Fourier vu par Marx et Engels

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Wapi » 07 Avr 2005, 08:13

Une nouvelle fois, merci les copains pour l'éphéméride. Les explications sur Fourier sont très claires, et le texte de Marx et Engels tout autant, à l'exception (pour moi) du dernier paragraphe et surtout de la dernière phrase :

a écrit :Fourier, comme on le voit, manie la dialectique avec la même maîtrise que son contemporain Hegel. Avec une égale dialectique, il fait ressortir que, contrairement au bavardage sur la perfectibilité indéfinie de l'homme, toute phase historique a sa branche ascendante, mais aussi sa branche descendante, et il applique aussi cette conception à l'avenir de l'humanité dans son ensemble. De même que Kant a introduit la fin à venir de la terre dans la science de la nature, Fourier introduit dans l'étude de l'histoire la fin à venir de l'humanité.


Quelqu'un peut-il donner des explications supplémentaires sur cette notion de "fin à venir", de la terre et de l'humanité ?
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Message par Jacquemart » 07 Avr 2005, 12:54

Que veux-tu savoir exactement ? Je ne suis pas sûr de comprendre ta question.
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Message par Wapi » 07 Avr 2005, 13:36

Je remets l'extrait de Engels en intégralité :

a écrit :Si nous trouvons chez Saint-Simon une largeur de vues géniale qui fait que presque toutes les idées non strictement économiques des socialistes postérieurs sont contenues en germe chez lui, nous trouvons chez Fourier une critique des conditions sociales existantes qui, pour être faite avec une verve toute française, n'en est pas moins pénétrante. Fourier prend au mot la bourgeoisie, ses prophètes enthousiastes d'avant la Révolution et ses flagorneurs intéressés d'après. Il dévoile sans pitié la misère matérielle et morale du monde bourgeois et il la confronte avec les brillantes promesses des philosophes des lumières, sur la société où devait régner la raison seule, sur la civilisation apportant le bonheur universel, sur la perfectibilité illimitée de l'homme, aussi bien qu'avec les expressions couleur de rose des idéologues bourgeois, ses contemporains; il démontre comment, partout, la réalité la plus lamentable correspond à la phraséologie la plus grandiloquente et il déverse son ironie mordante sur ce fiasco irrémédiable de la phrase. Fourier n'est pas seulement un critique; sa nature éternellement enjouée fait de lui un satirique, et un des plus grands satiriques de tous les temps. Il peint avec autant de maestria que d'agrément la folle spéculation qui fleurit au déclin de la Révolution ainsi que l'esprit boutiquier universellement répandu dans le commerce français de ce temps. Plus magistrale encore est la critique qu'il fait du tour donné par la bourgeoisie aux relations sexuelles et de la position de la femme dans la société bourgeoise. Il est le premier à énoncer que, dans une société donnée, le degré d'émancipation de la femme est la mesure naturelle de l'émancipation générale. Mais là ou il apparaît le plu grand, c'est dans sa conception de l'histoire de la société. Il divise toute son évolution passée en quatre phases: sauvagerie, barbarie, patriarcat, civilisation, laquelle coïncide avec ce qu'on appelle maintenant la société bourgeoise, donc avec le régime social instauré depuis le XVIe siècle, et il démontre

« que l'ordre civilisé donne à chacun des vices auxquels la barbarie se livre avec simplicité, une forme complexe, ambiguë et hypocrite »,

que la civilisation se meut dans un « cercle vicieux », dans des contradictions qu'elle reproduit sans cesse, sans pouvoir les surmonter, de sorte qu'elle atteint toujours le contraire de ce qu'elle veut obtenir ou prétend vouloir obtenir; de sorte que, par exemple: « la pauvreté naît en civilisation de l'abondance même».

Fourier, comme on le voit, manie la dialectique avec la même maîtrise que son contemporain Hegel. Avec une égale dialectique, il fait ressortir que, contrairement au bavardage sur la perfectibilité indéfinie de l'homme, toute phase historique a sa branche ascendante, mais aussi sa branche descendante, et il applique aussi cette conception à l'avenir de l'humanité dans son ensemble. De même que Kant a introduit la fin à venir de la terre dans la science de la nature, Fourier introduit dans l'étude de l'histoire la fin à venir de l'humanité.


Je vois bien ce que peut-être "la fin à venir de l'humanité", au sens de "but à atteindre" consciemment. Ce but, c'est le communisme.
Pour y parvenir, il faut aussi comprendre comment l'histoire s'est déroulée jusqu'à nos jours et Fourier, qui raisonnait comme Hegel en dialecticien , a développé des idées bien plus justes que ceux qui ont défendu des illusions sur la soi-disant "perfectibilité de l'homme".

En revanche, je ne comprends pas l'analogie avec Kant car je ne vois pas à quoi "la fin à venir de la terre dans les sciences de la nature" fait allusion ?
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Message par Jacquemart » 07 Avr 2005, 14:03

Ne serait-ce pas le fait que "tout ce qui est né mérite de périr" ?

Kant, qui avait formulé une hypothèse sur la formation du système solaire, avait sans doute aussi prédit que la Terre devrait nécessairement disparaître un jour lointain.

Note bien, je n'en sais rien, je suppute...
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Message par Wapi » 08 Avr 2005, 10:59

a écrit : Ne serait-ce pas le fait que "tout ce qui est né mérite de périr" ?

Kant, qui avait formulé une hypothèse sur la formation du système solaire, avait sans doute aussi prédit que la Terre devrait nécessairement disparaître un jour lointain.

Note bien, je n'en sais rien, je suppute...


merci jacquemart pour ta réponse. En fait "la fin" signifierait "le but" dans la première partie de la phrase et "la disparition" dans la seconde ? ... ?

humm... je ne vois toujours pas bien le sens de cette analogie... bon, c'est pas trop important. L'essentiel était de bien montrer la démarche de Fourier, et ce qu'il a apporté à la théorie du mouvement ouvrier, et Engels le fait très bien.
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Message par Jacquemart » 08 Avr 2005, 12:14

a écrit :En fait "la fin" signifierait "le but" dans la première partie de la phrase et "la disparition" dans la seconde ? ... ?

Ben moi il me semble que non, la fin signifie dans les deux cas... la fin.
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