par François Delpla » 05 Mai 2004, 04:18
J'explique et réexplique le "sans l'argent du patronat" à longueur d'article et de nouveau plusieurs fois ici même : il touche un peu, moins que ses concurrents et ce n'est pas déterminant dans le fait qu'on lui donne le pouvoir (ce serait plutôt l'inverse : on le donne à un parti financièrement exsangue, en croyant le tenir par une écrasante majorité de ministres de la droite classique qui, eux, ont des bourses garnies par Krupp & C°).
"Ouvriers dans le sens du poil" : là encore faut-il répéter ? Je n'ai pas minoré une seconde le côté brutal de leur traitement mais il vise surtout les militants et on fait croire aux masses que leurs organisations, non pas purement et simplement dissoutes mais intégrées dans un "Front du travail", seront plus efficaces en étant moins politisées. Si en termes de salaire horaire net le bilan n'est, encore aujourd'hui, pas très clair, au moins est-on sûr que le plein emploi augmente nettement la masse salariale en 1939 par rapport à 1932, sinon 1929. Resterait à mesurer les retombées de la croissance économique sur le logement, les transports, etc. et là encore les probabilités d'amélioration sont grandes.
Et puisqu'on oublie facilement ce genre de propos émis par mon clavier, je redirai que tout cela est fallacieux puisque Hitler va le remettre en jeu sans consulter personne dans une guerre mondiale extrêmement risquée et finalement catastrophique, pour des années, en matière de niveau de vie.
Encore ceci, qui s'étale dans mes livres et articles mais que je n'ai pas encore développé ici. Loin de négliger, dans mon analyse, la répression, tant celle des Juifs que des militants de gauche, je dis qu'elle aussi a une fonction, et pas seulement de terreur : elle sert également, et peut-être plus fondamentalement, à compromettre ceux qui y échappent, petit à petit, dans les exactions du régime. Chaque Allemand sent confusément et de plus en plus que s'il est vivant et en liberté c'est qu'il a coopéré à des choses humainement inacceptables, et c'est la meilleure explication du fait que le Führer garde jusqu'au bout le contrôle.