Martin Heidegger nazi et philosophe ?

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Barnabé » 19 Mars 2004, 21:55

a écrit :  Je n'ai jamais dis ici qu'on devait juste regarder le monde et basta !.

Pourtant c'est bien ça que fait la philosophie (après dans leur vie les philosophes font ce qu'ils veulent...), le point de vu du concept, la question de la vérité comme pur question théorique. C'est ça que combat marx dans les thèses sur feuerbach.
Les philosophes n'ont fait qu'interpreter le monde. Ce n'est pas un reproche aux philosophes, c'est une limite de la philosophie en tant que telle. Ce qu'il faut c'est le transformer, mais ça, ça implique de sortir de la posture philosophique, de sortir du concept et justement de se le coltiner, le monde. Et tout cela n'empêche pas d'ailleurs qu'il soit nécessaire, d'étudier la philosophie et son histoire. Et justement, cette histoire de la philosophie a un sens. Toutes les doctrines philospohiques ne sont pas posées les unes à coté des autres, à égalité et on pourrait choisir entre Platon, Aristote, Descartes, Spinoza, Kant, Hegel ou Heidegger. Et cette histoire de la philosophie jusqu'à Hegel, c'est l'histoire de la tentative d'apréhender le monde dans sa totalité, de le réduire au concept, au système théorique. Et Hegel marque l'apothéose et en même temps l'achèvement de cela. Avec la dialectique, le système hégelien englobe dans une unique rationalité la totalité du monde, mais du point de vue de la philosophie, c'est à dire du concept. Au delà de cela il n'y avait que deux possibilités, sortir enfin de la philo, se remettre sur ses pieds et ça c'est ce qu'à fait Marx. Sinon, il ne restait plus aux philosophes post-hegélien qu'à attaquer l'unité du concept, l'unité sujet-objet, et ça c'est ce qui a donner tous les avatars de subjectivisme ou du retour au mysticisme de Husserl à Heidegger (puisque c'est le sujet) en passant par Kierkegaard ou autres, ou alors à découper la philosophie en tranche en réfutant sa prétention à la globalité à être totalisante (typiquement ce que font les philosophes analytiques). La philosophie après Marx est donc en fait toujours réactionnaire. Ce n'est pas un jugement moral sur les philosophes eux même (qui en la matière ne se valent pas tous, entre Heidegger et Sartre il y a comme un fossé), c'est juste que la philosophie devient à la fin du 19ème siècle l'expression théorique de la décadence du capitalisme, qu'elle acompagne le retour à l'idéalisme, au relativisme, à la subjectivité, à l'anti-rationalisme de la bourgeoisie, cette classe qui cesse alors sous tout rapport d'être porteuse d'un projet historique.
Barnabé
 
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Message par Youssouf » 19 Mars 2004, 21:58

(manu @ vendredi 19 mars 2004 à 18:31 a écrit : Il faut quand meme savoir une chose camarades, c'est sa soeur qui à trduite la plupart de ses écrits.
Tu sais pas en train de confondre Nietzsche et Heidegger ??? :blink:
Youssouf
 
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Message par pelon » 19 Mars 2004, 22:45

(logan @ vendredi 19 mars 2004 à 21:26 a écrit : LCR tu dis que Trotsky a écrit des choses fort justes sur céline. Tu peux dire dans quel texte?

C'est une critique après la sortie de Voyage au bout de la Nuit. On peut la trouver dans "Littérature et Révolution".
pelon
 
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Message par Pascal » 21 Mars 2004, 12:06

(manu @ vendredi 19 mars 2004 à 18:47 a écrit :On oublie complétement de tout remettre dans le contexte historique de l'epoque. Il a ete certes militant mais il s'est ensuite désengagé. Il ne faut pas oublier le regne de terreur que le parti nazi représentait sur le peuple allemand. A l'époque beaucoup était antisémite. Comme il etait comme tout le monde aveuglé par une haine ancestrale !.

Je vais peut-être être hors sujet, je ne connais pas les textes philosophiques d'Heidelger. C'est donc plus sur la situation de l'Allemagne en 1933 que je voulais intervenir.

Bien sûr, on ne peut pas oublier le règne de terreur du parti nazi sur le peuple allemand : mais l'adhésion au NSDAP n'était pas obligatoire. En plus, la biographie d'Heidelger publiée dans cette discussion, montre qu'Heidelger a adhéré au parti nazi en 1933 pour le quitter peu après. Et il me semble qu'il était plus facile de ne pas adhérer au NSPAD que de quitter le parti une fois qu'on en a été adhérent. Bref, s'il a pu quitter le parti nazi, il aurait très bien pu ne pas y adhérer.

Pour ce qui est de l'antisémitisme, dire que "tout le monde était aveuglé par une haine ancestrale" à l'époque, non seulement n'est pas une excuse, mais en plus c'est faux. L'Allemagne en 1933 n'était pas plus antisémite que la France. Au début du 20ème siècle, les pogroms ont lieu en Pologne, en Ukraine, en Moldavie, mais pas en Allemagne. Et si tu lis les textes de militants révolutionnaires de 1932-1933, il n'est presque jamais question de l'antisémitisme du NSDAP, une brochure écrite par les anarcho-syndicalistes allemands en 1932 prend tellement peu au sérieux l'antisémitisme des nazis que cette question n'est traitée qu'en quelques phrases du genre "c'est un vieux thème de propagande moyen-âgeux stupide". Même une fraction importante de la communauté juive d'Allemagne ne prenait pas au sérieux le programme antisémite des nazis. Rustico, dans "1933 : la tragédie du prolétariat allemand", cite même les propos de sa logeuse, juive, qui se demande si elle ne va pas voter Hitler, tout en expliquant que l'antisémitisme des nazis n'est dirigé que contre les immigrés juifs de Pologne, pas contre les juifs allemands. Et même le Parti Nazi, lors des élections de février 1933, ne met pas tant en avant l'antisémitisme dans sa campagne, mais les principales affiches sont "Contre le marxisme, votez Hitler".

Enfin, en 1933 (date à laquelle Heideger adhére au NSDAP), l'Allemagne est encore loin d'être nazifiée. Ainsi, aux élections de novembre 1932, les nazis obtiennent 33,1% des voix (soit 2 millions de voix en moins qu'en juillet de la même année), alors que le cumuls des voix du KPD et du SPD est de 37,3% des suffrages. Le 5 mars 1933, élections qui se déroulent dans un climat de terreur brune et de répression anti-communiste, les nazis obtiennent certes 44% des voix, mais le KPD, qui n'a pas pu mener de campagne, récolte quand même encore presque 5 millions de voix. Et même quelques années plus tard, les procès verbaux des interrogatoires de JohannGeorg Elser (menuisier pacifiste qui a tenté d'assassiner Hitler en 1938) montrent, entre autre, qu'à cette époque encore, les quartiers ouvriers sont encore loin d'approuver la politique hitlérienne.

Bref tout cela pour dire que l'image d'une Allemagne peuplée presqu'exclusivement de nazis et d'antisémitistes en 1933, est fausse.

Et quoiqu'il en soit, surtout pour un intellectuel, le contexte de l'époque, ne peut en rien justifier l'engagement nazi. Anna Seghers ou Brecht ont choisit, par exemple, de refuser le nazisme, tout comme les centaines de milliers d'Allemands anti-fascistes qui ont été internés dès 1933 dans les camps de concentration.
Pascal
 
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Message par Youssouf » 21 Mars 2004, 13:01

(Barnabé @ vendredi 19 mars 2004 à 19:48 a écrit :
a écrit :Bien sûr Heidegger n'a pas fait une apologie philosophique du nazisme, bien sûr il a influencer des intellectuels de gauche (comme Sartre, mais qui lui aussi sombre fortement dans le subjectivisme).

N'oubliez pas le poète René Char, incontestablement disciple de Heidegger... et héroïque résistant devant l'éternel!


Et pour Caupo, "vivre dangereusement", ce serait un précepte intrinsèquement nazi? :247:

Vivre dangereusement ce peut-être au contraire résister courageusement contre la barbarie, au moment où la France choisit de capituler et de collaborer lachement avec l'occupant.
Youssouf
 
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Message par Youssouf » 21 Mars 2004, 13:28

(manu @ vendredi 19 mars 2004 à 21:32 a écrit :
a écrit :Pus sérieusement camarade ce n'est pas une définition primaire, mais juste revenir au sens premier du concept. Mot a mot cela veut dire ca : ami de la sagesse. La philo et je vais me repetter c'est la recherche de la vérité. Meme si elle ne correspond pas à ce que je voulais au départ.

Et non, justement, tu ne reviens pas au premier sens du concept... Car si la philosophie, originairement, est bien la recherche de la sagesse, c'est justement autre chose que la simple recherche de la vérité.

La sagesse ce que caractérise en ceci qu'elle n'est pas un savoir purement théorique, mais un savoir théorique et pratique (théorétique). La sagesse, c'est savoir réussir sa vie!
Youssouf
 
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Message par Youssouf » 21 Mars 2004, 13:40

[quote=" (Barnabé @ vendredi 19 mars 2004 à 19:48"]
comme Sartre, mais qui lui aussi sombre fortement dans le subjectivisme
Je ne suis pas d'accord. Sarte ne SOMBRE pas dans le subjectivisme.

Au contraire, il réalise un dépassement du subjectivisme!...

Certes, c'est un subjectiviste absolu.
Mais il faut comprendre ceci: c'est justement en poussant une philosophie jusqu'à sa dernière extrêmité qu'on finit par la dissoudre. Trop de subjectivisme tue le subjectivisme.

Osez donc pousser le matérialisme jusqu'au bout et vous verrez ce qu'il en restera :hinhin:
Youssouf
 
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