a écrit :ça n'était nullement la volonté de Sartre de dépasser le subjectivisme en le poussant à l'absurde.
Quelle était sa volonté, j'en sais rien (tu es probablement mieux renseigné sur ses intentions que moi) et ça m'importe peu... Le fait est que grâce à lui, le subjectivisme a été dépassé. Ne serait-ce que parce qu'il n'y a plus eu de philosophie du sujet après lui.
a écrit :Je ne sais pas comment on peut pousser le "matérialisme" mais s'il s'agit de l'aprehender de la manière la plus conséquente, eh ben, il ne restera que du matérialisme...dialéctique.
Moi pas comprendre. Quoi être dialectique?
a écrit :Par contre, j'aimerais bien savoir comment peut-on tuer le subjectivisme par trop de subjectivisme...Yousouf va nous montrer ça.
Si tu veux... Mais je ne sais pas si j'aurai le temps pour bien me faire comprendre.
Ceci apparait très clairement dans cette formule sartrienne:
La nature de l'homme, c'est de ne pas avoir de nature.Cette formule fièrement auto-négatrice montre incontestablement que la philosophie de Sartre en poussant jusqu'au bout l'analyse du SUJET a abouti à dissolution de ce même SUJET.
Qu'est ce que le subjectivisme?
La philosophie du sujet, du "Je pense", ce "Je pense" qui est au centre des préoccupations de la philosophie occidentale depuis Descartes jusqu'à Sartre en passant par Kant et Hegel.
Ce "je pense", ce n'est pas "Caupo pense", ni "Youssouf pense'", c'est le "Je pense" universel, pas un individu... C'est l'Homme.... Le subjectivisme n'est donc pas l'individualisme. Au contraire, subjectivisme et individualisme sont opposés.
Or donc, Sartre, en poussant jusqu'au bout l'analyse de ce concept de sujet, ce sujet dont il considère, à la suite de ces prédecesseurs que l'essence est la liberté... en arrive à cette conclusion que l'essence du sujet, c'est qu'il EST CE QU'IL FAIT. C'est ça, l'existentialisme!
Autrement dit, être un sujet ne consiste même plus en une essence, ne consiste pas à ETRE QUELQUE CHOSE, mais à FAIRE QUELQUE CHOSE.
En dehors de ce que je fais, je ne suis rien!
Autrement dit, ce sujet, cette nature en laquelle consisterait ce que je suis et qui se cacherait derrière mes actes tout en étant à leur origine, ça n'est tout simplement rien, un fantôme!
Rien, aucune nature, aucune essence ne se cache derrière mes actes, en dehors de ce que je fais...
Dans cette perspective, il est par exemple tout à fait insignifiant de prétendre que l'on est un révolutionnaire sans faire de révolution...
Sartre pousse jusqu'au bout l'analyse du sujet... Et quelle est sa conclusion? Qu' est ce que c'est, finalement, ce sujet? Ça n'est rien!
Car le sujet N'EST PAS... mais IL AGIT!
Et il est entièrement absorbé par ce qu'il fait.
(Comme le "Néant Créateur" de Stirner... Stirner qui bien avant Sartre, Heidegger et Husserl, était un existentialiste)
Donc, oui... L'existentialisme sartrien est l'aboutissement du subjectivisme... Et il en est en même temps sa dissolution et sa négation.