Les profs...

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Barikad » 17 Août 2004, 08:59

(Dongfang @ lundi 16 août 2004 à 22:07 a écrit : Bourgeois=Personne qui vit de sa propriété privée
Petit-Bourgeois= C'est un bourgeois, mais en petit :D (genre artisan,...)
Les profs ne sont donc évidemment pas des petits-bourgeois.
Un peu schematique comme definition des classes sociales.
En effet, à l'epoque de l'Imperialisme, la plupart des dirigeant des entreprises capitalistes sont salarié de leurs groupes, ce sont pourtant des bourgeois. On peut aussi definir une petite bourgeoisie salarié (cadre intermediaire).
De plus, la question de la production de plus value est tandancieuse. Une infirmiere, un postier, une femme de menage d'une ecole ... ne produisent pas directement de plus value. Ne sont ils pas des travailleurs pour autant ?
J'aurais tendance à considerer les profs comme faisant partie de ce que Lenine appelait "l'aristocratie ouvriere". C'est d'ailleurs cette couche des travailleurs qui est la base sociale du reformisme.
A partir de là, deux reflexions:
1- La pariode actuelle est à la disparition de l'aristocratie ouvriere, la part des surprofit redistribué à cette couche à tendance à diminuer, ce qui rejette une part importante de cette couche dans les rangs anonyme de la classe ouvriere. Il y a donc bien "proletarisation" de ces travailleurs, pour reprendre l'expression de Youri.
2- Parler des profs ne general est bien difficile. En effet, quoi de commun entre un agrégé de math dans un lycée prestigieux comme Louis le Grand et un instits dans une petit ville sinistré de Lorraine ?
Barikad
 
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Message par zarta » 17 Août 2004, 10:22

(Pastorius @ mardi 17 août 2004 à 00:30 a écrit : (...) que le corps enseignant, les travailleurs de l'enseignement public, sont partie intégrante du prolétariat français et en constituent même une fraction essentielle. Ce qui n'empêche pas de constater qu'ils constituent une certaine aristocratie ouvrière (...)
ce qui est vrai pour tous les intellectuels au juste.
Car, même s'il n'a pas grand-chose de commun entre un instit d'un village et un agrégé de lycée prestigieux (non plus d'un prof de fac), les enseignants ont tout de même une facheuse tendance à se croire supérieur à la classe ouvrière parce qu'ils ont l'impression de faire partie de ceux qui "savent" d'où leur tendance à la réforme plutôt qu'à la révolution peut-être, parce que la réforme les maintiendra dans une situation de "privilégiés", d'hommes savants, alors que la révolution risque de les renvoyer au pilori des "petit-bourgeois", et donc de les exclure des lieux de décisions.
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Message par Bertrand » 17 Août 2004, 11:14

(zarta @ mardi 17 août 2004 à 11:22 a écrit : d'où leur tendance à la réforme plutôt qu'à la révolution peut-être, parce que la réforme les maintiendra dans une situation de "privilégiés", d'hommes savants, alors que la révolution risque de les renvoyer au pilori des "petit-bourgeois", et donc de les exclure des lieux de décisions.

"leur tendance à la réforme plutôt qu'à la révolution" ?
Mais ça ne veut rien dire !
La classe ouvrière aussi, actuellement, subit les méfaits de la politique réformiste de ses dirigeants. Les ouvriers aussi ont "tendance à être réformistes". Quand les marxistes disent que seule la classe ouvrière est révolutionnaire, ils parlent de son rôle historique.
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Message par zarta » 17 Août 2004, 11:23

(Bertrand @ mardi 17 août 2004 à 12:14 a écrit : Quand les marxistes disent que seule la classe ouvrière est révolutionnaire, ils parlent de son rôle historique.
Son rôle historique ? Mais justement lequel précisément ? au risque de dire des bêtises, je suppose que le rôle historique de la classe ouvrière est difficilement vérifiable puisque justement la Révolution n'a jamais eu lieu.
Seule la classe ouvrière est révolutionnaire, ça veut dire qu'elle seule pourra organiser la Révolution, la faire et maintenir un "ordre" révolutionnaire dans l'Etat... ? N'aura-t-elle pas besoin d'intello pour que des faits on passe à une idée... et que cette idée devienne acte... (sans faire de dialectique...).
"seule la classe ouvrière est révolutionnaire" pour moi, ça reste une expression grosso modo abstraite, ou du moins incomprise.
Merci pour les précisions futures et concrètes.
zarta
 
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Message par logan » 17 Août 2004, 11:37

a écrit :Seule la classe ouvrière est révolutionnaire, ça veut dire qu'elle seule pourra organiser la Révolution, la faire et maintenir un "ordre" révolutionnaire dans l'Etat... ? N'aura-t-elle pas besoin d'intello pour que des faits on passe à une idée... et que cette idée devienne acte... (sans faire de dialectique...).
"seule la classe ouvrière est révolutionnaire" pour moi, ça reste une expression grosso modo abstraite, ou du moins incomprise.


Le prolétariat ne peut pas développer son mode de production parallèlement au capitalisme, comme le capitalisme s’est développé au sein du féodalisme.
Le prolétariat qui ne possède aucun moyen de production doit exproprier la bourgeoisie qui les possède presque tous. «Nous ne sommes riens soyons tout » dis justement la chanson.
C’est précisément ce dénuement total du prolétariat vis a vis des moyens de production qui en fait une classe révolutionnaire.
Par sa situation dans la production, par l’impossibilité organique de posséder le moindre moyen de production, le prolétariat est la seule classe à être contrainte d’en finir avec la bourgeoisie pour enfin disposer des capacités de production humaine.
La paysannerie et la petite bourgeoisie en général balance entre sa haine des grands producteurs et son attachement à la propriété privée.
Par sa haine des grands producteurs elle est communiste, par son attachement à la propriété privé elle est capitaliste.
Le prolétariat doit faire basculer ces couches sociales dans son camp.

a écrit :Son rôle historique ? Mais justement lequel précisément ? au risque de dire des bêtises, je suppose que le rôle historique de la classe ouvrière est difficilement vérifiable puisque justement la Révolution n'a jamais eu lieu.


Il y a eu des révolutions, mais pas de victoire révolutionnaire internationale créant les bases du socialsime sur la planète.
Entre 1917 et 1927 il y a eu une grande période révolutionnaire et partout le prolétariat était amené à en prendre la tête.
Russie 1905 , fevrier 1917 octobre 1917, l'Italie de 1919, la hongrie soviétique de Bela Kun , la greve générale et les soviets anglais, les insurrections spartakistes de 1919 en allemagne et les soviets en Bavière, la révolution chinoise de 1927, les grandes gerves dau milieu des années 30 aux US, les révolutions espagnoles et Françaises en 36 etcetc...
Plus pret de nous il y a eu Budapest en 56, Prague en 68, la Pologne en 1980, le Chili en 1973

Le role historique du prolétariat n'est pas une vue de l'esprit ou une religion marxiste. Ce role s'est amplement vérifié dans l'histoire.
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Message par zarta » 17 Août 2004, 12:24

Merci pour la réponse succinte, condensée et claire. tout ce que j'apprécie. :smile:

je suis assez d'accord avec les exemples que tu donnes, mais il faut préciser que ces mouvements révolutionnaires ont TOUS échoué...
Je ne connais pas tout dans le détail, mais précision sur Prague 68 (ma spécialité) : toute la population était présente dans le mouvement de contestation du régime autoritaire en place, sauf les OUVRIERS qui se méfiaient des réformes proposées par des communistes. Par ailleurs, ce mouvement n'était pas vraiment ce que l'on pourrait appeler une révolution.
Vu les exemples cités, c'est plutôt l'échec qui est vérifié par l'histoire, c'est ça le problème que je voulais soulever. L'histoire vérifie surtout que la Révolution sera internationale ou ne sera pas. Elle vérifie aussi l'idée selon laquelle, une classe ouvrière non organisée de façon indépendante n'est rien... ne peut pas mener à bien une révolution.
Reste à savoir si le fait d'être dirigée par une élite qui puisse guidée son action et le regroupement des forces garantit véritablement son indépendance. On m'a déjà répondu, sur un autre fil, que l'élite en question (les dirigeants d'un parti) n'est pas forcément prise parmi les intellectuels. Tant mieux.
Dans ce cas, il faut également examiner la place des enseigants (sujet du fil) : font-ils parti des intellectuels ou non ?
Leur rôle se limite-t-il à une agitation politique au sein de leur syndicat d'enseignants ?
Si les instituteurs doivent avant tout amener l'enfant à penser par lui-même (et je suis bien d'accord avec ça), l'enseignant de degré supérieur doit-il se cantonner à ça ou doit-il aller plus loin dans ce qu'il présente aux élèves ? En deux mots un enseigant révolutionnaire doit-il faire de la propagande auprès de ses étudiants ?
zarta
 
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Message par J-B » 17 Août 2004, 12:43

Désolé mais je persiste. Pour qu’une grève des travailleurs de l’éducation puisse bloquer la production, il faudrait qu’elle dure plus d’une dizaine d’années. Alors seulement on commencerait à voir des jeunes non-formés, ce qui poserait problème à la bourgeoisie !
Mai-juin 2003 était un mouvement social qui a mis en branle le gouvernement et dans lequel les révolutionnaires ont eu une place énorme. Pour autant, l’échec final de ce mouvement s’explique notamment par l’absence de généralisation du mouvement dans les secteurs productifs publics et privés. Le fait que les centrales syndicales aient appelé à des journées de mobilisations spécifiques (un jour SNCF, un jour la Poste, …) n’a pas permis de bloquer vraiment quelque chose.
Cela renvoie au rôle spécifique des profs, celui de s’organiser aux côtés de la classe ouvrière, comme la jeunesse et les intellectuels.

Par ailleurs, je ne comparerais pas les profs aux flics, pour la bonne raison que la police a un rôle spécifique qui est celui de bras armé de l’Etat. Concrètement, on ne verra jamais un policier membre d’un parti révolutionnaire, alors que des profs si (et pas qu’un peu !).
Cela étant, il faudrait peut-être revoir d’un point de vue historique ce que sont les profs. Comme ça a été dit, Jules Ferry n’avait pas en créant l’école d’autre intention que celle de mettre à disposition de la bourgeoisie industrielle une main d’œuvre plus apte à travailler et à courber l’échine. Il faut savoir qu’en 1883, à Paris, 90% des ouvriers étaient alphabétisés. Peu d’entre eux étaient allé à l’école, mais il existait des cadres d’auto-éducation, indépendants de l’Etat, dans lequel s’inculquait une conscience de classe.
Pour Ferry, les instituteurs devaient occuper dans la République le rôle des curés dans l’Ancien Régime, celui de référents absolus, d’autorités morales incontestées, de figures paternalistes respectables. Certes il ne saurait être question pour moi de comparer les profs aux curés, mais il est important que l’on cesse de croire que l’école peut nous apporter des armes d’émancipation. Bien entendu, les connaissances diverses que l’on y acquiert sont toujours bonnes à prendre, mais concrètement c’est en militant que l’on apprend le plus. C’est aussi en militant que l’on apprend à utiliser ses connaissances scolaires. C’est par les formations, la pratique sur le terrain, la lecture d’ouvrages que l’on acquiert des connaissances et un esprit critiques. Or, ce ne sont pas plus les camarades profs que les autres qui peuvent faire ces formations…
J-B
 
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Message par youri » 17 Août 2004, 12:48

Mouais , les discours anti profs moi je suis pas d'acccaord mais bon ...
Aujourd'hui les ouvriers sont réacs pour beaucoup , pourtant personne ici tient des discours anti ouvriers ... Ben pour les enseignants c'est la même chose ...
youri
 
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