par eruditrotsk » 10 Nov 2005, 14:55
C'est marrant comment certains ne savent pas lire, même quelques lignes de textes, et croient voir la même chose entre la révolte de Watts et celle dite "des banlieues" actuellement. La phrase que Caupo écarte d'un revers de main parce que pas contemporaine de 1965 sur la "communauté" est pourtant éclairante. Si l'ensemble de la population des banlieues françaises actuelles étaient en révolte, parents et enfants, travailleurs et chômeurs, contre la discrimination sociale dont sont victimes les quartiers pauvres, ce serait... Watts. Sinon, c'est ce qu'on vit aujourd'hui, quelque chose de stérile.
La "révolte" de quelques jeunes (quels qu'ils soient, cf l'interminable fil sur le sujet, pollué par les remarques offusquées-condescendantes des gauchistes "canal historique" contre LO ; gauchistes pour qui la pendule de l'histoire semble s'être arrêtée pour certains, il y a un certain temps - 1988, peut-être), coupés de l'ensemble de la population me fait penser à un autre phénomène : la politique que dénonçait LO en Grande-Bretagne du temps de la montée de l'extrême-droite, vers 1977 (c'est le privilège étiquetbale "LO canal historique"...). Certains jeunes dans certains quartiers immigrés étaient prêts alors à en découdre contre les "fachos", et se moquaient bien des sentiments du reste de la population à ce sujet (leurs parents et voisins adultes, notamment) et les gauchistes anglais - petit frères de ceux qui la ramène dans ce forum - étaient prêts à leur filer le train. Le SWP avait ses érudits et valorisait les réactions des quartiers populaires londoniens dans les années trente contre l'extrême-droite, réactions orchestrées par le PC, en oubliant soigneusement de dire que cette action des années trente avait mobilisé collectivement l'ensemble de la population ouvrière, jeunes vieux, femmes, hommes, actifs, inactifs, etc. et pas seulement quelques jeunes excités.
Dans le cas qui nous occupe par ailleurs, les seules réactions collectives qui ont été possibles - et auxquels certains camarades ont pu être associés fortuitement, tout bonnement parce qu'ils étaient là et sollicités - l'ont été là où la population (non émeutière) s'est mobilisée collectivement (et cela pas spontanément comme l'a dit par ailleurs un interlocuteur que je ne citerai pas - de toute façon, il ne se rappelle pas d'un post l'autre ce qu'il a pu déclarer, j'en ai déjà fait l'expérience) pour protéger les biens communs si chichement comptés dans les quartiers populaires : piscine ou école. Et cela, en faisant à cette occasion l'apprentissage qu'on peut faire quelque chose de bien ensemble, de façon même plutôt bon enfant (il y a eu un reportage à la télé particulièrement explicite sur ce point).
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