les 100 ans du syndicalisme enseignant

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Valiere » 25 Nov 2004, 13:01

LE SYNDICALIME ENSEIGNANT SOUFFLE SES 100 BOUGIES

Il y a un siècle, alors que va débuter le débat à l’assemblée nationale et au sénat autour du projet qui deviendra la loi du 9 décembre 1905 de séparation des églises et de l’Etat , des institutrices et instituteurs veulent à la fois s’affranchir de la tutelle de l’église et à la fois construire des syndicats adhérents aux bourses du travail créés par Fernand Pelloutier.
La fédération nationale des syndicats des instituteurs sera fondée en 1905.

Après la victoire des républicains en 1879, le gouvernement comprend qu’il lui faut obtenir le soutien des instituteurs dans les bourgades les plus reculées.
Les lois laïques et l’appel de Jules Ferry vont servir de stimulant.
De nombreux cercles pédagogiques et des amicales sont fondés ainsi que des associations d’anciens élèves d’écoles normales.
Des congrès pédagogiques nationaux placés sous l’égide de Jules Ferry sont convoqués.
Les instituteurs et les institutrices veulent bien se mobiliser pour défendre l’école publique, réfléchir sur leurs missions mais certains veulent aller plus loin et surtout s’affranchir de la tutelle administrative.
En 1887, une union des instituteurs et institutrices de la Seine est créée et les statuts d’un syndicat des instituteurs et institutrices de France sont déposés.
Mais une circulaire du ministre Spuller met fin à l’initiative.

Après l’affaire Dreyfus et les élections de 1898, de nombreuses associations d’instituteurs naissent, mais il ne s’agit là que d’amicales qui vont se réunir en congrès national en 1900.
Le gouvernement a besoin d’amicales fortes pour une mobilisation des instituteurs et directeurs d’école pour le soutenir dans son action en faveur d’une séparation de l’église et de l’état….
Les amicales peuvent être de bons outils au service du pouvoir à la seule condition, c’est qu’elles restent des forces supplétives. Devant l’apparition d’un courant fort d’indépendance, le gouvernement en arrive à refuser la tenue en 1902 d’un congrès des amicales, ce qui conduit certains instituteurs et institutrices à proposer de couper le cordon ombilical !
L’idée de syndicalisme trace son chemin dans les consciences. En 1903 une « association d’instituteurs adjoints » face à l’association de directeurs et contre l’opposition des amicales voit le jour à Paris.
Elle s’intitule « l’Emancipation »
Cette révolte des adjoints est très compréhensible, logés dans les établissements ils sont soumis à une surveillance constante des directeurs.
Certains règlements comme celui de cette école de cinq classes de Seine et Oise montrent qu’il s’agit bien là de la dictature de petits chefs :

Article 4 : « les maîtres doivent s’interdire les sorties trop fréquentes et les rentrées tardives »
Article 8 : « les jeudis et les dimanches ne sont jours de congés pour les adjoints qu’autant que le service ne les réclame pas : dans les cas assez rares où le Directeur aurait besoin de leur présence, il ne saurait admettre comme excuse les engagements pris ultérieurement par les intéressés »…. etc.… Il y a 68 articles dans ce règlement.

Les instituteurs et institutrices qui fondent l’émancipation dans de nombreux départements combattent le triple joug qu’ils subissent : celui de l’église, de la direction d’école et des potentats locaux ( Maires des communes).
La revue « l’émancipation de l’instituteur » organe mensuel de la Fédération Nationale des syndicats d’instituteurs qui tient son assemblée générale constitutive à Paris en 1905 est un bon outil de propagande.
Elle demande notamment la création d’un conseil des maîtres où le directeur n’ait pas voix prépondérante et s’élève contre la présence du directeur pendant l’inspection.

Le gouvernement républicain tout en défendant son projet de loi de séparation de l’église et de l’état refuse le droit syndical pour les instituteurs et institutrices qui en plus veulent adhérer aux bourses du travail, c’est à dire au syndicalisme ouvrier, à la CGT en construction.
Il lui faut à la fois donner des gages à ses opposants en domestiquant les instituteurs et à la fois obtenir le soutien des enseignants dans l’œuvre de séparation de l’église et de l’état !
La quadrature du cercle ! presque…
Mais ne suffit-il pas de s’appuyer sur les amicales et combattre les syndicats ?

Des poursuites sont engagées contre les syndicats d’instituteurs, ils n’ont comme « d’autres conséquences que de consacrer l’existence du syndicat » comme l’écrit l’émancipation.
Le 30 novembre 1905,un manifeste signé par 133 instituteurs syndicalistes réclame la reconnaissance syndicale et l’adhésion aux bourses du travail et à la CGT :
« Par leur origine, par la simplicité de leur vie, les instituteurs appartiennent au peuple. Ils lui appartiennent par les enfants du peuple qu’ils sont chargés d’enseigner. Nous instruisons les enfants du peuple le jour. Quoi de plus naturel que nous songions à nous retrouver avec les hommes du peuple, le soir. »

Des poursuites sont engagées contre les syndicats mais les syndicalistes résistent … Ils sont quelques milliers, certes mais combatifs et influents dans plusieurs départements.

Jean-François CHALOT
Valiere
 
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