Marx / Le capital / 1.1.1 : La Marchandise

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par k1maxim » 20 Avr 2010, 00:17

Dans 1.1.2 Marx dit :
a écrit :En tant qu'il produit des valeurs d'usage, qu'il est utile, le travail, indépendamment de toute forme de société, est la condition indispensable de l'existence de l'homme, une nécessité éternelle, le médiateur de la circulation matérielle entre la nature et l'homme

C'était sans doute vrai il y a 150ans, mais avec l'automatisation cela le devient de moins en moins. Marx n'avait sans doute pas imaginé qu'un jour des machines remplaceraient les hommes, a commencer par les ouvriers.

a moins qu'il en parle plus loin dans le Capital, auquel cas effectivement je lis tout avant de vous solliciter :smile:
k1maxim
 
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Message par Remi » 20 Avr 2010, 00:18

Il se trouve que j'aime le (bon) vin. donc l'exemple initial "me parle un peu"
Mon père après quelques pérégrination a commencé à travailler "dans la vigne" (aprés c'était "en usine", donc ça sort de ton exemple) et m'a appris quelques petites choses... Or je te dirais par exemple que le "bon vin" nécessite des rendements vachement plus faible que le vin "ordinaire" ! Si on peut tirer 100 l a l'hectare de vin "courant", on ne peut tirer que 1 l de "très bon vin". Sans compter le traitement (qui nécessite plus de travail lui aussi) Qu'il soit alors 100 fois moins cher parait normal. Évidemment, le capitaliste "normalement constitué" se dit "je vais faire 5 litres a l'hecto, et ce con là ne s'apercevra de rien..." Sauf qu'au bout d'un certain temps, un autre capitaliste se dira : je vais faire 2,5l à l'hectare, et le vendre au même prix, donc je vais baiser le consommateur (moi) et mon concurrent... Et 'c'est comme ça que tu as les vins d'Afrique du sud, excellents, et bien moins cher que les vins français a qualité égale... Bref, pour le "bon mais pas exceptionnel" je bois Africain...

Mais il suffisait de lire Marx jusqu'au bout...
Remi
 
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Message par k1maxim » 20 Avr 2010, 00:47

a écrit :Qu'il soit alors 100 fois moins cher parait normal


Non justement, j'ai pris des exemples de vins qui on a peu pres les memes rendement. (les vignes de l'un sont a quelques kilometres des vignes de l'autre).

Mais j'aurais pu être encore pu prendre deux vins tres tres proches (un la tache, un grand echezeau), le rapport aurait ete peut etre 1:10 seulement, mais la quantite de travail demandee strictement identique.
k1maxim
 
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Message par Remi » 20 Avr 2010, 00:51

Je ne crois pas que tu t'y connaisse en travail du vin...
Remi
 
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Message par k1maxim » 20 Avr 2010, 01:04

(Remi @ mardi 20 avril 2010 à 01:51 a écrit : Je ne crois pas que tu t'y connaisse en travail du vin...
Je suis preneur d'une lecon. Si tu peux m'expliquer pourquoi il faut 10 fois plus de travail pour produire une bouteille de Romanee conti qu'une bouteille de La Tache... je t'ecoute
k1maxim
 
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Message par Jacquemart » 20 Avr 2010, 06:08

Bon, reprenons tranquillement, si c'est possible (et désolé si c'est un peu long).

Tout d'abord, une remarque. En économie politique, depuis deux siècles, il n'a été élaboré en tout et pour tout que deux théories de la valeur, strictement incompatibles entre elles. La théorie de la valeur travail, initialement formulée par Smith, puis perfectionnée par Ricardo et Marx. C'est elle qui permet de démontrer l'existence de l'exploitation du travail humain dans l'économie capitaliste. Et la théorie de la valeur utilité, qui était celle de Jean-Baptiste Say à l'époque de Ricardo, et qui est devenu la référence de tous les économistes non marxistes depuis la fin du XIXe siècle. Cette théorie est censée prouver la non-existence de l'exploitation. J'en arrive donc à mon (demi) étonnement : si k1maxim critique vertement la théorie de la valeur travail, ce qui est son droit le plus strict même si ses arguments ne sont pas particulièrement bouleversants, c'est manifestement qu'il en tient pour la théorie de la valeur utilité. Or, se réclamer des anarchistes et contester l'existence de l'exploitation de l'homme par l'homme me paraît être une drôle de position. Mais, après tout, peut-être ne faut-ils pas juger les forumeurs, de même que les partis, sur les étiquettes qu'ils se donnent ?

Alors, pour en revenir à la valeur-travail, on tourne et on retourne autour du pot de la marchandise reproductible. Je ne peux que répéter :

- le romanée étant un terroir strictement délimité et déjà entièrement consacré à la production de vin, on ne peut pas en augmenter la production, même par un investissement supplémentaire en travail. Ce qui n'est pas le cas du diamant, qui est une marchandise reproductible dont l'extraction peut être accrue au prix d'un travail supplémentaire (prospection de nouvelles mines, exploitation de filons moins riches ou plus difficiles d'accès).

- à propos des marchandises usées, Maxim se met à parler de leur valeur d'usage, alors que la discussion porte sur la valeur d'échange. Je ne sais pas si c'est un simple lapsus, ou si effectivement il mélange les deux notions. Ce qu'on peut dire est très banal, et on aura quand même bien du mal à y trouver la réfutation de la théorie de la valeur travail. Un objet usé possède généralement une valeur d'échange inférieure au même objet neuf, tout simplement parce qu'il a demandé le même travail pour sa fabrication mais que sa valeur d'usage est jugée inférieure par les acheteurs. Il s'agit, si l'on veut, d'une valeur d'échange dérivée de la valeur d'échange de l'objet neuf et qui ne peut se comprendre que par rapport à elle. Le cas particulier des objets "déjà usés quand ils sont neufs", comme certains jeans à la mode, confirme la théorie de la valeur travail : la fabrication d'un jean déjà usé demandant davantage de travail qu'un simple jean neuf, les premiers sont plus chers que les seconds.

- pour terminer, on nous demande le prix de la baguette de pain... J'informe donc mon interlocuteur (de bonne foi, ça va sans dire) qu'une baguette, selon sa qualité (c'est-à-dire, selon la quantité de travail dépensée pour la produire, elle et ses ingrédients) est globalement vendue de 50c à 1euro. Il est franchement rare de trouver des baguettes de pain à 1 centime ou à 1 million, hormis sur les courbes des économistes partisans de la théorie de la valeur-utilité (vers lesquels le coeur de Maxim balance vraisemblablement).
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Message par Zelda » 20 Avr 2010, 06:17

(Maxim a écrit :D'accord, alors quel est le prix d'une baguette de pain de 250g ?

(Jacquemart a écrit :Il est franchement rare de trouver des baguettes de pain à 1 centime ou à 1 million, hormis sur les courbes des économistes partisans de la théorie de la valeur-utilité (vers lesquels le coeur de Maxim balance vraisemblablement).

Il devient à peu près aussi rare de trouver des baguettes de 250 g, vu que la "mode", ce sont les baguettes à 200 g vendues 1 euro. Mais elles sont bonnes, il faut bien reconnaître que le boulanger tape juste avec son slogan "Le pain n'a jamais été aussi bon"...
C'était ma contribution à ce fil prometteur, mais je vous rassure, je lirai plus que je n'interviendrai.
:hinhin:
Zelda
 
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Message par k1maxim » 20 Avr 2010, 08:47

a écrit :
Tout d'abord, une remarque. En économie politique, depuis deux siècles, il n'a été élaboré en tout et pour tout que deux théories de la valeur, strictement incompatibles entre elles. La théorie de la valeur travail, initialement formulée par Smith, puis perfectionnée par Ricardo et Marx. C'est elle qui permet de démontrer l'existence de l'exploitation du travail humain dans l'économie capitaliste.

Tient... on a besoin de le démontrer ?
C'est un peu comme si on avait besoin d'inventer la théorie du chaos pour démontrer qu'il y a des orages sur terre et des papillons qui battent des ailes.

a écrit :
J'en arrive donc à mon (demi) étonnement : si k1maxim critique vertement la théorie de la valeur travail, ce qui est son droit le plus strict même si ses arguments ne sont pas particulièrement bouleversants, c'est manifestement qu'il en tient pour la théorie de la valeur utilité.

Non, ou alors tu me connais mieux que moi meme.


a écrit :
Or, se réclamer des anarchistes et contester l'existence de l'exploitation de l'homme par l'homme me paraît être une drôle de position.

Je ne me suis ni reclamé des anarchistes (j'ai mis dans mon profil que je les trouvait sympathiques... nuance), et je n'ai jamais contesté l'exploitation de l'homme par l'homme.


a écrit :
Alors, pour en revenir à la valeur-travail, on tourne et on retourne autour du pot de la marchandise reproductible. Je ne peux que répéter :

- le romanée étant un terroir strictement délimité et déjà entièrement consacré à la production de vin, on ne peut pas en augmenter la production, même par un investissement supplémentaire en travail. Ce qui n'est pas le cas du diamant, qui est une marchandise reproductible dont l'extraction peut être accrue au prix d'un travail supplémentaire (prospection de nouvelles mines, exploitation de filons moins riches ou plus difficiles d'accès).

la prospection de nouvelles mines ne veut pas dire qu'on en trouvera. Tu ne va pas me dire que le diamant n'est pas rare et que cette rareté n'influe pas sur la valeur d'échange.


a écrit :
- à propos des marchandises usées, Maxim se met à parler de leur valeur d'usage, alors que la discussion porte sur la valeur d'échange.

J'arrive pas a voir ce que j'ai écris, mais évidement c'est un lapsus.

a écrit :
Ce qu'on peut dire est très banal, et on aura quand même bien du mal à y trouver la réfutation de la théorie de la valeur travail. Un objet usé possède généralement une valeur d'échange inférieure au même objet neuf, tout simplement parce qu'il a demandé le même travail pour sa fabrication mais que sa valeur d'usage est jugée inférieure par les acheteurs.

Bein voila ;)

a écrit :
- pour terminer, on nous demande le prix de la baguette de pain... J'informe donc mon interlocuteur (de bonne foi, ça va sans dire) qu'une baguette, selon sa qualité (c'est-à-dire, selon la quantité de travail dépensée pour la produire, elle et ses ingrédients) est globalement vendue de 50c à 1euro.

Donc ta réponse est qu'il n'y a pas de valeur d'échange immuable car tous les baguettes ne sont pas de qualité identiques.
Je me rends compte alors, qu'en excluant les marchandises non reproductible de l'étude de Marx, tu dois automatiquement en exclure toutes les marchandises dont un composant est directement ou indirectement un produit non reproductible.
Donc j'ai un peu peur que l'ensemble des marchandise sujet de l'étude soit quasiment vide...

a écrit :
Il est franchement rare de trouver des baguettes de pain à 1 centime ou à 1 million, hormis sur les courbes des économistes partisans de la théorie de la valeur-utilité .
(vers lesquels le coeur de Maxim balance vraisemblablement)

Si ces economistes prédisent ces prix la. ils se trompent certainement, car personnelement j'ai jamais vu de tels prix.
Pour info mon coeur ne balance pas.
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Message par volia » 20 Avr 2010, 09:12

Pour Marx, non, il n'y a pas une valeur d'échange intrinsèque et immuable.
Il explique que la valeur d'échange d'un produit correspond en dernière analyse au temps de travail "en moyenne" nécessaire à sa fabrication. Mais, cette fabrication dépend de l'état de l'art, c'est à dire de la productivité du travail humain.

Marx est un matérialiste. Tout ce qui est immuable lui est étranger.
Quand Marx dit que le prix d'une marchandise est fixé, cela ne veut pas dire qu'il ne bouge pas dans le temps !

Sinon, je ne suis pas sûr que pour bien comprendre les idées communistes, il faille commencée par le Capital.
Je dis ça, je dis rien...

Pour ce qui est de la baguette. Quand on est scientifique, en économie comme en physique, en biologie etc. on fait des abstractions. On parle de la baguette "en général", et non pas de la baguette truc ou bidule. On étudie les points communs des choses, sans en oublier les différences bien sûr, mais si on ne fait pas ainsi, alors on ne peut rien généraliser (C.Q.F.D), et il n'y a plus de sciences.
volia
 
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Message par k1maxim » 20 Avr 2010, 10:27

(volia @ mardi 20 avril 2010 à 10:12 a écrit :Pour Marx, non, il n'y a pas une valeur d'échange intrinsèque et immuable.

ah, alors qu'entend il par

a écrit :Une marchandise particulière, un quarteron de froment, par exemple, s'échange dans les proportions les plus diverses avec d'autres articles. Cependant, sa valeur d'échange reste immuable, de quelque manière qu'on l'exprime, en x cirage, y soie, z or, et ainsi de suite


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