Interwiew d'un camarade du PT (DS)

Dans le monde...

Message par tristana » 15 Jan 2003, 18:28

Orlando Fantasini, député fédéral du PT, mandaté par la Démocratie socialiste (DS).

1. Quelles sont tes impressions sur la situation de l’actuelle conjoncture brésilienne, suite les élections avec la victoire de Lula ?
La victoire du Lula est le produit de l’insatisfaction de la société avec le néo-libéralisme, mais elle est aussi le produit des actions politiques que le parti a développé au cours des années, pour arriver au gouvernement.
Cependant, nous avons gagné le gouvernement fédéral, mais le pouvoir économique se trouve encore dans les mains des élites, de même que le pouvoir sur les biens de production et les biens de communication. Nous avons encore beaucoup à faire pour obtenir le pouvoir réel et le contrôle total sur le pays.
La composition du gouvernement que Lula a choisi, dans un premier temps, a pour objectif d’améliorer ce cadre pour pouvoir avancer.
Nous, de la DS, avons décidé de collaborer avec le gouvernement, sans renoncer à nos principes.
En ce moment, Nous sommes dans l’expectative par rapport aux réformes. La perspective de ce gouvernement est de gouverner avec tous les secteurs de la société – les nominations pour les ministères l’ont démontré. Cependant, ces réformes peuvent soit signifier une grande avancée, soit elles peuvent se situer dans la continuité du gouvernement néo-libéral de Fernando Henrique Cardoso.
Le camp de la gauche du PT a un rôle crucial dans cette lutte. Les secteurs de la droite et de l’élite vont essayer d’influencer le gouvernement Lula et nous, dans le camp de la gauche, devront faire le possible pour que le gouvernement Lula se déplace de plus en plus vers le camp démocratique et populaire. Lula subira énormément de pressions et si nous restons à assister ce processus sans rien faire, il est clair que la droite finira par l’emporter.
Si nous réussissions à nous organiser et travailleur avec les mouvements sociaux, nous pouvons arriver à gagner cette bataille contre la droite.

2. Quelles sont les perspectives qui se dessinent dans ce gouvernement, au niveau national et international par rapport à la situation précédente avec l’ancien président FHC ?
Le gouvernement propose quelques réformes intérieures : la prévoyance, la réforme judiciaire – fondamentale pour garantir l’accès à la justice à tous les Brésiliens, la réforme tributaire – qui peut aider au développement du pays, et d’autres réformes qui sont urgentes.
Au niveau international, le fait qui Lula a désigné un ambassadeur de carrière pour le Ministère des affaires étrangères, laisse penser qu’il veut conduire lui-même la politique étrangère du pays, en donnant beaucoup d’importance au Cône sud . Avant le 1er janvier, il est parti en Argentine. Cela montre qu’il veut le renforcement du Cône sud. Il a déjà manifesté la volonté que le Brésil ait une action concrète et active par rapport aux conflits de la Colombie, qui se prolonge depuis 40 ans. De même, pour la situation du Venezuela. Alors, c’est une politique extérieure tournée vers l’intégration des pays latino-américains.
Il s’agit d’une politique extérieure tournée vers une action dans le camp international en essayant de « trouver des solutions aux conflits au tour d’une table de négociation », comme a dit Lula. Ainsi, il est exclu l’utilisation de la force pour la solution des conflits.
La différence avec le gouvernement précédent est que FHC s’est maintenu soumis aux ordres du gouvernement nord-américain, tandis que Lula essayera de construire un bloc plus compact, plus uni, au niveau de l’Amérique latine.
3. Quelles sont les réactions des travailleurs brésiliens à propos des différentes propositions des actuels ministres, au cours des ces 10 premiers jours de gouvernement ?

La société espère des actions positives du gouvernement. Quand Jacques Wagner, le ministre du travail, a fait la proposition de supprimer 40% du fonds de garantie (indemnité de licenciement) que les patrons qui licencient doivent verser aux travailleurs licenciés, il y a eu une vague de protestations de différents secteurs contre cette mesure. Le gouvernement garant que toutes les propositions de réformes seront débattues dans la société et avec la partie concernée.
D’autres propositions, comme par exemple, celle du ministre de l’économie, Palocci (que nous avons grandes difficultés à accepter) concernant l’autonomie de la Banque centrale. Nous ne pensons pas qu’il faut donner une autonomie à la Banque centrale, mais qu’il faut garantir aujourd’hui, les instruments pour la contrôler, car elle est déjà trop autonome. Au cours du gouvernement FHC la BC a fait un « trou » de 22 milliards de réais (7 milliards de dollars), pour sauver trois banquiers.
Ainsi, au sein du parti, il y a des différences d’orientation concernant les propositions. Dans la société, il y a des différences. Mais il y a la possibilité de réaliser ce débat avec la société, avec le parti, avec les élus du parti à la Chambre des députés.
Miguel Rossetto, notre camarade de la DS, ministre de la réforme agraire, a fait un discours le jour de la passation de ministère, très claire, en disant que le mouvement populaire ne devait pas être tutelle du gouvernement, mais qui le gouvernement ne devait pas non plus, asphyxier le mouvement populaire.
Ainsi, nous devons maintenir toujours une attitude de dialogue et répondre surtout à ceux qui ont toujours été exclus du processus social. Il y a des mécontentements, mais il y a aussi des garanties pour avancer le débat avec la société, avec les partis politiques.

4. Quelles sont les perspectives des élus (députés fédéraux et sénateurs) du PT concernant les éventuelles contradictions entre la ligne du parti et les propositions du gouvernement ?

Le groupe des élus du PT est le principal groupe du congrès national. Il s’est déjà réuni, et nous avons décidé que nous n’allons pas servir de simple caution aux décisions du gouvernement. Nous voulons avoir le droit de participer aux débats, d’intervenir, de diverger. Le ministre de l’économie, Palocci s’est réuni avec le groupe, quand il a présenté la proposition d’autonomie de la Banque centrale, et il a fini par conclure qu’il fallait plusieurs débats avec le groupe pour qu’il puisse prendre une position.
Le groupe parlementaire est décidé à soutenir le gouvernement, à condition de pouvoir participer aux discussions sur les propositions du gouvernement.

5. Comment les élus du PT affrontent-ils les éventuelles contradictions entre les décisions des congrès du PT et des décisions du gouvernement ?
En ce moment nous n’avons pas encore de controverses, car nous sommes encore dans le champ des propositions. Malgré les propositions de certains ministres, nous ne pouvons pas dire qu’elles sont des actions de fait. Les élus ont été très clairs, par rapport à cela. Nous voulons une participation active aux discussions avant qu’elles deviennent propositions.
D’autre part, le camp de la gauche du PT s’est réuni et a décidé que nous ne pouvons plus en rester à remplir le calendrier imposé par la majorité du parti. Nous aussi devons élaborer notre agenda pour anticiper les discussions. Ainsi, le camp de la gauche a décidé de promouvoir une série de débats avec les différentes sensibilités sur l’autonomie de la Banque centrale. Cela permettra prendre une position de façon unie. S’il faut une autonomie de la BC, quel type d’autonomie et quels instruments de contrôle ? Le camp de la gauche aura ainsi un rôle fondamental dans ce processus. Non pas pour construire une opposition, mais pour constituer une force de proposition.

Quelle perspective de l’intervention des masses dans cette période ?
Il y a un immense espoir de la part des masses dans le gouvernement Lula. Il a été élu avec 60% des votes. En décembre 2002 il avait plus de 76% d’approbation des Brésiliens. Il y un espoir tellement important qu’il a un risque d’accommodation à cette situation. Nous allons avoir besoin du soutien populaire pour combattre l’élite. Ainsi, ceux qui pensent que les mouvements populaires doivent rester en attente se trompent. Nous devons ainsi aider à ce que des mouvements puissent s’organiser, se développer, soient plus exigeants par rapport à leurs droits, à leur situation en tant que citoyens, etc. Nous ne pouvons pas commettre la même erreur de Chavez : large soutien populaire désorganisé. La tradition au Brésil est d’un mouvement populaire fort, organisé. Nous devons alimenter cela. La perspective est que nous continuons à développer ce travail, développant la conscience critique, pour que le gouvernement se sente en force pour faire les réformes nécessaires.
Du Brésil propos recueillis par Beatrice Whitaker.
tristana
 
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Message par stef » 15 Jan 2003, 18:45

t'as posté ça parce que tu trouves ça correct ou pour rigoler ?
stef
 
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Message par stef » 20 Jan 2003, 22:06

Dans Rouge de cette semaine :

a écrit :- As-tu un message à communiquer aux internationalistes ?
O. Fantasini - Il y a des raisons d'espérer. La majorité des ministres du gouvernement est composée de militants du PT. Ce gouvernement peut révolutionner - au sein de l'actuelle conjoncture - le cadre démocratique du pays, pour se transformer en un gouvernement démocratique et populaire, et devenir un gouvernement éminemment socialiste.


Bref, DS nous raconte qu'un gouvernement de Front Populaire, donc de nature bourgeoise, pourrait se transformer en gouvernement "éminemment socialiste" - tout ça avec un patron comme vice-président, un ambassadeur professionel aux Affaires Etrangères, etc..

C'est ce qui s'appelle changer le plomb (pour rester poli) en or ! Même le POUM, même Pivert n'osaient pas raconter de telles charlataneries !
stef
 
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