Brève LO, 19/01/2024 a écrit : Irlande du Nord : grève massive des travailleurs du public
Jeudi 17 janvier, 100 000 travailleurs du secteur public ont fait grève en Irlande du Nord, pour revendiquer des hausses de salaires et de meilleures conditions de travail. Conducteurs de bus, cheminots, enseignants, soignants, agents territoriaux, etc., ont cessé le travail à plus de 75%, répondant présent à l’appel de seize syndicats.
Si cette grève a été la plus massive depuis 50 ans, c’est que cette province est la plus pauvre du Royaume-Uni et que les salaires des fonctionnaires y sont en effet souvent inférieurs à ceux pratiqués en Grande-Bretagne.
Les rassemblements qui l’ont accompagnée et la colère qui s’y est exprimée sont un encouragement pour tous ceux qui refusent de payer la crise de ce système capitaliste à bout de souffle.
Qu'en est-il des divisions sectaires (en France on dirait "communautaristes") catholiques-protestants dans cette grève ? Cf. cet article, rédigé semble-t-il avant la grève, et apparemment pas trop mal disposé vis-à-vis des directions syndicales ;
Workers' Liberty, 18 janvier 2024 a écrit :Deuxième plus grande grève d'Irlande du Nord
Le jeudi 18 janvier aura probablement été le théâtre de la plus grande grève du siècle en cours dans l'histoire de l'Irlande du Nord, sans tenir compte de l'arrêt imposé par les paramilitaires contre le partage du pouvoir en 1974.
Cette fois, les syndicats du secteur public représentant les travailleurs au delà de toutes les divisions sectaires appelleront les travailleurs à l'action qui paralysera la société d'Irlande du Nord et démontrera, en cas de doute, le pouvoir de la classe ouvrière et l'éventail de fonctions socialement utiles exercées par travailleurs du secteur public. Par températures négatives, les routes ne seront pas sablées ; les bus et les trains ne bougeront pas ; les opérations seront annulées, les écoles fermeront et de nombreux services publics cesseront tout simplement d’être fournis.
La cible de l'action est en premier lieu le secrétaire d'État conservateur pour l'Irlande du Nord, Chris Heaton-Harris. S'il est évident depuis un certain temps que les conservateurs cherchent à utiliser les crises budgétaires et les coupes dans le secteur public comme un bélier pour forcer le Parti unioniste démocrate (DUP) à mettre fin à sa protestation contre le protocole d'Irlande du Nord post-Brexit et les accords-cadres de Windsor. , ce n’est qu’avant Noël que cela est devenu explicite pour de nombreux travailleurs d’Irlande du Nord.
Dans le cadre d’une incitation de 3,3 milliards de livres sterling destinée au DUP pour rétablir la décentralisation du gouvernement, le gouvernement britannique a mis de côté 600 millions de livres sterling pour tenter de répondre aux revendications salariales du secteur public, après plus d’une décennie d’érosion des salaires et des conditions de travail. Soudain, il est devenu clair que la vie des travailleurs, la vie de leurs familles et leur capacité à payer les produits de première nécessité étaient utilisées comme monnaie d'échange alors que, de toute évidence, l'argent était là et disponible.
Le résultat a été la fureur des membres du syndicat et la reconnaissance par les dirigeants syndicaux de la nécessité d’agir. Malgré les tensions, le résultat est une coordination généralisée entre les syndicats du secteur public.
Bien qu'une tentative du Sinn Féin de restaurer Stormont à la veille de la grève ait échoué, le DUP sera probablement ébranlé par l'ampleur de l'action et par la crainte que la colère contre Heaton-Harris ne lui soit bientôt transférée dans une situation politique fébrile. .
Comme on l'a vu de manière récurrente – depuis la grève des ingénieurs de 1919 jusqu'aux luttes de secours en plein air de 1932 – la classe ouvrière du nord de l'Irlande est capable d'unité et d'une immense force sur des questions essentiellement économiques de salaires et de conditions de travail. Dans la mesure où ces grèves actuelles sont politiques, elles visent à une intervention politique, soit de Westminster, soit de Stormont, pour résoudre les problèmes de rémunération du secteur public.
Les socialistes devraient soutenir et développer ces luttes et l’immense leçon qu’elles fournissent sur le pouvoir social de l’action unie de la classe ouvrière.
Dans le même temps, la stratégie actuelle des conservateurs consiste à confier toute la responsabilité budgétaire aux fonctionnaires non élus, dans le cadre de coupes budgétaires brutales et d'austérité budgétaire. Il est peu probable que cette situation s'améliore même si Stormont est restauré, étant donné la subordination fiscale de ce dernier et sa dépendance à l'égard de Westminster.
Même si les conservateurs peuvent être repoussés et les concessions obtenues grâce à une action revendicative unie, les socialistes doivent faire valoir qu'une résolution finale, même des questions fondamentales de salaires, sera constamment menacée si le nord de l'île continue d'être gouverné, au fond, par un Westminster, insensible et démocratiquement irresponsable. Cela est également vrai du degré limité de décentralisation proposé par Stormont, qui contient tout un éventail de structures et d'incitations politiques qui maintiennent les travailleurs divisés selon des lignes sectaires.
La réponse réside dans la lutte de la classe ouvrière pour de meilleurs salaires et conditions, contre Stormont, Westminster et le gouvernement de coalition à Dublin, combinée à une perspective politique plus large visant à unir les travailleurs au-delà des divisions sectaires pour une République ouvrière irlandaise qui garantisse les droits pour tous.
Après le 18 janvier, les discussions devront de toute urgence se tourner vers la structure de la base pour maintenir et approfondir la pression industrielle sur les conservateurs et le DUP, mais aussi commencer et développer des discussions politiques plus larges sur la voie à suivre.
https://www.workersliberty.org/story/20 ... est-strike
