a écrit :
A mon avis, le critère essentiel, et qui donne à l'Union Soviétique un caractère fondamentalement différent des démocraties populaires et unique au monde, c'est que cet Etat est né d'une révolution prolétarienne.
Il y eût néanmoins contre-révolution. Que subsiste t'il d'ouvrier dans l'état aprés la guerre civile ? La référence au mouvement ouvrier et à l'internationalisme de la direction bolchevik ne peuvent contrebalancer la réalité matérielle :
1) classe ouvrière disparue du paysage : disloquée, en recul politique, économique et numérique
2) désertion des soviets par les masses
3) appareil d'état séparé : caste de haut fonctionnaire, techniciens, officiers, etc. pour une part réintégré de l'ancien appareil tsariste.
Donc cet état çi est il né d'une révolution ouvrière, ou plutôt est-il le produit (non pas immédiatement l'agent conscient) de la contre-révolution ? Plus l'appareil d'état grossi, plus la perspective de son déperrissement recule ; et celà va de pair avec la montée des programmes économiques étatistes, administratifs, où l'intervention de la classe est absente et au contraire dirigée par en haut.
On en revient à la conception mécanisiste de la vieille social-démocratie : il faut «réaliser la base matérielle nécessaire à la société socialiste», donc accumuler le plus rapidement possible du capital, développer les forces productives à tout prix. Certes, on voit mal ce qui aurait pu advenir d'autre à la Russie en l'absence d'une internationalisation de la révolution : mais où est le socialisme ? Que signifie le mot socialisme pour le travailleur d'URSS sur le dos duquel se fait cette accumulation, dans les pires conditions ?