Libéralisme ou impérialisme ?

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Puig Antich » 01 Oct 2007, 11:31

(Zelda a écrit :Si j'ai bien compris Marx, la loi fondamentale, c'est que la valeur disons objective des marchandises est déterminée par la valeur consacrée à sa production.



(Regivanx a écrit :La valeur des marchandises est égale aux frais de production.
Puig Antich
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Nov 2004, 02:02

Message par regivanx » 01 Oct 2007, 11:37

Oui c'est exact Puig Antich, puisque les frais de productions contiennent non seulement le prix de la force de travail mais aussi le prix des moyens de production, des matières premières qui sont le plus souvent achetés à d'autres bourgeois et qui par conséquent, contient le profit de ceux-ci, non seulement du travail accumulé. J'ai donc fait une erreur.

Mais personne n'a dit que la valeur des marchandises était déterminé par le jeu de l'offre et de la demande.

Ce que je voulais souligner, c'est qu'au delà de la valeur des marchandises, qui est toujours déterminée par le temps de travail moyen socialement nécessaire à leur production, le prix des marchandises pouvaient-être porté très au delà ou très en deçà du prix qu'elles auraient dans une société de libre concurrence.

Mais les prix ne sont pas le seul facteur manipulé par la bourgeoisie impérialiste. La concurrence elle-même est manipulée par l'état et les grands monopoles.

Ce qui pose particulièrement difficulté à certains "trotskystes", c'est par exemple : la privatisation du secteur publique. Ne s'agit-il pas en effet de la dissolution du monopole ?

Pour répondre à cette question, on pourrait émettre les thèses suivantes :

_ L'accroissement de la concurrence internationale contraint la bourgeoisie des pays développés à une refonte de l'appareil d'état et des secteurs économiques fondamentaux.

_ la prétendue « libéralisation » de l'économie est une période transitoire qui consiste à accroître la concurrence entre les travailleurs afin de briser la structure périmée de l'état et des grandes entreprises. Après cette période de modernisation, la concurrence fera à nouveau place au monopole.

c'est ainsi que la mise en concurrence du secteur publique et privé, par la voie de la privatisation ; des travailleurs employés et au chômage, par la voie de l'accroissement des heures de travail ; des travailleurs intellectuelles et manuelles, par la voie de la professionnalisation des universités ; et d'autres choses encore ; ne sont que les instruments transitoires de la bourgeoisie pour mettre ses forces productives au niveau de la concurrence internationale, toujours sous contrôle des banques, de l'état et des monopoles.

Mais d'autres ont une analyse différente :

_ Il considère que l'état peut avoir pour rôle de protéger les travailleurs, et que l'actuelle période "libérale" n'est pas un effet inéluctable de la situation économique, mais un effet direct du gouvernement.

De cette analyse découle plusieurs conclusions :

_ Le changement de gouvernement modifierait la route du capitalisme, et qui sait, conduirait même à la révolution.

_ Le prolétariat doit défendre l'état bourgeois contre... les représentants de la bourgeoisie. étrange n'est-il pas ?

Mais supposons que l'analyse classique du capitalisme soit correct et que la théorie de l'anti-libéralisme soit fausse. L'état capitaliste pourrait très bien, à la suite de la période de concurrence, lorsque l'appareil de production sera rationalisé de manière satisfaisante, nationaliser complètement les secteurs clef de l'économie. Que diront alors les anti-libéraux ? Ils entreront au gouvernement ?

PS pour Louis : les marxistes n'ont pas pour référence théorique Reagan et Thatcher.
regivanx
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Nov 2006, 02:15

Message par Puig Antich » 01 Oct 2007, 11:41

Les entreprises d'état sont vendus à des trusts impérialistes. Il ne s'agit donc pas d'un cassage de monopole, au contraire, c'est le renforcement des monopoles. Surtout si tu vois ça à l'échelle du monde. Par exemple, lorsque l'exploitation des ressources naturelles est cédé par un état dominé à un trust mondial, c'est le renforcement direct des monopoles impérialistes, au détriment des rentes d'Etat qui peuvent être vaguement redistribuées.
Puig Antich
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Nov 2004, 02:02

Message par regivanx » 01 Oct 2007, 12:11

Lorsque que l'état a ouvert les télécom à la concurrence, il y eut plusieurs acteurs sur le marché. Ce n'est que progressivement que "le neuf", "free" et quelques autres avalent leurs concurrents pour arriver à une position monopolistique. Mais ce n'est pas encore le cas. L'impérialisme n'est pas l'abolition de la concurrence, mais d'une part son extension à l'échelle internationale, et d'autre part son contrôle dans les régions contrôlés par les monopoles.

En générale, la privatisation sert la rationalisation de l'entreprise et la baisse des salaires. La mise en concurrence de plusieurs partis d'un ancien monopole peut être une solution pour arriver à cette fin.

Mais cette mise en concurrence ne menace pas la configuration monopolistique de la société capitaliste pour deux raisons : d'une part parce que la concurrence mène au monopole par le biais de la suppression de la concurrence (les gros mangent les petits), d'autres part à cause de la dépendance de toutes les entreprises aux sociétés monopolistiques, en particulier les banques.

Il ne s'agit pas de nier la concurrence dans la société impérialiste. Une entreprise peut par exemple externaliser une parti de sa production et mettre en concurrence plusieurs maîtres d'oeuvre. Il n'en demeure pas moins que les maîtres d'oeuvre sont liés à l'entreprise par des contrats d'exclusivités, et à la banque par les prêts de telle sorte qu'ils n'aient aucun développement autonome possible.

On peut dire que la concurrence existe toujours, mais qu'elle n'est plus libre.

Et puis il ne faut pas dire : "au détriment des rentes d'Etat qui peuvent être vaguement redistribuées." premièrement ce n'est pas une rente, deuxièment il n'y a pas de redistribution : il y a monopole d'état sur une parti des ressources du prolétariat afin de mieux contrôler l'emploi de la main d'oeuvre.
regivanx
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Nov 2006, 02:15

Message par Louis » 01 Oct 2007, 12:23

Dans cette question de "monopole", je ne vois pas matérielement parlant, quels sont les secteurs de production sous le capitalisme qui sont monopolistiques. Je ne vois que des "ologopoles" (par exemple dans l'energie, le transport, la communication, les télécoms) Qu'est ce qui ferait que sous le capitalisme un secteur serait "monopolistique" ? En tout cas, ce n'est pas la forme préférée du néolibéralisme (qui préfére de beaucoup les oligopoles)
Louis
 
Message(s) : 0
Inscription : 15 Oct 2002, 09:33

Message par Puig Antich » 01 Oct 2007, 12:27

a écrit :Et puis il ne faut pas dire : "au détriment des rentes d'Etat qui peuvent être vaguement redistribuées." premièrement ce n'est pas une rente, deuxièment il n'y a pas de redistribution : il y a monopole d'état sur une parti des ressources du prolétariat afin de mieux contrôler l'emploi de la main d'oeuvre.


Je parlais de l'exploitation des ressources naturelles. Le cas le plus typique, c'est la rente pétrolière. Qui effectivement est "vaguement redistribuée" - c'est la base des tentatives nationale-modernistes dans les pays dominés - , ce qui n'empêche pas qu'il s'agit d'un monopole (capitaliste) d'état sur les ressources et la main d'oeuvre. Il y a toujours mode de redistribution du surproduit social entre les différentes classes de la société - et les différents pays qui participent à une chaine de production -, quelque soit le mode de production et sa configuration particulière. Et ce qu'on appelle la « libéralisation » justement change ce mode de redistribution, au profit du capital financier (au détriment des classes populaires, des états, des investissements productifs, etc.). Il ne s'agit donc pas d'une libéralisation - les petits porteurs étant l'alibi « libéral », mais en fait ne représentent rien, n'ont aucun poids, et sont les premiers à trinquer lors des crises. Ils servent juste à injecter des liquidités.
Puig Antich
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Nov 2004, 02:02

Message par Puig Antich » 01 Oct 2007, 12:30

a écrit :



Dans cette question de "monopole", je ne vois pas matérielement parlant, quels sont les secteurs de production sous le capitalisme qui sont monopolistiques. Je ne vois que des "ologopoles" (par exemple dans l'energie, le transport, la communication, les télécoms) Qu'est ce qui ferait que sous le capitalisme un secteur serait "monopolistique" ? En tout cas, ce n'est pas la forme préférée du néolibéralisme (qui préfére de beaucoup les oligopoles)


Tu peux introduire tes concepts pour les archéo-ignorants que nous sommes Louis...

Moi je ne vois que des trusts, et ils sont évidemment tendanciellement monopolistes.
Puig Antich
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Nov 2004, 02:02

Message par Louis » 01 Oct 2007, 12:44

Définition du monopole et de l'oligopole sur wikipedia :

a écrit :Le monopole (du grec monos signifiant « un » et polein signifiant « vendre ») désigne une situation dans laquelle un offreur est seul à vendre un produit donné à une multitude d’acheteurs. Dans une telle situation, l’offreur est capable d'imposer seul le prix de vente du produit concerné. Il se retrouve alors dans une situation dite de price-maker (faiseur de prix), tandis qu’une entreprise faisant face à la concurrence subit une situation de price-taker (preneur de prix). Ce pouvoir sur le marché est très recherché par les entreprises, mais est considéré comme nuisible aux consommateurs. Il est donc souvent combattu par les pouvoirs publics et dénoncé par une majorité d'économistes.

Par extension, le terme de monopole sert aussi à décrire une situation proche de la définition précédente, dans laquelle une entreprise domine largement un marché où la concurrence existe, mais reste marginale. En revanche, le monopole est distinct de l’oligopole, situation ou un petit groupe d’offreurs se partagent un marché. Par symétrie au monopole, le monopsone désigne une situation où un demandeur dispose d’un monopole à l’achat. Lorsque le monopole fait face à un unique acheteur, on parle de monopole bilatéral.

Une situation d'oligopole se rencontre lorsque sur un marché il y a un nombre très faible d'offreurs (vendeurs) et un nombre important de demandeurs (clients). On parle aussi de situation de marché oligopolistique.

Il s'agit d'une situation de marché imparfait : dans le cadre de la concurrence pure et parfaite, les offreurs sont indépendants, alors que dans le cas d'un oligopole le profit de chaque producteur dépend de l'attitude des autres offreurs.

Lorsque les rendements sont constants ou croissants, les producteurs sont naturellement incités à grossir afin de réaliser des économies d'échelle, ce qui tend à la concentration, et l'équilibre d'un tel système est une situation de monopole où il ne reste plus qu'un producteur. Néanmoins, dans le but de protéger le consommateur des abus, les institutions politiques s'opposent à la constitution de monopoles. Ces marchés tendent alors désormais naturellement vers un équilibre oligopolistique.

Une fois cet équilibre atteint, les producteurs peuvent se livrer une concurrence féroce (cas d'Intel et AMD sur le marché des microprocesseurs), mais peuvent aussi s'entendre de manière plus ou moins formelle et constituer un cartel. De même qu'elles interdisent l'abus de position dominante, les institutions politiques s'opposent aux ententes abusives. Par exemple en France, il existe trois sociétés (offreurs) qui proposent des services de téléphonie mobile à des millions de demandeurs (clients). La concurrence devenant quasi-inexistante entre les opérateurs, l'État français est intervenu afin d'obliger les offreurs à réviser le coût des SMS (Short Message Service) qui étaient facturés six à huit fois leur prix de revient.

Le cas d'oligopole le plus simple est un duopole, où il y a deux producteurs.

Certains secteurs d'activité sont des secteurs « naturellement oligopolistiques » : les rendements d'échelle sont tellement grands qu'il est plus rentable pour l'économie que le nombre d'acteurs soit limité (voir aussi monopole naturel).


Désolé, je pensais que ceux qui connaissaient le terme de "monopole" connaissaient également celui d'oligopole. Qui me semble etre la structure "préférée" du capitalisme actuel (néolibéral)
Louis
 
Message(s) : 0
Inscription : 15 Oct 2002, 09:33

Message par Puig Antich » 01 Oct 2007, 12:47

Ha ok. Mais en fait ce qui est appelé ici oligopole, c'est pas une structure spécifique au capitalisme dit « néo-libéral », c'est tout simplement un marché impérialiste classique. Il me semble que Lénine, Hilferding, et co, disent bien cela. Le monopole total n'existe pas. D'ailleurs, si il pouvait exister, le capitalisme pourrait surmonter ses crises et unifier le monde sans contradiction. En fait, arrivé à un certain stade de saturation de l'exploitation du marché, le système produit la guerre, les crises, etc.

Tout ça (oligopoles, libéralisme, etc.) c'est, à mon humble avis, du blabla pour faire croire qu'on a fondamentalement changé de période. Et ce qui se cache derrière des termes comme « néo-libéralisme », c'est le révisionnisme réformiste moderne.

Le marché monopoliste est composée de grands trusts concurrents, en lutte pour la domination totale sur le marché. Ils disposent des états, avec leur armée, ou encore de l'arme du rachat, etc., pour tenter de dominer les autres. Mais c'est les grands trusts pris ensembles qui forment un monopole, face au reste du monde, y compris les petits capitalistes, les états dominés, etc. Ils « faussent » le marché, en fixant implicitement ou explicitement, leurs conditions. Les autres acteurs économiques n'ont plus qu'à se taire, ou à tenter de peser sur l'Etat ou par d'autres voies pour faire valoir leur droit à une part du magot.

Tout cela était admis même par les staliniens jusqu'aux années 80... Bon, c'était pour proposer une alliance interclassiste « antimonopoliste », mais ça c'est une autre histoire.
Puig Antich
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Nov 2004, 02:02

Message par Puig Antich » 01 Oct 2007, 12:51

Le mieux pour voir comment ça marche est encore de jouer au Monopoly :smile: (avec des gens qui ne peuvent pas s'empêcher de tricher et de renverser le plateau quand ils sont en difficulté)
Puig Antich
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Nov 2004, 02:02

PrécédentSuivant

Retour vers Histoire et théorie

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 3 invité(s)