Purges

[lavana]

Au delà du procédé polémique qui permet d'éviter le sujet. Je ne me souvenais plus de l'expression utilisé par les marxistes léninistes pour parler de ce "moment de la lutte des classes".
Ou alors de citer "le parti se renforce en s'épurant".

Heureusement le CLT est là pour combler mes déficiences.

23 novembre 1984 N° 9 Cercle Léon Trotsky

A la différence près que les chefs communistes cherchèrent alors à rendre leur armée
la plus autonome possible, assurant elle-même sa propre intendance, produisant ses
vivres, ses biens de consommation et son propre artisanat local, entretenant ainsi des
rapports de bon voisinage avec les populations avec lesquelles elles cohabitaient. Et le
fait que le pays fût désolé et bien moins peuplé que la province précédente facilita d’une
certaine façon les choses. mit simplement son armée au travail productif, en transformant
ses soldats en agriculteurs et en artisans pouvant se nourrir et se suffire à
eux-mêmes, renforça sa morale spartiate et ne lésina pas sur les premières campagnes
de rectification de comportement des cadres communistes, accompagnées de vagues
d’épurations d’opposants réels ou potentiels, campagnes de rectifications et
d’épurations qui, après la prise du pouvoir en 1949, deviendraient un procédé de
gouvernement.
Tout se passait donc sans trop de problèmes dans la nouvelle base communiste du
Nord où le gouvernement maoïste installé dans les grottes des falaises longeant la ville
de Yénan, devenait l’une des destinations privilégiées du tourisme politique international,
et l’un des sujets de curiosité préférés des journalistes américains en vogue.
Tout allait bien, en effet, tant que les seigneurs de guerre voisins toléraient plus ou
moins la nouvelle base rouge et que Kaï Chek n’avait pas encore la possibilité d’y
concentrer une offensive militaire de grande envergure. Mais à plus long terme, les
choses ne pouvaient durer que sur la base d’un accord politique et militaire, une sorte de
statu quo avec le gouvernement nationaliste chinois.

Donc le mot Purge n'est pas employé par les dirigeants chinois (à l'exception du célèbre texte de Lin Biao en 1966 qu'on trouve partout sur le net et surtout sur Marxist. org). On parle aussi de "campagne d'assainissement". Je ne remonte pas à l'utilisation du mot en URSS.

Sur ce sujet, sommes-nous aveugles ou intoxiqués par la propagande impérialiste ou devons-nous faire comme les "marxistes léninistes" c'est-à-dire prendre pour argent comptant les textes des dirigeants chinois et/ou du journal officiel "le quotidien du peuple" ?

[lavana]

Mais echapper aux implications politiques de ses actes, c'est bien difficile...

C'est là un tour de passe passe. Le langage "marxiste léniniste" est une stratègie de communication à contenu politique et une escroquerie intellectuelle.

Nous le savons tous.

[lavana]

Toujours sur l'utilisation du mot Purges dont il est peu intéressant de savoir s'il est une manipulation sémantique dévalorisante.
Le mot est bien entendu profondément dévalorisant mais la chose l'est certainement encore plus. Surtout lorsqu'il devient une "méthode de gouvernement" et non plus le fruit de circonstances exceptionnelles.
Eternelle discussion sur l'usage de la Terreur en période révolutionnaire, dont nous ne faisons pas un passage obligé des périodes révolutionnaires,(ce que feignent de croire certains) comme il en a été souvent débattu sur ce forum.



Alors en chinois :

En 1931:
"campagne de rectification" (zhengfeng yundong整风运动 (ou encore "campagne de consolidation " ou de "correction de style".

Les campagnes "SANFAN" (ancien et nouveau) mouvement des Trois Anti (1952), contre la corruption, le gaspillage, le bureaucratisme.

WOUFAN. Cinq Anti, contre la bourgeoisie.

Rendons à Mao.


On trouve souvent l'affirmation selon laquelle "Mao se serait inspiré des purges staliniennes".

Un auteur, Short philip fait remarquer :

"l'exemple du stalinisme et l'influence de la réthorique stalinienne n'expliquent que très partiellement ce qui se passa dans les bases chinoises rouges au début des années 1930. En Russie les grandes purges sanglantes ne commencèrent que quatre ans après les événements de Futian, avec le meurtre de Kirov à Léningrad.
La situation intérieure de la Chine explique davantage la façon dont la direction du PCC, coterie idéaliste et et inefficace d'intellectuels bien intentionnés qui se désintégra à la première attaque du Guomindang un peu plus de trois ans auparavant, se métamorphosa en un noyau bolchevique endurci qui, en des temps exceptionnels, ordonna un massacre hors du commun d'hommes et de femmes dont on prouva plus tard qu'ils avaient été parfaitement loyaux

Le facteur crucial était la guerre civile.

Sur la barbarie des nationalistes du Guomindang. Dont on connaissait déjà la férocité lors de la répression de 1927.

Dans la base de Xu Haigong à Eyuwan - où, pour reprendre l'expression d'Edgar Snow, le massacre atteignit "l'intensité des guerres de religion" - ainsi que sur d'autres bases rouges du Sud, les nationalistes suivaient une politique qu'ils appelaient "drainer l'étang pour attraper le poisson" : tous les hommes robustes étaient tués, les villages brûlés et les provisions de grain disponibles saisies ou détruites. De larges bandes de forêt furent coupées pour cerner les guerilleros dans leurs forteresses montagnardes où l'on tirait à vue sur tout ce qui bougeait.(...) Au début les troupes nationalistes utilisaient les têtes de leurs victimes pour tenir le compte des morts ; lorsque c'était impossible (en raison du poids) ils coupaient les oreilles. On racontait qu'une division avait réuni plus de 300 kilos d'oreilles "pour montrer son mérite";
Dans le district de Huang'an plus de 100 000 villageois furent tués, dans le district de Xin, 80 000. Dans l'ancienne base de Peng, qui comptait un million de personnes, seulement 10 000 survécurent. Vingt plus tard, des villages restaient en ruine et des ossements humains étaient encore éparpillés dans les montagnes.
(...)

Tout au long de l'histoire de la chine qui n'était que le "miroir du présent", comme Mao l'avait retenu de sa lecture de Sima Gung, le lettré de la dynastie des Song, les rebellions avaient été réprimées avec une extraordinaire férocité. Le massacre organisé par Chang Kai shek dans les zones rouges étaient un pâle reflet du carnage qui eut lieu durant la rébellion des  Taiping. les troupes de Chiang recueillaient les oreilles; au 17eme siècle, au cours de la pacification du Sechuan, le général Li Zicheng récupérait les pieds et , lorsque sa concubine favorite lui reprocha sa cruauté, les siens furent ajoutés à la pile. Les nationalistes exterminaient les familles des dirigeants communistes ; sous les Quing, les familles des érudits et généraux rebelles étaient massacrés jusqu'au neuvième degré de consanguinité. L'utilisation même des quotas de victimes de purges, en dépit de ressemblances apparentes avec les pratiques du NKVD en russie est d'origine chinoise. Le tourbillon de sang et de peur dans lequel se déroulait la lutte communiste était le fruit de cet héritage.

Tout cela peut certainement expliquer des choses sur l'origine de ces "purges " campagnes de rectification. Mais l'important est le fait que ces méthodes, indépendamment des raisons originelles, furent ensuite "une méthode de gouvernement".
(bis repetita...)

[lavana]

J'ajoute en chinois.

La grande révolution culturelle prolétarienne (en chinois: 无产阶级文化大革命, pinyin: wúchǎn jiējí wénhuà dàgémìng), plus couramment La Grande Révolution culturelle (文化大革命 wénhuà dàgémìng), ou simplement La Révolution culturelle (文革 wéngé).