Je viens de lire "l'établi" de robert Linhardt aux Editions de Minuit (écrit en 1967)
C'est un jeune militant intellectuel (ethnologue?) qui se fait embaucher à la chaine de 2CV de citroen et qui raconte les conditions de travail, puis l'organisation d'une greve dans cette usine
Un extrait :
a écrit :Nous ne sommes là que depuis quelques instants quand surgissent les chefs. Ils ont couru à notre suite pour essayer de rattraper l'effet de la manifestation et enrayer le débrayage. Ils se fraient maintenant un chemin vers Théodoros. Il y a là Huguet, qui fronce les sourcils et se dresse de toute sa petite taille, Dupré, qui marmonne quelque chose d'indistinct où l'on reconnaît seulement « ... ce cirque », et surtout Junot, l'agent de secteur, rouge, gonflé de colère, presque apoplectique, qui aboie : « Laissez travailler les gens ! C'est une entrave à la liberté du travail ! je relève les noms ! je relève les noms ! Vous n'avez pas le droit ! » Il est maintenant tout près de Théodoros. Il essaye de nous repousser, d'écarter Georges. Nous sommes décidés à ne pas nous battre. Nous savons bien que c'est ce qu'il cherche : un coup, une empoignade, et ce sera le licenciement immédiat. Mais nous restons là, nous faisons masse, pendant qu'il tempête et postillonne, avec sa « liberté du travail » à la bouche.
A l'instant où j'écris, je conserve en moi cette image : un porc en cravate, venu de son fauteuil hurler le droit à la « liberté du travail » à un ouvrier fatigué et angoissé, que Citroën a décidé de river à la chaîne trois quarts d'heure de plus.
A lire absolument :marx: :wub: