pendant la période 2019-2021 (crise du Covid) l’espérance de vie a reculé dans le pays, pour la première fois depuis la guerre, de 7,6 mois, soit six fois plus qu’en France ? Alors que l’été dernier le Wiener Gesundheitsverbund, l’organisme qui gère les hôpitaux viennois, estimait lui-même qu’il y manquait au moins 2 000 soignants ? Ou encore alors qu’a éclaté en avril dernier un scandale lorsque deux patients sont morts dans un service d’urgence, sans que personne ne s’en rende compte, tant le personnel était débordé ?

Il faut aussi citer le sort des aides à domicile 24 heures sur 24. Publié récemment par la centrale syndicale ÖGB, le livre Die Armen von Wien [Les pauvres de Vienne] révèle que 70 000 d’entre eux, indispensables pour aider les personnes âgées dépendantes, qui sont d’origine slovaque ou hongroise travaillent avec un statut d’autoentrepreneur, donc sans aucun droit pour se défendre ; et ils sont payés au lance-pierres par une agence souvent mafieuse située dans leur pays d’origine.

À propos des travailleurs, qui font tourner cette « ville magnifique », 60 % de ceux qui habitent Vienne n’ont – toujours selon l’ÖGB – pas le droit de vote car ils n’ont pas la nationalité autrichienne, même s’ils sont nés et ont étudié dans la capitale, car c’est encore le droit du sang qui s’applique.

Quant à « l’offre éducative supérieure », de nombreux jeunes des quartiers populaires de Vienne sortent de l’école sans maîtriser l’allemand. L’Autriche est un des pays d’Europe où le nombre de ceux qui ne croient pas à la science est le plus élevé.

Vienne serait aussi la ville la plus agréable à vivre pour les femmes, alors que l’Autriche est un pays où le taux de féminicides, ramené à sa population, est parmi les plus élevés d’Europe et, surtout, le seul pays européen où le nombre d’assassinats de femmes est supérieur à celui d’assassinats d’hommes, ce qui en dit long sur la violence intrafamiliale qui règne.

On pourrait multiplier les exemples qui montrent que, malgré les poncifs répétés par les médias, la crise touche aussi Vienne et l’Autriche, même si les couches favorisées peuvent y jouir d’une vie agréable, en ignorant les injustices criantes. Cette situation repose tout simplement, et comme partout, sur l’exploitation et le mépris du plus grand nombre, avec, en plus, une énorme dose de mensonge et d’ignorance des conditions d’existence de la population laborieuse.
Site arbeiter-innen-kampf.org



Ce groupe met en liens permanents les sites de LO, de Spark, des camarades de l'organisation allemande BRA (membre de l'UCI), mais aussi de l'OKDE grecque et du site marxists.org.

http://arbeiter-innen-kampf.org/links/

Déjà en 2016, il y avait dans la LDC un article très documenté sur l'Autriche, "Autriche : une extrême-droite qui a des racines profondes dans le passé du pays", où l'on pouvait lire par exemple dans le paragraphe sur "La disparition des traditions de lutte" que :

"Le KPÖ conserva encore une certaine influence dans les entreprises. Ce fut la répression de l’insurrection ouvrière de 1956 en Hongrie qui lui fit perdre presque tout crédit. Chacun à sa manière, la social-démocratie et le stalinisme avaient ainsi contribué à discréditer, au sein de la classe ouvrière, toute idée de changer la société. Cela conduisit à une rupture profonde avec les traditions militantes existant dans le prolétariat depuis des décennies. En l’absence d’autre perspective, ce fut dès lors le partenariat social, cette collaboration sans faille entre les dirigeants syndicaux et le patronat, qui prédomina. Le nombre de grèves déclina considérablement et la bourgeoisie autrichienne put ainsi bénéficier de la paix sociale pour une longue période historique. Une étude récente de l’Institut der deutschen Wirtschaft, un institut économique de Cologne, portant sur les années 2006 à 2015, indique ainsi pour l’Autriche le deuxième­ taux de grèves le plus bas en Europe, juste avant la Suisse, qui ferme le classement : sur cette période, il y a eu en moyenne 50 fois moins de journées de grève par salarié en Autriche qu’en France. Cette situation ne facilite pas la tâche des rares groupes de militants qui font l’effort de se tourner vers la classe ouvrière, même s’ils peuvent constater que, comme partout, il est possible de s’adresser à cette dernière sur un terrain de classe, et qu’un certain nombre de travailleurs sont réceptifs à un tel langage."


Et dans le paragraphe "Renouer avec les traditions de lutte de classe" :

"Le succès du FPÖ, en particulier dans les milieux populaires, souligne en tout cas la perte profonde de repères dans la classe ouvrière. Les travailleurs d’Autriche, s’ils ne veulent pas faire les frais des attaques de la bourgeoisie et des prochains gouvernants, quels qu’ils soient, devront sortir des illusions du repli sur soi. Pas plus que ceux des autres pays, ils ne pourront faire l’économie de la lutte pour changer cette société, seule véritable réponse à la sinistre démagogie de l’extrême droite. Face à cette évolution, il serait indispensable que renaisse un véritable parti communiste, qui soit capable de s’adresser à ces travailleurs déboussolés, en dénonçant à la fois la politique pro-patronale de la social-démocratie, mais aussi les mensonges, le racisme et la démagogie du FPÖ. Ce parti devrait aussi s’appuyer sur des luttes ouvrières, même limitées, propres à redonner confiance aux travailleurs. C’est un chemin long et difficile, mais indispensable."


https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2016 ... 71910.html

Note : KPÖ = le parti communiste autrichien, FPÖ = un parti d'extrême-droite.
Plestin
 
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Re: Autriche

Message par Kéox2 » 07 Juil 2023, 19:55

Courage et respect pour ce groupe de militants autrichiens qui se tournent vers la classe ouvrière et qui renouent avec une politique communiste révolutionnaire.
Kéox2
 
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