L'émancipation des peuples ne pourra pas se réaliser sous les bannières nationalistes. Cf. par exemple la conclusion du CLT d'octobre 1993, "De la « guerre des pierres » à un État palestinien ? " :
Les pages d'histoire qui restent à écrire
Aujourd'hui, les dirigeants du système impérialiste paradent, se félicitent de la victoire qu'ils disent avoir remportée à tout jamais sur le communisme. Mais derrière cette façade il ne cesse d'approfondir ses antagonismes, ses crises, ses instabilités, de provoquer une énorme accumulation de misère et de jeter les peuples dans des conflits sanglants et sans issue dont aucun n'est vraiment à l'abri.
Bien sûr, la première forme de la lutte, de la prise de conscience de l'oppression par les peuples, est souvent la forme nationale. Il ne s'agit pas pour les révolutionnaires prolétariens de l'ignorer, mais de faire tout pour que cela ne devienne pas une limite et un piège.
Car la conquête de l'indépendance par un peuple, quels que soient les sacrifices qu'elle implique, ne peut par elle-même rien résoudre. La satisfaction des besoins des masses ne peut être réelle que si leur lutte se développe en une lutte contre le système impérialiste lui-même, que si elle se développe en une lutte prolétarienne et socialiste.
Or, dans la lutte pour leurs aspirations, les masses se heurteront à bien des clivages nationaux, bien des frontières, que l'impérialisme maintient justement pour les diviser. Il faudra alors savoir les franchir, les briser. Le prolétariat n'en sera que plus riche ; non seulement plus riche en force et en nombre, mais riche de sa diversité, de ses expériences différentes, de toutes ces connaissances, de tous ces acquis qu'il devra fondre ensemble et qui lui seront nécessaires pour construire une société dépassant les désolantes et absurdes oppositions d'aujourd'hui qui ne débouchent que sur des massacres.
Bien sûr, cela a été et reste d'autant plus difficile que la conscience de classe, révolutionnaire et internationaliste, que le prolétariat a pu acquérir aux meilleures années qui ont suivi la Révolution russe, a été pervertie, trahie et finalement annihilée par des années de stalinisme.
Des pages d'histoire n'ont pas été écrites qui, pour ne parler que de ces événements du Proche et du Moyen-Orient qui nous occupent, auraient pu être écrites ensemble par les masses arabes pauvres de Palestine et du Liban, d'Egypte et de Jordanie, mais aussi par les Juifs de Palestine s'ils avaient su, s'ils avaient vu que les masses arabes pouvaient être des alliés et non des ennemis. Faute de quoi pour chacun la voie nationale est devenue un piège aux issues de plus en plus étroites.
Mais ce qui a été possible le sera encore, nous en sommes convaincus. Il y a des pages d'histoire encore vierges à écrire. Pour les peuples, il y a un avenir à construire. Il existe à chaque étape, le passé en témoigne, différentes possibilités, différentes voies politiques entre lesquelles il est toujours possible de choisir. Les unes conduisent à un avenir invivable, les autres à un avenir qui sera vivable pour toute l'humanité, sur toute la planète car les différences n'y seront pas source d'affrontements, mais de richesse.
Mais cet avenir-là, nous en sommes convaincus, ne peut être que communiste.
https://www.lutte-ouvriere.org/clt/docu ... -etat.html