La production de logiciels

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Belon » 24 Juil 2010, 17:56

(domino @ vendredi 23 juillet 2010 à 14:23 a écrit :Non non certes, mais il faut avouer que la question se pose bien à un moment donné!

Ben non :smile:
Que le logiciel soit vendu à 2 exemplaires ou à 1 million d'exemplaires la quantité de travail qu'il a fallu pour le produire sera la même. (J'oublie pour simplifier la problématique du support, on peut vendre un logiciel sans vendre le support).
Mais pour le blé c'est pareil, la valeur de l'ensemble de la production de blé ne change pas que la moisson soit bonne ou mauvaise donc si la quantité de blé varie.

Après, et c'est un problème différent, le logiciel a un prix de vente.
Disons que l'entreprise du logiciel estimait qu'à ce prix et en estimant une certaine quantité de ventes elle ferait le profit moyen.
S'il s'avère que son logiciel se vend beaucoup plus que prévu. Elle fait donc un surprofit.
Alléchés, les capitaux rappliquent pour produire un logiciel concurrent ce qui augmente l'offre par rapport à la demande et fait donc diminuer le prix de vente... jusqu'à correspondre à la valeur d'une unité du logiciel vendu.

La problèmatique est la même si l'entreprise de logiciel n'avait pas vendu autant que prévu.
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Message par Jacquemart » 19 Juil 2012, 12:24

Je déterre ce fil car je viens de tomber sur un extrait de Marx qui, me semble-t-il, répond au problème.

a écrit :D'autres économistes disent que la différence entre productif et improductif ne doit pas être mise en relation avec la production, mais avec la consommation. C'est tout le contraire. Le producteur de tabac est productif, bien que la consommation de tabac soit improductive. La production en vue d'une consommation improductive est absolument aussi productive que celle en vue d'une consommation productive ; à supposer toujours qu'elle produise ou reproduise du capital.
(Grundrisse, Editions sociales, p. 266)


Je me permets d'ajouter : le travailleur qui produit des logiciels (qui sont vendus) est donc productif, parce qu'il produit une marchandise qui rapporte un profit à son patron. Que le logiciel soit acheté par quelqu'un qui va s'en servir pour produire, pour vendre, ou qui le laissera au fond d'un disque dur sans jamais s'en servir, ne change strictement rien.

Bon, cela dit, c'est les vacances, on n'est pas obligé d'en remettre 15 posts. :-P
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Message par Puig Antich » 20 Juil 2012, 16:49

La difficulté de considérer que la comptabilité est improductive, c'est qu'aucune entreprise un peu conséquente ne peut se passer d'un comptable pour vendre ses marchandises, réaliser du capital. Donc je ne vois pas en quoi le comptable pourrait être seulement un faux-frais de la production capitaliste, puisque le problème pour le capitaliste n'est pas que le produit de la production soit une voiture ou une boîte de haricots, mais que cette voiture et cette boîte se présentent sous la forme de marchandises.... Il n'y a que dans le socialisme qu'on peut se passer de comptables, et encore il y aura certainement tout une époque où des gens plus ou moins spécialisés seront chargés de compter et prévoir en valeur d'usage.
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Message par Jenlain » 20 Juil 2012, 18:20

Un informaticien développeur qui travaille sur un site qui vit de la publicité (par exemple un site d'actualité ou un site d'annonces comme le bon coin) est un travailleur improductif ?
Un informaticien développeur qui travaille sur le site institutionnel d'une grosse entreprise est un travailleur improductif ?
Un informaticien développeur qui travaille sur le site de vente en ligne est un travailleur improductif ?
Jenlain
 
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Message par Belon » 21 Juil 2012, 00:10

Jacquemart, tu relances la discussion mais pas sur de bonnes bases. Ta citation ne concerne pas notre sujet. Le problème n'est pas l'utilisation que fait un consommateur (individu) d'une marchandise. Dès les premiers posts nous voyons bien que nous sommes d'accord là-dessus. Notre sujet traite d'une part de la transmission de la valeur dans la création de produit intermédiaire jusqu'au produit final et d'autre part de la création ou non de valeur par la comptabilité. C'est le mariage de ces deux problématiques qui rend intéressante notre discussion.

Vous vous arrêtez avant la fin du cycle de production.

Quant à la production de tabac, que le consommateur le fume ou le jette, bien-sûr que cette production est productive. Ce n'est pas le sujet.
Belon
 
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Message par Gaijin » 21 Juil 2012, 02:06

Je crois que Jacquemart au contraire traite aussi de la deuxième question.

(Marx a écrit :
La production en vue d'une consommation improductive est absolument aussi productive que celle en vue d'une consommation productive ;


Hors si je me trompe pas, la question est de savoir si la consommation d'un logiciel par un comptable qui produit (de la comptabilité forcément :D ) est productif ou non ? La phrase répond d'elle même. La consommation du logiciel (ou de la chaise) est productif même si le comptable l'utilise de manière improductif. La différence d'utilisation des feuilles de tabac et du logiciel par le comptable ne change rien, même si dans un cas il s'agit d'une consommation intermédiaire (dans le but d'un produit intermédiaire).

Je crains qu'il s'agisse d'un confusion sur le terme consommation, un producteur consomme les matières premières et les outils (entrants) et fournit un produit (sortants). Tous produits intermédiaires peut être vu aussi comme consommations intermédiaires.

Le raisonnement est le même si le logiciel est produit en interne. Un service de comptabilité peut avoir une production interne productif même si le produit final (la comptabilité) du service est improductif. Déplacer d'un homme de ménage en interne d'un service de comptabilité ne change pas le caractère productif du travail de cet homme.
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Message par Jacquemart » 21 Juil 2012, 08:08

a écrit :Jacquemart, tu relances la discussion mais pas sur de bonnes bases. Ta citation ne concerne pas notre sujet. Le problème n'est pas l'utilisation que fait un consommateur (individu) d'une marchandise. Dès les premiers posts nous voyons bien que nous sommes d'accord là-dessus. Notre sujet traite d'une part de la transmission de la valeur dans la création de produit intermédiaire jusqu'au produit final et d'autre part de la création ou non de valeur par la comptabilité. C'est le mariage de ces deux problématiques qui rend intéressante notre discussion.

Vous vous arrêtez avant la fin du cycle de production.

Quant à la production de tabac, que le consommateur le fume ou le jette, bien-sûr que cette production est productive. Ce n'est pas le sujet.


Bon, ben si, on est repartis pour 15 posts (au moins) ! :hinhin:

Toujours pas d'accord avec toi, Belon. La citation a un lien absolument direct avec notre discussion, car l'utilisation du logiciel par l'entreprise de comptabilité est bel est bien une consommation. C'est une consommation intermédiaire, et pas une consommation finale, et c'est cela qui la distingue de la consommation du consommateur. Mais c'est une consommation, tout comme est une consommation l'électricité utilisé dans la production d'aluminium.

Après les consommations intermédiaires peuvent être productives ou non, selon qu'elles sont employées à produire des marchandises (de la plus-value) ou non (la question ne se pose pas, évidemment, pour les consommations finales).

Ce que souligne la citation de Marx, c'est un travail qui a servi à produire une marchandise, donc de la plus-value, est productif (de plus-value) quelle que soit la manière dont cette marchandise est ensuite consommée (productivement ou improductivement, comme consommation intermédiaire ou finale).

J'ajoute que le moment où une marchandise produite est vendue, donc transformée en argent, et en plus-value, marque par définition la fin du cycle de production de cette marchandise.

PS : je pense que les deux autres intervenants commettent de grosses erreurs, mais pas tout à la fois !
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Message par Puig Antich » 21 Juil 2012, 14:35

a écrit :Hors si je me trompe pas, la question est de savoir si la consommation d'un logiciel par un comptable qui produit (de la comptabilité forcément ) est productif ou non ? La phrase répond d'elle même. La consommation du logiciel (ou de la chaise) est productif même si le comptable l'utilise de manière improductif. La différence d'utilisation des feuilles de tabac et du logiciel par le comptable ne change rien, même si dans un cas il s'agit d'une consommation intermédiaire (dans le but d'un produit intermédiaire).


Bah, si on part de l'idée que la comptabilité est improductive, la consommation du logiciel de comptabilité n'est pas une consommation productive au même titre que la consommation d'une autre matière première ou moyen de production, vu que par consommation productive on entend productive de capital, de plus-value.

Ha mince Jacquemart vient de dire la même chose.

Mais je reviens sur ce que je disais plus haut, ce qui va avec ce que dit Jacquemart :

a écrit :J'ajoute que le moment où une marchandise produite est vendue, donc transformée en argent, et en plus-value, marque par définition la fin du cycle de production de cette marchandise.


Autrement dit, la réalisation d'une marchandise sur le marché fait partie de sa production en tant que marchandise - et non plus en tant que simple chaise, ordinateur, logiciel de comptabilité. C'est dans ce sens qu'on peut dire, à l'inverse de ce qui est dit plus haut, que le travail du comptable est productif, car, sans comptable, sans stratégie commerciale, impossible de réaliser les marchandises pour une grande entreprise moderne. Le comptable est inutile à la production de produits, inutile dans le socialisme ou alors pour compter en valeur d'usage, mais nécessaire à la production capitaliste, alors pourquoi dire qu'il est improductif ?
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Message par Gaijin » 21 Juil 2012, 15:18

(Puig Antich @ samedi 21 juillet 2012 à 15:35 a écrit :
a écrit :Hors si je me trompe pas, la question est de savoir si la consommation d'un logiciel par un comptable qui produit (de la comptabilité forcément ) est productif ou non ? La phrase répond d'elle même. La consommation du logiciel (ou de la chaise) est productif même si le comptable l'utilise de manière improductif. La différence d'utilisation des feuilles de tabac et du logiciel par le comptable ne change rien, même si dans un cas il s'agit d'une consommation intermédiaire (dans le but d'un produit intermédiaire).


Bah, si on part de l'idée que la comptabilité est improductive, la consommation du logiciel de comptabilité n'est pas une consommation productive au même titre que la consommation d'une autre matière première ou moyen de production, vu que par consommation productive on entend productive de capital, de plus-value.

Ha mince Jacquemart vient de dire la même chose.

Mais je reviens sur ce que je disais plus haut, ce qui va avec ce que dit Jacquemart :

Je crois que tu fais une confusion entre le produit final "comptabilité" et la chaîne de production "comptabilité".

Dire que le produit final est improductif (ne produit pas de la plus-value) ne signifie pas que au cours de la chaîne de production de la "comptabilité", il n'y a pas eu d'opération "productif" (qui crée de la plus value). Si cette valeur n'est plus transmise au marché, c'est parce que celle ci passe par une phase improductive (travail) qui absorbe cette valeur sans la rendre. Cela ne justifie pas pour autant dire que cette plus-value n'a pas existé. Et donc que tous éléments de cette chaîne de production sont improductifs.

Jacquemart, j'attend avec impatience à savoir où son mes grosses erreurs. 8)
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Message par Puig Antich » 21 Juil 2012, 17:20

Je ne comprends pas bien ce que tu veux dire. La plus-value existe ou n'existe pas, et elle existe uniquement pour autant que la marchandise contient plus de travail qu'il n'en faut pour reproduire la force de travail qui l'a produite (pas la force de travail individuelle, mais toute la force de travail collective, sur toute la chaîne de production ). Elle ne peut pas à la fois exister et ne pas exister.

Si on parle du logiciel par contre, et qu'on discute de la consommation du logiciel, et qu'on admet que cette consommation ne produit pas de plus-value, alors c'est pas une consommation productive, c'est une consommation improductive, car une consommation productive doit être un élément d'un autre procès de production de plus-value. Ce n'est pas parce que la production de bagues en or produit de la plus-value qu'offrir une alliance à sa dulcinée est un acte productif de plus-value.
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