Le génocide tsigane

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Pascal » 27 Jan 2005, 15:02

Tiré du site "Musée des USA de l'holocauste"
http://www1.ushmm.org/


a écrit : LE GÉNOCIDE DES TSIGANES EUROPÉENS, 1939-1945   

 
Les Tsiganes furent persécutés pour des raisons raciales par le régime nazi et ses alliés dans toute l'Europe.

Les Nazis considéraient les Tsiganes comme "racialement inférieurs", et le destin de ceux-ci fut, en de nombreux points, parallèle à celui des Juifs. Les Tsiganes subirent l'internement, le travail forcé et beaucoup furent assassinés. Ils étaient aussi soumis à la déportation dans les camps d'extermination. Les Einsatzgruppen (unités mobiles d’extermination) assassinèrent des dizaines de milliers de Tsiganes dans les territoires de l'est occupés par les Allemands. En outre, des milliers d’entre eux furent tués dans les camps d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, de Chelmno, de Belzec, de Sobibor et de Treblinka. Les nazis incarcérèrent aussi des milliers de Tsiganes dans les camps de concentration de Bergen-Belsen, de Sachsenhausen, de Buchenwald, de Dachau, de Mauthausen et de Ravensbrück.

Le 21 septembre 1939, Reinhard Heydrich, chef de l'Office central de Sécurité du Reich, rencontrait les fonctionnaires de la Police de Sûreté (Sipo) et du Service de la sûreté (SD) à Berlin. Ils décidèrent d'expulser 30 000 Tsiganes allemands et autrichiens dans des régions à l'est du grand Reich, dans le Gouvernement Général de Pologne. Ce plan fut abandonné devant l'opposition de Hans Frank, le gouverneur général de Pologne occupée. Priorité fut accordée aux déportations des Juifs d'Allemagne.

Il y eut néanmoins des déportations de Tsiganes du Reich. Environ 2 500 d'entre eux furent déportés en Pologne en avril et en mai 1940. Ils furent exterminés, mourant de faim ou épuisés par le travail. Les malades étaient abattus. 5 000 autres Tsiganes furent expulsés à Lodz, où ils se virent maintenus dans un secteur séparé du ghetto. Ceux qui survécurent aux terribles conditions de vie dans le ghetto allaient plus tard être déportés du ghetto dans le camp d'extermination de Chelmno, où ils furent tués dans des camions à gaz.

Dans la perspective de leur éventuelle déportation hors d'Allemagne, tous les Tsiganes furent enfermés dans des camps spéciaux (Zigeunerlager). Avec la suspension des déportations de Tsiganes en 1940, ces camps devinrent des lieux de détention à long terme pour les Tsiganes. Les camps de Marzahn à Berlin et ceux de Lackenbach et de Salzbourg en Autriche furent parmi les plus terribles. Des centaines des Tsiganes y périrent à cause des dures conditions de vie qui y règnaient. Les voisins allemands du camp se plaignirent à plusieurs reprises des camps et exigèrent la déportation des Tsiganes internés pour "sauvegarder la morale publique et la sécurité". La police locale prétexta de ces plaintes pour demander officiellement au chef de la SS, Heinrich Himmler, la reprise des déportations de Tsiganes vers l'est.
 

En décembre 1942, Himmler signa un ordre de déportation pour tous les Tsiganes d’Allemagne. Les quelques exceptions qu’Himmler accorda, furent souvent ignorées au niveau local. Même des soldats servant dans l'armée allemande (la Wehrmacht), qui étaient rentrés en permission furent arrêtés et expulsés parce qu’ils étaient Tsiganes. Les Tsiganes d’Allemagne furent déportés à Auschwitz, où un camp avait été conçu spécialement pour eux : "le camp des familles gitanes". Des familles entières y étaient incarcérées ensemble. Les jumeaux et les nains, furent cependant séparés des autres et soumis aux expériences médicales pseudo-scientifiques menées par le capitaine SS, le docteur Josef Mengele. Des médecins nazis utilisèrent également des prisonniers tsiganes dans des expériences médicales dans les camps de Ravensbrück, du Natzweiller-Struthof et de Sachsenhausen.

"Le camp des familles tsiganes" d’Auschwitz fut le théâtre d'épidémies - le typhus, la variole et la dysenterie - qui en réduisirent considérablement la population. En mai 1944, les Allemands décidèrent de liquider le camp. Alors que les SS l'entouraient, ils trouvèrent face à eux des Tsiganes armés de barres de fer et prêts à se battre. Les Allemands reculèrent et reportèrent la liquidation. Plus tard ce même mois, les SS transférèrent hors du camp des familles environ 1 500 des Tsiganes qui étaient encore capables de travailler. Presque 1 500 détenus supplémentaires furent transférés en août. Les Tsiganes restant, près de 3 000, furent exterminés. Au moins 19 000 sur les 23 000 Tsiganes déportés à Auschwitz y périrent.

Dans les zones de l'Europe occupées par les Allemands, le destin des Tsiganes varia d’un pays à l’autre, selon les circonstances locales. Les Nazis internaient généralement les Tsiganes et les déportaient ensuite en Allemagne ou en Pologne pour les soumettre au travail forcé ou pour les assassiner. Beaucoup de Tsiganes de Pologne, des Pays-Bas, de Hongrie, d'Italie, de Yougoslavie et d'Albanie furent abattus ou déportés dans les camps d'extermination et exterminés. Dans les pays baltes et les zones de l'Union soviétique occupées par les Allemands, les Einsatzgruppen (unités mobiles d'extermination) massacraient les Tsiganes en même temps qu'ils exterminaient les Juifs et les responsables communistes. Des milliers de Tsiganes, hommes, femmes et enfants furent tués au cours de ces opérations. Beaucoup de Tsiganes furent assassinés avec les Juifs à Babi Yar, près de Kiev, par exemple.

En France, les autorités avaient pris des mesures restrictives à l’encontre des Tsiganes avant même l'occupation allemande du pays. Le gouvernement de Vichy organisa leur internement dans des camps familiaux. Les Tsiganes français ne furent cependant pas déportés sauf ceux des départements du Nord et du Pas-de-Calais rattachés au Gouvernement militaire de Bruxelles.

Les Roumains n’adoptèrent pas de politique systématique d'extermination des Tsiganes. Cependant, en 1941 et 1942 de 20 000 à 26 000 Tsiganes de la région de Bucarest furent expulsés en Transnistrie, en Ukraine sous occupation roumaine, où des milliers devaient mourir de maladie, de famine et de mauvais traitements. En Serbie, en automne 1941, des pelotons d’exécutions de l'armée allemande (la Wehrmacht) exécutèrent presque toute la population des hommes tsiganes adultes ainsi que la plupart des hommes juifs adultes, pour se venger de l’assassinat de soldats allemands par des résistants serbes. En Croatie, les Oustachis (fascistes croates alliés de l'Allemagne) tuèrent près de 50 000 Tsiganes. Beaucoup de Tsiganes furent internés et exterminés dans le camp de concentration de Jasenovac.

On ne connaît pas exactement le nombre de Tsiganes tués au cours de la Shoah. Bien que des chiffres exacts ou des pourcentages ne puissent pas être vérifiés, les historiens estiment que les Allemands et leurs alliés auraient exterminé de 25 à 50% de tous les Tsiganes européens. Sur environ un million de Tsiganes vivant en Europe avant la guerre, au moins 220 000 auraient ainsi été tués.

Après la guerre, la discrimination contre les Tsiganes ne cessa pas, la République fédérale d'Allemagne décida que toutes les mesures prises contre les Tsiganes avant 1943 étaient une politique légitime de l’Etat et ne nécessitaient pas de réparations. L'incarcération, la stérilisation et même la déportation étaient considérées comme une politique légitime. Qui plus est, la police criminelle bavaroise reprit les fichiers de recherche de Robert Ritter, y compris son registre des Tsiganes en Allemagne. Ritter, l'expert racial des Nazis pour les questions tsiganes, avait conservé sa notoriété et était retourné à son ancien travail de psychologue pour enfants. Les efforts pour amener le docteur Ritter devant la justice pour sa complicité dans le meurtre des Tsiganes cessèrent avec son suicide en 1950.

Le chancelier allemand Helmut Kohl reconnut formellement la réalité du génocide des Tsiganes en 1982. Mais à cette date, la plupart des victimes susceptibles de toucher des réparations conformément à la loi allemande étaient déjà mortes.
 

Pascal
 
Message(s) : 0
Inscription : 03 Jan 2004, 16:09

Message par Nadia » 27 Jan 2005, 18:05

Sur les Noirs exterminés dans les camps nazis :
a écrit :NOIRS DANS LES CAMPS NAZIS.


Un documentaire sur un sujet méconnu : la déportation et l’ extermination des Africains et Antillais.
In Le Monde Télévision

On ignore le nombre de celles et ceux qui furent déportés et qui moururent dans les camps de Neuengamme, de Ravensbrück, de Dora ou de Dachau, noirs de peau, originaires du Sénégal, de Côte d’Ivoire, du Congo, du Cameroun, voire de Guinée équatoriale, leurs papiers d’identité indiquaient une nationalité qui n’était pas leur – France, Belgique, Espagne, parfois Allemagne -, celle de la puissance coloniale d’alors et non de leur pays. Impossible de tenir la macabre comptabilité des Noirs internés et morts dans les camps du Reich.

John William, interprète de La Chanson de Lara et de nombreux Negro spirituals, fit partie de ces déportés, pour faits de résistance ou parce qu’ils contrevenaient aux lois nazies.

Comme le Sénégalais Dominique Mendy ou l’Allemand Théodore Michaël, noir de peau mais habitant de Berlin depuis que sa famille, originaire d’une ancienne
colonie allemande, le Tanganyika, s’y fut installée. Il rappelle que dès la promulgation des lois de Nuremberg (dont des décrets furent élaborés par un certain Glotke, qui fut, après guerre, Secrétaire d’Etat du chancelier Konrad Adenauer), juifs, tziganes et « nègres » furent les victimes désignées de la déportation et de l’extermination.

Pour les nazis, il portaient atteinte « à la protection du sang et de l’honneur allemands ». L’existence des « bâtards de Rhénanie », fruits des amours de femmes allemandes et des soldats d’Afrique occidentale française cantonnés outre-rhin après la première guerre mondiale, constituait une humiliation de plus pour le Reich.

Le documentaire de Serge Bilé, au delà des explications historiques fait parler des survivants égrenant anecdotes ou drames. Comme ces soldats SS, peu accoutumés à voir des personnes à la face noire, qui touchent la peau sombre des prisonniers avant de s’essuyer comme si celle-ci était sale ; comme cet Antillais qui  se  joua des SS en se faisant passer pour un médecin américain afin d’être envoyé dans un camp de prisonnier de guerre ; comme ce gamin, guinéen, que les officiers SS s’amusèrent à habiller en « groom » avant de le tuer…

Dans les camps, la différence de couleur de peau disparaissait , la solidarité entre enfants d’une même « patrie », fut-elle colonialiste devenant le seul viatique. Le Belge Jean Volckaerts explique ainsi qu’il dut la vie à John Vosté, né au Congo belge. Des peuples se découvrent et des enfants de métropoles et des colonies apprennent la fraternité du malheur. « Après- guerre, j’ai visité Gorée et sa maison des esclaves et je me suis sentie très proche de ces enchaînés, explique Marie-Josée Chombart de Lauwe. Nous aussi avions été de la main d’œuvre humaine, nous aussi avions été des esclaves ».
Yves-Marie LABE Dimanche 29 – Lundi 30 juillet 2001





DES NOIRS DANS LES CAMPS DE LA MORT.


In Jeune Afrique, n°1927 du 9 au 15 décembre 1997

Pendant la seconde guerre mondiale, des milliers d’Africains et d’Antillais furent déportés par les nazis. Un documentaire du journaliste ivoirien Serge Bilé s’efforce de lever cette chape d’oubli.

Après seize ans d’enquête et de procédures, le procès de Maurice Papon, l’un des derniers collaborateurs du régime de Vichy dont on examine la responsabilité dans la déportation à Auschwitz de 1690 Juifs bordelais entre le 20 Juin 1942 et le 13 Mai 1944, s’est enfin ouvert, le 6 octobre. Les jurés s’efforcent de statuer sur l’accusation de crimes contre l’humanité portée contre l’ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde. Le prévenu, âgé de 87 ans, risque la réclusion à perpétuité. Bien entendu, le procès ne nous apprendra sans doute pas grand chose que nous ne sachions déjà. Son intérêt réside essentiellement dans le fait que les français aient enfin entrepris cet indispensable travail de reconstruction de leur mémoire collective. Pourtant, le procès achevé et le linge sale lavé entre Français, le dossier risque de se refermer définitivement sans qu’à aucun moment le sort des Noirs impliqués dans cette tragédie ait été évoqué. Soldats, résistants, déportés dans les camps de concentration en Allemagne ou prisonniers de guerre dans les stalags de la zone occupée, de nombreux Africains et Antillais ont pourtant donné leur jeunesse - et souvent leur vie – pour que la démocratie triomphe en Europe. Mais de ces victimes-là, il n’est jamais question.

Les « tirailleurs sénégalais » sont oubliés de la plupart des manuels scolaires. Ils ont pourtant participé aussi bien à la campagne de France (1940) qu’aux débarquements d’Italie (1943) et de Provence (1944), sans parler des maquis… Les historiens ne leur accordent pas davantage d’intérêt comme en témoignent les trop rares ouvrages qui leur sont consacrés. Même amnésie de la part des gouvernements français d’après-guerre qui ne réajustèrent les pensions des anciens combattants d’Afrique noire qu’avec lenteur et parcimonie et bloquèrent leur montant à la date des indépendances. Enfin, l ‘épopée de ces valeureux soldats au service de la puissance coloniale n’a guère laissé de trace dans la mémoire collective africaine. De temps à autre, on écrit une chanson rappelant leurs exploits, on en invite quelques uns à une cérémonie commémorative… Ils sont vieux, dispersés aux quatre coins du monde et ne disposent d’aucun lobby pour défendre leurs intérêts.

Ils disparaissent les uns après les autres sans que justice leur ait été rendue.

C’est cette chape d’oubli que le journaliste Serge Bilé a entrepris de lever, en collectant – en Allemagne, en France et au Sénégal – les témoignages des survivants pour en faire un film en 1995.

Les premiers Noirs déportés dans les camps étaient… allemands. Leurs parents, ressortissants des possessions africaines du Reich, avaient immigré au siècle dernier. Husen était du nombre. Soldat dans l’armée coloniale au Tanganyika, ses faits d’arme lui valurent une décoration. Venu à  Berlin pour y exercer la fonction de lecteur en swahili, il s’y maria et fonda une famille.

D’autres (leur nombre est estimé à huit cent environ) étaient nés d’unions contractées par des « tirailleurs sénégalais » avec des autochtones lors de l’occupation de la Rhénanie par l’armée française après la seconde guerre mondiale. Après l ‘arrivée de Hitler au pouvoir, les lois de Nuremberg –qui visaient autant les Noirs que les Juifs, quoique les premiers fussent infiniment moins nombreux – interdirent les mariages mixtes au nom de la préservation de la pureté de la race aryenne. Husen avait eu un enfant d’une maîtresse allemande et crut de son devoir de déclarer cette naissance.

Arrêté, jugé, il fut déporté au camp d’Oranienburg-Sachsenhausen, ouvert dès 1933. Il n’en revint jamais.

Erika N’Gando, une jeune Camerounaise, avait à peine 35 ans lorsqu’elle fut déportée à Ravensbruck.

Renée Hautecoeur, arrivée au camp en février 1944, partagea quelques mois de sa captivité et se souvient d’une jeune femme totalement traumatisée, qui ne cessait de répéter : « J’ai froid, j’ai froid ».

Entassées dans des baraques, sans chauffage, sous-alimentées, les détenues de Ravensbruck étaient soumises à de nombreuses humiliations et à des travaux pénibles, tels que pousser d’immenses roues en pierre pour écraser du mâchefer. Ses camarades avaient surnommé Erika « Blanchette ».

Entassées dans des baraques, sans chauffage, sous-alimentées, les détenues de Ravensbruck étaient soumises à de nombreuses humiliations et à des travaux pénibles, tels que pousser d’immenses roues en pierre pour écraser du mâchefer. Ses camarades avaient surnommé Erika « Blanchette ». Un petit nom familier qui n’était nullement destiné à se moquer d’elle, mais au contraire à l’intégrer au groupe car la solidarité entre les femmes était plus forte que tout, raconte Renée Hautecoeur.

D’autres Noirs, certains originaires des colonies européennes en Afrique, d’autres des Antilles, ont connu la déportation. Carlos Grevkey, originaire de Fernando Po, en Guinée équatoriale, avait vécu à Barcelone. Au moment de la guerre d’Espagne, sa famille quitta la Catalogne et se réfugia en France, comme nombre de républicains espagnols, d’anti-fascistes italiens ou d’Allemands anti-hitlériens.

Quel fut son itinéraire avant sa déportation à Mautthausen ? Selon les témoignages de survivants espagnols, l’officier SS commandant le camp l’employait comme groom et l’avait affublé d’une livrée. Par la suite, Carlos tomba en disgrâce et seule la solidarité des autres déportés espagnols lui permirent de survivre aux mauvais traitements. L’un d’entre eux, qui travaillait au laboratoire du camp, parvint à sauver la photo (ci-dessus) que ses tortionnaires avaient prise de lui. Pour pouvoir témoigner, lorsque le cauchemar prendrait fin…Le chanteur John William a accepté de parler devant la caméra de Serge Bilé. Une évocation douloureuse. Fils d’une Ivoirienne de Grand-Bassam et d’un Français, il passa son adolescence en France. En Avril 1944, il fut accusé d’un sabotage dans l’usine de Montluçon où il était ouvrier, et déporté au camp de Neuengamme, près de Hambourg. Il avait 22 ans. Employé comme mécanicien de précision, il stupéfie ses geôliers par la couleur de sa peau (ils la touchaient fréquemment pour voir si elle ne déteignait pas) mais aussi et surtout par ses compétences.

Comment le représentant d’une race « inférieure » parvenait-il à lire un plan et à assimiler sans difficultés des données techniques, complexes ? Il fait face aux privations, aux conditions de travail extrêmement dures, au froid, avec une dizaine de camarades antillais et africains, et naturellement avec de nombreux métropolitains. Sans la totale solidarité qui existait entre « Français », et surtout sans sa foi chrétienne, il n’aurait pas survécu.

Plus rocambolesque, s’il ne s’était achevé tragiquement, fut le parcours de Jean Nicolas.

Haïtien résidant en Martinique, il était employé à l’hôpital de Fort-de-France. Déporté sans les camps de la mort, d’abord à Buchenwald, puis à Dora-Mittelbau, il multiplie les ruses pour tenter de survivre. Dans un premier temps, il se fait appeler John Nicols et prétend être un aviateur américain espérant ainsi être pris en considération par les SS. Grâce à son aptitude pour les langues, il parvient rapidement à s’exprimer en allemand, en russe et en polonais. Et comme il possède quelques connaissances médicales, il est affecté à l’infirmerie où il sert à la fois d’interprète et d’assistant. Il sauvera ainsi la vie à plusieurs déportés.

Mais les Allemands finissent par s’interroger. Qui est dons ce curieux personnage polyglotte qui se prétend médecin américain ? N’est-ce pas un espion ? Malgré ses stratagèmes, Jean Nicolas partage le lot commun de ses camarades. Sa santé décline. Après la libération du camp, il est évacué sur l’hôpital américain de Neuilly, les poumons ravagés par la tuberculose. Il s’éteint le 4 septembre 1945 à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, hanté par les scènes d’horreur qu’il vient de vivre. La mode est, on le sait, aux excuses. En France, en Allemagne, en Suisse, les autorités demandent pardon aux survivants de l’Holocauste et à leurs familles. Mais Husen, Erika, Carlos, John, Jean et beaucoup d’autres dont l’Histoire n’a pas livré le nom n’ont-ils pas droit, eux aussi, à des excuses ?

Catherine Akpo



Amnésie et Négation : Ces Noirs Déportés et Exterminés par les Nazis


source
Nadia
 
Message(s) : 0
Inscription : 19 Nov 2003, 17:08


Retour vers Histoire et théorie

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : conformistepote et 2 invité(s)