Caupo,
Cette discussion est importante, notamment quand on voit la canonisation en cours de Guevara par certains (du type de la LCR) et sa diabolisation par d'autres (pour LO il n'y a pas eu d'expropriation du Capital à Cuba !).
J'aimerais essayer de réordonner tout cela.
Evidemment, la révolution cubaine n'est pas un putsch et évidemment la pensée politique de Guevara et Castro dans ces années est celle d'un blanquisme moderne. Sauf que... la révolution cubaine a pu libérer l'ile pour un temps et n'avait comme direction possible que le M26. Ceci étant d'autant plus vrai que je crois me souvenir que le PC Cubain s'était déconsidéré en refusant de combattre pour le renversement de Batista (à démontrer si nécessaire). Il est donc scandaleusement faux d'écrire que "
ll comptait seulement sur une élite pour changer la société. Et il se trouve que l'élite sur laquelle il s'appuyait était en partie anti-communiste, nationaliste et surtout dictatoriale".
Dans ce cadre, le gouvernement qui émerge fin 1959 est incontestablement un
gouvernement ouvrier-paysan, procédant à des bouleversements considérables au compte du prolétariat. Bref, il procède à l'exprorpiation du Capital, qui donnent encore aujourd'hui à Cuba un certain nombre de traits remarquables (Santé, Education...). Dit autrement, encore aujourd'hui, je suis pour la
défense de la révolution cubaine (ce qui en reste). Et ça n'a rien d'étonnant pour qui a étudié nos acquis :
a écrit :Il est, cependant, impossible de nier catégoriquement par avance la possibilité théorique de ce que, sous l'influence d'une combinaison tout à fait exceptionnelle de circonstances (guerre, défaite, krach financier, offensive révolutionnaire des masses, etc.), des partis petits-bourgeois, y compris les staliniens, puissent aller plus loin qu'ils ne le veulent eux-mêmes dans la voie de la rupture avec la bourgeoisie.
( :trotsky: , Programme de Transition)
Sauf que.... la faiblesse politique de Castro et Guevara va alors devenir déterminante. Ne sachant pas distinguer entre stalinisme et socialisme, ils vont être confrontés à des problèmes insolubles ss la méthode du marxisme. Ils accepteront donc la fusion dans le PC Cubain et rénové et au-delà l'intégration à l'appareil international du stalinisme... Castro finira comme on sait.
Quant à Guevara, il a visiblement peu apprécié la tournure que prenaient les choses... mais s'est refusé à engager le combat contre le stalinisme qui prenait le dessus. Cas typique du blanquiste, qui ne connait que l'"action" et ne dispose pas de théorie, de programme. Et ce n'est pas parce qu'il était argentin, c'est parce qu'il n'avait pas d'orientation.
D'où les aventures diverses qui suivent et sont en général désastreuses (Tricontinentale, Congo...).
Passons à la Bolivie. La question posée n'est pas de savoir si Guevara a cherché à "creer des comités". Simplement, en Bolivie en 1967, il n'y avait pas encore de situation pré-révolutionnaire permettant d'envisager de tels comités. L'heure était au travail politique contre Banzer, en s'appuyant sur l'épine dorsale du prolétariat, les mineurs. De ce point de vue, la guerilla à entravé les processus à l'oeuvre au lieu de les aider. quant au fait de passer une alliance avec le PC, cela ne change rien. en Bolivie, la clé de tout était syndicat, la COB et accessoirement le parti trotskyste, le POR qui était bien plus important. Un front Guevara-PC aurait été ultra-minoritaire.
Conclusion. Guevara était incontestablement un révolutionnaire. A son crédit demeurera toujours la libération de Cuba. Mais le drame est que ne disposant pas d'une orientation il est parti dans toutes les dérives et ne s'est pas opposé au stalinisme, le fléau de la révolution. Donc ni icône ni traitre. Simplement le prix à payer pour la crise de direction de la révolution.