Constitution européenne

Dans le monde...

Message par Barikad » 16 Avr 2004, 01:56

Suite à une remarque de Wolf, concernant un article sur la constitution européenne paru en decembre sur le site de la LCR 94
Je poste donc l'article. Quel est donc le probleme ?

a écrit :Feue la « constitution » européenne. Vivent les Etats-Unis socialistes d’Europe.

23 décembre 2003



C’est une fin sans gloire qu’a connue la « constitution européenne » de Giscard le 13 décembre dernier, lors du sommet européen de Bruxelles. Berlusconi, qui se faisait fort de conclure l’affaire avant la fin de la présidence italienne n’a pu que passer le relais au Premier ministre irlandais, lequel s’est empressé de déclarer qu’il ne relancerait pas les négociations officielles avant mars 2004.
Cet avortement a été entouré d’un silence aussi assourdissant qu’avaient été tonitruantes les déclarations faisant de l’élaboration du projet de « constitution » un véritable événement historique, acte fondateur d’une Europe politique. Certains ne s’étaient pas épargné le ridicule de comparer la Convention présidée par Giscard à la Convention de Philadelphie qui, en 1776, avait donné naissance à la constitution des Etats-Unis. Ce fut, en fin de compte, pour le vieux routier de la Vème République un canular presque aussi réussi que son entrée à l’Académie française.
Exit donc la « Constitution ». Exit, du même coup, un éventuel réferendum, dont comptaient se servir non seulement les démagogues nationalistes à la de Villiers ou Le Pen, mais également les dirigeants du PC ou des minorités du PS, qui espéraient par une campagne en faveur du « non », se donner une image d’opposants à une politique -menée aujourd’hui par la droite, hier par le PS- qu’ils avaient soutenue, et pour certains même, mise en œuvre au gouvernement.

Un auto-effondrement qui remet les problèmes à leur vraie place

Le gouvernement Raffarin, comme les dirigeants du PS qui soutenaient le projet de constitution, sont partagés, semble-t-il, entre soulagement et embarras. Ils savent bien, en effet, que le « non » aurait eu de grandes chances d’être majoritaire, les « non » exprimant le mécontentement contre la politique du gouvernement et le sentiment que cette Europe est synonyme de régression sociale s’ajoutant aux « non » des souverainistes. D’un autre côté, l’issue ridicule qu’a trouvée l’élaboration de cette soi-disant « constitution » ruine leur tentative de masquer la véritable nature de la construction européenne par un emballage institutionnel plus légitime aux yeux des populations. Au point même que certains, comme Strauss-Kahn, qui avait exprimé dans une tribune publiée par Le Monde et cosignée par Martine Aubry et Delanoë, son enthousiasme pour le travail de la Convention, a créé la surprise, récemment, en se prononçant pour une Constituante... que serait le nouveau Parlement européen élu en juin 2004 !
Quant à ceux, à gauche, qui criaient à la catastrophe alors même qu’ils avaient approuvé et soutenu aussi bien le traité d’Amsterdam que toutes les décisions et projets des sommets européens lorsqu’ils participaient au gouvernement Jospin, ils sont ramenés à la réalité de leur positionnement sur la scène politique française, qu’ils ont illustré au printemps dernier par leur absence du mouvement contre la loi Fillon sur les retraites et la décentralisation.
Les dirigeants européens n’ont pas besoin de cette « constitution » pour mener une politique catastrophique pour la population. En témoignent suffisamment les dernières mesures du gouvernement français contre les chômeurs ou la série de réformes que Schröder faisait voter par les députés allemands la semaine qui a suivi le sommet de Bruxelles.
Nous ne pouvons bien entendu que dénoncer cette pseudo-constitution, son caractère anti-démocratique, mais nous ne pouvons le faire indépendamment d’un programme de luttes traçant la perspective d’une Europe des travailleurs sous peine de donner du crédit à tous ceux qui se servent de cette bataille à des fins démagogiques, pour faire oublier leur soutien à la politique de la bourgeoisie.
Une nouvelle crise, expression des contradictions de la construction européenne

« Convention », « constitution », ces mots grandiloquents ne peuvent cacher la réalité beaucoup plus pragmatique de la construction européenne.
Il ne s’agissait pas pour les bourgeoisies européennes, de créer un Etat européen - les Quinze rechignent même à doter le budget de l’UE de plus de 1% de leur PIB- , tout au plus de bricoler un montage institutionnel qui permette à une Union européenne, élargie à 25 membres, de fonctionner, et au passage, de tenter de créer l’illusion que cette construction serait autre chose qu’un compromis entre les intérêts nationaux de chacune et la coopération à laquelle les contraint la concurrence exacerbée par la mondialisation capitaliste. Une coopération qui a pour objectif de baisser le coût du travail des salariés vivant en Europe, de réduire les dépenses de l’Etat « improductives » comme de peser sur la scène mondiale afin d’y défendre ou gagner des positions pour les trusts d’Europe.
Aucune des bourgeoisies européennes n’entend sacrifier ses intérêts nationaux, c’est-à-dire les privilèges que lui permettent de défendre son Etat et les frontières nationales. Mais aucune, en même temps, n’est de taille, seule, à affronter des rivaux beaucoup plus puissants, en particulier les Etats-Unis. Ces derniers entendent bien, de leur côté, empêcher l’émergence d’une véritable Europe politique, qui constituerait une menace pour leur hégémonie
Ce sont ces contradictions, inhérentes à la construction européenne, qui sont à l’origine des crises qui ont ponctué son existence depuis ses origines.
A Bruxelles, le 13 décembre, aucun compromis n’a pu être trouvé entre les pays -l’Espagne et la Pologne- qui refusaient le nouveau mode de calcul de la majorité et de composition de la Commission européenne, et ceux qui, comme la France, repoussaient toute négociation sur le traité Giscard. En l’absence d’autre traité institutionnel, c’est le traité de Nice, conclu en 2000, qui devrait s’appliquer jusqu’en 2009, si aucune autre solution n’est trouvée d’ici là.
Par contre, les Vingt-Cinq réunis à Bruxelles ont approuvé un nouveau pas dans la construction de la Défense européenne, la mise en place par un noyau de pays constitué autour de la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne, d’une « cellule de planification des opérations » -un QG militaire-, doté d’une certaine autonomie par rapport à l’Otan. C’est d’ailleurs vers la multiplication de ces « coopérations renforcées », c’est-à-dire la coopération de quelques Etats « pionniers » dans certains domaines que semble s’orienter en particulier le « couple franco-allemand ». Serait ainsi consacrée la prééminence des « poids lourds de l’Europe » au détriment des pays dont le poids est plus faible.
Mais même la pseudo-constitution de Giscard, plus exactement le montage institutionnel bricolé par la Convention n’aurait pas davantage permis de résoudre ces contradictions et d’éviter des crises qui seront d’autant plus fréquentes et aiguës que l’Union européenne s’élargit à 25 membres et que l’essoufflement d’une économie mondiale asphyxiée par l’endettement renforce les exigences des actionnaires des trusts et de la finance en matière de rentabilisation du travail.
Défendre une perspective internationaliste

La construction européenne, pour aussi chaotique qu’elle soit, obéit à une tendance forte de l’économie capitaliste et, plus fondamentalement, de l’évolution de la société, l’extension de la production et de la distribution des richesses au-delà du cadre trop étroit des frontières nationales, leur internationalisation.
Mais les bourgeoisies s’efforcent de concilier cette tendance qui s’impose à elles, en particulier du fait de l’agressivité du capital américain, avec le maintien de frontières et d’Etats nationaux qui protègent leurs privilèges de classes possédantes.
Le mouvement ouvrier n’a pas à craindre la crise inévitable et chronique de l’Europe capitaliste mais bien plutôt à se donner les moyens d’y intervenir pour tracer la perspective d’une autre Europe. Il s’agit d’aider les travailleurs à prendre conscience de leurs intérêts, de leurs droits, pour les imposer par-delà les frontières, d’opposer aux projets de leurs bourgeoisies un autre projet, celui d’une Europe démocratique des travailleurs et des peuples.
Constitution ou pas, nous rejetons cette Europe en tant qu’elle est un des instruments des classes possédantes contre les travailleurs et les peuples d’Europe et du monde. Nous militons pour une coopération égalitaire et démocratique entre les peuples, c’est-à-dire une fédération de Républiques socialistes, sans pour autant vouloir, à l’étape actuelle, opposer une constitution, qui ne pourrait être qu’une abstraction, aux montages institutionnels des gouvernements européens destinés à concilier libéralisme économique et intérêt national de leur bourgeoisie. La constitution des Etats Unis socialistes d’Europe, ce seront les luttes qui l’écriront.
Par contre, dès maintenant, nous saisissons toutes les occasions pour œuvrer à l’union de tous les travailleurs, les exploités, par-delà les frontières. En ce sens, nous nous félicitons que la construction européenne prépare le terrain pour un rapprochement entre tous les salariés d’Europe, élargisse l’arène de leurs luttes.
La crise que connaît l’Europe des multinationales contribue à créer, tant à l’échelle européenne qu’à l’échelle nationale, les conditions de l’émergence d’une force politique qui ait la volonté d’armer les luttes d’un véritable programme d’urgence, de revendications exprimant les besoins des travailleurs et des populations, dont la satisfaction exige de s’attaquer à la propriété capitaliste et de placer sous leur contrôle les grandes entreprises, les banques, les sociétés financières, l’ensemble de l’économie.
C’est un tel programme que défendront les listes LCR-LO aux élections européennes de juin prochain, un programme de luttes lié à une perspective internationaliste, de transformation révolutionnaire de la société, et qui, de fait, constituera un pas en avant dans la construction d’un parti des travailleurs, révolutionnaire et internationaliste.
Barikad
 
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Message par Barikad » 16 Avr 2004, 08:05

Effectivement, rien ne dis que....
Maintenant cet article à été ecrit en décembre, aprés le fiasco de Bruxelle. A ce moment là, la constitution est morte. Mais il est evident que les classes dominantes européennes chercheront de nouveau à chercher un "compromis institunionel. Quand ? dans un mois ou dans deux ans, quelle importance.
Cet article avait pour but, il me semble, de remettre les enjeux à leur place. L'important, ce n'est pas la "constitution" européenne. Mais plutot de travailler à construire une perspective, pour les travailleurs, d'une europe democratique, des peuples et des travailleurs. Les états unis socialiste d'europe quoi !
Barikad
 
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