(Lechatcompact @ lundi 13 décembre 2004 à 13:59 a écrit : Je parlai uniquement de la décolonisation en Afrique. désolé.
Du Liberia ?![]()
Effectivement, ça doit être des modèles... :wacko:
(discufred @ mercredi 8 décembre 2004 à 16:13 a écrit : C'est une banalité, dans certains milieux universitaires, de disserter savamment sur les différences entre la colonisation française et la colonisation britannique au XXè siècle. Pourtant, au-delà des nuances, ce qui me frappe dans la colonisation, qu'elle soit française, britannique, néerlandaise ou belge, c'est au contraire la permanence de principes bien ancrés.
Dans tous les cas et quels que soient les discours utilisés pour la justifier, la colonisation est toujours faite au profit du colonisateur. Il s'agit de tirer un maximum de profit d'un territoire colonisé au moindre coût pour la métropole impérialiste. Pour cela, il faut que le pays soit "pacifié" et que le maintien de l'ordre colonial soit assuré, autant que possible, par les autochtones eux-mêmes. Il faut que l'administration et l'armée coloniales soient financées, autant que possible, par les impôts prélevés sur les colonisés eux-mêmes.
Tous les colonisateurs, britanniques compris, ont répugné à confier une parcelle d'autorité à des cades autochtones. S'ils l'ont fait, ce n'est que pour une question numérique : il n'était pas possible à une poignée d'administrateurs coloniaux de quadriller de vastes territoires et d'encadrer des populations nombreuses. Même les "jacobins" français, partisans de l'administration directe par principe, ont du s'y plier.
Les colonisateurs, britanniques compris, ont toujours répugné à éduquer à l'européenne une élite indigène, de peur de ne plus pouvoir justifier par leur soit-disant supériorité en terme de civilisation leur domination. Ils ont toujours craint qu'une élite autochtone occidentalisée ne prenne au sérieux les discours sur les droits de l'homme et les professions de foi libérales. Quand ils ont composé avec des cadres locaux, cela a de préférence toujours été dans le sens d'un compromis infâme : vous acceptez de vous faire les auxiliaires du régime colonial et, en échange, nous vous livrons pieds et poings liée la population locale et nous reconnaissons votre autorité comme la seule légitime.
Les colonisateurs, britanniques compris, n'ont rien fait pour préparer la décolonisation dans le sens de l'intérêt des peuples. Jusqu'au tout dernier moment, ils ont refusé d'envisager sérieusement la marche à l'indépendance des pays colonisés. Quant ils évoquaient cette hypothèse, c'était toujours dans un avenir lointain, quand les colonisés seraient "suffisamment éduqués pour se prendre en charge eux-mêmes" (comme s'ils ne l'étaient pas avant la colonisation !).
Quand ils ont compris que la vague de décolonisation rendait les indépendances inéluctables, ils ont cherché à favoriser un personnel politique local qui serait le plus compréhensible possible pour les intérêts de la futur ex-puissance coloniale. C'est ce que De Gaulle a fait, par exemple, pour l'Afrique noire en 1960. Le fait que le colonisateur ait parfois du transiger avec des dirigeants nationalistes à l'échine moins souple ne signifie nullement qu'il les avait préparés à prendre la relève mais qu'il a bien du faire avec. Ce qui apporte plus qu'une nuance.
je te trouve un peu sévère avec l'université francaise mais je partage globalement ton avis. effectivement, il y a beaucoup plus de points communs que de divergences
J'ajouterai toutefois qu'il ne faut pas considérer la colonisation en afrique pré-WW2 comme une situation d'affrontement. Sinon comment expliquer que quelque milliers d'européens controlent des milions d'africains?
Simplement certaines ethniesclans se sont aussi servies du colonisateur pour leur propre but.
Concernant la décolonisation britannique:
ils ont été plus intelligents que les autres: quand ils se sont rendus compte que de toute manière les colonisés allaient prendre leur indépendance, ils ont essayé de faire en sorte que ca se passe le moins mal possible en préparant les africain a prendre le pouvoir, c'est tout. Ce qui bien entendu était aussi dans leur propre interet.
Contrairement aux belges qui se sont réveillés un beau matin avec un congo indépendant alors que la veille au soir l'ordre naturel devait ètre figé pour des decennies. :wacko: , Commment en faire un pays viable après, vu le merde qu'ils y avaient foutu......
(discufred @ lundi 13 décembre 2004 à 18:12 a écrit :a écrit :...quand ils se sont rendus compte que de toute manière les colonisés allaient prendre leur indépendance, ils ont essayé de faire en sorte que ca se passe le moins mal possible en préparant les africain a prendre le pouvoir, c'est tout.
La décolonisation britannique en Afrique n'a pas été un long fleuve tranquille. Les concessions ont dû être arrachées partout. Et s'il n'y a pas eu partout de guerre sanglante, cela montre peut-être un certain réalisme du gouvernement britannique quant à l'issue des évènements mais pas un plus grand souçi des colonisés que de la part des autres puissances coloniales.
Bref, tout ça pour dire que l'indépendance des colonies britanniques d'Afrique doit plus à la lutte des peuples colonisées qu'à la sagesse du pouvoir impérialiste.a écrit :Sinon comment expliquer que quelque milliers d'européens controlent des milions d'africains?
(discufred @ mardi 14 décembre 2004 à 18:28 a écrit : Pour illustrer mon propos, voici un épisode trouvé au hasard de mes lectures de l'histoire du Nigéria à la fin de l'époque coloniale.
En décembre 1949, la police coloniale massacre 21 mineurs à Enugu. Les mineurs avaient entrepris une grève perlée, dans la croyance erronée (selon ma source) qu'ils avaient subi une retenue de salaire. Lorsque la police entra dans la mine pour mettre en sûreté la dynamite qui y était stockée, les mineurs craignirent que ces derniers n'aient été envoyés pour briser la grève, fomentèrent une émeute (l'expression est de ma source !) et furent abattus. La nouvelle du massacre suscita dans tout le Nigeria une grande horreur, et des émeutes éclatèrent à Calabar, Onitsha, Port Harcourt. L'évènement eut un retentissement international et des protestations s'élevèrent au sein de l'ONU, en particulier de la part des pays du bloc soviétique.
Voici un extrait du discours prononcé par le leader nationaliste nigérian Azikiwe, à la suite de ces évènements :a écrit :C'est une tragédie qu'un pays qui a produit Thomas Clarkson et William Wilberforce [c'est-à-dire la Grande-Bretagne] soit maintenant en train de dire au monde qu'il n'est pas préparé à rendre compte auprès d'une organisation internationale de sa gestion coloniale, parce que, selon les mots de son délégué aux Nations Unies cela reviendrait à "retarder une horloge en ramenant ses aiguilles en arrière, en soumettant les peuples coloniaux à des politiques à la formulation desquelles ils n'ont pas droit de regard et que le Royaume-Uni considère comme mal inspirées". Qu'on me permette de demander depuis quand le gouvernement britannique nous consulte ou tient compte de notre opinion dans la formulation de sa politique coloniale ? Il y a là un extraordinaire échantillon d'hypocrisie cynique et satisfaite ! Au contraire, si on laissait le choix au Nigérian moyen, nul doute que nous préférerions la tutelle des Nations Unies, maintenant qu'il est avéré que la Grande-Bretagne pense qu'abattre nos travailleurs de sang froid est la manière appropriée d'exercer son protectorat sur notre peuple.
a écrit : a l'inverse la logique anglaise:
aucune logique d'assimilation. bien sur il existe un impérialisme mais on reconnait leur spécificité aux peuples soumis. ainsi la langue galloise a très bien résistée.
a écrit : mais les anglais ne supportent pas l'insurrection: d'ou de véritables génocides en irlande.... et la quasi disparition de l'irlandais.
a écrit : bien sur, dans les années 50, les anglais ont favorisé dans les colonies l'émergence de gouvernements locaux prenant progresivement en charge les affaires intérieures. il ne leur serait jamais venu a l'idée de faire venir des élus africains pour siéger a londres.
le résultat?? on ne peut jamais parler de décolonisation réussies, mais globalement, ce sont les décolonisations des colonies anglaises qui se sont le moins mal déroulées.
a écrit :Je parlai uniquement de la décolonisation en Afrique. désolé.a écrit :a écrit : (lechatcompact@plus haut)
et comme je l'ai dit, il n'existe pas de décolonisations réussies. mais quand les anglais sont partis, il y avait au moins un embryon de gens formés prets a prendre la relève
Voilà une théorie intéressante.
Où était cet "embryon de gens formés prets a prendre la relève" chez les aborigènes d'Australie ou les indiens d'Amériques du Nord, tous exterminés par la colonisation anglaise?
Et en Inde où le pillage colonial anglais a été la cause de nombreuse famines au 20ème siècle?
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