extrait du livre d'O Besancenot

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par com_71 » 09 Fév 2003, 22:28

(Léandre @ dimanche 9 février 2003 à 03:24 a écrit :Guévara a consciemment participé à un putsch réussi à Cuba. Il a jamais demandé son avis à la population cubaine. Ce qui semblerait pourtant être compatible avec une attitude libertaire pour OB.

Pas beaucoup de temps mais suffisament pour dire que je suis (en gros) d'accord avec la réaction de Caupo.

Putschiste.... tu en as vu beaucoup des putschistes qui remuent les tripes du peuple sur un continent entier....

Au nom des intérêts de quelle classe sociale, c'est un autre problême.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Léandre » 10 Fév 2003, 01:28

a écrit :Un putsch? ... le renversement de la dictature de Somoza au service de l'impérialisme, pourrie jusqu'à la moeulle?


Tu veux dire la dictature de Batista ?

Quant à voir dans Guevara le trotskisme moderne, c'est un aberration. Trosky était marxiste, pas guerillero.
C'est à dire qu'il militait au sein de la classe ouvrière. Je dirais plutot que Guevara est l'image du blanquisme moderne. Guevara n'a pas cherché à former des comités ouvriers et paysans. ll comptait seulement sur une élite pour changer la société. Et il se trouve que l'élite sur laquelle il s'appuyait était en partie anti-communiste, nationaliste et surtout dictatoriale. Castro ne s'est revendiqué du marxiste que lorsque les USA ont refuser de reconnaitre leur régime et qu'il s'est donc tourné vers l'URSS.

a écrit :Quelqu'un qui aurait appuyé une dictature? Et comment expliquer alors son départ, pour aller lutter par le monde contre l'impérialisme et finalement mourir tragiquement en Bolivie?

Si Guevara était vraiment en désaccord avec Castro pourquoi ne s'est-il pas opposé à lui ? Ses guerrilla n'ont été que bénéfiques à la dictature de Castro !
Il faut arreter de canoniser Guevara !

a écrit :El Ché Guevara est un révolutionnaire qui a mis sa vie entière au combat contre l'impérialisme USA, à Cuba et dans d'autres endroits du monde.

Au FLN aussi il y en a beaucoup qui ont fait ça, avec l'impérialisme français !
Guevara était courageux, ce n'est pas une raison pour en faire un symbole, surtout qu'il ne représente pas ce que veulent les trotskistes.

Et je réaffirme que Guevara n'a rien de libertaire, il était totalement autoritaire.
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Message par Louis » 10 Fév 2003, 02:06

le coté libertaire du che est effectivement assez dur a trouver...

Maintenant, sur cette affaire, je me sent largement plus proche de caupo : Che était largement plus proche d'un révolutionnaire, internationaliste. De plus, on a beaucoup exagéré l'importance du foco (du foyer de guerilla) dans sa stratégie révolutionnaire Lui pensait a la stratégie révolutionnaire comme l'aliance du foyer de guerilla la ou il était justifié et de la classe ouvriere dans les villes Ce qui est vrai c'est que quand il a pensé que la révolution cubaine partirait a veau l'eau au lieu d'essayer de rester a cuba pour mener ce combat, il a essayer de rélancer le processus révolutionnaire en afrique puis en bolivie, ou il s'est fait assassiner par la cia
Louis
 
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Message par Louis » 10 Fév 2003, 02:11

a écrit :Chers frères,

Cuba participe à cette Conférence, d'abord pour faire entendre à elle seule la voix des peuples d’Amérique, mais aussi en sa qualité de pays sous-développé qui, en même temps, construit le socialisme.

Ce n'est pas un hasard s'il est permis à notre représentation d'émettre son opinion parmi les peuples d’Asie et d’Afrique. Une aspiration commune nous unit dans notre marche vers l'avenir: la défaite de l'impérialisme. Un passé commun de lutte contre le même ennemi nous a unis tout au long du chemin.

Cette conférence est une assemblée de peuples en lutte ; cette lutte se développe sur deux fronts également importants et réclame tous nos efforts. La lutte contre l'impérialisme pour rompre les liens coloniaux et néo-coloniaux, qu'elle soit menée avec des armes politiques, des armes réelles ou avec les deux à la fois, n'est pas sans lien avec la lutte contre le retard et la misère ; toutes deux sont des étapes sur une même route menant à la création d'une société nouvelle, à la fois riche et juste.(...)

Chaque fois qu'un pays se détache de l'arbre impérialiste, ce n'est pas seulement une bataille partielle gagnée contre l'ennemi principal, c'est aussi une contribution à son affaiblissement réel et un pas de plus vers la victoire finale.

Il n'est pas de frontière dans cette lutte à mort. Nous ne pouvons rester indifférents devant ce qui se passe ailleurs dans le monde, car toute victoire d'un pays sur l'impérialisme est une victoire pour nous, de même que toute défaite d'une nation est défaite pour nous. La pratique de l'internationalisme prolétarien n'est pas seulement un devoir pour les peuples qui luttent pour un avenir meilleur, c'est aussi une nécessité inéluctable. (...)

Nous devons tirer une conclusion de tout cela: le développement des pays qui s'engagent sur la voie de la libération doit être payé par les pays socialistes. Nous le disons sans aucune intention de chantage ou d'effet spectaculaire, ni en cherchant un moyen facile de nous rapprocher de tous les peuples afro-asiatiques, mais bien parce que c'est notre conviction profonde. Le socialisme ne peut exister si ne s'opère dans les consciences une transformation qui provoque une nouvelle attitude fraternelle à l'égard de l'humanité, aussi bien sur le plan individuel dans la société qui construit ou qui a construit le socialisme que, sur le plan mondial, vis-à-vis de tous les peuples qui souffrent de l'oppression impérialiste.

Nous croyons que c'est dans cet esprit que doit être prise la responsabilité d'aider les pays dépendants et qu'il ne doit plus être question de développer un commerce pour le bénéfice mutuel sur la base de prix truqués aux dépens des pays sous-développés par la loi de la valeur et les rapports internationaux d'échange inégal qu’entraîne cette loi. (... )

Comment peut-on appeler " bénéfice mutuel " la vente à des prix de marché mondial de produits bruts qui coûtent aux pays sous-développés des efforts et des souffrances sans limites et l'achat à des prix de marché mondial de machines produites dans les grandes usines automatisées qui existent aujourd'hui ? (...)

Les pays socialistes ont le devoir moral de liquider leur complicité tacite avec les pays exploiteurs de l’Ouest. Le fait que le commerce est actuellement réduit ne signifie rien. En 1959 Cuba vendait du sucre occasionnellement à un pays du bloc socialiste par l'intermédiaire de courtiers anglais ou d'autres nationalités. (...)

Il n'est pas pour nous d'autre définition du socialisme que l'abolition de l'exploitation de l'homme par l'homme. Tant que cette abolition ne se réalise pas nous restons au stade de la construction de la société et si, au lieu que ce phénomène se produise, la tâche de la suppression de l'exploitation s'arrête, et même recule alors on ne peut plus parler de construction du socialisme.

Toutefois l'ensemble des mesures que nous proposons ne sauraient être prises unilatéralement. Il est entendu que les pays socialistes doivent payer le développement des pays sous-développés. Mais il faut aussi que les forces des pays sous-développés se tendent et prennent fermement la voie de la construction d'une société nouvelle – quels que soient les obstacles – où la machine, instrument de travail, ne soit pas un instrument d'exploitation pour l'homme. On ne peut pas non plus prétendre à la confiance des pays socialistes si l'on joue à garder l'équilibre entre capitalisme et socialisme en essayant d'utiliser les deux forces en compétition pour en tirer des avantages précis: une nouvelle politique de sérieux absolu doit gouverner les rapports entre les deux groupes de sociétés. Nous devons souligner encore que les moyens de production doivent être de préférence aux mains de l’État de façon à ce que les marques de l'exploitation disparaissent peu à peu. (... )

Le néocolonialisme a montré ses griffes au Congo. Ce n'est pas un signe de puissance mais bien de faiblesse; il a dû recourir à la force, son arme extrême, comme argument économique, ce qui engendre des réactions d'opposition d'une grande intensité. Cette pénétration s'exerce aussi dans d'autres pays et sous une forme beaucoup plus subtile qui crée rapidement ce qu'on a appelé la "sudaméricanisation" de ces continents, c'est-à-dire le développement d'une bourgeoisie parasitaire qui n’ajoute rien à la richesse nationale mais qui, au contraire, accumule hors du pays dans les banques capitalistes ses énormes profits malhonnêtes et traite avec l'étranger pour obtenir encore davantage de bénéfices, avec un mépris absolu pour le bien-être de son peuple. (... )

L'aspect de la libération par les armes d'une puissance politique d'oppression doit être abordé suivant les règles de l'internationalisme prolétarien: s'il est absurde de penser qu'un directeur d'entreprise dans un pays socialiste en guerre puisse hésiter à envoyer les tanks qu'il produit sur un front ne pouvant présenter de garanties de paiement, il ne doit pas sembler moins absurde de vouloir vérifier la solvabilité d'un peuple qui lutte pour sa libération ou qui a besoin d'armes pour défendre sa liberté.

Dans nos mondes, les armes ne sauraient être marchandises, elles doivent être livrées absolument gratuitement dans les quantités nécessaires – et possibles – aux peuple qui les demandent pour les utiliser contre l'ennemi commun. C'est dans cet esprit que l’Union soviétique et la République populaire de Chine nous ont accordé leur aide militaire. Nous sommes socialistes, nous constituons une garantie d'utilisation de ces armes, mais nous ne sommes pas les seuls et nous devons tous être traités de la même manière. (... )

Je ne voudrais pas terminer ces mots, ce rappel de principes que vous connaissez tous, sans attirer l'attention de cette assemblée sur le fait que Cuba n'est pas le seul pays d’Amérique latine, tout simplement c'est Cuba qui a la chance de parler aujourd'hui devant vous, je veux rappeler que d'autres peuples versent leur sang pour obtenir le droit que nous avons, et d'ici comme de toutes les conférences et partout où elles ont lieu, nous saluons les peuples héroïques du Vietnam, du Laos, de la Guinée dite portugaise, de l’Afrique du Sud et de la Palestine; à tous les pays exploités qui luttent pour leur émancipation nous devons faire entendre notre voix amie, nous devons tendre la main et offrir nos encouragements aux peuples frères du Venezuela, du Guatemala et de Colombie qui aujourd'hui, les armes à la main, disent définitivement " non " à l'ennemi impérialiste.

Che Guevara



Louis
 
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Message par stef » 10 Fév 2003, 10:37

Caupo,


Cette discussion est importante, notamment quand on voit la canonisation en cours de Guevara par certains (du type de la LCR) et sa diabolisation par d'autres (pour LO il n'y a pas eu d'expropriation du Capital à Cuba !).

J'aimerais essayer de réordonner tout cela.

Evidemment, la révolution cubaine n'est pas un putsch et évidemment la pensée politique de Guevara et Castro dans ces années est celle d'un blanquisme moderne. Sauf que... la révolution cubaine a pu libérer l'ile pour un temps et n'avait comme direction possible que le M26. Ceci étant d'autant plus vrai que je crois me souvenir que le PC Cubain s'était déconsidéré en refusant de combattre pour le renversement de Batista (à démontrer si nécessaire). Il est donc scandaleusement faux d'écrire que "ll comptait seulement sur une élite pour changer la société. Et il se trouve que l'élite sur laquelle il s'appuyait était en partie anti-communiste, nationaliste et surtout dictatoriale".

Dans ce cadre, le gouvernement qui émerge fin 1959 est incontestablement un gouvernement ouvrier-paysan, procédant à des bouleversements considérables au compte du prolétariat. Bref, il procède à l'exprorpiation du Capital, qui donnent encore aujourd'hui à Cuba un certain nombre de traits remarquables (Santé, Education...). Dit autrement, encore aujourd'hui, je suis pour la défense de la révolution cubaine (ce qui en reste). Et ça n'a rien d'étonnant pour qui a étudié nos acquis :
a écrit :Il est, cependant, impossible de nier catégoriquement par avance la possibilité théorique de ce que, sous l'influence d'une combinaison tout à fait exceptionnelle de circonstances (guerre, défaite, krach financier, offensive révolutionnaire des masses, etc.), des partis petits-bourgeois, y compris les staliniens, puissent aller plus loin qu'ils ne le veulent eux-mêmes dans la voie de la rupture avec la bourgeoisie.
( :trotsky: , Programme de Transition)

Sauf que.... la faiblesse politique de Castro et Guevara va alors devenir déterminante. Ne sachant pas distinguer entre stalinisme et socialisme, ils vont être confrontés à des problèmes insolubles ss la méthode du marxisme. Ils accepteront donc la fusion dans le PC Cubain et rénové et au-delà l'intégration à l'appareil international du stalinisme... Castro finira comme on sait.

Quant à Guevara, il a visiblement peu apprécié la tournure que prenaient les choses... mais s'est refusé à engager le combat contre le stalinisme qui prenait le dessus. Cas typique du blanquiste, qui ne connait que l'"action" et ne dispose pas de théorie, de programme. Et ce n'est pas parce qu'il était argentin, c'est parce qu'il n'avait pas d'orientation.

D'où les aventures diverses qui suivent et sont en général désastreuses (Tricontinentale, Congo...).

Passons à la Bolivie. La question posée n'est pas de savoir si Guevara a cherché à "creer des comités". Simplement, en Bolivie en 1967, il n'y avait pas encore de situation pré-révolutionnaire permettant d'envisager de tels comités. L'heure était au travail politique contre Banzer, en s'appuyant sur l'épine dorsale du prolétariat, les mineurs. De ce point de vue, la guerilla à entravé les processus à l'oeuvre au lieu de les aider. quant au fait de passer une alliance avec le PC, cela ne change rien. en Bolivie, la clé de tout était syndicat, la COB et accessoirement le parti trotskyste, le POR qui était bien plus important. Un front Guevara-PC aurait été ultra-minoritaire.

Conclusion. Guevara était incontestablement un révolutionnaire. A son crédit demeurera toujours la libération de Cuba. Mais le drame est que ne disposant pas d'une orientation il est parti dans toutes les dérives et ne s'est pas opposé au stalinisme, le fléau de la révolution. Donc ni icône ni traitre. Simplement le prix à payer pour la crise de direction de la révolution.
stef
 
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Message par faupatronim » 10 Fév 2003, 10:49

Pour mettre mon grain de sel.

Je suis assez d'accord avec ce que dit Caupo. Guevara est un révolutionnaire et, sans être d'accord avec ses choix politiques, il a donné sincèrement sa vie à ses idées, sans attendre de sinécure en retour. On se doit de saluer cela, et on peut le reconnaître sans être un admirateur de sa politique.

Sur la révolution cubaine, on peut toujours parler de révolution, cela ne me choque pas. En tout cas il est vrai que les USA ont tout essayé pour discréditer ce régime, ont armés les anti-castristes les plus réac. Rien que pour cela ont doit être solidaire de Cuba face à l'impérialisme.

Maintenant s'il y a un désaccord profond avec Guevara et ceux qui se réclament de son expérience, c'est que nous pensons qu'il n'est pas un révolutionnaire prolétarien. Il n'a pas essayé d'organiser la classe ouvrière pour lui faire prendre le pouvoir consciemment. Cela ne veut d'ailleurs pas dire qu'ils n'avaient pas un soutient populaire. Il était anti-impérialiste, mais pas communiste.

Sur les trotskiste d'Amérique du sud je suis aussi, malheureusement si je peux dire, d'accord avec Caupo. Ils n'ont pas brillé, ont souvent étés marqués par les pires déformations de ceux qui se réclament de ces idées (opportunisme, suivisme,...).
faupatronim
 
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