quand-même , extrait de la brochure VO que j'ai cité ailleurs sur Posadas, une appréciation de 1966 de la fusion POI-CCI de 1944, documentée par les prises de position de l'époque :
(Voix Ouvrière @ 1966 a écrit :L'unification des différents groupes trotskystes (P.0.I., C.C.I., Groupe Octobre) eut lieu au début de 1944. On passa allégrement l'éponge sur la politique chauvine de 1940 ; tout était oublié ; mieux, on avait toujours eu raison. Dans un bulletin commun P.O.I.-C.C.I, de juillet 1943 on peut lire en substance :
Le P.O.I. n'a commis que la faute d'employer dans "La Vérité" certaines expressions dangereuses ; la position fondamentale a été non seulement juste, mais perspicace car le P.O.I. avait prévu dès 1940 la transformation du mouvement national en mouvement de classe.
Ainsi la trahison complète de l'internationalisme est qualifiée "d'expressions dangereuses" . C'est un euphémisme délicat qui recouvre malheureusement quelque chose qui l'est beaucoup moins. Et ces camarades écrivaient dans la déclaration d'unité parue dans "la Vérité" du 25 mars 1944 que depuis le début de la guerre :
"Ces organisations ont développé en conséquence une politique et une action internationalistes".
et plus loin :
"En ce moment décisif la IV° Internationale regroupe ses forces, corrige ses fautes, â travers une auto-critique "bolchevique".... "
Le texte faisant simplement allusion à
"des fautes épisodiques de tel ou tel groupement"..
Fin 1944, lorsque la Section Française de la IV° Internationale refusa non seulement de reconnaître ses erreurs mais prétendit avoir suivi une ligne correcte, il était évident que cette section n'avait plus rien de trotskyste. Comme il arrivera souvent par la suite, la Section Française inventera tout un arsenal théorique pour justifier une pratique opportuniste. On parlera d'un mouvement national en 1940, au XX° siècle, dans un pays impérialiste, on découvrira deux résistances distinctes, l'une bourgeoise, l'autre ouvrière. C'est ce qui fit écrire à nos camarades en février 1944 :
"Pour pouvoir - dans un texte exprimant la position officielle - transformer la trahison du mouvement de la IV° Internationale en un conte bleu de perspicacité bolchevique (hormis "quelques erreurs") il faut que le niveau "idéologique du P.O.I. soit bien bas.
"Il faut repousser avec dégoût les prétextes invoqués à la "manière stalinienne par le P.O.I,, qui rejette ses fautes "sur les "masses". De ce point de vue il est caractéristique que les organisations P.O.I. - C.C.I. attribuent l'effondrement des organisations de la IV° Internationale. en France en 1939 à l'éclatement de la guerre, qui aurait isolé l'avant garde des masses. Tout révolutionnaire ayant fait son travail pendant la drôle de guerre sait que c'est là pur mensonge : tout au contraire, jamais le contact avec les masses ouvrières n'a été plus facile (et pas seulement avec les masses ouvrières) jamais les masses n'ont été plus disposées à accueillir la propagande "révolutionnaire"…"
Cette attitude de la section française révélait que tant sur le plan politique (cas de 1939) que sur le plan des principes (refus d'autocritique et justification à tout prix) l'opportunisme régnait en naître dans son sein. Car il ne s'agissait pas pour nous de refuser de s'unifier sous prétexte que la section française avait commis des erreurs, des fautes graves. Mais un certain nombre de militants de cette section reconnaissaient ces erreurs mais refusaient de les réexaminer pour ne pas nuire à la fusion. Cette attitude montrait que cette organisation n'avait plus rien de bolchevik et n'était plus en rien l'avant-garde qu'aurait voulu forger Trotsky. Et lorsque après la guerre, la IV• Internationale entérina la politique de la section française il était clair qu'elle était aussi opportuniste.