( Trotsky discussion sur le labor party mai 1938 a écrit :A Minneapolis, on ne peut pas dire aux syndicats d'adhérer au Socialist Workers Party. Ce serait une plaisanterie, même à Minneapolis. Pourquoi ? Parce que le déclin du capitalisme se déroule dix — cent — fois plus vite que le développement de notre parti. C'est une nouvelle contradiction. La nécessité d'un parti politique des travailleurs est donnée par les conditions objectives, mais notre parti est trop petit, manque d'autorité pour organiser les travailleurs dans ses propres rangs. C'est pourquoi nous disons aux ouvriers, aux masses : « Il vous faut un parti. » Mais nous ne pouvons pas leur dire immédiatement de rejoindre notre parti. Dans un meeting de masse, cinq cents seraient d'accord sur la nécessité d'un Labor Party, mais cinq seulement le seraient pour adhérer au nôtre, ce qui montre qui le mot d'ordre d'un Labor Party est un mot d'ordre d'agitation. Le second est pour l'avant-garde.
Faut-il utiliser les deux mots d'ordre ou un seul ? Je dis : les deux. Le premier, un Labor Party indépendant, prépare l'arène pour notre part. Il aide les ouvriers et les prépare à avancer, ouvre la voie à notre parti. Tel est le sens de ce mot d'ordre.
Nous disons que nous ne nous satisferons pas de ce mot d'ordre abstrait qui, même aujourd'hui, n'est pourtant pas aussi abstrait qu'il y a dix ans, parce que la situation objective est différente. Il n'est pas assez concret. Il nous faut montrer aux ouvriers ce que devrait être ce parti : un parti indépendant, pas pour Roosevelt ou LaFollette, une machine pour les travailleurs eux-mêmes.
C'est pourquoi, sur le terrain électoral, nous devons avoir nos propres candidats. Nous pourrons alors proposer nos mots d'ordre de transition...
Ce texte vient d'être mis en ligne sur le MIA.
http://www.marxists.org/francais/trotsky/o.../lt19380531.htm
Certains pourraient y voir une vision des choses préfigurant la ligne "Npa" ou "Poi". Mais ce serait mal lire.
Trotsky, certes, voit bien que le SWP n'a pas un crédit suffisant pour susciter un courant d'adhésions. Il propose de s'adresser d'une manière positive aux travailleurs susceptibles d'être attirés par la perspective d'un parti ouvrier indépendant. Mais il propose de le faire au nom du SWP, de la IVème Internationale. Loin de vouloir le liquider, il insiste pour que le SWP présente ses propres candidats aux élections, et fasse lui-même de l'agitation autour de mots d'ordre de transition. Le "Labor Party indépendant" est pour lui un mot d'ordre qui "ouvre la voie à notre parti".
Trotsky maintient fermement le cap.