Un Communisme Libre

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Louis » 14 Mars 2003, 11:46

(vilenne @ vendredi 14 mars 2003 à 12:01 a écrit :Discufred,

Le propos de KTor n'est pas de nier les visées du communisme et la révulsion que nous inspire le capitalisme. Il s'attaque à la pratique. Regarde l'énergie déployée par les trotskos, les derniers garants du communisme si j'ai bien compris certains posts sur ce thread. Ils en arrivent à oublier la révol espagnole, les communistes non-trotskistes, le mouvement situationniste et mai 68. C'est pas beau ça ?
En gros, pour certains : hors le trotkisme écrit avant 40, y a pas de salut.

ce n'est pas forcément le cas de tout le monde Le trotskysme est une chose compliquée, divisée en multiples chapelles et querelles souvent incompréhensibles par le commun des mortels Et je suis d'accord avec Krivine quand il avait déclaré "le trotskysme est la meilleure ou la pire des choses". Mais si on prend les courants "communistes de gauche" plus ou moins extérieurs au trotskysme, de qui veux tu parler ? de pannékoek et des conseillistes allemands, du poum, ou de "socialisme et barbarie" ? Et comment intégres tu leurs apports dans ta pratique

Maintenant terminons sur la coté du "dedans/dehors" qui me semble vraiment décisif (et qui est au centre des différences entre lo et lcr sur la question du vote de second tour aux présidentielles) Soit tu es une institution inclus dans la société, avec tous les compromis que cela implique, soit tu te situe dans une complete extériorité par rapport a cette société Evidemment, la premiere position n'est pas la plus valorisante (c'est toujours difficile d'étre sur une position de négotiation) Pourtant la deuxieme me semble pas vraiment nonplus sans défaut D'une part, tu te retrouve facilement dans une position gauchiste coupée de la vie comme elle va et d'autre part tu te sens extérieur aux enjeux en terme de pouvoir Pourtant toute institution engendre des enjeux de pouvoir, meme quand l'institution est "libertaire", anarchiste tout ce que tu voudra

Pour dire vite, je n'ignore pas tous les dangers et périls qu'il y a a adopter la position de la ligue (dans le mouvement y compris dans ses aspects institutionnels) et je pense qu'il faut bien utiliser nos capacités critiques PAr exemple sur les problemes que pose le fait de jouer le jeu institutionnel au niveau des média (mais ça, les capacités crititques sont en train de remonter a un niveau acceptable) Mais vilenne, comment fais tu pour n'avoir jamais de critique a apporter a ton organisation ? un tel unanimisme me surprend, c'est assez etonnant pour un militant de la ligue

sinon voila un bilan de porto allegre fait par mes amis de aarrg Je trouve qu'il pose quelques questions sur le fonctionnement institutionnel (par exemple sur la centralisation et le bordel plus ou moins organisé)

a écrit : Difficile de faire un "bilan" de l'expérience de Porto Alegre 2003.

Le forum s'est déroulé dans une atmosphère de pagaille encore plus grande que l'année dernière (le programme complet, plein d'erreurs, n'est pas exemple arrivé que le 3ème jour...). C'était encore renforcé par un aspect plus sympathique : la moindre centralisation des activités. Il y avait de nombreux lieux de débats et d'ateliers, des forums de toute sorte, de la chorale aux juges, en passant par le forum gay et lesbien, et celui des enfants. Malheureusement, la non centralisation a eu un effet pervers et contraire : la majorité des gens se rendaient aux événements les plus "officiels" et les plus médiatiques, méconnaissant les ateliers plus petits. On a donc vu des foules se presser pour les discours des hommes politiques (à commencer par Lula, puis Chavez...), ou des "stars" comme Chomsky.

Autre "tendance", les slogans. Bien sûr, l'omniprésence du thème de la guerre n'est pas en soi une mauvaise chose et la victoire du drapeau palestinien et du kéffié sur le Che dans le grand marché des tee-shirts militants ne dérange pas. Mais le ton des débats et les appels incessants contre une guerre (impérialiste américaine) finissent par lasser, et surtout par empêcher de penser. Il a fallu une intervention de la salle pour que soit rajoutée la Tchétchénie à la liste des pays victimes dans l'appel des mouvements sociaux par exemple. Et chacun de se demander "comment va son mouvement anti-guerre"... cela tournait au délire lorsque l'on demandait à des personnes venant de pays en guerre depuis des décennies si le mouvement contre la guerre en Irak "montait" chez eux !

Tout cela semble assez significatif ; il y a un retour en force des réflexes militants classiques, simplificateurs... et si en étant méchant on pourrait rajouterer qu'avec ces réflexes revient la tentation du leader.

Mais à côté de cela, les discussions et les ateliers, aussi bien à Intergalactika, que dans la série de conférences intitulées "Life after Capitalism", ou lors de l'assemblée des Sans (No Vox) étaient passionnantes et posaient des questions cruciales.

En bref, tout le monde se demande comment rendre moins opaque le fonctionnement des forums, comment faire de l'espace pour des pratiques plus horizontales, comment aussi faire venir d'autres gens, des pauvres, des mouvements pas structurés, des jeunes, etc. Nous n'en sommes plus simplement au stade de la litanie des plaintes. Chacun s'organise et se coordonne pour que les forums ne se fassent plus sans tenir compte de ces réalités qui sont celles du mouvement.

Alors, nous avons eu beaucoup de discussions sur le G8, et il semble que l'idée du blocage puisse faire son chemin. Il est certain qu'il y aussi beaucoup d'inquiétude, sur la répression, mais aussi sur les conditions d'accueil, sur les lieux que nous pourrons avoir, etc. Mais l'idée séduit et les gens veulent plutôt s'investir.

Puisque nous étions dans un forum, il y a eu aussi beaucoup de discussions sur le prochain forum européen... où il nous faudra éviter les erreurs de Florence, essayer de travailler dès maintenant à l'ouverture d'espaces d'échanges sur les pratiques de luttes, à l'organisation d'ateliers pratiques, voire d'actions.

Voilà, on revient de là avec plus de choses à faire encore qu'en y allant ; mais c'est un peu le jeu. On a aussi rencontré de nouveaux mouvements de pays qui étaient peu représentés jusqu'à présent. Des mexicains qui préparent le prochain sommet de l'OMC (Cancun, en septembre), des jeunes sud-africains qui travaillent avec les sans-logis, des groupes de jeunes féministes qui avaient organisé un atelier sur comment faire un nouveau féminisme radical... bref, des tas d'initiatives et d'expériences passionnantes. Notre seul regret à tous, c'est que toutes ces découvertes se soient faites à la fin du forum, à cause de cette pagaille...

A part ça, quelques événements sympathiques et inquiétants en vrac.

Lula, etc... Un vrai enthousiasme, parfois délirant. Mais aussi de l'inquiétude devant un gouvernement qui compte 3 femmes sur 30 ministres, qui regroupe une coalition assez vaste et qui commence les discours de l'impuissance... il faudra négocier sur la ZLEA par exemple et non refuser ; la présence de Lula à Davos a suscité des discussions, mais pas de vraie opposition. Tout le monde semble lui "faire crédit" encore.

Le camping de la jeunesse était encore une fois une vraie ville dans la ville, avec ses agents de sécurité, ses flics et militaires, bref, le bonheur de l'autogestion. La présence de la police a provoqué un des événements les plus sympathiques. le dernier soir, une jeune fille qui se douchait nue a été arrêtée par la police (sachant que des mecs se promenaient à poil en permanence dans le camp, on mesure l'attitude de ces agents). En solidarité une centaine de jeunes se sont déshabillés et ont manifesté. La police est intervenue, mais c'est tout de même agréable de voir ce genre de manifs spontanées, d'autant plus que les organisateurs du camp empêchaient les "solidaires" de mobiliser le camp en utilisant la radio...

Enfin, la venue de Chavez, sorte de sinistre manipulation par Attac Vénézuela (bien aidé par Attac France) pour que le forum apporte son soutien à son gouvernement, pendant qu'il faisait fermer les principaux médias indépendants (et "vendus à la réaction..."). ça fait réfléchir... mais bon. Chavez a fait son discours avec un badge d'Attac devant une foule qui elle aussi s'est faite charger par la police parce que tout le monde ne pouvait pas rentrer dans les locaux de la municipalité.

Bref, il est temps de changer de lieu. Mais on apprend beaucoup de choses sur la politique sud-américaine et ses ambiguités.
Louis
 
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