
La constitution du gouvernement Lula constitue un tournant de la situation politique au Brésil et en Amérique latine. C’est une victoire des classes populaires contre l’impérialisme et les classes dominantes du Brésil.
1. Ce tournant s’inscrit dans une situation latino-américaine marquée par une instabilité politique croissante : tensions au bord de la guerre civile au Vénézuela pour renverser le gouvernement d’Hugo Chavez, guerre entre les para militaires et les FARC de Colombie, élection de Gutierrez, nationaliste radical en Equateur, poussée électorale de Moralès, candidat anti-libéral, en Bolivie, effondrement de l’Argentine. La victoire de Lula constitue dans Toute l’Amérique latine , un immense espoir.
2. La victoire de Lula est le résultat d’une mobilisation des travailleurs et du peuple brésilien au travers du Parti des travailleurs qui est, depuis plus de 20 ans , l’expression politique des luttes et des mouvements sociaux du brésil. Dans cette histoire, le parti des travailleurs a su tisser des liens, en particulier avec les syndicats et le mouvement des sans-terre. Ce sont plus de 52 millions de brésiliens qui ont porté leurs suffrages sur Lula. Des centaines de milliers de brésiliens ont participé aux manifestations d’investiture de Lula. Les premières déclarations de José Dirceu, secrétaire du PT et chef de cabinet de Lula appelle « le peuple à réaliser une vraie révolution sociale » ; enfin, premier acte du gouvernement Lula, c’est l’annulation d’une commande de 12 avions Dassault pour affecter les fonds de cette commande militaire au programme de lutte contre la faim.
3. A l’évidence, ces caractéristiques constituent des différences, avec l’évolution social-libérale de la social-démocratie internationale et de leurs gouvernements. Si, en France, des responsables du PS s’aventuraient à faire des comparaisons entre le PS et le PT. Nous leur rétorquerions non seulement que la situation française et celle du Brésil ne sont pas comparables, mais
a) que le gouvernement Lula est un gouvernement de crise, pour les classes dominantes et pas un gouvernement d’alternance social-libérale.
8) Le PS ne peut être comparer au PT et à ses liens avec les mouvements sociaux.
c) Lula était le candidat du peuple brésilien, des travailleurs et des pauvres. Y- a-t-il un seul dirigeant socialiste qui a ce type de relations avec les classes populaires ?
4. Néanmoins, dans les rapports de forces actuels sur le plan mondial, tant les secteurs bourgeois, représentés par l’ancien président Fernando Henrique Cardoso que les institutions financières internationales (FMI, Banque Mondiale) ont mis en place un mécanisme visant à restreindre au maximum « la liberté d’action » d’un futur gouvernement Lula. Le cadre est des plus contraignant : respect des engagements du Brésil vis à vis du FMI, et en particulier du remboursement de la dette, négociation de l’ALCA, lutte contre l’inflation. Dès la campagne électorale, le choix de Lula, de José Alencar-un des patrons du textile - pour le poste de vice président annonçait la couleur. La sénatrice Elena Heloises refusa d’avoir comme suppléant un représentant d’Alencar. Les camarades de la Démocratie Socialiste (section de la IV ème Internationale au Brésil) s’opposèrent à cette nouvelle orientation du PT. Depuis la constitution du nouveau gouvernement, la nomination de certains hauts fonctionnaires ministres sont des « signaux forts » envoyés aux marchés , en fait des assurances données aux classes dominantes. La nomination à la banque centrale Henrique de campos Mirelles, premier latino américain qui a présidé une banque internationale etats-unienne, - the Bank of Boston- comme la nomination de Luiz Fernando Furlan, grand capitaliste lié au marché d’exportations ou de Roberto Rodrigues, grand propriétaire foncier et responsable d’associations de l’ Agro-Business sont des choix qui ne vont pas dans le sens de la rupture avec le libéralisme et de la satisfaction des revendications des classes populaires.
5. Le gouvernement de Lula est donc un gouvernement qui se dispose pour gérer les affaires des classes dominantes mais dans un contexte marqué par une forte présence des mouvements de masses, et en particulier des syndicats et des mouvements des sans-terre. C’est un gouvernement de crise. Il est aujourd’hui à la croisée des chemins, ce gouvernement ira-t-il vers des réformes de structures significatives-sur le plan de la réforme agraire, de la concentration des richesses, du modèle exportateur- ou les compromis avec les institutions financières internationales et les grands groupes privés Brésiliens et transnationaux vont-ils marquer de leur empreinte la politique du gouvernement Lula ? Tel est l’enjeu des prochains mois. Mais il faut insister sur le fait que la dynamique sociale que peut engendrer l’évolution de Lula est susceptible, en particulier dans le contexte de crise que connaît l’Amérique latine.
6. Une particularité de ce processus et une responsabilité particulière pour les révolutionnaires, c’est la participation de la gauche du PT au gouvernement Lula, dont des camarades membres et sympathisants de la Démocratie socialiste Il s’agit de Miguel Rossetto, membre de la DS – ministre de la réforme agraire- et d’ Oliviero Dutra – sympathisant de la DS, ministre de la Ville-. Cette question a été largement débattue par nos camarades. Une très large majorité s’est dégagée pour soutenir la participation au gouvernement. Les arguments de la DS pour participer au gouvernement font valoir la dynamique du soutien populaire au gouvernement, la constitution d’un gouvernement du PT rassemblant l’essentiel de tous les courants et tendances du PT, la nécessité de faire l’expérience de ce gouvernement avec les mouvement sociaux. La nomination de Rossetto, par exemple, a été saluée par le MST du brésil et dénoncée par toutes les associations de propriétaires fonciers. Joao Pedro Stedile, leader du MST a déclaré : « la présence de Miguel Rossetto est un signe positif. C’est une personne d’engagement et de tradition historique de la gauche brésilienne. Mais nous préférons ne pas juger des hommes ou des déclarations d’intention. Ce qui va permettre d’avancer sera le rapport de forces dans la société. C’est à nous d’obtenir un niveau de pression suffisant pour opérer un processus de transformation ». D’autres arguments ont été aussi avancés pour soutenir tous les « pas en avant » de ce premier gouvernement Lula, sans participer pour autant au gouvernement, la politique globale du « noyau gouvernemental du PT » ne constituant pas une rupture avec l’impérialisme et le libéralisme. C’est bien entendu aux camarades brésiliens de décider de leurs choix politiques. .Il faut noter que nos camarades brésiliens ne sont pas une tendance qui fait de l’«entrisme» dans le parti des travailleurs. Ils sont les co-fondateurs, les constructeurs et les animateurs de ce parti que l’essentiel des tendances révolutionnaires brésiliennes considèrent comme un parti de « classe ». La question de la participation au gouvernement ne doit pas diviser la gauche du PT. Dans ou hors du gouvernement, il faut aujourd’hui renforcer la gauche du PT pour orienter le parti des travailleurs dans une direction anti-capitaliste.
Ce qui est décisif, c’est la politique que mènera le gouvernement : quelle application de la réforme agraire, quelle augmentation des salaires, le refus de toute privatisation, les pas de rupture avec l’ALCA…Et surtout, le développement de la mobilisation sociale. La tâche du ministre de la Réforme agraire, Rossetto sera d’être aux cotés des paysans du MST, et au delà, de stimuler la mobilisation sociale nécessaire pour régler les questions fondamentales en discussion au Brésil. Et aux révolutionnaires du monde entier, d’être aux cotés du peuple brésilien et du gouvernement Lula pour qu’il réponde positivement aux aspirations et aux revendications des classes populaires.
François Sabado
1. Ce tournant s’inscrit dans une situation latino-américaine marquée par une instabilité politique croissante : tensions au bord de la guerre civile au Vénézuela pour renverser le gouvernement d’Hugo Chavez, guerre entre les para militaires et les FARC de Colombie, élection de Gutierrez, nationaliste radical en Equateur, poussée électorale de Moralès, candidat anti-libéral, en Bolivie, effondrement de l’Argentine. La victoire de Lula constitue dans Toute l’Amérique latine , un immense espoir.
2. La victoire de Lula est le résultat d’une mobilisation des travailleurs et du peuple brésilien au travers du Parti des travailleurs qui est, depuis plus de 20 ans , l’expression politique des luttes et des mouvements sociaux du brésil. Dans cette histoire, le parti des travailleurs a su tisser des liens, en particulier avec les syndicats et le mouvement des sans-terre. Ce sont plus de 52 millions de brésiliens qui ont porté leurs suffrages sur Lula. Des centaines de milliers de brésiliens ont participé aux manifestations d’investiture de Lula. Les premières déclarations de José Dirceu, secrétaire du PT et chef de cabinet de Lula appelle « le peuple à réaliser une vraie révolution sociale » ; enfin, premier acte du gouvernement Lula, c’est l’annulation d’une commande de 12 avions Dassault pour affecter les fonds de cette commande militaire au programme de lutte contre la faim.
3. A l’évidence, ces caractéristiques constituent des différences, avec l’évolution social-libérale de la social-démocratie internationale et de leurs gouvernements. Si, en France, des responsables du PS s’aventuraient à faire des comparaisons entre le PS et le PT. Nous leur rétorquerions non seulement que la situation française et celle du Brésil ne sont pas comparables, mais
a) que le gouvernement Lula est un gouvernement de crise, pour les classes dominantes et pas un gouvernement d’alternance social-libérale.
8) Le PS ne peut être comparer au PT et à ses liens avec les mouvements sociaux.
c) Lula était le candidat du peuple brésilien, des travailleurs et des pauvres. Y- a-t-il un seul dirigeant socialiste qui a ce type de relations avec les classes populaires ?
4. Néanmoins, dans les rapports de forces actuels sur le plan mondial, tant les secteurs bourgeois, représentés par l’ancien président Fernando Henrique Cardoso que les institutions financières internationales (FMI, Banque Mondiale) ont mis en place un mécanisme visant à restreindre au maximum « la liberté d’action » d’un futur gouvernement Lula. Le cadre est des plus contraignant : respect des engagements du Brésil vis à vis du FMI, et en particulier du remboursement de la dette, négociation de l’ALCA, lutte contre l’inflation. Dès la campagne électorale, le choix de Lula, de José Alencar-un des patrons du textile - pour le poste de vice président annonçait la couleur. La sénatrice Elena Heloises refusa d’avoir comme suppléant un représentant d’Alencar. Les camarades de la Démocratie Socialiste (section de la IV ème Internationale au Brésil) s’opposèrent à cette nouvelle orientation du PT. Depuis la constitution du nouveau gouvernement, la nomination de certains hauts fonctionnaires ministres sont des « signaux forts » envoyés aux marchés , en fait des assurances données aux classes dominantes. La nomination à la banque centrale Henrique de campos Mirelles, premier latino américain qui a présidé une banque internationale etats-unienne, - the Bank of Boston- comme la nomination de Luiz Fernando Furlan, grand capitaliste lié au marché d’exportations ou de Roberto Rodrigues, grand propriétaire foncier et responsable d’associations de l’ Agro-Business sont des choix qui ne vont pas dans le sens de la rupture avec le libéralisme et de la satisfaction des revendications des classes populaires.
5. Le gouvernement de Lula est donc un gouvernement qui se dispose pour gérer les affaires des classes dominantes mais dans un contexte marqué par une forte présence des mouvements de masses, et en particulier des syndicats et des mouvements des sans-terre. C’est un gouvernement de crise. Il est aujourd’hui à la croisée des chemins, ce gouvernement ira-t-il vers des réformes de structures significatives-sur le plan de la réforme agraire, de la concentration des richesses, du modèle exportateur- ou les compromis avec les institutions financières internationales et les grands groupes privés Brésiliens et transnationaux vont-ils marquer de leur empreinte la politique du gouvernement Lula ? Tel est l’enjeu des prochains mois. Mais il faut insister sur le fait que la dynamique sociale que peut engendrer l’évolution de Lula est susceptible, en particulier dans le contexte de crise que connaît l’Amérique latine.
6. Une particularité de ce processus et une responsabilité particulière pour les révolutionnaires, c’est la participation de la gauche du PT au gouvernement Lula, dont des camarades membres et sympathisants de la Démocratie socialiste Il s’agit de Miguel Rossetto, membre de la DS – ministre de la réforme agraire- et d’ Oliviero Dutra – sympathisant de la DS, ministre de la Ville-. Cette question a été largement débattue par nos camarades. Une très large majorité s’est dégagée pour soutenir la participation au gouvernement. Les arguments de la DS pour participer au gouvernement font valoir la dynamique du soutien populaire au gouvernement, la constitution d’un gouvernement du PT rassemblant l’essentiel de tous les courants et tendances du PT, la nécessité de faire l’expérience de ce gouvernement avec les mouvement sociaux. La nomination de Rossetto, par exemple, a été saluée par le MST du brésil et dénoncée par toutes les associations de propriétaires fonciers. Joao Pedro Stedile, leader du MST a déclaré : « la présence de Miguel Rossetto est un signe positif. C’est une personne d’engagement et de tradition historique de la gauche brésilienne. Mais nous préférons ne pas juger des hommes ou des déclarations d’intention. Ce qui va permettre d’avancer sera le rapport de forces dans la société. C’est à nous d’obtenir un niveau de pression suffisant pour opérer un processus de transformation ». D’autres arguments ont été aussi avancés pour soutenir tous les « pas en avant » de ce premier gouvernement Lula, sans participer pour autant au gouvernement, la politique globale du « noyau gouvernemental du PT » ne constituant pas une rupture avec l’impérialisme et le libéralisme. C’est bien entendu aux camarades brésiliens de décider de leurs choix politiques. .Il faut noter que nos camarades brésiliens ne sont pas une tendance qui fait de l’«entrisme» dans le parti des travailleurs. Ils sont les co-fondateurs, les constructeurs et les animateurs de ce parti que l’essentiel des tendances révolutionnaires brésiliennes considèrent comme un parti de « classe ». La question de la participation au gouvernement ne doit pas diviser la gauche du PT. Dans ou hors du gouvernement, il faut aujourd’hui renforcer la gauche du PT pour orienter le parti des travailleurs dans une direction anti-capitaliste.
Ce qui est décisif, c’est la politique que mènera le gouvernement : quelle application de la réforme agraire, quelle augmentation des salaires, le refus de toute privatisation, les pas de rupture avec l’ALCA…Et surtout, le développement de la mobilisation sociale. La tâche du ministre de la Réforme agraire, Rossetto sera d’être aux cotés des paysans du MST, et au delà, de stimuler la mobilisation sociale nécessaire pour régler les questions fondamentales en discussion au Brésil. Et aux révolutionnaires du monde entier, d’être aux cotés du peuple brésilien et du gouvernement Lula pour qu’il réponde positivement aux aspirations et aux revendications des classes populaires.
François Sabado