décès de Georges Fontenis, figure du mouvement communiste li

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par quentin » 11 Août 2010, 20:02

Tout est dans le titre.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, des éléments dans l'article sur Wikipedia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Fontenis
quentin
 
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Message par luc marchauciel » 11 Août 2010, 21:03

Sur le site d'AL :

http://alternativelibertaire.org/spip.php?article3685

a écrit :

Georges Fontenis : une figure internationale du communisme libertaire nous a quittés

C’est une des dernières personnalités du mouvement anarchiste des années 1940-1950 qui vient de disparaître avec Georges Fontenis, décédé à Tours le 9 août 2010 dans sa quatre-vingt-dixième année. Il restera, dans la mémoire du mouvement ouvrier, comme un infatigable combattant du communisme libertaire, un acteur du soutien aux indépendantistes algériens, un syndicaliste de l’École émancipée, un des animateurs de Mai 68 à Tours et un des piliers de la Libre-Pensée d’Indre-et-Loire. Jusqu’à ses derniers jours, il a été adhérent d’Alternative libertaire.

Issu d’une modeste famille ouvrière des Lilas, Georges Fontenis fut projeté dans le militantisme anarchiste par Juin 36 et l’enthousiasme pour la Révolution espagnole. Membre de la CGT clandestine sous l’occupation, ce jeune instituteur à Paris 19e devint, à la Libération, un des militants les plus en vue de la Fédération anarchiste (FA). Dès 1946, il fut élu secrétaire général de cette organisation, véritable pôle de résistance à l’hégémonie stalinienne dans le mouvement ouvrier de l’époque.

Très proche des Espagnols de la CNT-FAI en exil, Georges Fontenis fut, en 1946-1950, un des promoteurs de la CNT française (CNT-F), qui se présentait comme une alternative à la CGT stalinisée et à une CGT-FO atlantiste. Après l’effondrement de la CNT-F en 1950, il rejoignit la Fédération de l’Éducation nationale (FEN) et fut actif au sein de sa tendance syndicaliste révolutionnaire, l’École émancipée.

Georges Fontenis fut ensuite un des principaux protagonistes des luttes d’orientation qui déchirèrent l’organisation anarchiste en 1951-1953, et qui aboutirent à la transformation de la FA en Fédération communiste libertaire (FCL). Il devait en garder, par la suite, une réputation sulfureuse. Il s’en expliqua dans ses Mémoires, publiés une première fois en 1990. Réédités en 2008 par les éditions d’Alternative libertaire sous le titre Changer le monde, ces Mémoires constituent une pièce de premier ordre pour les historiens de l’anarchisme, mais aussi une forme de bilan politique de cette période, non exempt d’autocritique.

Quand éclata l’insurrection algérienne de la Toussaint 1954, la FCL s’engagea dans le soutien aux indépendantistes et Georges Fontenis mit sur pied, avec ses camarades, un des tout premiers réseaux de « porteurs de valises ». Ce n’est cependant pas son action clandestine, mais sa propagande au grand jour qui valut à la FCL d’être démantelée par la répression. Interpelé par la DST au terme de plusieurs mois de cavale, Georges Fontenis passa près d’un an en prison et fut définitivement proscrit de l’Éducation nationale en Région parisienne. Cette période a été racontée dans un documentaire de 2001, Une résistance oubliée (1954-1957), des libertaires dans la guerre d’Algérie.

Après sa libération, Georges Fontenis s’installa dans la région tourangelle, qu’il ne devait plus quitter. La FCL étant détruite, il continua néanmoins son action dans les réseaux de soutien à l’indépendance algérienne.

Il fut de nouveau appelé à jouer un rôle en mai-juin 1968, en étant un des principaux animateurs du Comité d’action révolutionnaire de Tours. Dans la foulée, il tenta de relancer un Mouvement communiste libertaire (MCL), fortement teinté de conseillisme, mais qui fut un échec. Il devait par la suite adhérer, en 1980, à l’Union des travailleurs communistes libertaires (UTCL), puis à Alternative libertaire.

La vie de Georges Fontenis a, pendant plusieurs décennies, été liée au mouvement ouvrier et à son courant libertaire. Il en a partagé les avancées, les reculs et les luttes passionnées. Militant politique, il savait tirer les enseignements des échecs sans céder au découragement. Mais l’itinéraire de Georges Fontenis fut aussi un itinéraire personnel. Façonné par l’anarchisme, il voulut le transformer en profondeur. Pour cela, il fut vivement décrié par certains, et considéré par d’autres, en France et ailleurs, comme une référence. Son bilan forme-t-il pour autant un bloc, à prendre ou à laisser ? Nullement. Mais Alternative libertaire et, au-delà, le courant communiste libertaire international savent ce qu’ils lui doivent, et c’est pour cette raison que nous rendons hommage à un homme qui, désormais, appartient à l’Histoire.

Les militants qui l’ont côtoyé dans ses combats en garderont, pour beaucoup, le souvenir d’un camarade chaleureux, bon vivant, doué d’humour et d’une grande lucidité. C’est encore l’image qu’il laisse dans le documentaire qui lui a été consacré en 2008, Georges Fontenis, parcours libertaire.

AL assure sa compagne Marie-Louise ainsi que sa famille de sa solidarité dans ce moment douloureux. Le mensuel Alternative libertaire saluera longuement Georges Fontenis dans son numéro de septembre. Nous envisagerons également l’organisation d’un événement public en son souvenir à l’automne, probablement à Tours.

Alternative libertaire, le 10 août 2010

luc marchauciel
 
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Message par Valiere » 12 Août 2010, 09:27

Membre de l'Ecole Emancipée, à Libération il œuvre à la renaissance de la Revue. En 1947, il joue un rôle de premier plan lors de la longue grève des instituteurs de la Seine.
Son engagement communiste-libertaire l'amène, en 1951, à participer activement avec ses camarades de la CNT à l'attentat manqué contre Franco. Son internationalisme le pousse au soutien critique des révolutionnaires algériens, ce qui lui vaut de subir une répression acharnée de la part du pouvoir colonial et d'être incarcéré en 1957, puis libéré l'année suivante.
En 1969, il dénonce la tentative de l'OCI lambertiste d'appropriation de l'Ecole Emancipée. En 2001 il s'oppose au fait accompli de la commission enseignante de la LCR qui aboutira à la scission de l'EE. Il participe à la naissance de L'Emancipation Syndicale et Pédagogique en nous soutenant et en contribuant à la Revue par des analyses et témoignages sur notre Histoire.
Jusqu'à son dernier souffle, il mène le combat syndicaliste de classe en militant à Sud Education et à L'Emancipation intersyndicale.
Notre ami et camarade est resté lucide et informé de l'actualité des luttes jusqu'à la fin, entouré du soutien et de l'affection de son épouse – notre amie Marie-Louise. Notre pensée se tourne aussi vers ses deux filles.
Valiere
 
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Message par quijote » 13 Août 2010, 11:33

Son activité bouillonne fut critiquée en son temps par nos camarades.. en particulier pendant la guerre d 'Algérie ..car Fontenis comme un certain nombre n 'avait pas compris qu'il est vain d'agir en dehors des masses ..mais ça nous ramène à la situation de l 'extrême gauche pendant la guerre d 'Algérie : encore plus minoritaire qu' à notre époque ...
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Message par Puig Antich » 13 Août 2010, 12:15

Il faut des gens comme Fontenis comme des gens qui travaillent sur le long terme dans les entreprises et les quartiers, c'est pas nécessaire de les opposer. En dehors des désaccords d'ailleurs, l'un ou l'autre de ces types de militantisme serait d'autant plus efficace dans le cadre d'un parti révolutionnaire.
Puig Antich
 
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Message par quijote » 14 Août 2010, 00:00

(Puig Antich @ vendredi 13 août 2010 à 13:15 a écrit : Il faut des gens comme Fontenis comme des gens qui travaillent sur le long terme dans les entreprises et les quartiers, c'est pas nécessaire de les opposer. En dehors des désaccords d'ailleurs, l'un ou l'autre de ces types de militantisme serait d'autant plus efficace dans le cadre d'un parti révolutionnaire.
non , la politique c 'est pas de l 'éclectisme , des plats à la carte ..je répète , sous prétexte d'empirisme on ne peut faire n'importe quoi : la politique révolutionnaire c'est pas fait pour satisfaire son petit ego idéaliste , se donner bonne conscience , mais pour être efficace à long terme .. alors ;, il ne suffit pas d'être idéaliste , "courageux" ou plutôt téméraire pour mener une politique juste ..c'est d'ailleurs là le défaut des anars dont on disait qu'ils savent se battre mais pas "combattre". En disant cela , crois moi , je ne cherche ni à les dénigrer , ni à les enfoncer mais plutôt à essayer de démasquer leurs erreurs ,
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Message par Puig Antich » 15 Août 2010, 01:56

Je pense pas que ce soit une question d'égo idéaliste. Simplement les individus ont des tempéraments et des compétences diverses, qu'ils peuvent mettre chacun à leur manière au service de la cause, car même si l'organisation collective forme un tout supérieur à la somme des individus et joue un rôle régulateur sur lui, l'individu aussi est important. Par exemple il faut parfois des " téméraires " comme il faut aussi beaucoup de " prudents ". Trotsky a souvent été téméraire par exemple, et d'autres militants bolcheviques de la base peut-être encore beaucoup plus, et Lénine lui peut-être beaucoup plus prudent. Bon là on parle à un niveau différent que le simple cas Fontenis dont on peut discuter des détails, etc.
Puig Antich
 
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Message par quijote » 15 Août 2010, 09:10

(Puig Antich @ dimanche 15 août 2010 à 02:56 a écrit : Je pense pas que ce soit une question d'égo idéaliste. Simplement les individus ont des tempéraments et des compétences diverses, qu'ils peuvent mettre chacun à leur manière au service de la cause, car même si l'organisation collective forme un tout supérieur à la somme des individus et joue un rôle régulateur sur lui, l'individu aussi est important. Par exemple il faut parfois des " téméraires " comme il faut aussi beaucoup de " prudents ". Trotsky a souvent été téméraire par exemple, et d'autres militants bolcheviques de la base peut-être encore beaucoup plus, et Lénine lui peut-être beaucoup plus prudent. Bon là on parle à un niveau différent que le simple cas Fontenis dont on peut discuter des détails, etc.

Ce n 'est pas une question de "témérité " ni de" prudence" .. il ne s'agit pas de choix individuels , réversibles .. non , c'est une question "politique" et bien sûr ça se discute .Et dans le contexte de la guerre d''Algérie , balancer des tracts par dessus les murs des casernes , alors que les grands partis "ouvriers" PCF , ( ne parlons pas de la SFIO ) avaient laissé tomber la lutte et se contentaient de gueuler "paix en Algérie" ou de réclamer des "négociations" ) , relevait de l 'aventurisme .. Donc ce que faisaient( témérairement ) des gens comme Fontenis qui entrainait des jeunes dans ce type d'action , .c 'était agir en dehors des masses . C 'est vrai qu' il y eut au début des possibilités lorsque les rappelés essayèrent de bloquer les trains en se couchant sur les voies au début de la guerre mais ils furent lâchés par ce même PCF...et pas plus Fontenis que d 'autres ne furent en mesure de déborder les grandes organisations "ouvrières"
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Message par yannalan » 15 Août 2010, 10:09

En 1914, un certain nombre de militants, ultra-minoritaires face à la vague patriotarde ont malgré tout essayé de faire quelque chose. Et jusqu'en 17, ils étaient en dehors des masses. Ont-ils eu tort ? Non, parce qu'ils montraient qu'autre chose était possible.On peut discuter des moyens tactiques, pais critiquer Fontenis là-dessus je trouve un peu raide.
Je ne connais pas le travail de VO par rapport à la guerre d'Algérie, mais je suppose qu'ils ne sont pas restés à compter les points.
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Message par clavez » 15 Août 2010, 10:58

en tout cas, Rosmer, Monatte étant au front, n'a pas été se coucher sur les rails de la gare de l'est..... ils ont fait des lettres de la VO et travaillé à diffuser et à nouer des liens. Ils n'ont strictement rien fait directement contre la guerre. Mais maintenir la publication et le local, ouvrir une bibliothèque de prêt, en 1917, participper à zimmervald et maintenir des liens internationnaux fut capital pour la suite.
En fait, il y a la question des masses et aussi la question du suivit et du sérieux du travail. Je ne croi pas à l'efficacité des actions exemplaires ni à celle de la propagande par le fait.
clavez
 
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