Encore et toujours sur la nature de la Russie

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par pelon » 24 Déc 2003, 08:45

Nous nous réclamons bien de la dictature du prolétariat de Lénine. Cette partie du texte devrait suffire à l'établir. Nous utilisons les 2 termes "dictature du prolétariat" et plus loin, comme nous expliquons en quoi cette dictature est vis-à-vis du prolétariat plus démocratique que la démocratie bourgeoise, en réalité dictature du prolétariat nous disons alors "dictature démocratique du prolétariat ". Il n'y a pas de contenu différent que celui que donnait Lénine. Si nous avions voulu réfuter ou modifier quoi que ce soit, nous l'expliquerions. Donc, pas de faux procès.

(extrait des fondements programatiques. a écrit :
Notre programme se fonde sur les acquis politiques du mouvement communiste révolutionnaire et, en conséquence, sur les bases programmatiques exprimées par le Manifeste communiste, les quatre premiers congrès de l'Internationale communiste et le Programme de transition, programme de fondation de la Quatrième internationale. 
Le Manifeste communiste de 1848, en affirmant que « le prolétariat se servira de sa suprématie politique pour arracher petit à petit tout le capital de la bourgeoisie, pour centraliser tous les instruments de production entre les mains de l'État, c'est-à-dire du prolétariat organisé en classe dominante... », exprime le rôle irremplaçable du prolétariat dans la transformation sociale. 
Ce passage donne aussi la véritable signification de l'expression « dictature du prolétariat » exprimée en 1852 sous la plume de Marx comme le pouvoir démocratique du « prolétariat organisé en classe dominante » (ce qui n'a rien à voir avec la déformation de cette notion imposée par les staliniens pour justifier la dictature de la bureaucratie en URSS).  Elle n'est une dictature que dans la mesure où sa fonction essentielle sera de procéder à la « violation despotique du droit de propriété et du régime bourgeois de production... comme moyen de bouleverser le mode de production tout entier ».
Le pouvoir ouvrier sera l'antithèse de l'État de la bourgeoisie qui, même sous l'apparence des régimes les plus formellement démocratiques, a un caractère dictatorial dans sa fonction fondamentale de défendre la propriété bourgeoise et le mode de production capitaliste. 
La « dictature démocratique du prolétariat » devra être d'emblée plus démocratique que le plus démocratique des pouvoirs bourgeois où, derrière les institutions électives, le grand capital impose sa propre dictature. Un pouvoir politique destiné à s'éteindre pour laisser la place à « une association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous ». 
Cette conception marxiste de l'État, de son rôle et de sa nature, bourgeoise aujourd'hui, prolétarienne après la révolution, et sa disparition inéluctable, progressive, au fur et à mesure que la société se transforme, a été exposée et surtout défendue par Lénine, en août 1917, entre les deux révolutions, celle de février 1917 qui avait renversé le tsarisme et celle d'octobre-novembre de la même année qui renversa la bourgeoisie. 
Lénine, dans sa brochure L'État et la Révolution, écrite en août 1917, rétablit la pensée de Marx sur cette question, déformée par tous les opportunistes qui l'avaient soi-disant représentée, en éclairant les idées de Marx et Engels par l'expérience des révolutions russes de 1905 et de février 1917 et de la situation de crise révolutionnaire de la période où la brochure a été écrite. 
pelon
 
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Message par clavez » 25 Déc 2003, 15:09

Barnabé,

tu es en plein dans mon problème. La nature de l'URSS ne pouvait, au sens où vous l'entendez, qu'être politique et surement pas sociale. Ou alors la notion de révolution politique n'a pas de sens. Et nous parlons bien, à ce moment là, non des choses telles qu'elles sont, mais des choses du point de vue de ce qu'elles pourraient devenir de par leur essence philosophique.

Si on doit parler de nature sociale, on obtiendrait
1) 1918/1921: anrchique et donc bourgeoise
2) 1921/1929: la période serait carractérisée par le enrichissez-vous adressez aux paysans, et donc petite bourgeoise
la suite, c'est la dictature des ingénieurs et des "cadres A de la fonction publique" sur le dot des travailleurs...
Il y a continuité, mais par les deux bouts. Pour comùprendre la révolution russe, c'est à la révolution française qu'il faut se référer et surtout pas à une quelconque emancipation des travailleurs par eux mêmes.
En défendant l'idée d'Etat ouvrier, la majo ne fait que questionner sur la réalité même de l'Eat ouvrier.
clavez
 
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Message par Stanislas » 26 Déc 2003, 11:35

(clavez @ jeudi 25 décembre 2003 à 15:09 a écrit :La nature de l'URSS ne pouvait, au sens où vous l'entendez, qu'être politique et surement pas sociale. Ou alors la notion de révolution politique n'a pas de sens.

Désolé de me glisser dans ce débat de spécialistes (à mon avis spécialistes de la virgule, soit-dit en passant), mais la révolution politique est un concept totalement tautologique dès lors qu'il n'est relié à aucune conscience sociale comme source nécessaire du bouleversement de l'ordre capitaliste dominant. C'est la moindre des choses pour les " marxistes " que de considérer cela à la lecture du " Manifeste ". Mais il semble ici que l'on soit Léniniste en ayant oublié Marx. Tout autant - par ailleurs - que certains anars, qui ont oublié le rôle essentiel de la lutte de classes au détriment d'une lecture binaire et idiote de Proudon (ex : la FA)

(clavez @ jeudi 25 décembre 2003 à 15:09 a écrit :Pour comùprendre la révolution russe, c'est à la révolution française qu'il faut se référer et surtout pas à une quelconque emancipation des travailleurs par eux mêmes.

C'est en complète contradiction avec la période 1918-1921 mentionnée dans le post de Clavez, qui renvoie à la notion de cul de basse-fosse de la bourgeoisie les conseils ouvriers et les soviets. Ridicule.

Sinon, il y a aussi la notion de " capitalisme ouvrier d'Etat dégénéré " qui n'a pas été disséquée. Ca manque ... :hinhin:
Stanislas
 
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Message par depassage » 26 Déc 2003, 15:55

Je dois avouer que je n'ai pas compris ce qu'on dit et Clavez et Stanislas et c'est uniquement un problème de tournure de phrase... C'est dommage, j'aurais bien voulu savoir ce que disais Clavez.
depassage
 
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Message par pelon » 26 Déc 2003, 16:45

(wolf @ mercredi 24 décembre 2003 à 10:10 a écrit : J'avais bien lu cela, mais le "vrai sens" de la dictature du prolétariat N'EST PAS "la dictature démocratique du prolétariat".

Et c'est pour cela que le texte en question souffre PARTICULIEREMENT de ne pas revenir sur ce qui s'est passé après la prise du pouvoir en 1917 car n'est-ce pas là le coeur des discussions réelles sur la question?

En tout cas c'est une faute politique que de sortir un texte surla dictature du prolétariat qui mette dans l'ombre tous les aspects ... de dictature qu'ellepeut parfois revêtir.
Nous sommes solidaires des bolchéviks, de leur politique et de leur action durant le "communisme de guerre" face aux petits bourgeois qui ne savent pas ce qu'est une guerre civile et qui n'aiment que les révolutions vaincues comme la Commune de Paris. (C'est tellement plus romantique.)
Mais cela n'a pas forcément sa place dans les fondements programatiques.
pelon
 
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Message par Stanislas » 26 Déc 2003, 17:58

(pelon @ vendredi 26 décembre 2003 à 16:45 a écrit :Nous sommes solidaires des bolchéviks, de leur politique et de leur action durant le "communisme de guerre" face aux petits bourgeois qui ne savent pas ce qu'est une guerre civile et qui n'aiment que les révolutions vaincues comme la Commune de Paris. (C'est tellement plus romantique.)

C'est beau ! Une envolée au lyrisme intouchable ! Que dis-je une envolée... cela va jusqu'à l'hymne, et l'on se prend à rêver de statues de Lénine. Qui plus est, tout est vrai : par exemple, perso je ne sais pas ce qu'est une guerre civile. Et toi ?

Bah, je vais changer de signature, tiens...
Stanislas
 
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Message par mael.monnier » 26 Déc 2003, 19:03

Bonjour,

Finalement, la nature de la Russie ne fut même plus ouvrière depuis la prise du pouvoir par les bolcheviks qui au départ voulaient mener une révolution bourgeoise et Lénine a en fait ouvert la voie à Staline. Au lieu d'aider les ouvriers à fédérer les soviets entre eux pour aboutir à une République des Conseils ouvriers, les bolcheviks les ont dominé et les ont chapeauté par un Etat bourgeois qui dégénèra en Etat fasciste avec Staline. Les travailleuses et les travailleurs ne possédaient pas les moyens de production, d'échange et de financement, ces moyens étant possédés par l'Etat bourgeois bolchevik. De même le salariat n'a pas été aboli, d'où la persistance de cette relation de domination, d'exploitation et d'oppression. La nature de la Russie après la prise du pouvoir par Lénine et ses camarades bolcheviks était donc capitaliste. On ne peut pas parler d'Etat ouvrier dégénéré mais d'Etat capitaliste dégénéré.

(Otto Rühle @ LA LUTTE CONTRE LE FASCISME COMMENCE PAR LA LUTTE CONTRE LE BOLCHEVISME, Living Marxism, Vol. 4, n° 3; septembre 1939 a écrit :
Quiconque cherche à établir un régime bourgeois, trouvera dans le principe de la séparation entre le chef et les masses, entre l'avant-garde et la classe ouvrière, la préparation stratégique à une telle révolution. Plus la direction est intelligente, instruite et supérieure, plus les masses sont disciplinées et obéissantes, et plus aussi une telle révolution a de chances de réussir. En cherchant à accomplir la révolution bourgeoise en Russie, le parti de Lénine était donc tout à fait adapté à son objectif. Quand, toutefois, la révolution russe changea de nature, quand ses caractéristiques prolétariennes devinrent évidentes, les méthodes tactiques et stratégiques de Lénine perdirent leur valeur. S'il l'emporta en fin de compte, ce ne fut pas à cause de son avant-garde, mais bien du mouvement des soviets, qu'il n'avait pas du tout inclus dans ses plans révolutionnaires. Et quand Lénine une fois le triomphe de la révolution assuré par les soviets, décida une fois de plus de s'en passer, avec eux tout caractère prolétarien disparut de la révolution russe. Le caractère bourgeois de la révolution occupa à nouveau la scène, trouvant son aboutissement naturel dans le stalinisme. En dépit de son souci de la dialectique marxiste, Lénine était incapable de concevoir dialectiquement l'évolution historique des processus sociaux. Sa pensée restait mécaniste, suivant des schémas rigides. Pour lui, il n'existait qu'un seul parti révolutionnaire —le sien; qu'une seule révolution — la révolution russe; qu'une seule méthode — le bolchevisme. Et ce qui avait réussi en Russie devait réussir aussi en Allemagne, en France, en Amérique, en Chine et en Australie. Ce qui était correct pour la révolution bourgeoise russe, jetait aussi pour la révolution prolétarienne mondiale. L'application monotone d'une formule découverte une fois pour toutes évoluant dans un cercle égocentrique où n'entraient en considération ni l'époque ni les circonstances, ni les niveaux de développement, ni les réalités culturelles, ni les idées ni les hommes. Avec Lénine, c'était l'avènement du machinisme en politique (1) : il était le «technicien », « l'inventeur » de la révolution, le représentant de la volonté toute-puissante du chef. Toutes les caractéristiques fondamentales du fascisme existaient dans sa doctrine, sa stratégie, sa « planification sociale » et son art de manier les hommes. Il ne pouvait pas saisir la profonde signification révolutionnaire du rejet par la gauche de la politique traditionnelle de parti. Il ne pouvait pas comprendre la véritable importance du mouvement des soviets pour l'orientation socialiste de la société. Il ignorait les conditions requises pour la libération des ouvriers. Autorité, direction, force, exercées d'un côté, organisation, encadrement, subordination de l'autre — telle était sa manière de raisonner. Discipline et dictature sont les mots qui reviennent le plus souvent dans ses écrits. On comprend donc aisément pourquoi il ne pouvait ni accepter ni apprécier les idées et les actions de « I'ultra-gauche », qui refusait sa stratégie et réclamait ce qui, de toute évidence, était indispensable à la lutte révolutionnaire pour le socialisme — à savoir que les ouvriers prennent une fois pour toutes leur sort en main.
(Source : http://www.left-dis.nl/f/ruelut.htm)

Fraternellement,
Maël Monnier
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Message par depassage » 26 Déc 2003, 20:06

ce texte est un ramassis d'ordures, de bêtises, de mauvaise foi et d'affirmations gratuites.
J'ai même trouver une perle dans la source que tu cites :
a écrit :La propriété privée peut aussi être abolie dans le cadre du capitalisme.


Faut-il réfuter ce genre de personnes sur le terrain des idées?
depassage
 
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Message par com_71 » 26 Déc 2003, 20:23

(depassage @ vendredi 26 décembre 2003 à 20:06 a écrit : ce texte est un ramassis d'ordures, de bêtises, de mauvaise foi et d'affirmations gratuites.[....]

Faut-il réfuter ce genre de personnes sur le terrain des idées?
Du calme...

Je suis sür que la personne d'Otto Rühle mérite plus de respect que ça, même si ses prises de position sont condamnables.

Trotsky avait accepté de préfacer son résumé du Capital (le marxisme et notre époque) et il avait, je crois, fait partie de la commission Dewey, "jury d'honneur" qui "innocenta " Trotsky.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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