(Lannig @ mercredi 6 août 2008 à 00:43 a écrit : Je suis en train de lire "Ils ont tué Pierre Overney" de Morgan Sportès bien documenté sur les mouvements maos de l'époque et en particulier la GP.
Ce livre raconte bien évidemment l'assassinat d'Overney mais comme la GP a conduit à ce paroxysme et il montrent assez les enchaînements des faits qui ont conduit à c e crime. Et bien sûr ils dénoncent les "gépistes" mais absout les stals de l'époque en "montrant" que dans la propagande maos visait d'abord le PC e la CGT. Alors la thèse qui sous-tend un peu le bouquin c'est que la GP était infiltré par à la fois des éléments de l'Etat chargés de la surveiller mais aussi par d'autres éléments qui voulaient descriditer le PC. On peut douter de cette thèse. Par contre ce que montre ce bouquin s'est que pour les dirigeants maos Benny Levy, Geismar, Gluckmann et plein d'autres, ils en avaient rien à foutre des ouvriers et de leurs propres militants. Ce qu'à l'époque j'avais ressenti. L'absence de formation politique, de culture des militants de base est criant.
Quant à ce pauvre Pierre Overney, il est mort hélas, pour rien.
Mais eux ont bien su se reconvertir, qui en rabbin, l'autre en inspecteur général, et pour finir en philosophe néo-libéral pro-américain !
Lannig
je n'ai pas lu le livre et ce que tu en dis ne donne guère envie de le lire... j'ai vécu l'époque, comme jeune trotskyste, mais je me souviens que Pierre Overney était un jeune ouvrier, révolté, un peu casse-cou, certes, mais à peine plus que l'époque. Les maos s'en prenaient violemment aux chefs, ils cherchaient un peu l'affrontement, c'est vrai, persuadés que "l'étincelle mettrait le feu à la plaine" (Mao citant Lénine, le titre de l'Iskra). Ils se la jouaient comme si on était en 43 et les syndicalistes étaient traités de "kollabos" ce qui était stupide et de plus inefficace.
Pour autant, leur révolte était saine, quand ils disaient "on a raison de se révolter" et qu'ils dénonçaient tel chefaillon haï, telle saleté dans telle boîte, c'était bien vu et LO était solidaire. Les syndicalos au contraire et la CGT en particulier faisait tout ce qu'ils pouvaient pour les virer des boîtes, n'hésitant pas à les dénoncer aux patrons. Je me souviens d'un copain de la LCR, cité nommément dans un tract à Montrouge, et faut-il rappeler Arlette, exclue de sa section CGT ? c'était avant 68, mais il y en a eu bien d'autres après 68 !
A la mort d'Overney, cela a été le summum. Au lieu de dénoncer le fait que Renault avait employé des milices armées (sur les photos, on voit bien son assassin sortir de la boîte un FLINGUE à la main, tandis qu'Overney n'a qu'un bâton), ils ont dénoncé... la victime !: Au lieu d'être solidaires d'un militant ouvrier assassiné, ils l'ont calomnié, racontant que c'était un petit-bourgeois venu s'encanailler, et je ne sais trop quoi. Non seulement ils n'ont pas organisé de débrayage de protestation à Renault même, mais ils se sont opposés à celui organisé par la CFDT de l'époque. Ne parlons même pas des manifs ou de son enterrement dont ils étaient honteusement absents.
"Absoudre les stals" ? moi je ne les absous pas plus que de l'assassinat de trostkystes durant la guerre ou à la Libération, et présenter les maos comme "infiltrés", c'est pour le moins dégueulasse, quelle que soit l'évolution de ces minables de Benny Lévy, Gluksman ou July.