Un nouveau parti communiste

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Puig Antich » 25 Juin 2012, 21:27

a écrit :Il manque tes revendications précises là(en fin c'est inévitable quand on a pas de bonne base sûre, solide pour s'appuyer) ...


Gratuité des logements, des denrées alimentaires de base, des médicaments, etc. - socialisation intégrale de ces secteurs, de la production des biens d'équipement pour les faire fonctionner. C'est une revendication simple anti-mercantile, déjà, qu'on utilise (on, et même, parfois, la gauche et le centre bourgeois) pour la santé et l'éducation comme services, donc pourquoi pas plus loin ?
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Message par com_71 » 25 Juin 2012, 22:54

Tant que la bourgeoisie n'aura pas été expropriée, ce qui suppose la prise du pouvoir politique par la classe ouvrière, il n'y aura rien de gratuit pour les travailleurs, y compris ce qui apparemment est gratuit.
Le gratuit est financé sur le budget public donc par l'impôt payé principalement par le monde du travail. Mais l'impôt sert d'abord et avant tout à arroser les capitalistes.

C'est pour cela que dans cette période de crise, les services publics reculent au lieu de progresser. Et que nous sommes amenés à les défendre.

On est bien loin de pouvoir faire toucher du doigt l'avenir socialiste en montrant la généralisation, dans toute la société, des services publics.

C'est une question de période, pas de principe, et je maintiens que cela n'a rien à voir avec le sujet du fil : "Que mettent les uns et les autres derrière les mots 'construire un parti révolutionnaire' ?"
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Puig Antich » 25 Juin 2012, 23:57

C'est financé en argent, et par l'impôt, uniquement parce la société capitaliste socialise les coûts (l'effort) comme ça, mais si cela pèse sur le budget de l'état, c'est simplement parce que le ciment, les engins de construction, les médicaments, la production des livres, que-sais-je encore, tout ce qui est utile à ces " services publics " est acheté sur le marché capitaliste, et non pas produit par toute la société, sur une base socialiste.

Mais cet aspect où joue la valeur est parasitaire à cent pour cent, car la plupart du temps ce qui est utile à ces services est produit sur une large échelle, par de grosses entreprises, avec une forte productivité du travail, où la comptabilité en argent n'est plus un mode de planification efficace de notre point de vue, et où il serait assez simple de partager le travail entre tous/tes en tant que secteur fondamental de la production où tous/tes devront travailler (au passage, tant que subsistera l'obligation et le contrôle de ce travail, il n'y aura rien non plus de gratuit pour les travailleurs - seulement, ce ne sera plus payé en argent qui valorise du capital, mais en efforts).

Donc, au moins dans ces secteurs, la question n'est pas juste de contrôler les comptes, mais de passer à une production non-marchande.

C'est important de le dire car une prise du pouvoir par la classe ouvrière, ce n'est pas simplement un mot d'ordre, c'est le résultat d'une polarisation sociale, notamment sur ce type de mots d'ordre, et donc ça renvoie au minimum au parti, au moins dans son aspect programmatique, dans sa physionomie aussi qui dépend de sur quel aspect de la dynamique sociale il pense pouvoir s'appuyer pour précisément faire toucher du doigt l'avenir socialiste, qui n'est pas seulement une question de conscience de classe mais de contradictions matérielles.
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Message par Sinoue » 26 Juin 2012, 00:57

Quelque chose me pose problème, c'est que l'on n'est plus du tout dans le sujet là. Il s'agit de savoir si le parti va surgir spontanément lors de luttes d'envergure, ou s'il va être le fruit d'un long travail de construction. Je propose que les modos crééent un sondage là-dessus avec 2 voir 3 ou 4 autres propositions, c'est vrai quoi, on en a fait pour les élections, on pourrait bien en faire pour ce genre de question cruciale.

Perso je pense que ces deux manières peuvent fonctionner selon la période. La SD allemande s'est construite lentement dans une période qui n'était pas spécialement révolutionnaire. Le KPD s'est construit rapidement dans une période révolutionnaire. Du moins je crois. Visiblement la période serait plutôt propice à la "méthode spontanéiste". Mais une période peut changer.
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Message par com_71 » 26 Juin 2012, 01:23

Un sondage là-dessus ne serait qu'une plaisanterie...

Sinon la SD allemande n'était pas un parti révolutionnaire, le KPD pas vraiment non plus.
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Message par Puig Antich » 26 Juin 2012, 16:56

Oui le KPD s'est révélé impropre à la tâche qu'il s'était fixé. On peut difficilement faire des conjectures sur le poids des facteurs "subjectifs" ou "objectifs", d'autant que les séparer peut paraître assez artificiel, mais ce qu'on en dira après coup paraît assez juste : il y a eu un défaut de travail préparatoire au plan organisationnel de la part de la gauche marxiste dans la social-démocratie allemande, notamment à cause des conceptions parfois spontanéistes de Luxembourg et Liebnecht en dépit de leur détection très précoce de l'opportunisme dans le SPD.

Par contre je maintiens qu'on est en plein dans le sujet en discutant du programme communiste aujourd'hui, car en dernier ressort c'est la manière qu'on a d'envisager les tâches en rapport avec la structure sociale qui détermine la construction du parti, et pas simplement des formules organisationnelles. D'ailleurs " Que faire " qui est un peu une référence dans ce domaine n'est pas, par exemple, une simple addition de formules organisationnelles, contrairement à bien des exégèses - ou des critiques injustifiés - qui ont pu être faite à son endroit.
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Message par com_71 » 28 Juin 2012, 23:56

(com_71 @ mardi 26 juin 2012 à 02:23 a écrit : la SD allemande n'était pas un parti révolutionnaire, le KPD pas vraiment non plus.

D'ailleurs à plus y réfléchir (et aidé à cela par les mémoires de P. Frölich) le parti bolchévik lui-même n'a pas pu achever sa construction comme direction révolutionnaire.

Car que révèle (entre autre) l'échec de la révolution allemande entre 1918 et 1923 ?
L'Internationale Communiste, donc en dernière analyse le parti bolchévik, malgré son immense apport théorique et pratique, n'a pas été à temps en capacité de compenser les faiblesses de la direction du mouvement ouvrier révolutionnaire allemand. En ce sens la tâche de construction engagée par Lénine est restée inachevée.

Sur l'autobiographie de P. Frölich cf. http://forumlo.cjb.net/index.php?showtopic...=0&#entry313260
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Message par Puig Antich » 30 Juin 2012, 12:08

a écrit :Quelque chose me pose problème, c'est que l'on n'est plus du tout dans le sujet là. Il s'agit de savoir si le parti va surgir spontanément lors de luttes d'envergure, ou s'il va être le fruit d'un long travail de construction. Je propose que les modos crééent un sondage là-dessus avec 2 voir 3 ou 4 autres propositions, c'est vrai quoi, on en a fait pour les élections, on pourrait bien en faire pour ce genre de question cruciale.


Bon je vais essayer, du coup, de dire ce que je pense de cette question telle qu'elle est formulée, en rapport avec la question de la transition et de l'argent que j'avais posé plus haut, mais aussi avec ce qu'est à mon avis une compréhension matérialiste de la question du parti.

Le matérialisme montre que la main, le pouce préhenseur, se sont développés avant le cerveau. Le développement de ce dernier a en retour permis de passer des outils primitifs à des outils plus évolués. Le cerveau est productif et les idées - donc le parti - sont un facteur matériel, mais ils se développent sur un terreau déjà favorable.

Pris au plan historique, on peut faire un parallèle avec la révolution bourgeoise : la bourgeoisie conquiert d'abord sa puissance par une pratique sociale qui ne laisse préfigurer que très implicitement, de manière voilée, les idéaux révolutionnaires bourgeois : sa main-mise sur le capital commercial. C'est pour protéger ce capital de la rapine féodale que les bourgeois créent les villes franches, les Communes. Et ce n'est que très longtemps après que se développe le contenu scientifique et philosophique de la révolution bourgeoise, sous les auspices d'une monarchie absolue minée de l'intérieur.

Si on regarde maintenant le mouvement du prolétariat, il doit donc se développer sur la base de rapports qui préfigurent, même si c'est de manière également voilée et implicite, le communisme. Ces rapports ne sont pas que des rapports de lutte ouverte - grèves, insurrections - mais aussi des rapports de travail, des rapports personnels quotidiens, qui contiennent un nouveau principe d'organisation sociale : on ne règle pas, on ne planifie pas son activité en fonction de l'argent et de son accumulation. Ici s'exprime la contradiction interne qui mine le capitalisme : le développement du travail social (les forces productives) nécessite ces rapports non-mercentiles qui existent déjà dans l'usine, au bureau, dans l'association, le syndicat, pris comme unités de production distinctes; mais toutes ces unités sont prises dans l'anarchie du marché. Le parti communiste réel (c'est à dire les gens qui agissent, même sans en avoir conscience, effectivement pour le communisme) se développe donc dans ces contradictions ; tandis que l'organisation formelle, qui est nécessaire, se développe sur la base de la connaissance théorique de ces contradictions et de leur devenir. La seconde vient "après", au même titre que la conscience vient après l'objet de conscience, l'instinct puis le pressentiment : le militant révolutionnaire peut donc être " conscient " ou " inconscient ". En d'autres termes, le parti a plus de membres que de cartes, mais aussi le fait d'avoir une carte n'est pas la garantie d'en faire vraiment parti. Mais la rencontre des deux, c'est le passage de l'insconcience à la conscience, donc un saut en avant.

Si on regarde ça un peu mécaniquement, on pourrait dire, du coup : le parti viendra dans la lutte. Mais c'est une fausse réponse car si nous pouvons nous poser la question, c'est que nous devons y répondre avec le maximum de contenu possible. D'une part, on a déjà l'expérience de révolutions prolétariennes dans le passé. Les contradictions sociales ont déjà produit une idée et une connaissance : le communisme. La lutte théorique de défense de cette connaissance fait donc partie de la "lutte" (qui n'est pas juste grèves, insurrections, défense des conditions de vie immédiates) de laquelle surgira le parti. Mais elle doit se mener autour des éléments de préfiguration réelle de ce qu'est le communisme, qu'il faut donc chercher à reconnaître dans la réalité qui nous entoure, sinon on retombe dans un syndicalisme (l'idée qu'on a vu plus haut d'un "socialisme" qui garantie le salaire et son augmentation, la régulation de l'investissement par la banque, etc.). En fait, c'est une fausse alternative : luttes ou " longue préparation organisationnelle ", car cette longue préparation organisationnelle est une partie de la lutte, pour autant qu'elle ne se fait pas en dehors des poussées matérielles "spontanées" de la société, sur le plan simplement " idéologique ", mais cherche à aller à leur rencontre.
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